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6. Conclusion

6.1 Recommandations aux étudiant-e-s

6.1.1 Prendre du recul

Etre sujet à n’importe quelle forme de sous-équité induit des sentiments désagréables, ce qui pousse l’individu à agir d’une manière ou d’une autre pour résoudre la situation.

Il est indispensable de garder espoir, rester « positif » et prendre suffisamment de recul pour évaluer la situation.

D’une manière générale, plus l’étudiant s’approche du terme de sa formation, plus celui-ci aura tendance à supporter la sous-équité. En effet, une fois sa formation terminée, le jeune diplômé pourra espérer obtenir l’équité grâce à un nouveau poste de travail. 55% des étudiants souhaitent changer d’entreprise après leurs études33. Ce changement d’employeur leur permettra sans doute de partir sur de nouvelles bases sans plus avoir à porter « l’étiquette de l’étudiant » et ainsi mieux être reconnu au sein de la nouvelle société.

L’étudiant doit être conscient qu’en poursuivant des études en emploi, il doit obligatoirement faire des concessions. Accepter le fait qu’il n’ait pas une rémunération à 100% et que peut-être son salaire évoluera moins rapidement que celui de ses collègues de travail. Il doit, en quelque sorte, faire abstraction de ces différences de salaire en considérant cette injustice comme un coût d’opportunité à devoir supporter.

En d’autres termes, accepter un salaire inférieur à ses collègues de même niveau, tout en gardant à l’esprit qu’une fois le diplôme en poche la situation changera.

En bref, faites le point par rapport à votre34 situation. Prenez du recul pour juger votre position dans l’entreprise. N’y a-t-il vraiment que du négatif dans votre emploi ? Que feriez-vous sans ce job ? Soyez conscient que vous êtes avant tout encore en formation et que vous ne pouvez pas donner votre 100% à l’entreprise. Dites vous que c’est une chance de pouvoir allier les études à un emploi. Les situations que vous aurez vécues, analysées, vous permettront de donner à votre diplôme une valeur ajoutée considérable.

33 Réponse tirée de la question n°29, annexe 2.

34 Lorsque j’utilise « vous, votre » dans le chapitre 6.1, je m’adresse aux étudiants en emploi.

6.1.2 Bien comparer son salaire

Il est bon de rappeler que le sentiment de sous-équité n’apparaît pas chez tous les étudiants. En effet, 64% d’entre eux, soit 130 élèves sur 203 estiment qu’ils bénéficient des mêmes conditions salariales que leurs collègues. Peut-être n’ont-ils tout simplement pas cherché à comparer leur salaire me direz-vous. Mais pourquoi devraient-ils le faire s’ils estiment obtenir la rétribution suffisante ou qu’ils ont totalement confiance en la politique salariale de l’entreprise? C’est en effet lorsque un individu considère sa rémunération insuffisante qu’il commencera à se poser des questions sur son salaire, l’évaluer, le comparer à l’interne ou l’externe de l’entreprise afin de savoir ce qu’il serait en droit d’exiger effectivement.

C’est bien de comparer son salaire, de l’évaluer. C’est la valeur que l’on a sur le marché du travail. Ainsi, il faut que cette valeur soit correcte pour le travail que l’on fournit, et justifiée par rapport aux compétences que l’on a. Encore faut-il comparer ce qui est comparable. Je recommande donc de procéder avec attention aux comparaisons salariales. Il faut absolument prendre en considération tous les éléments de son profil et vérifier qu’ils correspondent bien à ceux de la personne avec qui l’on se compare. Posez-vous des questions vis-à-vis de l’employé qui bénéfice d’un meilleur salaire que vous. En voici quelques exemples :

 A-t-il le même niveau de formation que moi ?

 A-t-il plus d’expérience que moi pour ce job ?

 Quels types de travaux effectue-t-il ?

 A-t-il participé ou mené un projet auquel je n’ai pas pris part ?

 Est-il plus âgé que moi ? de combien d’années ?

 Combien de langues pratique-t-il de plus que moi ?

Dans tous les cas, il est indispensable de se montrer humble et garder à l’esprit que vous (les employés-étudiants) êtes également gagnant. Gagnant de pouvoir alourdir votre bagage de connaissances, de pouvoir mettre en pratique des éléments théoriques à peine acquis, et ainsi de pouvoir faire vos propres expériences pratiques.

Pour vous aider à mieux comparer votre salaire, vous trouverez à l’annexe 6 les tabelles de l’OCSTAT qui regroupent les salaires du marché par secteur d’activité et selon des critères bien précis. Afin de vous fournir une autre source de comparaison, j’ai jugé utile et intéressant de créer un tableau identique à ceux proposés par la brochure de la FH Schweiz intitulée « Lohnstudie Absolventinnen und Absolventen Fachhochschulen ». Ce tableau se trouve à l’annexe 7 et indique, par pourcentage, à quel niveau se situe le salaire annuel brut à 100% des étudiants en emploi des HEG de Suisse romande. Cette annexe donne par exemple l’information suivante : 30% des

étudiants ont une rémunération annuelle allant de CHF 50'000.- à CHF 60'000.-. Une indication concernant le salaire annuel brut médian et moyen par secteur d’activité est également fournie.

Grâce à ces données (annexes 6 et 7), vous serez en mesure de juger votre position afin de savoir si votre salaire se situe dans la « bonne » fourchette. En plus de ces annexes, vous trouverez dans la bibliographie deux liens internet qui permettent de connaître le niveau d’une rémunération grâce à des « calculateurs ». Le premier est celui de l’OFS et le second de l’Union syndicale suisse. Des moyens que je retiens personnellement comme étant pratiques, rapides et fiables car ils se basent sur des critères précis.

6.1.3 Communiquer

Parfois, le sentiment d’injustice peut se révéler trop fort, difficilement gérable, frustrant, ce qui pousse l’étudiant à réagir pour changer sa situation. La discussion avec votre employeur est sans aucun doute l’une des meilleures solutions pour tenter de résoudre le problème du salaire inéquitable.

Vous pensez réellement être en position de sous-équité injustifiée par rapport à un ou plusieurs collègues de travail ? Vous disposez des éléments qui prouvent ce que vous avancez ? Alors n’hésitez pas à en parler à votre supérieur ! De préférence en fin d’année ou lors de votre entretien d’évaluation. Votre chef doit savoir ce que vous ressentez, il doit connaître les éléments qui vous ont permis de juger votre situation.

Après avoir exposé votre position, demandez-lui de justifier cette différence de traitement et, comme lors d’un entretien d’embauche, soyez prêt à vous défendre tout en restant humble mais efficace. Votre supérieur prendra sans doute note de vos remarques et souhaitera peut-être prendre du recul pour étudier votre réclamation.

Cela lui permettra de vous donner une réponse correcte et réfléchie. Dites-vous que vous n’avez rien à perdre : « qui ne tente rien, n’a rien ». Mais une fois de plus, soyez suffisamment prêt pour justifier ce que vous avancez.

6.1.4 Laisser une chance à votre employeur de vous fournir un poste de travail mieux rémunéré, équitable.

Au terme de vos études, l’entreprise est consciente que votre situation professionnelle va évoluer. Ainsi, si vous envisagez de rester dans la même entreprise, faites-le savoir suffisamment tôt à votre employeur afin qu’il procède aux recherches internes et vous propose des postes de travail qui correspondent à vos souhaits. Il va de soi qu’avec le diplôme en poche, vous souhaiterez avoir un poste avec plus de responsabilités, et de

ce fait, un salaire plus élevé. Gardez cependant à l’esprit que l’entreprise a elle aussi des échelles de salaires pour le poste qu’elle vous proposera. Si la rémunération offerte pour le nouveau poste ne vous satisfait pas, alors c’est à vous seul de prendre la décision finale pour savoir si vous restez dans l’entreprise ou la quittez. Le fait d’exiger un salaire supérieur à la fourchette proposée par l’employeur ne fera que re-positionner un(e) autre collaborateur(trice) en position de sous-équité…Vous ne souhaiterez sûrement pas que quelqu’un d’autre ait à subir les mêmes désavantages que vous. Pensez aux tensions que cela pourra engendrer si votre nouveau collègue (de même profil) apprenait que vous gagnez par exemple 700.- de plus par mois que lui…Gardez en tête qu’une équipe doit rester solidaire et équitable.

6.1.5 Améliorer la qualité de votre travail

Montrez-vous rusé. Comme l’a justement avancé l’un des responsables en ressources humaines que j’ai interviewé, il faut « prouver à l’employeur que vous effectuez un travail de meilleure qualité que le ou les collègues qui gagnent plus que vous ». Et ce, en plus du fait que vous êtes engagé à temps partiel ! Une fois que vous disposez des éléments qui justifient votre effort et donnent les preuves que vous avez réellement dépassé les objectifs qui vous étaient fixés, alors vous aurez un argument fort pour faire valoir l’équité. Il est évident que l’employeur attend de vous que vous donniez le maximum de votre potentiel.

Même si vous êtes un jour confronté à une position de sous-équité, ne diminuez pas la qualité de votre travail. Parlez-en à votre supérieur mais montrez-vous toujours positif, motivé et prêt à mener de nouveaux projets. Au final, il est fort probable que l’employeur reconnaisse votre effort et finisse par vous récompenser.

6.1.6 Ne pas oublier le département des ressources humaines

Au cas où votre supérieur ne montrait aucun signe de reconnaissance malgré vos efforts, je vous recommande de prendre rendez-vous avec le département des ressources humaines. De cette manière, vous pourrez exposer votre problème, connaître l’opinion d’un autre dirigeant et demander conseil. Par la suite, un entretien à trois (employé, chef de ligne, responsable RH) peut également être envisagé si la situation n’évolue toujours pas. Il est indispensable de chercher à résoudre le problème par tous les moyens et éviter de garder en soi les réclamations que vous avez à faire envers l’employeur. En vous renfermant, vous risquez de donner une mauvaise image de vous-même, fournir de moins bons résultats, diminuer la qualité de votre travail et, au final, vous risquez de creuser davantage l’écart de salaire dont vous êtes déjà

victime ! Par ailleurs, n’oubliez pas que d’autres personnes, non responsables de votre situation, auront à en subir les conséquences. Je pense ici aux clients, à vos collègues de travail, votre entourage. Bref, parlez de votre souci ouvertement aux bonnes personnes (chef de ligne, responsable RH), mais n’empirez pas votre situation en donnant une mauvaise image de vous même si vous n’obteniez pas gain de cause.

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