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Recrutement, Avancement et Rémunération 7-3-1 Le recrutement

Dans le document L'enseignant universitaire (Page 95-100)

LE CHAMP UNIVERSITAIRE ALGERIEN

7.3 Recrutement, Avancement et Rémunération 7-3-1 Le recrutement

L’enseignant universitaire est un fonctionnaire de l’état et c’est le ministère de l'enseignement supérieur qui est chargé de définir et de réguler le nombre de postes à pourvoir ou ouverts au recrutement. La gestion des carrières, la définition des tâches, le temps de travail estimé en volume horaire/semaine pour chaque corps relèvent également du ressort du ministère.

Si la gestion des statuts et l'organisation des procédures sont du ressort de la tutelle, le choix des personnes reste en revanche exclusivement du ressort des pairs.

Lors du recrutement, le diplôme constitue la principale condition d'admissibilité. Aucune qualité pédagogique n'est exigée. La maîtrise d'une discipline (certifiée par un diplôme semble suffire). Les enseignants recrutés ne justifient donc d'aucune formation à l'enseignement. L'enseignement est, de ce fait, dénué de professionnalisme. Une fois recruté, il est automatiquement investi du statut d'enseignant-chercheur. Signalons ici

que la majorité des enseignants universitaires a entamé leur carrière en tant qu'assistant et dont le niveau de qualification ne dépassait pas la licence ou l'ingéniorat.

Alors que les conditions d'emploi évoluent partout dans le monde, l'emploi à l'université est permanent; on y entre pour faire carrière plutôt pour une vie. Actuellement, l’on compte environ 23205 enseignants assurant des cours pour 647371 étudiants soit un enseignant pour 28 étudiants17. Ce taux va en augmentant surtout en ce qui concerne certaines universités et certaines filières. A ce titre on peut citer : Sciences juridiques et administratives 01 enseignant pour 83 étudiants, sciences économiques 1 enseignant pour 84 étudiants, langues étrangères et interprétariat 1/51

Paradoxalement au déficit en matière d'encadrement en sciences sociales et humaines, il existe un encadrement plutôt positif en sciences exactes 1/3 en technologie 1/17. Eu égard de ces proportions, qui s'éloignent de la norme internationale (01 enseignant pour 15 étudiants) on comprend que l'université Algérienne souffre d'un déficit en matière d'encadrement. A cet effet, et compte tenu des effectifs attendus aux horizons de l'année 2008, l'Algérie envisage de recruter 24.000 enseignants18. Pour cela, le ministère de l'enseignement supérieur compte adopter plusieurs formules:

- Dynamiser la post-graduation et création d'écoles doctorales; - Faire appel aux enseignants algériens se trouvant à l'étranger ; - Faire appel à la coopération étrangère.

Pour améliorer la qualité de l’éducation, il faut d’abord améliorer le recrutement, la formation, le statut social et les conditions de travail des enseignants car ils ne pourront répondre à ce qu’on attend d’eux que s’ils ont des connaissances et les compétences, les qualités personnelles, les possibilités professionnelles et la motivation voulues19.

Il nous semble que pour améliorer la qualité de l’enseignement, il faut tout d’abord améliorer les conditions de recrutement. L’université algérienne doit, ainsi, passer à une logique de gestion des ressources humaines en termes de compétences et de métiers, ce qui implique que les critères de recrutement cessent d’être des critères administratifs. La question du recrutement en Algérie pose, par ailleurs, une autre problématique: Dans la prochaine décennie, de nombreux enseignants partent en

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Le taux d’encadrement international est d’un enseignant pour 15 étudiants.

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Ministre de l'enseignement supérieur juillet 2004.

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retraite: Comment et à quel rythme seront-ils remplacés ? Le recrutement des jeunes soulève toute la question de leur préparation à un métier qui devient de plus en plus complexe.

7-3-2 Avancement.

Les enseignants-chercheurs ont, pour la plupart d'entre eux, entamé leur carrière à l'université comme assistant ou comme maître-assistant et acquièrent les qualifications complémentaires nécessaires à leur avancement: magistère doctorat et tout récemment l'habilitation à diriger des recherches pour les enseignants-chercheurs préparant leur doctorat sous le niveau régime (Doctorat Es Sciences).

Il n'existe aucune condition pour la poursuite de l'enseignement à l'université sauf pour les assistants (corps en voie d'extinction) qui sont théoriquement astreints à soutenir un magistère, comme il n'existe aucune obligation de détenir un doctorat pour poursuivre sa carrière à l'université.

La carrière université est jalonnée d'étapes conduisant généralement à une promotion c'est-à-dire une élévation dans la hiérarchie (grade) et une relative amélioration des conditions matérielles et professionnelles.

La promotion ou l’élévation dans le grade est tributaire de la soutenance d’une thèse : Il s’agit d’un magistère pour les maîtres-assistants et d’un doctorat20 et la publication d’un article pour les maîtres de conférences. Les professeurs sont recrutés sur titre parmi les maîtres de conférence ayant au moins cinq années d’expérience et ayant publié des articles et encadré des mémoires de doctorat. Toutefois, les doctorants inscrits en thèse es sciences sont astreints, pour postuler au grade de maître de conférence, à soutenir une thèse d’habilitation à diriger des recherches.

Le statut et les tâches du personnel d’encadrement n’ont subi aucune modification institutionnelle soit légale, réglementaire et incitative. Il y a toujours une gestion bureaucratique de la carrière des enseignants sans pour autant développer une gestion pédagogique des nominations et des mutations et sans développer un système incitatif, d’encouragement qui consiste en l’instrumentalisation du travail des enseignants n’entrant pas dans le cadre du volume horaire réglementaire et qui s'investissent pleinement dans la recherche.

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7-3-3 La rémunération.

La rémunération des enseignants universitaires est de même nature que celle des autres agents de la fonction publique. Celle ci est déterminée par l'appartenance à un corps et à l'ancienneté. La rémunération est déterminée ou calculée sur la base de points indiciaires correspondant à une position sur une échelle de rémunération. L'avancement sur cette échelle dépend du corps de rattachement et de l'ancienneté.

La rémunération est composée d'un traitement de base auquel s’ajoute mensuellement une prime de documentation et une prime d'encadrement de mémoires ou de thèses.

a) Heures Complémentaires.

Les enseignants chercheurs peuvent percevoir des rémunérations pour des enseignements complémentaires dispensés en plus de leurs obligations statutaires. A ce titre, il nous semble important de procéder à une lecture des effets de la valorisation des indemnités des heures complémentaires. La précarité des salaires des enseignants les a conduit vers une course effrénée aux heures complémentaires pour arrondir " les fins de mois». Ce point a d'ailleurs été souligné par le CNES dans son rapport où il est mentionné" Les dernières mesures relatives à la revalorisation des heures complémentaires et à l'encadrement ont eu l'effet inverse de celui qui était escompté, à savoir la détérioration de la qualité de l'enseignement et de la qualité d'encadrement et de recherche". En introduisant cet aspect pour la motivation des enseignants, on a couru le risque de ne pas saisir la complexité du travail enseignant. Les enseignants veillent plus aux heures complémentaires qu’aux heures réglementaires.

b) Autres rémunérations.

A ces rémunérations peuvent enfin s'ajouter des revenus divers provenant de la production de manuels, de polycopiés se rapportant aux enseignements ou d'actions menées à l'occasion de recherches subventionnées. (Formation, expertise etc..).

La rémunération, jugée par les acteurs comme faible ou insuffisante, alimente continuellement les tensions entre la tutelle et les enseignants et qui ont généré des grèves récurrentes (.année 1992,1996, 1998 et 2006) et dont certaines ont duré plus de 03 mois. Le mécontentement de l’enseignant a augmenté durant ces 03 dernières années

notamment avec la transgression du principe de l'égalité entre les pairs21. En effet, les conditions de travail dans certains établissements (éloignement par rapport au nord du pays, déficit en matière d'enseignants) ont amené le ministère de tutelle à prendre certaines mesures incitatives (octroi d'une prime de 80% du salaire) au profit des enseignants, notamment les enseignants de rang magistral, qui optent pour aller travailler dans ces établissements. Cette nouvelle orientations a été violemment contestée par une majorité d'enseignants qui la perçoivent comme une mesure de déclassement et pouvant entraîner des dissensions dans le champ universitaire.

Une prime d'administration est attribuée aux enseignants qui assument des responsabilités administratives ou scientifiques. Celle-ci est calculée en volume horaire/semestre et dont le taux est tributaire du grade de l'enseignant. Les responsables administratifs bénéficient d'un régime de décharges statutaires et qui varient d'un établissement à un autre.

c) La prime d’encadrement doctoral (PED).

La PED est destinée aux enseignants-chercheurs de rang magistral qui, outre l'exécution de l'intégralité de leurs obligations statutaires, se concentrent particulièrement sur leur activité de recherche et d'encadrement de doctorats. Elle est accordée après avoir conduit le doctorant à soutenir sa thèse dans un délai ne dépassant pas les O3 ans. Son montant est fixé à 1OO.OOO DA par doctorat soutenue.

Les enseignants algériens sont, d'après les syndicalistes, les moins payés au niveau du Maghreb. Un enseignant Marocain ou tunisien touche parfois cinq fois plus qu'un algérien. Un universitaire Algérien, avec une ancienneté de 2Oans, touche en moyenne 38 OOO DA22 alors que ses homologues touchent approximativement l'équivalent de 2OOO Euros (soit 2OO OOO DA).D'autres comparaisons internationales montrent que l'enseignant algérien est sous-payé. Le niveau de rémunération reste le plus faible d'Afrique En effet, les universitaires Algériens sont moins bien payés que leurs homologues du Burkina Faso, qui compte parmi les dix pays les plus pauvres du monde. (Waast R. Et al.2001)

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Une prime (PSP) de 80% du salaire est octroyée aux enseignants de certaines universités.

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3-Les indemnités et les primes, qui constituent un pourcentage important dans le calcul du salaire, ne sont pas comptabilisées.

Le faible niveau de rémunération des enseignants du supérieur risque de provoquer un désengagement de ces derniers. A ce sujet, Bernard Belloc" Sans incitations appropriées, il n'y a aucune raison, dans le secteur universitaire comme dans d'autres, de s'attendre à un investissement massif et durable des personnels"

Tableau n°1 : Salaire des enseignants en fonction du corps d'appartenance et de l'ancienneté23.

Grades

Echelon 1 soit 1 à 3 ans

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