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6. E VALUATION DES ACTIVITES DE CONCERTATION

6.6 Remarques finales

Par rapport au contexte des négociations multilatérales dans l’environnement, aux besoins et attentes des pays participants et aux caractéristiques spécifiques de la Francophonie, l’activité de concertation francophone est pertinente et dispose d’une réelle valeur ajoutée. Ceci étant, elle est aussi handicapée par une définition insuffisamment explicitée des aspects conceptuels et méthodologiques, une multiplicité peu lisible d’objectifs opérationnels répondant à des fonctions différentes de la concertation et à une inadéquation entre objectifs et ressources engagées. Ces handicaps relèvent en bonne partie de perceptions par les participants et les partenaires, et constituent donc aussi un problème de communication. On peut estimer que l’appellation même de « concertation » prête à confusion lorsqu’elle recouvre une réalité qui relève plus de la formation ou de l’information : l’outil se confond avec l’objectif.

L’activité dispose d’un réel potentiel, ou du moins les participants et observateurs le perçoivent ainsi, mais à condition de clarifier son profil, préciser les objectifs et de rendre plus cohérente la mise en oeuvre (instrument, méthodes, procédures, etc.) par rapport aux objectifs. Il s’agit surtout de faire des choix car il y a une forte dispersion, motivée par le souci d’être présent dans toutes les arènes de négociation et de chercher à satisfaire les attentes des différents pays. Mais ces ambitions, pour honorables qu’elles soient, ne reposent pas sur un socle suffisamment solide en matière de ressources et de méthodes, ce qui péjore fortement l'activité et lui donne une image floue et mitigée. Jusqu’à présent, la continuité de la participation à un taux relativement élevé montre à la fois que l’activité répond à un besoin et que les participants en retiraient visiblement un bénéfice. Mais les échos recueillis et l’analyse du contexte, y compris des activités plus ou moins similaires menées par d’autres acteurs, indique que ces besoins deviennent de plus en plus précis, avec un degré élevé d’exigence, et que les pays francophones apprennent de plus en plus à identifier l’offre disponible et à faire leurs choix. L’activité de concertation francophone est donc aussi soumise, de plus en plus, à une forme de concurrence qui l’oblige à se redéfinir en permanence pour « rester à la page », en phase avec le public-cible.

Pour répondre à cette évolution dans le contexte et dans les attentes des participants, l’opérateur a apporté successivement des adaptations à sa programmation en général et aux actions de concertation en particulier, avec des effets bénéfiques. Ceux-ci ont pu être observés notamment avec l’association de leaders de dossiers aux activités de concertation (CCCC) et une différenciation plus nette de l’offre selon les phase des négociations (fonction de service en amont, respectivement fonctions de médiation et de mobilisation en marge des concertations).

Il faut d’ailleurs relever que nombre de faiblesses identifiées ne sont pas caractéristiques de l’activité menée par l’IEPF ; certaines sont inhérentes aux fonctionnements usuels de l’AIF, et d’autres sont aussi présentes dans les activités menées par d’autres organismes, dont certains avec des moyens nettement supérieurs à ceux de l’IEPF. Le contexte très particulier de ces négociations multilatérales est à la fois complexe et évolutif, ce qui ne facilite pas du tout la tâche de tout organisme souhaitant développer une action cohérente dans ce domaine.

De par sa spécificité, la valeur ajoutée de la Francophonie pour une activité de concertation dans le domaine de l’environnement, et dans tout autre domaine faisant l’objet de négociations multilatérales formalisées (commerce, santé, affaires sociales, etc.), relève surtout des fonctions de mobilisation et de médiation. La fonction politique peut avoir des effets contre-productifs si elle devient un objectif principal car la recherche de positions convergentes peut consommer beaucoup d’énergie sans résultats et occulter les autres fonctions de la concertation. Elle peut toutefois revêtir un caractère subsidiaire. Enfin, l’activité peut aussi contribuer dans le domaine de la fonction de service et d’appui (renforcement des capacités) mais en veillant à déterminer une niche précise, en complémentarité avec les activités similaires proposées par d’autres acteurs. La concertation peut jouer autant un rôle de relais vers les « bonnes adresses » que comme prestataire direct, car les ressources sont trop modestes pour faire du soutien direct à grande échelle et il faut éviter des opérations trop ponctuelles ou du saupoudrage. Le potentiel d’autres acteurs, multi- ou bilatéraux, dans ce domaine est souvent supérieur, et les opérateurs de l’activité de concertation ont meilleur temps d’identifier cette offre, éventuellement l’influence pour qu’elle corresponde aux besoins francophones, et fonctionner comme relais et comme guichet d’aiguillage. Ce raisonnement est aussi pertinent pour la fonction contributive.

Il y a donc nécessité de changement à partir de la situation existante, en capitalisant le plus possible sur l’expérience acquise, aussi bien au niveau de l’opérateur actuel que de l’Agence, voire de l’Organisation en général.

7. R

ECOMMANDATIONS

7.1 Introduction

Dans ce chapitre final nous présentons nos recommandations, organisées selon les rubriques suivantes : - Principe de l’activité et orientation générale (sous-chapitre 7.2),

- Cadre stratégique de l’activité (sous-chapitre 7.3), - Mise en œuvre (sous-chapitre 7.4),

- Organisation et ressources (sous-chapitre 7.5), - Suivi et évaluation (sous-chapitre 7.6).

Ces recommandations s’appuient sur les analyses présentées au chapitre précédent. Elles sont formulées de manière aussi précise que possible mais ne constituent pas des recettes de cuisine immédiatement applicables ; la plupart impliquent une réflexion approfondie des organes compétents de la Francophonie, suivie de décisions adéquates. Ces choix sur des aspects stratégiques conditionnent les choix suivants sur un plan opérationnel, y compris pour le jeu d’indicateurs.

Le destinataire principal de la majeure partie des recommandations est l’IEPF en tant que Direction chargée de la mise en oeuvre de l’activité de concertation. Dans plusieurs cas, la mise en œuvre des recommandations signifie un rôle moteur pour l’IEPF mais pour alimenter un processus plus large, par exemple dans le cadre de la programmation, avec une validation par les organes compétents de l’AIF.

Certaines recommandations, toutefois, concernent directement l’AIF en général, voire l’OIF (R1, R2, R3, R4, R14, R15, R16).

La Figure 10 illustre, sous forme d’un ordinogramme, le processus décisionnel que la Francophonie doit parcourir pour une redéfinition de l’activité de concertation dans le sens des recommandations issues de ce rapport. Dans un souci de clarté, il a été précisé à quelle étape se réfèrent respectivement les recommandations et à quelle instance revient la compétence décisionnelle de chaque étape.

Schématiquement, deux réflexions parallèles devront être menées, l’une portant sur l’instrument de la concertation et l’autre sur les domaines d’intervention.

Figure 10 : Processus pour la définition de l’activité de concertation (ordinogramme)

choix d'un plan d'action biennal par arène R4 R12