• Aucun résultat trouvé

Relations et partenariats avec la communauté internationale

2 HAÏTI, LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT ET LE

2.3 Bilan d’avancement des OMD en Haïti

2.3.4 Relations et partenariats avec la communauté internationale

L’OMD 8 qui comprend les relations d’Haïti avec la communauté internationale par la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement est tout aussi intéressant à positionner que l’OMD 1 avant de se concentrer sur l’aspect environnemental représenté par l’OMD 7. L’OMD 8 relève de la responsabilité des pays industrialisés et entraîne un effet positif sur les autres OMD puisque l’amélioration de la gouvernance et du potentiel financier en provenance des partenaires internationaux influence le financement et la réalisation des autres OMD. Puisque des décennies de corruption ont entaché l’économie et la confiance face au gouvernement, ce sont en grande partie les échanges et les partenariats extérieurs qui permettront au pays de se développer. D’ailleurs, avec les nécessités croissantes d’Haïti après le séisme, la mise en place d'un partenariat solide pour le développement doit s'intensifier. Il est clair que le cadre financier d'Haïti inspire déjà une vision de dépendance envers l'aide au développement, et particulièrement pour ce qui a trait aux OMD. Toutefois, le pays ne peut déployer son plein potentiel que si l’État y participe activement, en collaboration avec les institutions financières, et en restaurant la confiance de la population et des institutions locales et étrangères envers l’appareil gouvernemental.

Comme le précise le Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD), l’État haïtien se doit de développer un système commercial et financier ouvert, basé sur des normes précises, prévisibles et non discriminatoires (GNUD, 2006). Les troubles politiques qu’a connus Haïti ont suscité une méfiance chez les investisseurs internationaux qui ne sont pas convaincus que le système économique haïtien est un endroit fiable pour y investir leurs capitaux. Ceci contribue donc à maintenir le pays dans un endettement chronique. Pour la période de 2000 à 2008, l’endettement d’Haïti a augmenté, comme le démontre le graphique de la figure 2.3. La donnée la plus récente de ce graphique, soit pour l’année 2008, faisait foi d’une dette externe de 1,714 millions de dollars (CEMLA, s.d.).

36

Figure 2.3 Évolution de la dette externe de 2000 à 2008. Modifié de CEMLA, s.d.

La répartition de la dette publique externe pour l’année 2008 est illustrée à la figure 2.4. Il est possible de constater dans cette figure que la BID et la BM étaient les principaux organes multilatéraux responsables de la dette haïtienne, avec une part de responsabilité atteignant les trois quarts pour les deux institutions regroupées. Le FMI, de son côté, était responsable d’à peine 4 % de la dette publique externe avant le séisme (CELMA, s.d.).

Figure 2.4 Composition de la dette externe en 2008. Modifié de CEMLA, s.d.

Il est important de noter que les intérêts associés aux prêts constituent un cercle vicieux d’endettement qui est extrêmement difficile à rompre, sans allégements ou annulation de cette dette de la part des créanciers internationaux. Le Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde (CADTM) définit le concept de dette odieuse comme suit : « Une dette

37

contractée par un régime, qui sert à financer des actions contre l'intérêt des citoyens de l'État et dont les créanciers avaient connaissance » (CADTM, 2008). Selon ce même comité, on se réfère aussi de dette odieuse lorsque cette dernière a été contractée par une dictature et qu'elle doit être remboursée lors de la transition démocratique (ib.). Ce concept de dette sera abordé plus en détail au chapitre 3, afin de tenter de comprendre l’origine et la caractérisation de la dette haïtienne.

En 2009, Haïti a reçu 1,2 milliard de dollars EU sous forme d’allégement de dette de la part du FMI et de la BM, en atteignant le point d’achèvement de l’initiative renforcée en faveur des PPTE et l'initiative d'allégement de la dette multilatérale (FMI, 2009). Certaines critiques adressées aux deux institutions financières multilatérales considèrent que ces interventions d’allégement de la dette n’ont fait qu’aggraver la pauvreté en Haïti, tout en diminuant la capacité d'intervention de l’État (GRAP, 2003). La BM reconnaît que les ajustements macro-économiques n’ont pas donné de succès face aux problématiques internes, mais que le contexte particulier d’Haïti a justifié ces allégements (BM, 2010a). Le graphique suivant (voir figure 2.5) fait foi des mêmes données que la figure 2.3, mais pour une période encore plus récente, soit de 2006 à 2010 (CEPALC, 2011). À partir de 2008, on constate que la dette externe nette et en pourcentage du PIB est en chute constante. Cette figure démontre également l’allégement de la dette reçu en 2009 grâce à l’initiative des PPTE. Il serait probable d’espérer la même tendance pour l’année 2011, démontrant l’appui à Haïti de la part de la communauté internationale, par l’annulation ou l’allégement de la dette publique externe.

38

Après la catastrophe du séisme de 2010 et de l’engouffrement national croissant, il est important de soutenir ces initiatives de réduction et d’annulation de la dette, surtout pour ce qui a trait à la dette multilatérale qui s’élevait, avant janvier 2010, à plus de 70 % du total de la dette externe (CEMLA, s.d.). Plus précisément, il s’avère nécessaire d’annuler cette dette multilatérale, sans aucune condition et avec l’octroi de nouvelles subventions d’aides sans condition. Il n’est donc pas question d’obtention de nouveaux prêts qui risquerait de fragiliser encore plus le lourd fardeau du pays et de limiter ses possibilités de redressement. Tel que stipule l’article d’Oxfam France (2010) : « Haïti a besoin de liquidités pour faire face à l’urgence, mais il doit s’agir de dons, car prêter à un pays pauvre complètement détruit est une aberration ».

Après le séisme, le FMI a approuvé l’annulation totale de la dette d’Haïti, soit l’équivalent de 268 millions de dollars EU. Toutefois, l’institution financière a également permis un nouveau prêt pour la reconstruction, sans intérêts pour un an et d’une échéance de 5 ans (FMI, 2010a; FMI, 2010b). Ce nouveau prêt va à l’encontre des recommandations de plusieurs spécialistes et institutions internationales comme Oxfam, mais a tout de même été octroyé à Haïti. Pour sa part, la BID a totalement annulé sa dette de 176 millions de dollars envers Haïti et a fait un don s’élevant à plus de 286 millions de dollars en 2010 (BID, 2011a). En parallèle, la BM a également annulé le solde de 36 millions de dollars de la dette d’Haïti envers l’Association internationale de développement (IDA), qui représente le guichet du Groupe de la Banque mondiale destiné aux pays les plus pauvres. L’institution multilatérale a également engagé 479 millions de dollars de dons pour appuyer le redressement et le développement du pays (BM, 2010a). En 2011, Haïti ne doit donc plus d’argent à la BM ni à la BID, mais doit une somme nouvelle au FMI. Quant aux agences de prêts bilatéraux, le Venezuela et le regroupement des pays du G7 (États-Unis, Canada, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie et Japon) ont annulé la totalité de leur dette bilatérale envers le pays (Cyberpresse, 2010). Taiwan, pour sa part, a convenu de couper les versements du remboursement de la dette et les intérêts des prêts en Haïti pour une période de 5 ans (Haitian Truth, 2010). Il est à noter que l’aide publique au développement, la coopération internationale et le concept de la dette seront abordés plus précisément dans le chapitre 3 portant sur l’aide internationale.

39