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4 STRATEGIES D’ADAPTATION DES ACTEURS FACE AUX

4.1.6 Rentabilité de la transformation

L’activité de transformation étant traditionnelle très peu de frais y sont engagés. Néanmoins, quelques éléments permettent de se faire une idée des coûts de transformation. Ceux qui paraissent les plus déterminants sont la durée du travail et le degré d’intégration de certaines techniques modernes dans le processus de transformation.

Des disparités non négligeables apparaissent selon que l’ensemble du processus de transformation est manuel ou qu’à un stade de la transformation l’utilisation d’une machine a eu lieu. Ceux qui n’ont recours à aucune machine dépensent surtout en temps. En dehors des frais inhérents à la transformation comme l’achat des feuilles pour confectionner les bâtons de manioc, du bois pour la cuisson, la charge la plus lourde est, comme pour les autres opérateurs, le transport des produits finis vers le marché.

4.1.6.1 Pour les bâtons de manioc

Pour estimer la rentabilité de ce type de transformation, deux cas de figures bien distincts vont être analysés. Dans le premier cas, nous nous situons à une cinquantaine de kilomètres de Yaoundé dans des zones pas très éloignées d’un axe routier secondaire menant sur les axes tels que Yaoundé – Douala, Yaoundé – Mbalmayo, Yaoundé – Ayos ou Yaoundé – Bafia. Les produits sont apportés par les producteurs eux-mêmes sur la capitale à raison de 300 à 600 bâtons de taille moyenne (250 g) par voyage et du fait de leur proximité de Yaoundé font régulièrement le trajet (2 à 3 fois par mois soit une trentaine de voyages par an pour commercialiser les bâtons de manioc). Ces quantités de manioc transformées équivalent respectivement à 4 et 8 bacos de manioc de 35 – 40 kg.

PERIODE DE VENTE ABONDANCE PÉNURIE

Revenu net (RN) 5 600 Fcfa 11 600 Fcfa

RN/kg manioc frais 37 77

h.j 14 14

RN/h.j 400 829

Tableau 15 : Estimation du revenu net et de son équivalent en kilogramme de manioc de la commercialisation de 150 kilogrammes de manioc sous forme de bobolo moyen sur Yaoundé

PERIODE DE VENTE ABONDANCE PÉNURIE

RN 4 950 Fcfa 8 950 Fcfa

RN/kg manioc frais 33 60

h.j 5 5

RN/h.j 990 1790

Tableau 16 : Estimation du revenu net et de son équivalent en kilogramme de manioc de la commercialisation de 150 kilogrammes de manioc sous forme de manioc frais sur Yaoundé

Dans le deuxième cas, nous nous situons à 150 - 200 kilomètres de Yaoundé dans des zones pas très éloignées d’un axe routier principal menant sur les axes tels que Yaoundé – Mbalmayo et Yaoundé – Ayos. Les produits sont apportés par les producteurs eux-mêmes sur la capitale à raison de 1 000 à 1 500 bâtons de petite taille (150 g) par voyage et du fait de leur proximité relative de Yaoundé font régulièrement le trajet (2 à 3 fois par mois soit une trentaine de voyages par an pour commercialiser les bâtons de manioc). Ces quantités de manioc transformées représentent une quantité de 8 à 12 bacos de manioc de 35 – 40 kg.

PERIODE DE VENTE ABONDANCE PÉNURIE

RN 20 560 Fcfa 28 560 Fcfa

RN/kg manioc frais 57 79

h.j 33,5 33,5

RN/h.j 614 853

Tableau 17 : Estimation du revenu net et de son équivalent en kilogramme de manioc de la commercialisation de 360 kilogrammes de manioc sous forme de bobolo petit sur Yaoundé

PERIODE DE VENTE ABONDANCE PÉNURIE

RN 9 125 Fcfa 19 125 Fcfa

RN/kg manioc frais 24 51

h.j 11 11

RN/h.j 830 1739

Tableau 18 : Estimation du revenu net et de son équivalent en kilogramme de manioc de la commercialisation de 360 kilogrammes de manioc sous forme de manioc frais sur Yaoundé

Comme nous l’avons dit précédemment, il n’y a pas de relation directe entre l’approvisionnement en racines de manioc et en bâtons de manioc. En effet, la majorité de l’approvisionnement en bâtons se fait par des producteurs-transformateurs-grossistes qui ne vendent donc pas de manioc du fait de leur spécialisation dans ce type de transformation. Donc dans un tel type de configuration, s’il y a abondance de racines de manioc, il peut y avoir aussi bien abondance ou pénurie de bâtons sur le marché. Par conséquent, il n’y a qu’un seul cas de figure où la rentabilité de la transformation n’a pas lieu. Il s’agit du cas pour les bâtons de 250 g où il y a pénurie de manioc frais et abondance de bâtons sur le marché (perte de 23 Fcfa par kilogramme de manioc). Mais dans tous les autres cas, la transformation du manioc en bobolo est rentable allant de 4 à 44 Fcfa pour les bâtons de type « ewondo » et de 6 à 55 Fcfa pour les bâtons de type « eton ».

4.1.6.2 Pour le foufou de manioc

Comme précédemment nous allons prendre deux cas de figure afin d’estimer la rentabilité de la transformation du manioc frais en foufou. Tout d’abord, nous nous situons dans la région Est du Cameroun à près de 300 km de Yaoundé avec une centaine de kilomètres de piste (zones d’Abong Mbang – Nguélémendouka). Les produits sont apportés le plus souvent par des collecteurs se trouvant sur place mais peuvent très bien être acheminés par les producteurs eux-mêmes sur la capitale à raison de deux grands sacs de foufou de 75 kg par voyage. Du fait de leur éloignement de Yaoundé et du temps plus important pour ce type de transformation (surtout pendant la saison des pluies avec un temps de séchage rallongé), ils ne peuvent guère apporter plus que cette quantité et doivent donc faire plus régulièrement le trajet (sans parler des aléas de la route pendant la saison pluvieuse). Cette quantité de manioc transformé équivaut à 12 bacos de manioc de 35 – 40 kg.

PERIODE DE VENTE ABONDANCE PÉNURIE

RN 6 850 Fcfa 15 850 Fcfa

RN/kg manioc frais 15 35

h.j 16 16

RN/h.j 428 990

Tableau 19 : Estimation du revenu net et de son équivalent en kilogramme de manioc de la commercialisation de 450 kilogrammes de manioc sous forme de foufou sur Yaoundé PERIODE DE VENTE ABONDANCE PÉNURIE

RN 8 350 Fcfa 14 350 Fcfa

RN/kg manioc frais 19 32

h.j 14 14

RN/h.j 596 1025

Tableau 20 : Estimation du revenu net et de son équivalent en kilogramme de manioc de la commercialisation de 450 kilogrammes de manioc sous forme de manioc frais sur Yaoundé

Dans le deuxième cas de figure nous nous situons à une centaine de kilomètres de Yaoundé au niveau du Mbam (Balamba, Ombessa, …). Tout comme précédemment, les produits sont apportés le plus souvent par des collecteurs se trouvant sur place ou venant de Yaoundé mais peuvent très bien être acheminés par les producteurs eux-mêmes sur la capitale à raison de deux filets de foufou de 42-45 kg par voyage. Du fait de la proximité de Yaoundé, ils peuvent faire le trajet à raison de deux voyages par semaine. Cette quantité de manioc transformé équivaut à 7 bacos de manioc de 35–40 kg.

PERIODE DE VENTE ABONDANCE PÉNURIE

RN 6 400 Fcfa 11 400 Fcfa

RN/kg manioc frais 24 42

h.j 10 12

RN/h.j 640 950

Tableau 21 : Estimation du revenu net et de son équivalent en kilogramme de manioc de la commercialisation de 270 kilogrammes de manioc sous forme de foufou sur Yaoundé PERIODE DE VENTE ABONDANCE PÉNURIE

RN 6 040 Fcfa 13 040 Fcfa

RN/kg manioc frais 23 48

h.j 8 8

RN/h.j 755 1630

Tableau 22 : Estimation du revenu net et de son équivalent en kilogramme de manioc de la commercialisation de 270 kilogrammes de manioc sous forme de manioc frais sur Yaoundé

Comme nous l’avons dit précédemment au moment de l’approvisionnement, il n’y a pas de relation directe entre l’approvisionnement en racines de manioc et en foufou de manioc. En effet, la majorité de l’approvisionnement en foufou se fait par des collecteurs provenant de zones éloignées de Yaoundé et qui ne vendent donc pas de manioc du fait de la spécialisation de ces zones dans ce type de transformation et des risques importants qu’il y aurait à commercialiser des racines de manioc à partir de ces zones. Donc dans un tel type de configuration, s’il y a abondance de racines de manioc, il peut y avoir aussi bien abondance ou pénurie de foufou sur le marché. Mais dans le cas où il y a commercialisation de manioc frais à partir de ces zones, la moitié des cas de figure montre la non rentabilité de la transformation du manioc en foufou. Cependant, ces résultats sont à nuancer car le risque de perte en manioc n’a pas été pris en compte dans cette comparaison. Ceci renforce encore plus la rentabilité de la transformation du manioc en foufou pour les régions enclavées et éloignées des grands centres urbains. Par conséquent, la commercialisation du manioc sous forme de foufou à partir de ces zones dans les conditions de transport actuelles apparaît comme une stratégie anti-risque. De plus, pour les agents qui sont en charge de la commercialisation, il y a nécessité de dépenser de l’argent avant d’en bénéficier. Or dans le cas du foufou le capital investit dans le transport du foufou est moindre que dans le cas du manioc d’où une limitation supplémentaire des risques par ces acteurs.

De plus, selon des estimations faites entre la transformation de foufou et de bâton à partir d’une région proche de Yaoundé (cf. annexe 21), il apparaît plus rentable, en période d’abondance de foufou sur Yaoundé, de faire des bâtons de manioc que du foufou de manioc. Mais pendant la saison des pluies (pénurie de foufou), on constate qu’il peut être plus avantageux de faire du foufou que des bâtons de manioc si sur le marché il y a abondance de bâtons. Mais en réalité, comme la moyenne du revenu net par kilogramme de manioc frais entre période de pénurie et période d’abondance pour le bâton de manioc (62 Fcfa) est comparable avec celle pour le foufou pendant la saison des pluies (69 Fcfa), il pourrait apparaître plus rentable de faire du foufou car il demande moins de temps de transformation. Cependant, dans le cas des bâtons, les transformateurs s’affranchissent de la contrainte extérieure qui est celle des conditions climatiques et donc les volumes transformés par ménage sont plus importants et donc les rentrées monétaires également. Par conséquent, le choix de transformation du manioc en bâton plutôt qu’en foufou au niveau de la zone de Ngoumou se comprend aisément sur le plan économique en plus des habitudes alimentaires des populations de cette région.

4.2 F

ACE AU PROBLEME DE FINANCEMENT DES ACTIVITES