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Raréfaction des vieilles forêts et surabondance des peuplements en régénération (structure d’âge des forêts)

Avignon MRC

5 Enjeux du territoire

5.1 Critère 1 : La conservation de la diversité biologique

5.1.1 Raréfaction des vieilles forêts et surabondance des peuplements en régénération (structure d’âge des forêts)

Qu’est-ce que cet enjeu?

La structure d’âge d’une forêt est en fait la proportion de forêts jeunes, intermédiaires et vieilles qui se trouve à l’échelle d’un territoire assez vaste (de centaines ou de milliers de kilomètres carrés). Comme il s’agit du résultat de la dynamique naturelle d’un écosystème, les espèces se sont adaptées à la structure d’âge d’une région et certaines sont désormais dépendantes de cet habitat. C’est particulièrement le cas pour les espèces qui ont un grand domaine vital, comme la martre, l’orignal ou encore le caribou. Ainsi, selon le concept du filtre brut, une forêt aménagée dont la structure d’âge s’apparente à celle de la forêt naturelle aura plus de chance de supporter une biodiversité similaire, puisqu’on y trouve approximativement les mêmes habitats.

Il devient donc crucial de considérer la structure d’âge lors de l’élaboration d’une stratégie d’aménagement forestier pour la conservation de la biodiversité; il s’agit d’une caractéristique clé de l’habitat. Cette stratégie doit permettre de maintenir une proportion suffisante de vieilles forêts et de limiter les superficies de jeunes forêts.

Il faut dire que les principaux impacts potentiels de l’aménagement forestier sur la structure d’âge sont une raréfaction des vieilles forêts et une surabondance de forêts en régénération. Ce constat s’explique, entre autres, par la volonté passée de normaliser la forêt, soit d’obtenir un équilibre parfait de la structure d’âge afin d’optimiser un rendement soutenu en bois pour l’industrie. Comme cette approche ne tient pas compte de la dynamique naturelle d’une forêt, il existe un risque d’écart élevé entre la forêt aménagée et la forêt naturelle. En fait, à l’arrivée des colons européens au Québec, il semble qu’il n’ait existé aucune forêt naturelle « normale » ou parfaitement équilibrée en ce qui a trait à la structure d’âge.

En plus de la normalisation, la diminution de l’âge de récolte des peuplements aménagés est un autre élément qui contribue à la diminution des superficies de vieilles forêts. En effet, lorsqu’un rendement optimal est souhaité, le peuplement est récolté avant que la croissance des arbres ne ralentisse et est aussitôt remis en production. Il y a donc moins de peuplements dont les arbres dépassent l’âge de maturité (et encore moins qui atteignent l’âge de sénescence – voir l’enjeu du bois mort) dans une forêt aménagée que dans une forêt naturelle.

Pour déterminer l’âge d’une forêt jeune, intermédiaire ou vieille, les aménagistes utilisent le registre des états de référence produit par la Direction de la recherche forestière (DRF) du ministère des Ressources naturelles (MRN) (Boucher et autres, 2011). Ce document balise les âges à utiliser pour qualifier les peuplements. Pour les quatre unités homogènes (UH) que l’on trouve au Bas-Saint-Laurent, le tableau 15 précise l’âge des différents stades.

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Tableau 15 : Classes d’âge correspondant aux trois stades de développement en fonction des unités homogènes (UH) de végétation de niveau 3

Unité homogène (UH) Structures d'âge

Jeune Intermédiaire Vieille Forêt feuillue de l’Ouest à érable à sucre et

bouleau jaune typique (FOJt) 0 à 10 ans 11 à 100 ans ≥ 101 ans Forêt mélangée de l’Est à sapin et bouleau

jaune typique (MEJt) 0 à 15 ans 16 à 80 ans ≥ 81 ans

Forêt mélangée de l’Est à sapin et bouleau

jaune méridionale (MESm) 0 à 15 ans 16 à 80 ans ≥ 81 ans

Forêt mélangée de l’Est à sapin et bouleau

blanc typique (MESt) 0 à 15 ans 16 à 80 ans ≥ 81 ans

La structure d’âge d’une forêt naturelle est déterminée par l’étude des documents du passé (rapports, photos, inventaires, etc.) et de la dynamique naturelle de la région. Par exemple, les régions où les perturbations graves sont fréquentes présentent généralement une plus faible proportion de vieilles forêts et un plus grand nombre de forêts en régénération. Les documents fournissent ainsi un état des lieux à un moment précis de la structure générée alors que l’étude de la dynamique permet de comprendre comment évolue naturellement la forêt.

Cela étant dit, il faut déterminer le degré de similitude souhaité entre la forêt aménagée et la forêt naturelle. Premièrement, en se basant sur les connaissances scientifiques actuelles, la Stratégie d’aménagement durable des forêts (SADF) a fixé le seuil minimal de vieilles forêts à 30 % de la proportion historique. Il s’agit d’un seuil sous lequel les risques de perte de biodiversité augmentent significativement. Par ailleurs, suivant le concept de précaution, le risque devient acceptable si la proportion historique de vieilles forêts est de 50 % et plus.

Deuxièmement, pour le stade en régénération, pour les domaines bioclimatiques de la sapinière et de l’érablière, le seuil faiblement altéré a été fixé à moins de 20 % de l’unité territoriale. Au Québec, les seuils ont été fixés par le MNR pour les différents domaines bioclimatiques à partir d’une analyse tenant compte de la variabilité à l’échelle provinciale. Ces seuils, qui varient entre 20 % et 35 % selon les circonstances, reflètent les écarts rencontrés à l’échelle de la province.

Il n’est donc pas nécessaire d’effectuer un calcul en fonction du niveau de la forêt naturelle afin de déterminer les seuils d’altération pour ce stade.

Le tableau 16 présente les degrés d’altération des différents stades de développement. On note que, pour le stade intermédiaire, aucun seuil d’altération n’a été défini. En effet, les deux autres stades sont généralement suffisants pour cerner les principaux problèmes de structure d’âge dans une unité d’aménagement (UA) donnée.

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Tableau 16 : Degrés d’altération pour les différents stades de développement Degré d’altération Stade « régénération » Stade « vieux »

Altération faible < 20 % de la superficie de l’unité territoriale

> 50 % de la proportion historique de la forêt naturelle

Altération modérée De 20 % à 30 % de la superficie de l’unité territoriale

De 30 % à 50 % de la proportion historique de la forêt naturelle

Altération forte > 30 % de la superficie de l’unité territoriale

< 30 % de la proportion historique de la forêt naturelle

Au Bas-Saint-Laurent, le paysage de la forêt naturelle était dominé par les vieilles forêts. Les jeunes forêts étaient peu fréquentes et dispersées sur le territoire. Le tableau 17 permet de bien comprendre les cartes qui suivront. Il présente les paramètres d’évaluation du niveau d’altération de la structure d’âge de la forêt définis dans le registre des états de référence de la forêt naturelle (Boucher et autres, 2011).

Tableau 17 : Seuils d’altération de la structure d’âge en fonction des unités homogènes (UH) de niveau 3

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Le tableau 18 présente le niveau d’altération de l’indicateur au début de la période 2013-2018 pour l’UA 012-52. L’analyse des résultats montre que trois unités territoriales d’analyse (UTA) sur cinq présentent un degré d’altération élevé au plan des vieilles forêts (voir la figure 20).

Tableau 18 : Niveau d’altération par unité territoriale d’analyse (UTA) pour les stades de développement « régénération » et « vieux »

UTA Unité

homogène Superficie (ha)

Stade « vieux » Stade « régénération »

Niveau d’altération

actuel (%)

Seuil d’altération modéré (%)

Degré d’altération

Niveau d’altération

actuel (%)

Seuil d’altération modéré (%)

Degré d’altération

01 MEJt 26 224 30,14 22,2 - 37,0 MOYEN 19,23 20,0 - 30,0 FAIBLE

02 MEJt 14 392 18,52 22,2 - 37,0 ÉLEVÉ 13,16 20,0 - 30,0 FAIBLE

03 MEJt 17 128 25,21 22,2 - 37,0 MOYEN 10,16 20,0 - 30,0 FAIBLE

04 MESm 13 186 17,48 22,8 - 38,0 ÉLEVÉ 6,81 20,0 - 30,0 FAIBLE

05 MEJt 24 401 16,75 22,2 - 37,0 ÉLEVÉ 6,56 20,0 - 30,0 FAIBLE

Superficie totale 95 331

Le pourcentage de la superficie qui présente un degré d’altération modéré ou faible pour l’UA est de 45,48 %, ce qui est en deçà des 80 % de la cible fixée par la SADF. Puisque la cible de 80 % de la superficie moyennement ou faiblement altérée n’est pas atteinte exclusivement en raison de l’état actuel des vieilles forêts, un plan de restauration sera élaboré afin d’atteindre la cible à moyen terme.

En ce qui a trait au niveau d’altération occasionné par les jeunes forêts (figure 21), l’ensemble des UTA présentent un résultat sous le seuil des 20 %, le niveau d’altération le plus élevé étant de 19,23 % (voir le tableau 18). La cible est maintenue au niveau déterminé par la SADF.

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En résumé, les solutions régionales pour répondre à cet enjeu sont décrites ci-dessous.

Valeur

Raréfaction des vieilles forêts et surabondance des peuplements en régénération.

État actuel de l’enjeu pour l’UA

Manque de vieilles forêts (degré d’altération élevée).

Peu de jeunes forêts (degré d’altération faible).

Objectif

Faire en sorte que la structure d’âge des forêts aménagées s’apparente à celle de la forêt naturelle.

Indicateur

Pourcentage du territoire où la structure d’âge des forêts présente un degré d’altération faible ou modéré par rapport aux états de référence de la forêt naturelle.

Cible

Au moins 80 % de la superficie de l’unité d’aménagement (UA) doit présenter une structure d’âge qui diffère faiblement ou modérément de celle de la forêt naturelle.

Stratégies

1. Considérer les zones de conservation (aires protégées, refuges biologiques, écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE), etc.).

2. Favoriser les coupes partielles dans le respect des guides sylvicoles dans les peuplements présentant des caractéristiques qui permettent de maintenir les attributs des vieilles forêts, soit dans :

a) les peuplements où dominent (> 50 % de la surface terrière) les essences longévives, notamment les érablières, les bétulaies jaunes, les cédrières et les pessières;

b) les peuplements où les essences longévives sont codominantes (40 à 50 % de la surface terrière);

c) les sapinières montagnardes (700 mètres et plus).

3. Favoriser le maintien et l’implantation d’essences longévives après intervention dans les

peuplements dont la proportion d’essences longévives est plus faible (< 40 % de la surface terrière) : a) pratiquer des coupes à rétention variable dans les peuplements où il y a présence d’essences

longévives.

4. Améliorer la composition en espèces longévives des peuplements à l’aide des pratiques suivantes : a) l’éclaircie précommerciale favorisant les espèces longévives;

b) la plantation d’espèces longévives;

c) le regarni ou l’enrichissement d’espèces longévives;

d) les traitements sylvicoles intermédiaires (éclaircies commerciales) favorisant les espèces longévives dans les plantations et les peuplements naturels.

5. Allonger les révolutions dans certains peuplements.

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01253

du Québec (BDTQ) MRN 2011

Projection cartographique : Conique de Lambert avec deux parallèles d'échelle conservée (46e et 60e)

Note : Le présent document n'a aucune portée légale.

© Gouvernement du Québec, 2014 Réalisation

Eaux Mortes Lac des

Chasseurs

Figure 20 : Altération de la structure d'âge (vieille forêt)

Ville, localité Infrastructure de transport

Autoroute

Organisation administrative

Municipalité régionale de comté (MRC) Publique

Privée

Région administrative Tenure

Limite d'unité de gestion forestière Unité d'aménagement

Réseau principal Réseau secondaire Traverse

Territoire public sous gestion foncière et forestière déléguée

 

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du Québec (BDTQ) MRN 2011

Projection cartographique : Conique de Lambert avec deux parallèles d'échelle conservée (46e et 60e)

Note : Le présent document n'a aucune portée légale.

© Gouvernement du Québec, 2014 Réalisation

Eaux Mortes Lac des

Chasseurs

Figure 21 : Altération de la structure d'âge (jeune forêt)

Ville, localité Infrastructure de transport

Autoroute

Organisation administrative

Municipalité régionale de comté (MRC) Publique

Privée

Région administrative Tenure

Limite d'unité de gestion forestière Unité d'aménagement

Réseau principal Réseau secondaire Traverse

Territoire public sous gestion foncière et forestière déléguée

 

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