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Recherche urbaine ? Arcanes académiques, prisme de l’expérience et ressources

2 Les traverses de la fabrique urbaine

2.1 Recherche urbaine ? Arcanes académiques, prisme de l’expérience et ressources

Alors que l’ensemble du premier volet se plaçait délibérément sous les auspices d’un cheminement qui fabrique le chemin (« on ne peut nager avant d’être entré dans l’eau » pouvait rappeler H.S Becker dans l’un de ses trucs et ficelles indiquant l’indépassable registre de l’expérience), il est nécessaire, pour comprendre les différents chapitres structurant le présent volet, d’en passer par des considérations relatives au domaine des études urbaines, alias sciences de l’urbain. C’est d’autant plus important afin de ne pas faire l’impasse d’une discussion disciplinaire et d’opter résolument pour une interdisciplinarité « offensive ». Trois aspects méritent d’être développés à cet égard. D’abord à propos d’un champ ouvert certes mais structuré (le domaine des sciences de l’urbain) puis à propos d’un parti pris de l’enquête ethnographique dans cet ensemble ; enfin à propos des enjeux de ce domaine concernant ses rapports au « reste du monde » et particulièrement aux professionnels qui contribuent à son existence.

2.1.1 Un champ ouvert et structuré : les sciences de l’urbain

De nombreuses acceptions de l’interdisciplinarité restent assez paresseuses : on valorise l’interdisciplinarité qui, pratiquement, renvoie à une complémentarité « polie » de disciplines académiques1. On peut ainsi créer un institut en mettant ensemble des sciences humaines et sociales (sociologie, géographie, histoire et économie), en y ajoutant un peu de sciences de la vie et de la terre (écologie) et des sciences pour l’ingénieur. Aux étudiants d’opérer la synthèse… Or la combinaison ne va jamais de soi et suppose que l’on s’appuie sur des considérations épistémologiques pour ce qui concerne les domaines analytiques et de l’ordre de sciences de l’action pour ce qui concerne le rapport au projet. Comment peut-on, à l’échelle d’un chercheur, aller plus loin et se positionner franchement en revendiquant des hybridations disciplinaires et référentielles ? Le pari est d’affirmer l’enjeu premier d’une connaissance des sociétés urbaines (tension revendiquée par T. Paquot dans son introduction au recueil La ville et l’urbain. L’état des savoirs), affirmation thématique première face à un découpage disciplinaire parfois tragique2. On suivrait volontiers les propos de Peter Berger en étendant ce qu’il dit de la sociologie : « en vérité, une bonne part de ce qui passe pour de la sociologie mérite le qualificatif de barbare, si l’on entend par là une ignorance de l’histoire et de la philosophie, une expertise étroite et dépourvue d’horizons plus larges, un souci de technicité et une absence complète de sensibilité littéraire. » (Berger, 2006, cité par Filleul et Jobard, 2007 : 10). L’enjeu est similaire

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La critique de cette version paresseuse n’empêche qu’elle est déjà préférable aux versions monodisciplinaires qui restent monopolistiques dans l’enseignement de certaines filières. Je songe particulièrement à l’économie mais aussi au droit, deux filières marquées par des visions essentiellement « reproductrices » et techniques.

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Paquot évoque ainsi cet enjeu porté par la collection « l’état des savoirs » pour questionner la famille, l’immigration, l’exclusion, le logement, l’école…

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à celui qui présidait d’abord à un colloque puis à un ouvrage intitulé Les « sciences » de l’action publique (PUG, 2006) interrogeant les transformations de l’action publique à la lumière de la reconfiguration des pouvoirs (Europe, Etat, pouvoirs locaux) d’une part, questionnant également des praticiens et commanditaires de recherche d’autre part. Ici, objectiver l’action urbaine est pareillement intéressant si l’on prend au sérieux différents apports disciplinaires mais aussi ceux de maraudeurs, contrebandiers, « chercheurs du dimanche » (Paquot, 2000 : 13), sans oublier les acteurs professionnels des collectivités territoriales, les bureaux d’études et, dans un tout autre registre, l’apport de la littérature et du cinéma. Cette ouverture de la focale peut aussi trouver ses fondements dans l’approche lefebvrienne de l’urbain, dans sa critique des savoirs en miettes.

Les dynamiques disciplinaires sont consubstantielles à l’activité scientifique, les frontières sont en mouvements permanents. Certes il y a de grands ensembles, stables, de grandes traditions disciplinaires. Mais il y a aussi des points de frottements, des rencontres, convergences, créations – disparitions, trop rarement étudiés en tant que tels. Topalov et Lepetit (2001) ont pu rappeler que la construction savante de l’objet ville a fortement varié et de manière significative. C’est bien le projet principal de Topalov que de retracer plusieurs de ces variations et de montrer les imbrications des dimensions concrètes, existentielles et cognitives1.

Les sciences de l’urbain n’existent pas en tant que telles et pourtant plusieurs chercheurs s’en réclament volontiers, le plus souvent sous le terme « études urbaines », « formule précise dans son imprécision volontaire » comme l’écrit Paquot (2013). Ce domaine est en revanche stabilisé dans plusieurs ensembles culturels dont le monde nord-américain qui a entériné la différence entre urban studies et urban planning. S’il n’est pas sûr que cette distinction soit toujours des plus heureuses2, notamment avec une séparation plus nette entre mondes analytiques et projectuels, en revanche, le fait d’identifier un champ urbain comme domaine pertinent de travail est un atout qui permet des confrontations entre bords disciplinaires. Ils relèvent principalement de sciences de la société qui problématisent le monde vécu via une entrée spatiale. La première page de La Ville de Max Weber énonçait : « on peut tenter de définir une « ville » de manières très différentes. Toutes ces définitions n’ont qu’un point commun : la ville est en tous cas une concentration (au moins relative) d’habitations, c’est une « localité », et non pas plusieurs maisons isolées. » (Weber, 2013 : 23). Je reviendrai sur cette question de la concentration et de la localité, plus petits dénominateurs communs utiles, mais il faut d’abord préciser que le fait de privilégier une entrée spatiale s’entend comme entrée possible dans les sociétés entendues de manière dimensionnelle c’est-à-dire non hiérarchique. L’économique, le sociologique, le spatial, le temporel, l’individuel - pour reprendre la conceptualisation du

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Cf. sa riche introduction à la publication de la correspondance de M. Halbwachs lors de son séjour aux Etats-Unis, qui permet en rebond, au chercheur d’aujourd’hui, d’interroger lui-même sa place lors de toutes sortes de mobilités (Topalov, 2012).

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On peut plutôt penser, avec Paul Claval qu’à partir du moment « où vous vous intéressez à des gens qui sont situés dans le temps, vous prenez en compte la manière dont ils se projettent dans l’avenir. La dimension normative est incluse dans la géographie, par conséquent on n’a plus à concevoir d’une part une géographie urbaine et d’autre part un aménagement, on peut essayer de rassembler le tout. » (Claval, 2004 , in Paquot, 2008 : 241).

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géographe J.Lévy – sont autant de dimensions qui, chacune à sa manière, traite de l’ensemble du réel social. Aucune n’est plus complexe que l’autre, aucune n’a de partie réservée : les sciences sociales ont vocation à toujours être en pourparlers et rentrent mal dans des conceptions en « tiroirs » de la connaissance. Elles sont globalement non positivistes. Cette conception est proche de ce que pouvait défendre J-M Berthelot notamment dans sa « géographie » des langages d’analyse en sciences sociales (Berthelot, 1996). Les deux pôles idéographiques et nomologiques peuvent concerner les sciences de l’urbain ; il semble même particulièrement important d’enquêter sur les modèles et de modéliser certaines démarches d’enquête afin de ne pas laisser les approches scientifiques en pâture à toutes sortes de récupération : les sciences de l’urbain doivent être réflexives (Bourdin, 2012).

La mention d’urbanologie peut s’inscrire comme un horizon plus que comme une nécessaire fondation. Cela tient aux enjeux de l’implication certes (cf. infra) mais aussi au risque d’une certaine autonomisation (et une discipline de plus !) ainsi qu’à une « petite » histoire peu suivie : lorsque T. Paquot retrace l’histoire d’une improbable classification, sa recension intègre Marcel Cornu, Paul Claval, Jean-Loup Gourdon (et moi-même !), pointant la difficulté d’associer d’autres auteurs à ce projet. C’est de fait une histoire en pointillés qui reviendrait à un échec s’il fallait la considérer comme fondatrice.

Marcel Cornu avait pour sa part fondé la rubrique « urbanisme critique » dans la revue Urbanisme, cherchant à promouvoir une critique sociale et politique qu’il avait pu faire valoir dans Les lettres françaises auparavant1. Science de la ville résolument interdisciplinaire, sa conception de l’urbanologie emprunte par exemple à la sociologie appliquée à l’aménagement urbain de Raymond Ledrut. Paul Claval, géographe « culturaliste » dans sa Logique des villes sous-titrée essai d’urbanologie (1981) ne renvoie pas à cette veine (même si Raymond Ledrut fut également son professeur) mais procède à une théorisation de l’urbain (notamment la théorie du champ urbain) en proposant des analyses issues du principe de maximisation sociale que réalisent les villes2. Il permet un certain renouveau de la géographie qu’amplifieront ensuite Lévy et Lussault notamment. J-L Gourdon a pour sa part abordé de manière approfondie la rue comme urbanologue. Il croise aussi bien des enjeux formels qu’économiques et sociaux. A l’image d’un programme du Plan Urbain intitulé « Ville, espace et valeurs » dans lequel il a été impliqué, ses interrogations mêlent bien différentes dimensions de la question urbaine. Son livre sur la rue, essai sur l’économie de la forme urbaine, cherche à repotentialiser cet « espèce d’espace » et à montrer toutes les conséquences d’un dispositif qui articule le mobile et le stable (Gourdon, 2001). Au-delà de la variété des perspectives de ces auteurs urbanologues, on trouve chez eux des champs de référence larges, un souci théorique de réarticulation de ce qui a été dissocié et donc un « appétit » épistémologique. Hormis Claval, évoqué précédemment, les urbanologues évoqués sont davantage des critiques du phénomène urbain, des effets de la modernité et des auteurs engagés dans une

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M. Cornu, « De la nécessité d’une « urbanologie » » in Les Lettres françaises, 19 Mars 1969.

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En revenant sur son parcours il explique « Je me suis intéressé à Stendhal, j’avais des curiosités du côté de la sociologie, du côté de ces disciplines qui émergeaient comme c’était le cas par exemple de la cybernétique, et plus généralement de tout ce qui avait trait au système asservi. » (Claval in Paquot, 2008 : 232).

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certaine orientation de la transformation spatiale. Sans procéder plus longuement à une histoire des heurs et malheurs de l’urbanologie1, on peut aussi renvoyer à une acception plus analytique : le géographe J-F Staszack a pu dresser les contours d’une « ethno-géographie » en préconisant l’analyse des catégories mobilisées par les acteurs plutôt que la mobilisation a priori des catégories scientifiques extérieures à la pratique (Staszack, 2000). Se mettre ainsi en position d’analyste, c’est aussi comprendre comment l’aménagement qui voudrait se faire de plus en plus un ménagement, requiert des savoirs de plus en plus « sociaux » et de moins en moins « techniques » (même si au fond, cette grande partition, comme l’a montré Bruno Latour à plusieurs reprises, n’a en fait pas beaucoup de sens). Il serait en tous cas peu intéressant de vouloir créer un nouveau champ disciplinaire : c’est prétentieux certes et surtout susceptible de venir se ranger dans un ensemble vertigineux dans lequel il semble parfois, aux Etats-Unis tout particulièrement, que la partition en sous-champs est presque aussi importante que le nombre existant de laboratoires. Rangés dans un nouveau tiroir, vous manquez alors les pourparlers avec les autres contenants… Mieux vaut donc concevoir les disciplines comme des espaces de métissage que comme des cadres de catégorisation des savoirs. On peut rejoindre l’éloge de l’hetérogénéité et de l’indiscipline fait par Laurier Turgeon, au croisement de l’anthropologie et de l’archéologie (Turgeon, 2010).

La qualification de ces projets théoriques peut être poursuivie en convoquant les travaux de Lorenza Mondada : « La question du « discours de la ville » se pose dès lors sur un double plan : d’une part elle intervient dans la définition et dans l’appréhension de l’objet des sciences sociales qui ont travaillé sur l’urbain, d’autre part elle concerne leur écriture, leurs pratiques de représentation de cet objet. » (Mondada, 2000 : 30). S’il existe une pluralité de modes de descriptibilité de l’urbain, le chercheur peut soit en approfondir une seule (version classique de la spécialisation), soit chercher d’abord à restituer cette pluralité, traçant des activités tout en questionnant les manières dont elles peuvent être saisies. Cette version ne simplifie pas la tâche certes mais c’est plutôt celle que je propose de suivre ensuite (chapitre suivant) motivant une réflexion sur le traçage de la fabrique urbaine. Cette orientation est proche de ce que l’on qualifie usuellement de tournant culturel ; pour la géographie, Claval explique qu’il réside en ce qu’elle « n’est pas la science de « l’œil du géographe » mais celle du regard que les gens portent sur le lieu, la manière dont ils le découvrent, dont ils le vivent, la manière dont ils lui donnent un sens. » (Claval, 2004 in Paquot, 2008 : 240).

Le chantier des sciences de l’urbain est principalement activé par des marginaux sécants des disciplines académiques. Il a été approché, de manière réflexive, en lien avec un moment de la recherche incitative…

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Mentionnons une acception récente qui ne manque pas d’humour : à l’automne 2011, des apprentis urbanistes de l’Uqam écrivaient dans le journal Zoom-Cité : « L’astrologie fascine l’humain depuis des milliards d’année. Il devient donc primordial d’intégrer un volet astrologique au journal d’urbanisme. Les étudiants qui suivent les cours se demandent constamment ce qui leur arrivera dans un avenir rapproché. C’est pourquoi, le journal se dotera d’une rubrique urbanologique, qui révélera, avec une grande précision, les choix, les préférences, les joies, les peines etc. que nos chers amis urbains vivront pour l’ensemble du mois. »

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Histoire d’un projet non achevé : « Recherche urbaine. Fin et suite »

Sensible à la question de la bibliographie invisible1, il me semble utile de rappeler les promesses de projets non aboutis. Dans le prolongement d’un travail pour la MSH Villes et Territoires de Tours portant sur les rapports entre espaces, sociétés et TIC, j’avais proposé l’analyse des termes des thèmes qui ont été lancés dans le cadre de l'ACI-Ville (fondée en 1998) : pointer les récurrences, les champs aveugles ; voir les régularités bibliographiques des équipes retenues, éventuellement questionner les membres du Conseil Scientifique de cette action concertée incitative. L’idée de bilan scientifique sur une courte période portait certes le risque d’une focalisation sur les dernières querelles académiques, également trop dépendante du « turn over thématique de la doxa gestionnaire » (Lassave) et il semblait important de prendre quelque recul en questionnant « la question urbaine » au cours de dix années précédentes.

Je m’appuyais sur les excellents travaux de Michel Amiot et Pierre Lassave notamment, mais aussi ceux de Michel Marié et André Bruston pour une mise en perspective plus longue. Je présumais un état polycentrique voire dispersé de la recherche urbaine contemporaine (Pickvance parlait quant à lui de fragmentation en 1994 – « Bref, il est clair que la sociologie urbaine est sortie de son cantonnement originel. L’étude de l’écologie urbaine et des styles de vie a été submergée par des sujets plus vastes comme l’Etat, l’économie, le travail, les marchés du logement et l’habitat » écrivait-il (p.56) dans un numéro important des

Annales de la recherche urbaine (le n°64 intitulé « parcours et positions », P.56), ce

qui n’empêche pas sa qualification.

Il s’agissait de s’inscrire dans la série des travaux qui participent à une histoire des genres de connaissance à partir de l’objet urbain et à partir du corpus de l’offre publique de recherche. Les années 1990 avaient vu la disparition du Plan Urbain, s’intégrant au Plan Urbanisme Construction Architecture, la création du PIR-Villes, auquel a succédé l’ACIV qui a pris fin début 2002, elle-même remplacée par une nouvelle ACI TTT, non ciblée sur la recherche urbaine. Plus tard, une nouvelle ACI « spatialisée » allait porter sur les énigmes spatiales de la vie en société.

J’identifiais un certain nombre de travaux à réaliser parmi lesquels : une recherche bibliométrique pour une analyse quantitative des références des équipes retenues ; une analyse des lieux de production de la recherche sur contrat ACI-V ; une enquête auprès des membres du Conseil Scientifique de l’ACIV et de quelques autres personnalités (François Ascher, Daniel Augello, Gérard Althabe, Francis Beaucire, Georges Cavallier, Jean-Michel Delarue, Guy Gilbert, Yves Jegouzo, Hervé LeBras, Dominique Lorrain, Michel Lussault, Patrice Mestayer, Michel Parent, Jean-Pierre Péneau, Pascal Perrineau, Jean-Luc Pinol, Denise Pumain, Jacques Rilling, Pierre Veltz + André Bruston, Christian Topalov, Philippe Genestier, Francis Godard, Rémi Baudoui, Thierry Paquot, Jacques Lévy, Jean-Samuel Bordreuil, Yves Chalas, Pierre Lassave, Anne Querrien, Michel Marie, Gabriel Dupuy, soit 32 personnes au total) ; une analyse des productions réflexives et des bilans scientifiques (cf. corpus

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Notion défendue par Pierre Favre dans un texte éponyme : « Tout universitaire peut, dès lors qu’il exerce depuis assez de temps, établir deux listes de ses travaux. Sa première bibliographie, qu’on peut dire « officielle », recense les livres et articles publiés, les documents qui appartiennent à la littérature dite « grise » et, pour peu qu’il le souhaite, les interventions orales faites devant le public des pairs dans des colloques, congrès ou séminaires. (…) Mais tout auteur a également une bibliographie, invisible celle-là, dérobée aux regards, une bibliographie dont il ne fait pas état et qu’il ne saurait même aisément coucher sur le papier. Cette seconde bibliographie est celle qui rassemble les données réunies mais inexploitées, les projets formalisés puis abandonnés, les textes inachevés. Somme toute, le grenier bibliographique. » (Favre, 2007 : 353).

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spécifique) ; un glossaire critique, à la manière du « dictionnaire des idées reçues et des lieux communs en usage dans les lieux neutres » paru dans Actes de la

Recherche en Sciences Sociales n°2/3, 1976 ; l’analyse enfin des appels à articles des

principales revues scientifiques traitant de l’urbain.

Ce programme n’a jamais été engagé mais s’est retrouvé dispersé1 avant d’être repris très récemment.

Faisant le pari qu’il s’agit d’autre chose que d’une archéologie (qui garde toutefois toute sa pertinence), j’ai relancé un chantier de recherche, en cours, copiloté avec Sandra Breux (INRS-Montréal) qui vise à comprendre d’une part des engagements dans le champ des études urbaines et à proposer d’autre part un recueil de textes les incarnant, pouvant être compris comme handbook à destination d’étudiants en études urbaines.

Alors que le bilan de la production des études urbaines au Québec dégageait trois pistes pour la prochaine décennie (le questionnement théorique en tant que tel, en particulier lié aux nouvelles formes d’urbanisation ; l’urbanisation dans les pays du Sud et le cadre des villes qui ne sont pas identifiées comme de grandes métropoles – Cloutier, Collin, Poitras - 2011 : 98), la situation en France relève plutôt de la force des disciplines et de l’absence d’un tel bilan prospectif. Dans le dossier constitué par la revue Metropolitiques, on peut lire : « Questionner ainsi les recherches françaises sur la ville et l’urbain au miroir des urban studies anglo-saxonnes permet d’en mieux saisir les spécificités, d’en revisiter l’histoire et l’organisation institutionnelle »2. Notre recherche renvoie à ce chantier, d’abord à partir du matériau qualitatif d’entretiens menés avec des personnalités reconnues en France pour leur contribution à un tel champ des études urbaines3, puis par la projection de trois séminaires de travail dans le monde francophone européen (France, Belgique, Suisse). La consigne donnée est simple : « vous animez un séminaire doctoral sur les études urbaines. Vous devez produire un recueil composé de 15 textes écrits depuis les années 2000 en français. Les références à vos propres travaux sont exclues ». To be continued !

A partir de cette dimension réflexive collective, il faut maintenant qualifier davantage le projet de connaissance des sociétés urbaines que je défends. Nettement orienté par et vers le matériau des pratiques d’aménagement (cf. les prochains chapitres), il est marqué par le fait que les pratiques d’aménagement relèvent d’une dimension anthropologique, d’un mouvement que l’on peut qualifier de spatialisation qui n’est pas un mouvement second (de projection au sol

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