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2. Questions de recherche

3.3 Recueil de données

Le corpus a été constitué de quatre types de données : a) des données d’entretien semi-directif ; b) des données d’enregistrement audiovisuel de l’activité en classe ; c) des données d’auto-confrontations simples et croisées ; d) des données ethnographiques

3.3.1 Données d’entretien semi-directif

Les données d’entretien semi-directif avec chaque enseignant débutant, d’une durée variable de 15 à 45 minutes, ont été recueillies à l’aide d’un dictaphone. Ils avaient pour objectif de relever les conseils et les remarques que différents interlocuteurs leur avaient adressés puis de demander aux stagiaires d’expliquer ce qu’ils avaient fait de ces conseils : Est-ce que tu as

tenu compte de cette remarque pour enseigner ? Est-ce que tu as discuté de ce conseil avec d’autres personnes ? Lors de la retranscription des entretiens semi-directifs, il s’agissait de

repérer après coup les conseils et les remarques à l’origine d’une préoccupation chez l’enseignant stagiaire afin d’en rediscuter ou d’en faire l’objet d’une controverse lors d’un nouvel entretien : par exemple, se déplacer dans la classe (Magalie, auto-confrontation croisée 08-04-08), faire un plan de classe (Julien, auto-confrontation croisée 1-02-08).

Six entretiens semi-directifs ont été réalisés avec Anne, cinq entretiens semi-directifs avec Julien et trois entretiens semi-directifs avec Magalie.

3.3.2 Données d’enregistrement audiovisuel de l’activité en classe

Les données d’enregistrement audiovisuel de l’activité en classe de chaque enseignant débutant ont été recueillies à l’aide d’une caméra numérique fixée sur un pied, placée au fond de la classe. Deux repères, l’entrée des élèves dans la classe puis la sortie des élèves, guidaient le début et la fin de l’enregistrement.

Le chercheur était positionné derrière la caméra pour pouvoir utiliser deux plans : plan resserré et plan large en fonction de ce qui se passait en classe (interpellation d’un élève,

utilisation du tableau par la stagiaire). Ce choix a fait l’objet de discussions avec les stagiaires.

(Magalie 21-11-07)

Stagiaire : par contre je voulais te demander/ là c’est volontaire de te centrer sur mon image à moi et mes réactions/ moins que sur celles des élèves/

Chercheur : oui/ mais en fait je prends les deux/ que ce soient tes actions/ et les interpellations des élèves/ alors c’est vrai que je centre l’objectif de la caméra sur toi/ mais je ne peux pas évincer les réactions des élèves/ je les filme aussi d’ailleurs/ ce que tu fais en classe/ tu vas le faire en fonction des réactions des élèves/ donc je filme tout le monde/ mais peut-être que tu as cette impression là/ parce qu’on te voit de face/ alors que les élèves/ je suis dans leur dos/ donc on les voit moins/

Stagiaire : je vois/ oui/ oui/ oui/ je comprends

Trois précautions ont été prises concernant les données d’enregistrement : obtenir de la part de chaque élève une autorisation parentale afin de garantir le droit à l’image et de répondre à l’injonction émise par la direction ; installer le matériel avant la rentrée des élèves dans la classe et répondre aux questions et aux éventuelles préoccupations des élèves et de chaque enseignant vis-à-vis des enregistrements audiovisuels.

Pour Julien et Magalie, une période de familiarisation a été nécessaire avant d’enregistrer en classe. Dans un premier temps, seule la présence du chercheur a été souhaitée (observation et prise de notes le 19 octobre et le 15 novembre pour Julien, le 23 octobre pour Magalie). D’autre part, à la demande de Magalie, une nouvelle période de familiarisation a été réalisée en janvier (observation et prise de notes le 22 janvier).

Quatre enregistrements audiovisuels ont été effectués avec Anne, trois avec Julien et cinq avec Magalie. A ces données d’enregistrement audiovisuel s’ajoutent des notes d’information sur le contexte précis de l’intervention en classe des stagiaires - objectif et déroulement de la leçon, effectif élèves, matériel utilisé par la stagiaire et les élèves, documents supports.

3.3.3 Données d’auto-confrontation

Les données d’auto-confrontations simples et croisées ont été relevées à partir de l’enregistrement audiovisuel d’entretiens menés par le chercheur avec le stagiaire seul ou avec le stagiaire et un autre interlocuteur- participant. Tous les entretiens d’auto-confrontation d’une durée moyenne de 60 minutes ont été effectués dans l’enceinte du lycée A. Les salles équipées de téléviseur n’étant pas toujours disponibles, le choix d’utiliser mon écran portable a permis une organisation plus autonome. La majorité des entretiens d’auto-confrontation a été enregistrée à l’aide d’une caméra positionnée sur pied fixe cadrant en même temps les

participants et l’écran portable sur lequel était visionné le film de l’activité en classe ; seuls quatre entretiens (2 pour Julien et 2 pour Magalie) ont fait l’objet d’un enregistrement audio à la demande des interlocuteurs- participants.

Chaque auto-confrontation a fait l’objet d’un rappel des objectifs de l’entretien et des conditions de confidentialité des verbalisations enregistrées.

Le déroulement des entretiens d’auto-confrontation simple a évolué au cours du dispositif de recherche : lors des premières auto-confrontations, aucune séquence vidéo n’était préalablement sélectionnée. L’objectif était d’apprendre aux stagiaires à explorer leur activité professionnelle en les aidant par des questions : Qu’est-ce que tu fais ? Comment

fais-tu ? Pourquoi fais-fais-tu ceci ?

Puis dans la perspective de provoquer le développement professionnel des stagiaires, il s’est agi de choisir des séquences permettant de relancer le travail intrapsychique sur des règles antérieurement énoncées par le stagiaire mais aussi par les interlocuteurs. Le choix des séquences ainsi que les questions du chercheur devaient permettre aux stagiaires d’accéder à son activité réelle (Clot, 1999) en envisageant d’autres actions possibles. Pourquoi tu dis que

tu n’aurais pas dû citer cet élève en exemple ? Est-ce que tu pourrais faire autrement pour faire la transition avec le cours précédent ? Qu’est-ce que tu aurais voulu faire avant la sonnerie ? Est-ce que tu as pensé au conseil de ta tutrice à ce moment là ? Tu te rappelles de ce que les formateurs IUFM avaient dit à propos de la construction du commentaire composé, est-ce que tu penses avoir fait la même chose dans ce cours ?

Concernant les entretiens d’auto-confrontation croisée (excepté pour un entretien), ce sont précisément les préoccupations et les conflits intrapsychiques vécus par les enseignants stagiaires qui ont guidé leur mise en place. Pour Julien, dont l’activité professionnelle était marquée par des idées personnelles et préconçues du métier enseignant, l’objectif était de lui faire partager des règles proches du genre enseignant (Clot, 1999) avec le plus grand nombre d’interlocuteurs professionnels. Pour Magalie, dont l’activité professionnelle était orientée vers un motif puissant « devenir une enseignante capable de faire travailler et de faire progresser tous les élèves », un motif en contradiction avec la situation contraignante de sa classe où les élèves ne participaient pas et où ils ne faisaient pas leur travail personnel, mon intervention consistait à la confronter à l’activité en classe des collègues (que j’avais observés et avec lesquels j’avais discuté) et qui avaient notamment évoqué d’autres actions et motifs pour faire participer les élèves. Enfin, pour Anne soucieuse « d’avoir au lycée une seule personne référente (tutrice) pour éviter de s’éparpiller », mes propositions

d’auto-confrontation croisée avec d’autres collègues n’ont pu aboutir. Cependant, mon objectif a été de lui proposer de nouvelles modalités d’entretien avec sa tutrice comme ressource possible pour son activité professionnelle.

Lors des entretiens d’auto-confrontation croisée, les questions du chercheur introduisaient le plus souvent possible la controverse : Quand tu as proposé aux élèves cet exercice oral de

critique, est-ce que tu avais pensé aux limites que ta collègue vient d’énoncer ? Tu peux expliquer pourquoi tu ne veux pas faire un plan de classe comme le fait ta collègue ?

L’échange professionnel devait permettre à chacun de dire ce qu’il faisait avec ses élèves et de confronter sa manière de faire la classe à celle du collègue.

Quatre auto-confrontations simples et deux auto-confrontations croisées ont été réalisées avec Anne, trois auto-confrontations simples et quatre auto-confrontations croisées avec Julien et six auto-confrontations simples et deux auto-confrontations croisées avec Magalie.

3.3.4 Données ethnographiques

Les données ethnographiques ont été consignées dans un carnet (voir Annexe 3, Carnet de notes ethnographiques) contenant des informations sur le lycée A., son fonctionnement, le règlement intérieur, les orientations pédagogiques et sur les premiers contacts avec la direction du lycée et sur les participants de l’étude mais aussi des entretiens et des discussions informelles avec les enseignants en poste dans le lycée A., les trois enseignants débutants, leurs tuteurs ou tutrices, l’équipe pédagogique. L’objectif était de comprendre de l’intérieur le contexte social et culturel susceptible d’influer sur l’activité professionnelle des enseignants novices. Le relevé de ces données a été possible grâce aux séjours réguliers du chercheur dans l’établissement scolaire, 2 jours par semaine en moyenne de janvier à juin 2007 (étape pré-expérimentale), de septembre 2007 à mai 2008 (étape pré-expérimentale), lui permettant de suivre avec une certaine proximité l’activité de chaque stagiaire.

Le Tableau 3 présenté ci-dessous résume la chronologie des recueils de données réalisés au cours de l’étude pour chaque stagiaire participant (hormis les données ethnographiques correspondant à 48 demi-journées de présence dans l’établissement, de septembre 2007 à mai 2008).

ECHEANCIER Anne Julien Magalie Octobre 2007 -ESD 5-10-07 -EVC 19-10-07 -ACS 19-10-07 -ESD 23-10-07 -ESD 11-10-07 -OC 19-10-07 -ACS 19-10-07 -ESD 26-10-07 -ESD 9-10-07 -OC 23-10-07 -ACS 23-10-07 Novembre 2007 -EVC 22-11-07 -ACC /Tutrice 22-11-07 -ACS 23-11-07 -OC 15-11-07 -ACC /Tuteur 15-11-07 -EVC 29-11-07 -ACS 30-11-07 -EVC 21-11-07 -ACS 21-11-07

Décembre 2007 -EVC Tutrice 4-12-07 -ACC /Tutrice 6-12-07 -ESD 20-12-07 -EVC Tuteur 20-12-07 -ACC /Tuteur 21-12-07 -EVC 19-12-07 -ACS 19-12-07

Janvier 2008 -ESD 15-01-08 -ESD 11-01-08 -EVC 17-01-08 -ACS 18-01-08 -ESD 22-01-08 -OC 22-01-08 -ACS 23-01-08 Février 2008 -EVC 31-01-08 -ACS 8-02-08 -ACC /Stagiaire PLC2 1-02-08 -EVC 5-02-08 -ACC /Tutrice 6-02-08

Mars 2008 -ESD 27-03-08 -EVC 27-03-08 -ACS 28-03-08 -ESD 18-03-08 -EVC 25-03-08 -ACS 26-03-08 Avril 2008 -EVC 10-04-08 -ACS 11-04-08 -ACC/Collègue 3-04-08 -ESD 10-04-08 -EVC collègue 4-04-08 -ACC /collègue 8-04-08

Mai 2008 ESD /Tutrice16-05-08 ESD 16-05-08 -EVC 13-05-08 -ACS 14-05-08

Tableau 3 : Recueils de données de l’étude (hors données ethnographiques)

(ESD pour entretien semi-directif ; EVC pour enregistrement vidéo en classe ; OC pour observation en classe ; ACS pour auto-confrontation simple ; ACC pour auto-confrontation