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Impulser et développer une culture du numérique au sein de l’établissement

Au sein d’un établissement scolaire comme d’une entreprise, les orientations et la culture que l’on veut impulser proviennent indéniablement de l’équipe de Direction. Elles sont ensuite déclinées à chaque niveau de l’organisation sous formes d’axes de travail et de ressources.

1) Suggérer une inversion des rôles

La première condition au développement d’une culture numérique est l’ouverture d’esprit. Au sein des établissements, une certaine défiance s’installe parfois à l’égard du monde numérique en général et des réseaux sociaux en particulier. Le fait que les jeunes soient le plus à l’aise induit un paradoxe de fait qu’il faut parvenir à lever : alors que les professionnels de l’éducation nationale ont pour mission d’éduquer les jeunes à l’utilisation du numérique, il semble parfois compliqué d’apporter des connaissances et de faire développer des compétences dans un domaine qu’on pense moins bien maîtriser que l’apprenti, parfois véritable sachant. C’est là où l’ouverture d’esprit et la bienveillance sont la clé du succès : admettre qu’élèves et personnels peuvent apprendre les uns des autres afin de développer une culture commune. Cette transmission mutuelle des savoirs peut être organisée et suggérée par l’enseignant afin de créer un lien nouveau.

Il semble que la co-construction d’une culture numérique commune au sein d’un établissement ne peut se faire sans bousculer certaines habitudes. En matière de réseaux sociaux, force est de constater que la connaissance de l’utilisation de ces outils est entre les mains des jeunes davantage qu’entre celles de la plus grande partie des personnels de l’établissement. Le savoir est partagé.

A plusieurs reprises, j’ai été étonnée de voir à quel point les élèves étaient ravis qu’on les sollicite sur le thème des réseaux sociaux. Ils sont fiers de pouvoir partager leurs connaissances et, cette année, j’ai effectivement beaucoup appris grâce à eux.

Il apparaît pertinent de faire confiance aux élèves et d’accepter que certains d’entre eux soient également des sachants dans cet univers.

2) Faire prendre conscience des besoins de demain

Une étude135 de 2017 (à considérer avec la plus grande réserve dans la mesure où elle a été

commandée par une marque connue d’équipement informatique) indique que 85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui. Si les chiffres ne sont pas certains, il est évident que beaucoup de métiers du futur demanderont des connaissances numériques de plus en plus importantes. Beaucoup d’entreprises attendent aujourd’hui de leurs

135 The next era of Composite Graphics human machine partnerships. (s. d.). Consulté le 13 avril 2020, à

l’adresse

https://www.delltechnologies.com/content/dam/delltechnologies/assets/perspectives/2030/pdf/SR1940_IFTF forDellTechnologies_Human-Machine_070517_readerhigh-res.pdf

collaborateurs qu’ils aient des compétences et une aisance informatiques qui leur permettent de s’adapter facilement aux évolutions du métier sans nécessiter trop de formation.

Dans le parcours de chaque élève, les procédures sont de plus en plus dématérialisées (Parcoursup, par ex) et font appel à des compétences bureautiques (rédiger une lettre de motivation à l’aide d’un traitement de texte). Dans l’enseignement supérieur, certains cours ont laissé la place aux Moodle. Des parcours de formation accompagnent cette mutation numérique, tel celui proposé par l’Université de Lille (Master « Ingénierie pédagogique multimodale »136). Autant de faisceaux qui font comprendre l’importance de développer les

compétences numériques des élèves et des personnels de l’Éducation nationale.

3) Constituer et animer l’équipe de vie scolaire

Il est difficile de demander aux élèves un développement de leurs compétences numériques sans s’assurer au préalable que les équipes partagent cette conviction. Cela commence dès le recrutement. L’équipe de vie scolaire apporte une contribution importante à la mise en œuvre du volet éducatif du projet d’établissement. La constitution de cette équipe est un point auquel il faut apporter la plus grande vigilance ainsi que, collectivement, CPE et AED aient des connaissances et compétences complémentaires. Les AED sont des éducateurs de proximité dans un établissement ; ils sont en contact permanent avec les élèves. Il peut être intéressant d’ajouter les compétences numériques et la connaissance des réseaux sociaux parmi les critères de recrutement, au moins pour une partie de l’équipe afin que l’équipe de vie scolaire puisse participer activement aux projets éducatifs dans ces domaines.

En sa qualité de conseiller du chef d’établissement, le CPE peut proposer l’inscription d’un axe concernant le développement numérique au projet d’établissement. Outre ceux directement liés aux contenus disciplinaires, des projets peuvent être proposés et mis en œuvre au sein du Comité d’Éducation à la Santé et à la Citoyenneté (CESC) engageant l’ensemble de la communauté éducative dans le développement d’une culture commune.

4) Propositions pour un groupe de référents numériques

A plusieurs reprises, en poste en établissement, j’ai pu mesurer à quel point les compétences informatiques permettent de gagner en efficacité tant sur le plan individuel que collectif. Il est intéressant de mutualiser les connaissances et de s’appuyer sur les personnes ressources de

136 Master Ingénierie Pédagogique Multimodale. (s. d.). Consulté le 13 avril 2020, à l’adresse http://master-

l’établissement (professeur-documentaliste, responsable informatique, référent numérique), de l’académie (ambassadeurs du numérique137) ainsi que sur toutes les personnes volontaires.

L’idéal serait de constituer une équipe référente numérique au sein de l’établissement qui centraliserait les échanges de pratiques. Cette année, au niveau de l’équipe de vie scolaire, nous avons commencé à impulser cette dynamique. L’échange de pratiques se matérialise par plusieurs actions et à l’aide de différents supports. Ainsi, nous avons recensé les besoins en formation sur les principaux outils utilisés dans l’établissement. Les CPE et les assistants d’éducation (AED) étaient invités à formuler leur besoin sous la forme d’une question commençant par « Comment … ? » (ex : « Comment éditer la liste des élèves en retenue sur un créneau donné ? »). Nous avons volontairement diversifié les moyens pour y répondre mais l’un de ceux retenus était de générer de courtes vidéos explicatives (maximum 5 mn) à l’aide d’un logiciel et de mettre à disposition un set de vidéos sur un serveur commun. Pendant la période de confinement, j’ai également fait de la formation en ligne à l’utilisation de certains outils numériques (Via « ma classe virtuelle » pour certains enseignants en utilisant moi-même une classe virtuelle avec un partage d’écran). Au-delà de la formation elle- même, le plus important est le message que cela véhicule : nous pouvons tous apprendre les uns des autres. Pourquoi, par exemple, ne pas intégrer certains élèves moteurs dans cette équipe référente numérique ?

Par ailleurs, de très nombreuses formations et ressources sont disponibles pour les personnels de l’Éducation nationale dans ces domaines. M@gistère est une plateforme de cours en ligne accessible au moyen de l’adresse académique. La DAFOR138 propose des formations en

présentiel ou en ligne. Dans le cadre de la continuité pédagogique liée à la crise sanitaire du COVID-19, elle a produit de nombreux contenus et cours collectifs en ligne.

Les formations peuvent être inscrites au plan de formation annuel de l’établissement.

C. Accompagner la communauté éducative dans son