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Des activités à tracer. Perspectives méthodologiques

2 Les traverses de la fabrique urbaine

2.2 Des activités à tracer. Perspectives méthodologiques

« (L’enquêteur de terrain) se situe de fait à la croisée de trois types de cadre de pertinence. Il est à la fois une personne ordinaire, un acteur social, un chercheur scientifique. (…) L’enquêteur est donc partagé entre ces trois univers de sens et doit sans arrêt passer de l’un à l’autre par des séries d’opérations de conversion pratique et de traduction interprétative qui les rendent commensurables. » (Cefaï, 2003 : 535-536).

« Le terrain est le dispositif qui rend possible cette fécondation réciproque de l’esprit et de la matière : l’enquête articule du sens. » (Cefaï, 2003 : 569).

L’urbanisme a longtemps été « coiffé » par des modèles et doctrines, la connaissance de ses pratiques s’en trouvant du coup surdéterminée par de tels schèmes d’appréhension. C’est largement vrai dans les domaines connexes de l’architecture et du paysage pour lesquels la connaissance historique suit généralement des vecteurs que l’on peut qualifier de stylistiques. Ainsi de la partition très efficace entre urbanisme progressiste et culturaliste (Choay, 1965) ou bien dans les très nombreuses études de cas ponctuant l’histoire architecturale de moments modernes, néo-modernes et postmodernes. La « théorie urbaine » relève souvent d’un tel registre et l’enseignement de l’histoire des théories urbaines est souvent entouré d’un certain flou sur quant à ce que l’on entend par théorie. Tantôt une appellation indigène (manière pour un concepteur de se raccrocher à un courant), tantôt une continuité formelle, tantôt – et c’est plus rare – une théorie de science sociale pour qualifier tel ou tel phénomène (la notion de régime urbain, la notion de gentrification, celle de fragmentation…).

La connaissance des modèles et doctrines est certes indispensable. C’est un type de connaissance assez marqué par des approches structuralistes, de celles qui mettent en avant des correspondances, qui contribuent à qualifier des époques. C’est tout-à-fait le registre qu’explore un chercheur-urbaniste comme Philippe Genestier, au croisement de la philosophie politique et de l’aménagement. Ce type de regard est nécessaire dans la perspective de la critique urbaine et il importe de cultiver sa fertilité. Dans une certaine proximité, c’est ce qui nous permettait de faire l’hypothèse d’un nouvel esprit de l’urbanisme (Devisme, 2001) et d’approfondir les ressorts d’un nouvel imaginaire bâtisseur (Chalas et al, 2004), avec un certain nombre d’échos au travail inaugural de S. Ostrowetsky (1983). Aujourd’hui, certains textes de collègues proches renvoient à ce niveau de problématisation, ainsi de L. Matthey (2011).

Mais questionner de plus près la ville en train de se faire nécessite de quitter ce point de vue pour davantage entrer dans des pratiques, sachant que, pour le projet urbain comme pour d’autres productions, il se construit essentiellement en interaction, au cours d’activités de collaborations. En histoire de l’urbanisme, c’est cette perspective que privilégie Viviane Claude pour son histoire des métiers de l’urbanisme. Ainsi pense-t-elle, cherchant à répondre à la question de ce qu’a pu représenter Cerda pour un praticien de la fin du XIXème siècle (et non comme « père fondateur » de l’urbanisme) qu’il faut « compléter cette histoire des idées urbanistiques par une histoire sociale de leur diffusion, l’histoire des reconnaissances, des effets retardés et des oublis, des interprétations et des

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déformations que cette diffusion produit » (Claude, 2006 : 10). C’est du reste aujourd’hui un point de relatif accord entre différents théoriciens du projet et de la planification urbaine : l’urbanisme est tantôt qualifié d’incrémental (Ascher, 2001), de post-référentiel (Chalas, 2000) ou de compromis. Ainsi résumés par Dumont, ces qualificatifs sont marqués par l’incertitude et donc un flottement quant à la stabilité de l’action aménagiste (Dumont, 2013). Le niveau de connaissance auquel il faut donc en venir fait d’abord face à l’obstacle d’une « critique » architecturale très nettement hagiographique et centrée sur des auteurs. Si je vais certes mettre en avant l’enjeu de réelles biographies professionnelles, elles ont peu à voir avec les écritures de célébration qui ont dominé le récit du projet urbain dans les années 1990 et 2000 et dont l’épiphanie loge dans la remise des grands prix de l’urbanisme. Ici, ce ne sont pas tant des « concepts » qui obstruent la connaissance en la surdéterminant que des écrits mythifiant le rôle de tel ou tel auteur-compositeur.

Les pratiques, en l’occurrence, sont des activités urbanistiques qui se déploient dans des mondes professionnels variés, endossent des statuts allant de la maîtrise d’ouvrage à la maîtrise d’œuvre sans oublier l’assistance à maîtrise d’ouvrage (et même si ces étages sont peu pertinents dans leur dénomination). Ce sont, comme pour d’autres univers, des cultures professionnelles au travail. Elles ne cessent d’opérer des passages de relais, s’ajustent, se recadrent. Il faut suivre les professionnels dans différents formats de réunion, au sein de collectivités locales mais aussi d’organismes d’aménagement et de bureaux d’études (Hugues, 1996). Les hommes de bureau et leurs prises permettent de comprendre ce que les transformations et régulations spatiales peuvent exiger comme compétences. Tracer les activités urbanistiques est en ce sens apparenté à une ethnographie organisationnelle, ethnographie multi-sites s’il en est, qui conduit à une connaissance plus réaliste de l’urbanisme. De même que des chercheurs en sociologie des sciences ont pu s’intéresser à la science parlante plutôt qu’à la science parlée, ici on peut dire que « l’organisation de l’interaction dans la réunion a des effets configurants sur plusieurs de ses dimensions, les formats de participation, les identités et catégories, ainsi que les trajectoires d’objets et de discours » (Mondada, 2005 : 58). Cet horizon requiert une grande disponibilité du chercheur. L’ethnographie multi-sites signifie certes que l’on peut camper en plusieurs sites mais surtout qu’il faut pouvoir recomposer ce qui les relie, d’autant que l’on ne peut « tout » observer.

Dans les pages qui suivent, il sera question d’une mise en œuvre de méthodes ethnographiques avec la vigilance qui les accompagne nécessairement et qui passe notamment par l’empathie, la réserve du jugement, l’implication circonstanciée. L’attitude analytique qui consiste à se mettre en position de non-savoir peut sembler extrême puisque le champ ne m’est pas étranger. Elle relève pourtant d’un entraînement du chercheur qui doit toujours pouvoir activer le décentrement.

La perspective par incongruité, héritée de travaux micro-sociologiques ayant traqué la logique des situations, peut être adoptée sans toutefois atteindre le

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caractère finalement très positiviste de l’observation telle qu’elle est jouée dans le film de Bent Hammer Kitchen stories1 !

Si doute sur les apports de l’analyse il y a, il peut être levé avec les propos du sociologue pragmatiste Antoine Hennion : « Il n’y a aucun doute sur le fait que le sociologue fasse quelque chose d’autre, quelque chose de plus que les acteurs. Pourquoi ? Simplement parce qu’il ne met pas en œuvre les mêmes outils qu’eux. Aucun acteur ne va en effet réaliser cinquante entretiens, les comparer et développer des formes de discussion du type séminaire ou colloque.» (Floux & Schinz, 2003).

Le registre de travail ici déployé relève plutôt d’une sociologie expérimentale (distinguée par Bernard Lahire de la sociologie sociale). Considérant l’opération épistémologique comme un moment permanent de la recherche (et non un préalable qui permettrait ensuite de passer à un moment opératoire), on peut dire que la perspective s’apparente à un certain « scepticisme stratégique par rapport au connu » (l’expression est d’Anselm Strauss). Du côté de ce qu’il faut donc tracer, on peut s’appuyer sur la méthodologie de la théorisation enracinée, impliquant de ne pas formuler d’hypothèses au départ. On se trouve plutôt dans une situation de sensibilité théorique, qui désigne la perspective avec laquelle les chercheurs perçoivent les données empiriques (Glaser, Strauss, 1967). « Les lunettes du chercheur ne sont donc pas créées par la référence aux écrits scientifiques mais plutôt par une fréquentation assidue du terrain. » (Luckerhoff, Guillemette, 2012 : 4). Cette précision est importante puisque d’autres pourraient par exemple partir de théories de l’action organisée (au sein de la sociologie des organisations par exemple) et déployer des programmes centrés sur la connaissance du travail, sur les phénomènes de distribution du pouvoir2… Ce n’est pas le cœur de la préoccupation ici, même si, et les coups de sonde qui suivent en témoignent bien, on voit circuler des phénomènes que l’on peut relier à des théories des jeux, de l’exercice du pouvoir… Les analyses stratégiques et systémiques pourraient intégrer des matériaux comme ceux ici exploités. C’est davantage lorsque les analyses de l’action organisée mettent en avant les transactions aux frontières, le rapport à l’environnement (de telle ou telle organisation) que l’on retrouve des caractéristiques liées aux médiations urbanistiques au cœur de mes observations. De la même manière que Bruno Latour a pu traverser le Conseil d’Etat sans être rompu à la discipline juridique (Latour, 2002), je peux revenir sur les routes organisationnelles sans m’afficher sociologue des organisations ou encore politiste. Mais je n’aborde pas l’enquête vierge de tout savoir ni sur ce métier, ni

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Dans ce film, des sociologues suédois sont mobilisés pour enquêter auprès de célibataires norvégiens sur leur rapport à leur cuisine. Les enquêteurs débarquent en caravane, outillés d’une grande chaise d’arbitre sur laquelle ils restent perchés la journée durant, observant les allées et venues des habitants… qui ne manquent pas d’établir leur quartier ailleurs (à l’étage, dans la chambre en l’occurrence) pour se soustraire des regards positivistes ainsi amenés et à l’occasion observer l’observateur via un trou dans le plancher… Le moment anthropologique commence véritablement lorsque l’observateur est amené à descendre de sa chaise !

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Si d’aucuns ont déjà pu me questionner sur ce qu’il y avait de nouveau dans mes observations par rapport aux éléments rapportés par un Michel Crozier par exemple, je ne pouvais que reconnaître que mon programme de recherche est différemment centré. Le fait de substantialiser l’acteur et le système par exemple ne m’a jamais paru utile, certainement parce qu’il a l’inconvénient d’amener trop vite à des dialectiques sans synthèse du type « liberté / déterminisme », « acteur rationnel / bureaucratie »…

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sur l’histoire nantaise qui encapsule certaines de ses concrétisations. Il faut toutefois cultiver la figure de l’homme marginal : « Mener une enquête de terrain, c’est accomplir des opérations très semblables à celles de l’immigrant, mais sur un mode expérimental. Il faut être capable de se mouvoir à la frontière de plusieurs mondes, comme un déclassé ou un déraciné professionnel, de s’y immerger avec le plus grand naturel et d’avoir ce pouvoir de dénaturalisation qui est le propre de l’exilé ou du migrant, de vivre en perpétuel décalage à soi et aux autres et d’en faire une ressource de compréhension et de traduction. » (Cefaï, 2003 : 476). Cette posture relative à l’analyse d’univers institutionnels n’est sûrement pas encore des plus répandues : « l’ethnographe est, d’habitude, plus à l’aise avec les vérités non officielles, avec les groupes de pairs et avec les pratiques apparemment spontanées, qu’avec les porte-parole légitimes. Lorsqu’il est confronté aux institutions et aux hommes qui les soutiennent et qu’elles soutiennent, il lui faut des ressources sociales et une confiance en lui que sa profession seule peine à lui offrir, tant elle est peu assurée de ses propres cadres institutionnels. » (Weber, Lambelet, 2006).

Trois principaux tracés vont maintenant être examinés, renvoyant à des enjeux méthodologiques tout autant qu’introduisant un certain univers professionnel (il est rarement souhaitable de déconnecter ces enjeux et on ne peut être seulement « méthodologue »). Le premier est matérialiste, postulant l’intérêt de la description de certains lieux de travail que sont les bureaux. Le second, par symétrie et pour combler les manques que comporte une telle approche, montre la ressource que constituent les trajectoires professionnelles et plus largement les récits de vie. Le troisième pointe l’intérêt du cadrage qu’effectuent des réunions de travail pour saisir les activités de projet. Ces tracés peuvent évidemment se combiner, ne sont pas exhaustifs. On peut même aller plus loin en disant à propos de leur activation que « l’enquêteur n’est pas maître de son enquête : il ne saisit du sens qu’en tant qu’il est saisi par du sens. Le propre du travail de terrain est d’être un savoir qui assume d’être situé » (Cefaï, 2003 : 547). Ces tracés permettront en tous cas d’entrer ensuite dans « l’atelier de l’urbaniste »1.

2.2.1 Le bureau et ses empreintes : les dépôts des chargés de mission

Commençons « sur la pointe des pieds », en liant deux acceptions du bureau (que l’anglais maintient dissociés avec l’office et le desk). L’image retenue en couverture de l’ouvrage de Laurent Thévenot l’action au pluriel concerne bien son bureau et ce qu’il y trouve (dessus et dans le tiroir), évoquant un travail qui conjugue plusieurs dimensions (à l’image des activités de bien des chercheurs) et dont la description donne déjà bien des renseignements.

Les bureaux des acteurs urbains peuvent être tout aussi instructifs. C.W. Mills en avait proposé une version stimulante il y a près de 50 ans, dans le chapitre intitulé « le classeur géant » au sein de son étude sur les cols blancs : « Comme les gratte-ciels remplacent les petites boutiques, les bureaux remplacent les libres marchés. Chaque bureau du gratte-ciel est un segment du classeur géant, une partie de

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Clin d’œil à l’ouvrage en hommage à Pierre Favre, l’atelier du politiste questionnant globalement l’objet de la science politique.

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l’usine à symboles qui produit par milliards les papiers dont dépend le rythme quotidien de la société moderne. » (Mills, 1966 : 222). Si classeurs et papiers tendent à être supplantés par des dossiers virtuels et des mels, il reste pertinent d’explorer cet univers en déployant une posture extrême d’observation qui consiste à « prendre la place de » : venir sur les heures de bureau, lorsque son occupant est en congés ou RTT et prendre sa place, c’est occuper une position qui est d’emblée lue par d’autres employés comme relevant soit du stagiaire (« mais nous n’étions pas au courant ») soit, et la situation est plus cocasse, comme de l’audit avec visite impromptue qui confinerait – la rumeur va vite – à une perquisition !1

Alors que le type du chargé de mission s’est déployé dans les organisations2, si l’on s’arrête sur les correspondances et dossiers de l’un d’entre eux ayant notamment pour rôle d’assurer le go-between entre une collectivité territoriale et l’un de ses outils dédiés (une société d’économie mixte), on trouve rapidement cette caractéristique énoncée par Latour selon laquelle « On trie des imbroglios de science, d’administration et de politique. » (Latour, 2003, p.55), à ceci près que l’on gagne à remplacer le mot « science » par celui de gestion. La position de ce chargé de mission est sûrement plus délicate que d’autres, dans la mesure où le projet urbain en question s’est assez largement émancipé de la collectivité locale et qu’il lui faut constamment, d’une certaine manière, le « rattraper », assurer les relais d’informations et surtout les indispensables médiations entre des politiques publiques (communautaires) et un projet urbain se voulant exemplaire, singulier et attractif.

L’analyse de son bureau n’est pas restrictive au travail de celui qui l’occupe. Ainsi, une ou des assistantes, parfois des stagiaires, ont contribué à la constitution de dossiers, de classements. S’il serait par ailleurs intéressant d’analyser les types de relations entre strates, les enjeux de pouvoir, de domination, la division du travail de manière plus générale, cette étude dépasse ce qui nous intéresse ici à savoir les « matières urbaines déposées »3. L’un des intérêts des bureaux des chargés de mission est qu’ils sont assez chargés justement : les études et dossiers sont là, à la différence de ce qui peut se passer dans un bureau directorial, plus grand certes, aux vues plus vastes sur la ville souvent, mais davantage dégagé : les affaires dirigées, il faut les suivre ailleurs ! Le même jour, à portée de main, on peut trouver ainsi dans un bureau de missionné et comme un méli-mélo :

- La copie d’une lettre du président de Région au président de l’intercommunalité au sujet de l’inscription du déménagement d’un équipement (une gare) d’un site vers un autre au contrat de projets 2007-2013. Il est question d’un montant de financement des études ainsi que de précisions sur le maintien du trafic ferroviaire.

- Un rapport d’activités d’une Société d’Economie Mixte.

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Pour les employés déjà croisés par ailleurs, ils s’amusent de cette position, se disant que décidément on va un peu loin et qu’ils ne sont tout de même pas des bêtes de zoo !

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Je renvoie ici au mémoire de master 2 d’Océane Follador, Le chef de projet est-il indispensable ? Vertiges et prodiges du chef de projet, Université de Nantes, 2012.

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Mais je ne résiste pas à cette citation : « L’homme, c’est le nom sur la porte, le chapeau sur la patère et la fumée dans l’antichambre. Mais l’homme n’est pas le bureau. Le bureau, c’est la femme compétente qui arrive quand il appuie sur le bouton. » ! (Mills, 1966 : 232).

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- La copie d’un courrier d’une association locale adressé à un promoteur dans lequel il est question de la sauvegarde d’un élément de patrimoine. L’association argumente d’enjeux de préservation tout en pointant les paradoxes d’une action touristique qui s’appuie sur l’image d’un tel élément patrimonial : le modèle, précise-t-elle, « risque de périr dans l’indifférence quasi générale. »

- Un suivi de courriels relatifs à un dossier foncier impliquant la gestion d’autorisations d’occupation du domaine public. Apparaissent alors plusieurs services et directions de collectivités locales et d’établissements publics, des « techniciens » commentant des discours d’élus qu’il faudrait ensuite traduire, interpréter en provoquant des réunions spécifiques. Où apparaissent des prix de location concédés à des promoteurs qui vont gérer un site mais aussi, sur un plan très immédiat, des problèmes pour l’installation de toilettes publiques dans le cadre d’une manifestation ponctuelle où se pose la question du décideur et du lieu d’arbitrage...

Le matériau semble proliférant et pourtant je consulte presque exclusivement des dossiers papiers et courriers1. Un certain nombre de courriels considérés comme importants sont toutefois imprimés afin de (re)constituer des affaires et positions. Prendre au sérieux le courrier donne idée des compétences de traduction, de médiation que nécessitent aujourd’hui les occupations relevant de l’urbanisme2. Un premier aperçu en est donné en cherchant à quantifier dans les grandes lignes les courriers reçus suivant les émetteurs. On trouve alors des structures publiques bien sûr (à tous les niveaux) mais aussi des associations, des groupes économiques, des structures expertes, des particuliers même (proposant leurs services ou exprimant un point de vue d’usager)3, des avocats – suite à la sollicitation de consultations spécifiques…

Qu’est-ce qui ressort de la teneur de ces missives et quelles sont les compétences de traitement qu’elles impliquent ? Un certain nombre de courriers doit être classé, réorienté, distribué. Ce qui est en jeu est notamment le degré d’alerte qu’ils peuvent représenter. Citons ainsi partiellement une lettre envoyée par une entreprise industrielle déplorant les travaux en cours et les difficultés d’accès pour elle, nuisant gravement à son fonctionnement : « Permettez-moi de vous rappeler notre vécu du projet de l’Ile de Nantes et leurs conséquences pour notre activité. En 2002 et début 2003, le discours tenu était que vous souhaitiez garder une activité économique spécifique à notre quartier. Une enquête a même été faite pour tenir compte de nos contraintes. Rassuré sur vos démarches et objectifs, c’est avec surprise et beaucoup trop tard que j’ai découvert en mars 2003 les dessins précis (faits par l’atelier de l’île) d’aménagements de la rue S. Ceux-ci ne tenaient pas compte de nos contraintes. Et pour cause : le résultat de l’enquête effectuée en

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