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Relance#d’un#cépage#

Dans le document La promotion de l'origine au Brésil (Page 169-176)

Malgré l’affaiblissement du caractère agricole de la colonie, un mouvement régional de revendication identitaire relance la production vitivinicole locale. Enclins à valoriser le lien au territoire de leur histoire et de leur agriculture, les descendants italo-brésiliens, appuyés par le secteur public, réinvestissent la vitiviniculture et relancent le cépage Goethe.

1. Revendication de l’italianité

Suite au coup d’État du 10 novembre 1937, le régime dictatorial instauré par Gétulio Vargas, l’Estado Novo, entraîne une perte d’identité culturelle270. Entre les deux guerres mondiales, le gouvernement autoritaire adopte une position nationaliste de discrimination envers les communautés « ethniquement organisées, comme la colonie d’Urussanga »271. À partir de 1937, la mise en place du processus officiel d’assimilation forcée de Santa Catarina entraîne l’interdiction de l’enseignement de l’italien dans les écoles, la fermeture des institutions communautaires et enfin l’interdiction de la pratique de la langue dans les lieux publics272. Les années 1970 marquent un véritable tournant dans l’affirmation ethnique des descendants d’immigrants européens avec, notamment, l’apparition de revendications identitaires dans différentes régions du Brésil. Dans la région d’Urussanga, plusieurs activités et manifestations festives permettent aux habitants de mettre l’accent sur « l’italianité locale »273. Ainsi, à l’approche de la date de commémoration du centenaire de la ville, les habitants d’Urussanga tentent de promouvoir leur identité culturelle et de valoriser leur histoire et leurs savoir-faire. Plusieurs associations liées à la culture italienne sont créées autour de la pratique du chant, de la langue, de la danse, de la nourriture, du vin ou de la simple « joie italienne ». La création de trois manifestations festives, (la Fête du Vincréée en 1986, la fête Ritorno alle Origini274 en 1991 et la Fête du vin Goethe en 1999) met en exergue le vin –associé aux produits coloniaux ainsi qu’à la cuisine italienne typique et traditionnelle– et la culture.

Les productions coloniales prennent sens au sein de la communauté. Elles sont valorisées et revendiquées comme des éléments de l’identité coloniale et italienne. La production vitivinicole d’Urussanga s’inscrit dans cette revendication identitaire, malgré un déclin général de l’agriculture et une production vitivinicole dérisoire dans le panorama vitivinicole fédéral.

270 L’Estado Novo reste en vigueur jusqu’à la destitution de Vargas par les militaires le 29 octobre 1945.

271 João KLUG, « A Imigração Alemã e a Construção de uma Identidade Teuto-Brasileira no Sul do Brasil », dans Ingrid Wehr (org.), Un continente en movimiento : migraciones en América Latina. Frankfort/Madrid, Vervüert/Iberoamericana, 2006, pp. 339-348.

272Ibidem.

273 Paula May REBOLLAR, Urussanga e o novo processo…, ouv. cité, 2008, p. 171. 274 Retour à l’origine en italien

2. Réinvestissement public dans la filière vitivinicole

Le réinvestissement public dans la filière vitivinicole contribue à la revalorisation économique de la production. Il correspond à la volonté du gouvernement de positionner le Brésil comme producteur de vin au niveau mondial, dans un contexte d’expansion des marchés et de croissance de la demande. À partir de 1979, l’Epagri réactive les recherches publiques sur la vitiviniculture et réhabilite l’ancienne station d’œnologie et de fermentation qui devient la station expérimentale d’Urussanga. Cette nouvelle structure ne travaille plus exclusivement sur la vigne, mais aussi sur l’arboriculture fruitière : banane, raisin, fruits à noyau (prune et pêche), agrumes et ananas (cf. Tableau 18).

Tableau 18. Principaux arbres fruitiers commerciaux cultivés sur le littoral sud de Santa Catarina en 2000 : surface plantée et principaux municipes producteurs

Fruit Surface cultivée (ha) Principaux producteurs*

Banane 8500 Jacinto Machado, Santa Rosa do Sul, Criciúma, Siderópolis,

Treviso, Timbé do Sul, Praia Grande, Turvo, Içara, Nova Veneza, Meleiro et Urussanga

Agrumes 1500 Cocal do Sul, Criciúma, Içara, Santa Rosa do Sul, Sombrio et São João do Sul

Fruit de la passion 400 Jacinto Machado, Santa Rosa do Sul, São João do Sul, Ararangua, Sombrio, Içara et Gravatal

Raisin 300 Pedras Grandes et Urussanga

Pêche et prune 150 Pedras Grandes et Urussanga

Ananas 60 São João do Sul, Santa Rosa do Sul, Jaguaruna et Armazém

* Les municipes en gras font partir de la région d’Urussanga décrite dans la monographie sur le vin

Sonego et al., 2003 : 45

Le rôle de la station expérimentale d’Urussanga est fondamental dans la relance et la réactivation du secteur vitivinicole. Au début des années 1980, le centre de recherche par exemple distribue des porte-greffes pour la production de greffons dans la région. À la fin des années 1990, la station s’investit dans le contrôle de la qualité des vins coloniaux. En 1998, elle met en place une formation professionnalisante sur la production de vin colonial dans son unité d’enseignement275. L’investissement du secteur public fait suite à la fondation de deux caves viticoles, à Urussanga, la cave Urussanga de Heidi Damian (1975), ancien employé de la station d’œnologie et de fermentation, et de Genesio Mazon (1977), ancien président de l’Acaresc (Association de crédit rural et d’assistance de Santa Catarina)276. L’ouverture de ces caves et l’implication de l’Epagri correspondent à une nouvelle phase dans le développement

275 Márcio SONEGO et al., A fruticultura…, ouv.cité, p. 46.

de la filière vitivinicole dans la région277. Le redémarrage de la filière vitivinicole s’inscrit dans un processus de revendication identitaire plus large qui tend à devenir un élément de reconquête économique et de développement touristique.

3. Fragilités de la filière

Aujourd’hui, la production de raisin de la région représente 241 hectares exploités par 104 agriculteurs familiaux pour un rendement de plus de 1 230 tonnes (cf. Annexe 10)278. Le marché local est partagé entre la vente directe (raisin et vin), et la vente dans des commerces de détail et dans des établissements de restauration. Malgré sa relance, le système de production vitivinicole reste fragile.

a) Place du vignoble urussangense dans le paysage vitivinicole brésilien

Une des fragilités du système de production tient à la faiblesse de la place de ce vignoble dans la production brésilienne. Au Brésil, la vitiviniculture occupe une surface de 82 000 hectares environ avec des vignobles établis depuis l’extrême sud du pays –frontière argentine de l’État de Rio Grande do Sul, jusqu’à des régions équatoriales –États de Bahia et Pernambuco (cf. Carte 17)279. La production brésilienne de raisin atteint 1,4 tonnes/an dont environ 45 % est destiné à la production de vin, jus et autres dérivés de raisin et 55 % est commercialisé en tant que raisin de table280. La législation brésilienne distingue deux catégories de vin : le vin fin et le vin de table281. La principale différence réside dans les espèces utilisées : cépages vinifera pour l’élaboration de vins fins ; variétés américaines ou hybrides pour les vins de table. Parmi les produits industrialisés, 76 % sont des vins de table et 9 % des jus de raisin élaborés à partir de variétés d’origine américaine et divers hybrides. Près de 13 % sont des vins fins élaborés à partir de cépages de Vitis vinifera. Le reste de la production (environ 1%) représente les dérivés de raisin et de vin (confitures, gelées, sirops, etc.)282. La production brésilienne est

277 Carolina Quiumento VELLOSO, Indicação geográfica…, ouv. cité, 166 p.

278 IGBE, Production agricole municipale, 2009 ; Secrétariat d’Agriculture et de Développement rural de Santa Catarina, Recensement agricole de Santa Catarina, 2003/2004.

279 L’Institut Brésilien du Vin (IBRAVIN) considère seize zones principales de production vitivinicole : Fronteira, Serra do Sudeste, Serra Gaúcha, Campos de Cima da Serra et régions Central et Norte de l’État de Rio Grande do Sul ; Vale do Rio do Peixe, Planalto Serrano et Planalto Norte et région carbonifère dans l’État de Santa Catarina ; région Nord de l’État du Paraná ; régions Sudeste et Noroeste de l’État de São Paulo ; régions Sud et Nord de l’État de Minas Gerais ; et Vale do Submédio São Francisco à cheval sur les États de Pernambuco et Bahia. Du fait des grandes amplitudes latitudinales (de 30 à 5° S), altitudinales (de 5 à 1 400 m) et topographiques (plaines, vallées), le vignoble brésilien présente une forte hétérogénéité de système de production. La production méridionale est caractéristique des régions tempérées avec une période de repos végétatif en hiver. En zone subtropicale, la vigne est cultivée selon deux cycles annuels définis en fonction des températures les plus faibles où le risque de gelée n’est pas négligeable. L’originalité du vignoble tropical réside dans sa capacité à supporter des tailles fréquentes et la succession de 2,5 à 3 cycles végétatifs par an. Informations disponibles sur http://www.ibravin.org.br. Pages consultées le 04 juillet 2011.

280 IBGE, Production agricole municipale, 2009 ; IBRAVIN, 2011.

281 Pour plus de détails, se référer à la loi n° 7 678/88 (Loi du vin) et à la loi 10 970/04 (qui altère la loi de 1988 pour harmonisation avec le Règlement vitivinicole du Mercosur).

principalement destinée au marché intérieur. Selon l’Ibravin, le principal produit d’exportation est le jus de raisin dont 15 % est exporté contre à peine 5 % du raisin de table et 1 % des vins.

Carte 17. Localisation des vignobles commerciaux brésiliens

Echelle approximative : 1/7 000 000

Ibravin, 2011.

Au regard de la production nationale, le vignoble catarinense est peu représentatif. Mais, s’il ne produit que 5 % de la production nationale de raisin, il est le second producteur de vin

après l’État de Rio Grande do Sul. La région d’Urussanga produit 3,8 % de la production étatique et 0,19 % de la production nationale. La production se concentre dans les municipes de Pedras Grandes (54 % de la production régionale) et d’Urussanga (30 %) –cf. Annexe 10. La production de raisin représente 47 % de la valeur de production des cultures permanentes283. Malgré sa faible participation à la production nationale (en volume et en valeur), la région est considérée comme une région vitivinicole traditionnelle par l’Ibravin. Paradoxalement, l’institution ne représente pas la région d’Urussanga sur ses plaquettes de promotion de la filière (cf. Carte 17). Cette absence reflète les difficultés des producteurs de vin Goethe à faire reconnaître la qualité de leur vin par la filière brésilienne et par ses représentants en raison du caractère hybride de leurs raisins. Paulo Niederle, chercheur en sciences sociales, a étudié la construction des compromis autour de la qualité dans le secteur vitivinicole au Brésil et en France. Dans sa thèse de doctorat, il décrit les conflits entre la production traditionnelle de vin de table et le modèle émergent ciblé sur le segment des vins fins284. Selon lui, la distinction entre ces deux types de vin est au centre de « confusions conceptuelles qui reposent sur des dichotomies peu évidentes dans la réalité »285. La filière a adopté depuis les années 1970 des techniques et des méthodes de productions nouvelles, intégrées à un processus de standardisation du vin. Les producteurs de vins fins cherchent à se différencier qualitativement par rapport aux vins de table. Pourtant, comme les producteurs de vin de table, ils associent systématiquement la qualité de leur vin à l’identité socioculturelle, au lien au territoire et au caractère artisanal de la production.

Les débats autour de la qualité du vin, fin ou de table, sont ambigus. Les deux segments mettent en avant des critères liés à l’imaginaire des consommateurs, le caractère artisanal, l’origine italienne des producteurs, etc. Dans un contexte de mondialisation des marchés, les vins de tables, comme le vin Goethe, sont peu soutenus par les institutions représentatives de la filière.

b) Exode rural et « trafic de main d’œuvre »

Comme de nombreuses productions agricoles, la manipulation de la vigne fait appel à une main d’œuvre importante, notamment lors des vendanges. Malgré le déclin de l’exploitation minière, les ouvriers ne se sont pas reconvertis dans l’agriculture, mais dans les autres secteurs industriels quand ils n’ont pas cherché à trouver un emploi dans des zones d’activité plus attractives (chef lieu de microrégion, capitales d’États). À l’image des zones rurales brésiliennes, la région d’Urussanga est marquée par un fort exode rural. Le délaissement des activités agricoles est accentué dans la région par la mise en place d’un marché noir de main d’œuvre, pour le moins inattendu. En effet, chaque année, des dizaines de jeunes adultes

283 IGBE, Production agricole municipale, 2009.

284 Paulo André NIEDERLE, Compromissos para a qualidade: projetos de indicação geográfica para vinhos no Brasil e na França, Thèse de doctorat en Sciences sociales, développement, agriculture et société, UFFRJ, sous la direction de John Wilkinson, 2011, 259 p.

partent travailler chez des glaciers italiens en Allemagne et ce malgré des conditions de vie inconfortables. En échange, ils sont nourris et logés et reçoivent un salaire, d’environ 1 300 € qui représente plus de cinq fois le salaire minimum brésilien. Ce système permet aux jeunes de gagner rapidement de quoi s’offrir une condition de vie meilleure une fois revenus au Brésil. Un couple de glacier d’Urussanga, de 25 et 26 ans, m’explique qu’ils ont vécu durant sept ans en Allemagne pour pouvoir s’offrir une maison et construire leur commerce. Selon le mari, près de 2 000 Urussanguenses travailleraient chaque année en Europe sur un total de 20 000 habitants. La filière est organisée autour de passeurs qui font le lien entre les glaciers en Allemagne et la main d’œuvre locale, moyennant une commission. Ce va et vient entre l’Europe et le Brésil est rendu possible par la double-nationalité des descendants d’immigrants européens286. Malgré sa nature anecdotique, ce trafic de main d’œuvre participe à la fragilisation de la vitiviniculture de la région. Comparée à une saison en Allemagne, la culture de la vigne est peu rémunératrice.

c) Des paysages dévalorisés par la pollution aquatique

Le développement industriel de la région s’est accompagné de pollutions qui ont affecté le milieu naturel. Située à l’interface entre trois bassins hydrographiques, la région d’Urussanga présente des paysages vallonnés où se mêlent la forêt native, mata atlântica (cf. photo n°1 de la Photo 19), l’élevage, la viticulture (cf. photo n°3 de la Photo 19), la fruiticulture en haut des vallées (cf. photo n°2 de la Photo 19) et la riziculture (cf. photo n°4 de la Photo 19) et l’industrie dans les fonds de vallée. Attrait touristique majeur, l’eau a pourtant subi de graves contaminations (cf. photo n°5 de la Photo 19). En effet, la concentration régionale d’industries a largement favorisé la pollution des cours d’eau si bien que la région présente de très forts indices de contamination. L’extraction minière n’est pas seule responsable de ce désastre écologique. L’utilisation non raisonnée d’intrants chimiques liés à la production de tabac, de riz, de maïs et à la fruiticulture, l’absence ou la mauvaise gestion des eaux usées et des effluents industriels ont également participé à la dégradation environnementale de la région287. De ce fait, les eaux sont considérées comme impropres à la consommation humaine et leur utilisation soumise à des restrictions notamment pour l’irrigation. Par exemple, le développement d’insectes nuisibles, les borrachudos, associés à la pollution des eaux, sont source de mal-être pour les habitants et peu attractifs pour le tourisme régional288. En plus des démangeaisons provoquées par leur morsure, ces moustiques transmettent des maladies et peuvent causer une cécité totale ou partielle chez l’être humain. L’été, il est impossible de se promener dans les vignobles sans être attaqué par les nuisibles, ce dont souffrent autant les vendangeurs que les touristes.

286 Nombre de descendants d’immigrants européens ont fait la démarche de faire reconnaître leur double nationalité. Depuis 1999, la nationalité allemande ne se transmet plus aux enfants d’Allemands nés à l’étranger au-delà de la seconde génération. En revanche, en Italie domine le principe du jus sanguinis et la loi adoptée en 1922 permet la reconnaissance de la diaspora italienne.

287 Entretien réalisé le 27/01/2009 à Urussanga auprès d’une habitante du Rio Maior ; Carolina Quiumento VELLOSO, Indicação geográfica…, ouv. cité, 166 p.

Photo 19. Région d’Urussanga : paysages vallonnés, cours d’eau et productions agricoles

Paysage caractéristique à Nova Veneza. La mata atlântica recouvre les flans de vallée. Le paysage,

ouvert à certains endroits, témoigne du développement de l’agriculture fourragère et

céréalière.

Exemple de fruiticulture en haut de vallée. Cette figueraie a été plantée par les propriétaires de l’auberge-restaurant

Vale dos Figos. Un magasin attenant au restaurant propose de l’artisanat, des produits typiques, du vin et de

la confiture de figues.

Vignoble au bord de l’eau situé à Azambuja (Pedras Grandes). La bande enherbée n’est pas assez large (deux mètres) pour jouer son rôle de tampon entre la

vigne et le cours d’eau et éviter la contamination de l’eau par les résidus de traitement phytosanitaire

entraînés par les eaux de ruissellement.

Paysage de riziculture à Nova Veneza, au pied de la propriété d’un producteur de vin. Celui-ci a cessé de produire du raisin, en raison du taux de contamination

du sol. Il s’approvisionne à Azambuja (Pedras Grandes) pour pouvoir produire son vin.

Exemple de cours d’eau contaminé par l’extraction de charbon. Rio Urussanga, Urussanga.

Cascade sur le Rio Maior, Urussanga. Attraction touristique proposée par les propriétaires de

l’auberge-restaurant Vale dos Figos.

Crédit photo : Vitrolles, 2009 ; Vale dos Figos, 2011 ; Observatório do Carvão, 2011

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L’économie régionale s’est développée en plusieurs temps. La structure foncière, le système agricole et la place centrale du vin sont intimement liés au processus de colonisation et d’occupation de l’espace par des immigrants européens à la fin du 19e siècle. Au début du 20e siècle, l’ouverture de mines de charbon puis l’installation d’industries (céramique, plastique, meuble, vêtements) ont permis la diversification des activités économiques régionales. Aujourd’hui accusées de pollution environnementale, les activités minières et industrielles ont participé à la marginalisation de l’agriculture et de la vitiviniculture. Toutefois, le mouvement de revendication identitaire italien a favorisé la relance de la filière vin, encouragé par le soutien gouvernemental. Malgré les fragilités qui pèsent encore sur le système, la filière se maintient et se développe.

III. Redécouverte des produits coloniaux, fondement

Dans le document La promotion de l'origine au Brésil (Page 169-176)