• Aucun résultat trouvé

À la recherche du Socrate historique

Dans le document Méditations autour de Socrate (Page 74-116)

6.1. La problématique

« […]

je

suis

davantage

qu’un

philologue, […]

131

»

Friedrich Nietzsche

« Les philologues croient au fond que

Socrate n’a rien à leur dire […]

132

»

Friedrich Nietzsche

Une question cruciale se pose pour toute personne qui se condamne, pour ses recherches,

ses études, à Socrate ou un personnage semblable, comme le Christ : « Réussirons-nous à

retrouver et exposer clairement et distinctement le Socrate historique, objectif ? »

L’interrogation présente de telles difficultés, extraordinaires, embrouillées que, d’emblée,

elle nous jetterait dans un dédale d’où il serait complexe de nous extirper sain et sauf,

surtout d’esprit !

128 « J’ai été en quête de moi-même. » HÉRACLITE, « Fragments d’Héraclite », La source grecque, § 101,

p. 146. « C’est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t’avertit, dès l’entrée, que je ne m’y suis proposé

aucune fin, que domestique et privée. Je n’y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes

forces ne sont pas capables d’un tel dessein. […] Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon

livre : […] » Michel de MONTAIGNE, « Au lecteur », Essais (tome I), p. 25. NMÉ. « Je tâche de m’expliquer à moi-même en bonne foi. » Louis JOUVET, Écoute, mon ami, p. 28. « Combien de fois, j’ai constaté que même les plus instruits n’arrivent pas à tracer un portrait pertinent de leur géographie humaine la plus quotidienne : leur milieu de travail, leur habitat, leurs réseaux de relations, d’activités et d’appartenances, etc. Et que dire de la perplexité face à une définition minimale de la philosophie de la vie qu’on porte. Étrange paradoxe au moment où la plupart ont un tas de choses à dire sur le gouvernement, sur les politiciens, sur les syndicats, sur l’indépendance du Québec, sur les événements internationaux. » Jacques GRAND’MAISON, Au seuil critique

d’un nouvel âge, troisième partie, chapitre 1, p. 119.

129 « Pourquoi écrire ? Chacun a ses raisons : pour celui-ci, l’art est une fuite ; pour celui-là, un moyen de

conquérir. » Jean-Paul SARTRE, « II. Pourquoi écrire ? », Qu’est-ce que la littérature ?, p. 45. NMÉ.

130 « Je veux pas me faire des amis, j’essaie de dire ce que je pense. » Pierre FALARDEAU, Tout le monde en

parle, dimanche 26 octobre 2008, https://www.youtube.com/watch?v=4Z8tyaoLN08. Albert LONDRES, Terre

d’ébène (La traite des Noirs), p. 6.

131 Friedrich NIETZSCHE,Correspondance III Janvier 1875 – Décembre 1879, lettre à Marie Baumgartner

(30 août 1877), nº 661, p. 265.

132 Id., « Fragments posthumes (1876-1878) », Humain, trop humain (tome III, premier volume), FP 18 [47]

39

Conscient de nos pans presquement infinis d’ignorance sur certains domaines très pointus

de la recherche philologique, risquons toutefois les remarques suivantes qui nous permirent,

dans le cadre de cette thèse, au fond très limitée, de nous orienter raisonnablement quant à

nos objectifs, essentiellement philosophiques. Soulignons que notre propos ne visera

nullement à déconsidérer, en soi, la philologie si utile, justement, pour nous permettre

d’entrer en contact avec tous ces témoignages anciens sur Socrate. Nous expliquerons

plutôt pourquoi elle ne devint point l’objet central de notre thèse tout en précisant pourquoi

la source platonicienne occupe, pour nous, une place de choix. Retenons seulement que,

pour nous, la philologie n’est pas une fin en soi, mais un prélude à la philosophie, à moins

qu’elle ne soit elle-même philosophique, en tout ou en partie, comme ce serait le cas avec

l’ouvrage d’Hermann Diels publié au début du vingtième siècle, Die Fragmente der

Vorsokratiker

133

.

133 « Le terme “ Présocratiques ”, par lequel nous désignons habituellement – et par lequel nous désignerons

peut-être encore pendant quelque temps – les philosophes grecs de l’époque archaïque, est une dénomination récente, propre au vingtième siècle. Elle est devenue canonique à partir de la première édition de l’ouvrage d’Hermann Diels, Die Fragmente der Vorsokratiker (1903), qui a été le premier et qui reste l’unique recueil critique des textes de ces philosophes. Considéré à l’unanimité comme l’un des monuments de la philologie classique allemande avec les Doxographi Graeci du même Diels, les Stoicorum veterum fragmenta de von Arnim, les Epicurea d’Usener, les Vorsokratiker se distinguent toutefois de tous ces ouvrages par deux traits fondamentaux, qui contiennent in nuce les raisons des discussions successives sur la justesse et la convenance de l’emploi du terme “ présocratiques ”. Celui-ci ne désigne pas une tradition philosophique déterminée comme “ stoïciens ”, “ épicuriens ” ou “ socratiques ”, mais indique une catégorie historiographique qui détermine immédiatement son objet et, par conséquent, rassemble et unifie les philosophes auxquels elle se réfère par convention. Ce terme ne se réfère pas non plus à des limites chronologiques précises. Il suffit de rappeler que l’activité philosophique de Démocrite se poursuit encore longtemps après la mort de Socrate, que Gorgias lui survit de plusieurs décennies, que tous les sophistes de la seconde génération sont contemporains de Socrate, et enfin que la tradition atomiste postdémocritéenne est, bien sûr, postérieure à Socrate. Si l’on ajoute l’ambiguïté lexicale – Vorsokratiker signifie au sens strict “ ceux qui précédent les Socratiques ” et non pas “ ceux qui viennent avant Socrate ” –, et si l’on tient compte de la genèse du terme, produit par extension de la dénomination “ vorsokratische Philosophie ”, qui a toutefois une valeur seulement signalétique dans les histoires de la philosophie du XIXe siècle (Ritter, Brandis, Zeller), on pourra alors apprécier le courage

d’une philologie qui a surmonté un certain nombre d’imprécisions et d’apories et qui a été capable de créer ce que la philologie actuelle ne saurait probablement pas créer : une catégorie historiographique riche d’implications philosophiques, capable de stimuler positivement la recherche et de provoquer la discussion justement à cause des problèmes qu’elle pose, des choix qu’elle fait et des exclusions qu’elle implique nécessairement. » Aldo BRANCACCI, « La notion de Présocratique Introduction », Platon source

des présocratiques, pp. 7 et 8. NMÉ. De leur côté, Luc Brisson et Gérard Journée avanceront ce qui suit à

propos de l’ouvrage de Diels : « Il nous suffira de remarquer que sa collection de présocratiques n’est pas une simple accumulation neutre de sources anciennes et de reliques, mais qu’elle induit une lecture et un tableau général de l’ensemble de la période qui reposent sur des hypothèses historiques complexes, sans que le lecteur ait immédiatement devant les yeux ces hypothèses pour pouvoir juger de leur bien-fondé. Les Vors. ne sont pas, de ce point de vue, une simple collection ordonnée d’opinions dans laquelle il suffirait de piocher : ils constituent un ouvrage à part entière, et les principes de leur composition doivent à ce titre être pris en compte, tant pour le détail que pour l’ensemble. » Luc BRISSON et Gérard JOURNÉE, « Les successions

40

6.2. Les sources dites socratiques

On peut dire que, de l’Antiquité jusqu’à nos jours, il [Platon] constitue une des

sources permanentes de la pensée occidentale

134

.

André Motte

Il est des noms qui semblent exercer une attirance magique. Homère, Dante,

Shakespeare sont de ceux-là, Platon peut-être plus encore ; chaque âme un peu

noble sent instinctivement que ce nom recèle quelque chose de grand, que cet

homme et son œuvre sont comme la pierre angulaire de la civilisation

occidentale, la source intarissable où vont s’abreuver tous ceux en qui a brillé

l’étoile d’une vie plus haute

135

.

Georges Méautis

Plato is philosophy, and philosophy, Plato […] No wife, no children had he,

and the thinkers of all civilized nations are his posterity and tinged with his

mind

136

.

Ralph Waldo Emerson

Il y a peu d’esprits philosophiques qui, depuis l’Antiquité, ont exercé sur les

consciences une fascination aussi permanente que Platon ne l’a fait. Au contact

de son œuvre, la pensée philosophique et littéraire mondiale s’est élaborée

patiemment

137

.

Evanghelos Moutsopoulos

Out of Plato come all things that are still written and debated among men of

thought. Great havoc makes he among our originalities

138

.

Ralph Waldo Emerson

Maître et seigneur, Platon le demeura pour l’Occident après sa mort. Platon eut

le destin de s’installer, par droit de possession, chez la plupart des génies

occidentaux. Tout ce qui pense en Europe, depuis lui, platonise. Aristote

d’abord, cet adversaire-disciple, qui pense contre Platon, mais qui le complète,

le transpose, l’incarne et l’accomplit ; les « néo-platoniciens », qui ont donné au

christianisme sa langue mystérieuse, qui devaient convertir saint Augustin ;

tous les augustiniens jusqu’à Malebranche ; Kant même, qui a replacé le monde

des Idées platoniciennes dans les « limites de la raison » humaine ; Auguste

Comte, qui réédite la politique de Platon à plusieurs égards ; Nietzsche qui,

plein de Platon, pense contre Platon ; Bergson, qui s’inspire de sa mystique ;

jusqu’à Husserl, qui platonise même dans le langage ; jusqu’à Heidegger, qui

(διαδοχαί) des “ philosophes ” anciens selon Diogène Laërce I – Introduction à la lecture des présocratiques »,

Lire les présocratiques, première partie, chapitre i, p. 24.

134 André MOTTE, « Platonisme et néo-platonisme », Dictionnaire des religions, p. 1328. 135 Georges MÉAUTIS, « Préface », Platon vivant, p. 7.

136 Ralph Waldo EMERSON, « Plato; or, The Philosopher », The Complete Essays and Other Writings, p. 471.

Ibid., pp. 471 et 472.

137 Evanghelos MOUTSOPOULOS, « Platon, 427-347 av. J.-C. », Dictionnaire des philosophes K-Z, p. 2072.

« Cette vitalité créatrice et cette richesse d’aspects ont fait du platonisme pendant longtemps une philosophie dominante ayant exercé une influence considérable et déterminante sur la pensée antique, médiévale et moderne. » Id., « Science et culture. Platon, 427-347 av. J.-C. », Dictionnaire des philosophes K-Z, p. 2078.

41

retrouve dans Platon Parménide. Il y a là un charme exercé par le seul Platon et

que personne n’est capable d’abolir

139

.

Jean Guitton

Évidemment, pour nos recherches, il nous paraissait incontournable de référer aux trois

écrivains qui connurent de leur vivant ce fameux Socrate. Aristophane, Platon et Xénophon

sont donc préalables à toute réflexion sur Socrate en n’oubliant surtout pas les apports

pertinents, sérieux et fort solides d’Aristote très bien présentés et commentés dans

l’ouvrage remarquable de Thomas Deman

140

, Aristote dont la valeur incomparable du

témoignage repose en partie sur la fréquentation assidue de son maître et son école pendant

près de vingt ans

141

.

Toutefois, de ces sources, celle s’abreuvant fougueusement à la plume divine de Platon

nous parut toujours la plus importante et pertinente. Effectivement, mieux que quiconque

ou, du moins, le montrant à un degré toujours insurpassé et proprement caricatural, en ce

sens, pour Friedrich Nietzsche

142

, l’Athénien comprit le fondement de la vie de son maître :

la philosophie et non point la sophistique la plus perversement débile comme le proposa

avec un talent comique inégalé Aristophane en sa célèbre pièce Les Nuées

143

en dépeignant

ridiculement Socrate comme le tenancier d’une école de sophistes

144

et le maître tout-

139 Jean GUITTON, « Portrait de Platon », Les pages immortelles de Platon, p. 8. 140 Thomas DEMAN, Le témoignage d’Aristote sur Socrate.

141 « À dix sept-ans, Aristote se rend à Athènes pour suivre l’enseignement de l’Académie platonicienne et y

reste vingt ans. […] Quoi qu’il en soit, toutes nos sources s’accordent à dire qu’Aristote ne quitta pas l’Académie du vivant de Platon, ni même du vivant de son successeur et neveu Speusippe. » Pierre PELLEGRIN, « Vie d’Aristote Introduction générale », Œuvres complètes, p. 10.

142 « Le Socrate de Platon est à proprement parler une caricature ; car il est surchargé de qualités qui ne se

trouveront jamais ensemble chez une seule et même personne. » Friedrich NIETZSCHE, « Fragments posthumes (1876-1878) », Humain, trop humain (tome III, premier volume), FP 18 [47] (septembre 1876), p. 383. « Le Socrate de Platon est au sens propre une carricatura, une surcharge. » Id., « Fragments posthumes, IV (Période de Richard Wagner à Bayreuth 1875 – printemps 1876) », Considérations

inactuelles III et IV (tome II, deuxième volume), FP 5 [193] (printemps-été 1875), p. 333. « Qu’il y ait de

l’hagiographie dans la présentation que Platon fait de Socrate ne signifie pas, tout au contraire, une infidélité à Socrate. » Sylvie SOLÈRE-QUEVAL, « Un Platon désolidarisé de Socrate Le Platon de Marrou Un pédagogue par dépit ? Le Platon d’H.-I. Marrou », Que reste-t-il de l’éducation classique ? Relire « le Marrou » Histoire de l’éducation dans l’Antiquité, quatrième partie, p. 192.

143 « Ce qui doit nous étonner, c’est qu’Aristophane ait confondu Socrate avec les sophistes, […] » Adolphe

GARNIER, « 16. Appréciation de la doctrine de Socrate. Suite de la doctrine de Socrate. », p. 87. « Et en effet, le désignant dans Les nuées comme le plus célèbre des sophistes, Aristophane ne montrait-il pas Socrate capable de persuader n’importe quoi à n’importe qui ? » Nicolas GRIMALDI, « L’homme aux yeux de taureau », Socrate, le sorcier, Presses Universitaires de France, p. 9.

144 « Sois tranquille ; quand tu l’emmèneras il sera un habile sophiste. » ARISTOPHANE, « Les Nuées »,

42

puissant

145

, le modèle éternel de ces derniers

146

. Et si Platon s’est éloigné volontairement du

Socrate historique, ce n’est que pour aller plus avant dans cette association lumineuse entre

Marc-Jean ALFONSI, « Notice sur Les Nuées », Théâtre complet I, p. 148. NMÉ. « The School for Sophists » ARISTOPHANES, « The Clouds or The School for Sophists », The Acharnians The Clouds Lysistrata, p. 105.

145 « […] Aristophane représentant Socrate comme le chef des sophistes. » Friedrich-Albert LANGE, Histoire

du matérialisme et critique de son importance à notre époque (tome premier), première partie, chapitre ii,

p. 33.

146 « It had all started, as far as Athens was concerned, with Protagoras, who had spread the gospel that it did

not matter whether the gods existed and that all values were relative. Then there had been Anaxagoras, who had meddled in geology, astronomy, and heaven knows what else, had declared the sun to be a stone and not a god, and finally had been sent into exile by an Athenian court. More recently the Sicilian Gorgias and others had arrived in town and begun to teach the new art of rhetoric, training their disciples to concentrate not on being right, but on getting people to believe that they were right. And already there were many who proclaimed that all previous codes of morality had been superseded, and that from now on might was right. These four elements – atheism, scientific inquiry and speculation, rhetoric, and the new morality – all appear in The Clouds, and all are ascribed to Socrates. Socrates himself was forty-five when The Clouds was originally written. A few months before he had behaved with notable courage during the Athenian retreat from Delium in Boeotia – which perhaps did not endear him to his comrades, who thought of him as swaggering and conceited. In Athens he had gathered round him a circle of rich young men, who listened eagerly as he questioned those who thought themselves clever, and proved that they had never worked out the grounds on which their opinions were based. But he had nothing to do with atheism, physical science or rhetoric, and his moral inquiries were directed not at setting up a new morality, but at providing foundations for the old one to stand on. Why then did Aristophanes attribute to him all the (in his view) least desirable characteristics of rival teachers? It is quite likely that Aristophanes did not know the difference. Socrates gave young men an unconventional education, and that was enough. Besides, Socrates was easily the best known of the various ʻsophistsʼ. The others were mostly foreigners who came to Athens from time to time. Socrates was an Athenian citizen and, except for military service and other public duties, never left the city. So, if one wished to caricature an individual ʻsophistʼ, Socrates was the obvious choice. » Alan H. SOMMERSTEIN, « Introductory Note to The Clouds The Clouds or The School for Sophists », The Acharnians The Clouds

Lysistrata, pp. 107 et 108. « Aristophane, qui ne ménageait pas Euripide, n’avait nulle raison de s’interdire, à

l’égard du philosophe, ce que se permettaient d’autres poëtes. Quant à la question de savoir si dans les Nuées c’est la personne même de Socrate qu’il a voulu jouer, ou s’il le prend simplement comme un type général,

comme le représentant des sophistes, rien ne s’oppose à ce qu’on prête à la fois l’une et l’autre intention à

un esprit si riche en moquerie. » Nicolas Louis Marie ARTAUD, « Notice sur la comédie des Nuées »,

Comédies d’Aristophane (deuxième édition), p. 102. NMÉ. « Socrate lui-même était rangé parmi les

sophistes ; Aristophane […] en fait le sophiste par excellence. » Charles Magloire BÉNARD, « III L’idée de la sophistique dans l’histoire Études critiques sur les sophistes grecs et la sophistique », La philosophie ancienne

Histoire générale de ses systèmes (première partie), p. 324. « Et telle était l’aversion de notre poète pour les

novateurs qu’il confondit les philosophes avec les sophistes ; qu’il compta au nombre de ces derniers, que dis- je ? qu’il représenta comme le type des sophistes et le promoteur de leurs théories corruptrices l’homme qui s’est toujours montré, au contraire, l’ennemi des sophistes, le philosophe le plus remarquable à cette époque par l’élévation de son enseignement, par son respect de la religion traditionnelle et des lois établies, par son haut idéal de vertu, par son désintéressement et sa noble simplicité, Socrate ! » Hilaire VAN DAELE, « Notice

Les Nuées », Les Acharniens – Les Cavaliers – Les Nuées (tome I), p. 148. « C’est une satire contre les

Sophistes et en particulier contre Socrate, pris comme type. […] Mais l’unité de la pièce n’en souffre nullement, car l’objet en est un : c’est la satire et la condamnation des sophistes dont Aristophane a fait

de Socrate le représentant. » Marc-Jean ALFONSI, « Notice sur Les Nuées », Théâtre complet I, pp. 147 et 148. NMÉ. « […] ce sont les sophistes qui entourent, dans les Nuées, Socrate, le sophiste par

excellence […] » Charalampos ORFANOS, Les Guêpes, p. 107, note 107. NMÉ. « Voilà pourquoi Socrate, admiré de l’antiquité comme le modele de la plus haute sagesse, a été jugé sur nos idées modernes, par des écrivains peu philosophes, comme un adroit sophiste qui mérita sa condamnation. » C. [Curé] LEFEBVRE- LAROCHE, « Réflexions sur les préceptes généraux De l’art poétique », De l’art poétique ; épître d’Horace

43

Socrate et la philosophie. Socrate doit être appréhendé à l’aune de la philosophie et la

philosophie à l’aune de Socrate. Cela ne peut être omis ou oublié. Pourquoi donc ? Parce

que Socrate incarne un fondement ou peut-être une coupure… Si Platon eut un choc lors de

la légendaire rencontre avec son maître

147

, la coupure est aussi historique. Indéniablement,

il y a un avant et un après-Socrate généralement admis

148

dont témoignent assez

répondrions à l’appel d’aucun autre des sophistes d’aujourd’hui qui se perdent dans les nuages, si ce

n’est à Prodicos ; […] » ARISTOPHANE, « Les Nuées », Théâtre complet I, p. 168. NMÉ.

147 « Platon se destinait aux arts lorsque sa rencontre avec Socrate, bouleversant sa vie, le détermina à choisir

la carrière différente, certes, mais non contradictoire, de penseur. […] Toute l’œuvre de Platon est plus ou moins considérée comme un effort pour réhabiliter la mémoire du Maître dont la personnalité semble avoir

obsédé le philosophe durant toute sa vie. » Evanghelos MOUTSOPOULOS, « Réflexion et action. Platon, 427- 347 av. J.-C. », Dictionnaire des philosophes K-Z, p. 2072. NMÉ. « Un peu plus tard cependant, alors qu’il allait participer à un concours de tragédie, il décida, parce qu’il avait entendu Socrate devant le théâtre de Dionysos et qu’il lui avait prêté l’oreille, de jeter ses poèmes au feu en disant : Héphaistos, viens ici ; oui, Platon a besoin de toi. » Diogène LAËRCE, « Formation Platon », Vies et doctrines des philosophes illustres, livre III, 5, pp. 395 et 396. « C’est vers sa vingtième année qu’après des études complètes il se joint à Socrate dont il suit l’“ enseignement ” pendant huit ans ; promis à la poésie lyrique et à la tragédie, il brûle dans l’enthousiasme tous ses brouillons pour se consacrer à la philosophie. » Francis WOLFF, « PLATON. L’album de famille », Socrate, p. 123. « Plato, a born dramatist, had written tragedies before he met Socrates. According to tradition, he burnt them after he felt the impact of the great questioner’s personality. » Werner

Dans le document Méditations autour de Socrate (Page 74-116)