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Force est de constater que le niveau de maîtrise des personnes quant à l’utilisation des outils numériques n’est pas uniforme.

Élèves comme personnels ont été contraints de découvrir et explorer de nouvelles pratiques ; on assiste à la rencontre de deux mondes où chacun apporte et partage ses outils, ses habitudes et ses codes, une expérience inédite et riche pour l’ensemble des parties prenantes. Les uns et les autres confient leur étonnement au sujet de ce qu’ils considèrent comme un manque de compétences de l’autre sans parvenir, dans un premier temps, à se décentrer. Les enseignants communiquent largement sur l’incapacité des élèves à écrire et à envoyer un mail correct « Il m'a envoyé 4x son mail ... il va falloir qu'il apprenne à utiliser une boite mail

... » (d’une enseignante au sujet d’un élève qui, ne travaillant qu’avec son téléphone avec un

forfait data limité, a tenté d’envoyer son devoir en format photo).

L’avis des élèves sur le mode de communication des enseignants fait aussi état d’une difficulté à faire communiquer ces deux mondes « Les profs devrait télécharger Snap car tous les élèves

l’ont, au lieu de nous envoyer sur des sites bizarres qui beuguent et qu’on comprend pas ... »

(W. élève de 1ère).

Le non-respect de la forme requise dans un mail ou le souhait d’utiliser un réseau social tel que Snapchat pour une activité éducative, constituent les révélateurs d’un fossé numérique entre les enseignants et les élèves et, parfois entre les élèves eux-mêmes, de nature, in fine, à accroitre considérablement les inégalités d’apprentissages lorsqu’enseignants et élèves ne se comprennent plus.

Par ailleurs, dans le contexte actuel où l’établissement scolaire est virtuel, il est aussi important d’accéder aux mêmes outils, à un même équipement numérique individuel, que d’accéder à la même classe.

Ces inégalités sont mises cruellement en lumière par ce qui est mis en œuvre, pourtant à bon dessein, dans le cadre de la continuité pédagogique. Même si le chemin est encore long, ces inégalités risquent à termes non seulement d’être particulièrement préjudiciables aux jeunes, dans leur parcours scolaire, universitaire mais également dans leur accès à l’emploi et plus largement dans leur carrière professionnelle, dès la phase de recherche de stage.

Cette expérience vécue relative à ce fossé numérique pendant ce long épisode d’apprentissages à distance a mis en exergue les difficultés de communication et de compréhension entre l’élève et l’institution et la nécessité d’une recherche permanente des meilleurs axes créateurs de liens durables et favorables à une écoute mutuelle.

Dans ce contexte, une acquisition progressive des codes et des usages paraît indispensable à plus ou moins long terme en complément de l’éducation à l’utilisation des outils à disposition. Cette réflexion, partagée avec certains enseignants nous a amené à réfléchir à la possibilité de mettre en place des ateliers d’apprentissage ainsi qu’un accompagnement dans le cadre de missions particulières.

Ce qu’il faut retenir :

Les membres de la communauté éducative ne sont pas en situation d’égalité face au numérique.

Ces inégalités se posent à la fois dans l’accès aux outils numériques (matériel, logiciel, connexion internet) que dans l’appropriation de ces outils par les utilisateurs.

La possession d’un smartphone ne suffit pas à effacer ces inégalités.

Elles sont préjudiciables aux élèves dans le cadre de leur parcours scolaire mais sont partiellement compensées par les outils mis à la disposition des élèves dans l’enceinte de l’établissement, pour peu qu’ils soient mis en mesure de se les approprier.

L’expérience en cours de l’enseignement à distance exacerbe ces inégalités mais constitue aussi un formidable accélérateur des apprentissages au numérique.

L’ensemble de ce travail de revue de la littérature, de recherche appliquée et d’expérience de terrain qui a conduit à la rédaction de ce mémoire a présenté un double intérêt. D’une part, il

m’a permis d’acquérir une culture de veille de la recherche dans le domaine de l’éducation. Il m’a fallu mettre à l’épreuve mon esprit critique et ma curiosité pour sélectionner et analyser les informations et en déduire les questions pertinentes dans une démarche de progrès de mon métier.

D’autre part, il m’a apporté un éclairage particulier sur plusieurs des aspects du métier de CPE et permis de nourrir de nombreuses réflexions sur la pratique professionnelle.

IV. Réflexions

sur

la

pratique

professionnelle

Ces travaux d’analyse et de recherche poursuivis tout le long de la construction de ce mémoire m’ont conduit à identifier des voies de progression et d’optimisation du métier de CPE au regard de sa mission liée à la présence de ces nouveaux outils du numérique dans le quotidien. Qu’il soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’établissement, l’élève compose entre sa vie réelle et sa virtuelle et se construit dans ces deux mondes. Il apparaît alors essentiel de s’assurer qu’au sein de l’établissement scolaire tout d’abord, soit impulsé un degré suffisant d’appétence, de sensibilité des parties prenantes au numérique, à ses opportunités et à ses dangers.

Si l’épisode Covid-19 a démontré un champ des possibles pour un « établissement numérique » et un besoin d’accompagner la communauté éducative sur le plan de l’utilisation des codes et de l’appropriation des outils, ces travaux conduisent surtout à une réflexion quant aux plans d’actions qui doivent être mis en place à des fins curatives, préventives ou de sensibilisation autour des problématiques liées à l’usage des réseaux sociaux par les jeunes.

A. Mener une réflexion sur la notion d’établissement