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5. C OMPARAISON AVEC LES ACTIVITES SIMILAIRES

5.8 Comparaison récapitulative

Les exemples indiqués et les échos recueillis auprès de nos nombreux interlocuteurs montrent que pour les différentes fonctions que nous avons définies pour la concertation francophone d’autres acteurs développent des activités similaires, parfois depuis longtemps, parfois plus récemment, étoffant ainsi un « choix » d’offre d’activités à disposition des principaux bénéficiaires supposés, à savoir les Etats qui participent aux négociations, quelle que soit leur position socioéconomique ou environnementale.

Cette similitude n’est pas basée sur une approche explicitement identique mais sur le fait que les diverses fonctions des concertations francophones correspondent aux tendances générales de l’ensemble des activités dans ce domaine.

On peut relever qu’aucun de ces organismes ne parle de concertation pour définir son action, quelle que soit sa nature exacte.

Tableau 13 : Comparaison avec des activités similaires

Fonction Service Diagnostic Mobilisation Médiation Politique Contributive Catégorie

- Fonction de service : C’est sur cette fonction que la diversité et le volume des activités et mécanismes sont le plus grand, soit par le biais des agences multilatérales (Secrétariats des conventions, PNUE, PNUD-FEM, etc.), de certains organismes de type ONG ou universitaire, ou encore les coopérations bilatérales. De nombreuses activités existent qui combinent un effet de formation ad hoc, d’information et de sensibilisation, et qui constituent donc une contribution à la formation des opinions et au renforcement des compétences des participants ou de leurs pays. La composition des participants répond le plus souvent à une logique de proximité soit géographique, linguistique ou socio-économique, soit simplement de circonstance.

Par rapport aux concertations francophones, il y a subsidiarité en matière de financements, puisque l’IEPF n’intervient plus dans ce domaine mais cherche à relayer les besoins vers les destinataires adéquats. Par contre, dans le domaine plus large du renforcement de capacité et de l’aide à la participation, ainsi que de la mise en réseau, l’IEPF n’est pas seul, même si c’est le seul à prendre le monde francophone comme échelle de référence. Dans l’optique des pays concernés, l’IEPF fait partie de « l’offre » possible auquel il est possible de recourir. Une valeur ajoutée est certainement l’usage commun du français et une certaine proximité culturelle. Mais ce dernier aspect n’est pertinent que pour les pays réellement francophones, donc en particulier ceux d’Afrique.

- Fonction de médiation : Cette fonction est également recherchée de manière croissante par d’autres acteurs, en particulier tous ceux qui essaient de développer des dynamiques régionales et transversales autour de thématiques précises. Mais la plupart de ces autres acteurs, si ce n’est les Quaker, n’a cependant pas une approche « universaliste » comme la Francophonie.

Certains acteurs, comme le WWF France ou d’autres ONG françaises, peuvent se rapprocher de cette fonction par le biais de projets concrets. C’est dans ce domaine que nos interlocuteurs estiment qu’il y a les besoins les plus importants qui ne sont pas encore suffisamment couverts, à savoir la mise en contact et de la concertation hors contexte formel de négociations.

- Fonction politique : Les interlocuteurs s’accordent sur le fait que les intérêts économiques bien spécifiques l’emportent tôt ou tard sur toute autre logique (de solidarité par exemple), surtout dans la phase finale des négociations. En conséquence, les grandes alliances classiques détiennent un certain monopole sur cette fonction. Une partie des pays francophones les moins favorisés n’ont pas encore appris la gestion optimale des allégeances multiples (par exemple G77, groupe africain, Francophonie) comme instrument au service d’une stratégie de négociation. Si la Francophonie décide que sa vocation consiste aussi à exercer cette fonction, donc à négocier en son sein et à afficher des positions communes sur certains sujets, elle doit prendre en compte cette dimension et l’anticiper, afin d’assurer la viabilité de cette fonction, qui est la plus ambitieuse.

- Fonction de mobilisation : Il y a peu de comparaison possible à ce niveau entre les procédures francophones de concertation et les autres activités, si ce n’est, jusqu’à un certain point, les ONG et, plus indirectement, certaines agences multilatérales. De par sa nature « généraliste » et « universaliste », la Francophonie peut ici afficher une certaine valeur ajoutée, même si cette fonction est souvent latente et implicite car elle découle de fait de la réunion des participants francophones et n’est pas un objectif explicite et formel de la réunion. Les interlocuteurs relèvent systématiquement l’intérêt de la mise en réseau des acteurs francophones et les actions de concertation pourraient être axées de manière plus explicite et formalisée vers cet objectif. La langue française partagée par tous les participants est un atout incontestable pour la mobilisation, si ce n’est un gage de son efficacité. En cela, aucune alternative n’est offerte aux délégations francophones dans le contexte des arènes de négociation.

- Fonction contributive : De très nombreux acteurs sont actifs dans le domaine de la contribution intellectuelle et stratégique relative aux enjeux des débats internationaux sur l’environnement et le développement durable, aussi bien pour les enjeux de fond que de forme (fonctionnement des négociations). Ces acteurs sont souvent de nature universitaire mais sont aussi nombreux dans le secteur des ONG internationales ou locales et dans des structures mixtes, sans oublier les apports des agences multilatérales (par exemple les Secrétariats des Conventions).

- Au bilan, on constate une multiplicité croissante des options d’activités qui correspondent aux différentes fonctions de la concertation francophone au sens large, qui répond à un besoin majeur de tous les milieux concernés. Cette multiplicité peut induire une certaine difficulté pour les pays les moins avancés sur le plan de la lisibilité et de la maîtrise des choix à effectuer.

Elle a aussi pour conséquence une tendance à une approche beaucoup plus ciblée de ces différentes activités, avec un profil délimité en matière d’objectifs, de publics-cible, de méthodes, etc., tout en favorisant une forte mise en réseau. De nombreux acteurs en ont tiré la leçon, en ciblant davantage non seulement leurs objectifs, mais également les publics-cible, et ce afin d’offrir des services véritablement uniques et répondant à un besoin clairement identifié et précis. Ceci a pu être observé par exemple auprès de la DCE (concentration sur une négociation en cours), de la Commonwealth (focalisation des activités sur des projets précis en fonction des besoins et des ressources), de l’UNITAR, (formation à la négociation et en droit environnemental international) de l’ICTSD (priorisation des publics-cible) ou d’ENDA-TM (partenariats avec les populations).

- La concertation francophone est tout à fait spécifique et unique sur la combinaison entre son identité de plate-forme linguistique et culturelle commune et ses fonctions de médiation. En ce qui concerne la fonction de mobilisation elle est spécifique uniquement par l’identité francophone, mais les pays ont aussi d’autres options, par exemple à l’échelle régionale, ou dans le circuit des ONG, pour faire jouer cette fonction. Elle peut être spécifique sur la fonction politique lorsque l’occasion se présente.

Par contre, il existe de nombreuses activités qui ressemblent à la concertation francophone pour tout ce qui touche aux différentes facettes de la fonction de service (formation, information, renforcement des capacités, etc.) et à la fonction contributive.

Il se pose donc la question de la subsidiarité de la concertation francophone avec d’autres activités, surtout si ces autres acteurs ont des moyens supérieurs pour intervenir.