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CHAPITRE I : DE LA MIXITÉ SOCIALE À LA COHABITATION INTERETHNIQUE

CHAPITRE 5 : LA COHABITATION, LA PERCEPTION DES RÉSIDENTS

5.1 VIE QUOTIDIENNE ET REPRÉSENTATION DE L’ESPACE

5.1.1 Rapport au quartier

Espace symbolique, espace fonctionnel et/ou espace relationnel?

Dans notre étude, nous avons déterminé au terme des entretiens que le quartier pouvait être perçu de manière différente selon les résidents. Richard Morin et Michel Rochefort (2003) le

disent dans un article sur l’apport des services de proximité sur l’identité d’un quartier : « le quartier constitue une réalité multidimensionnelle ». Selon les auteurs, le quartier peut prendre la forme d’un espace fonctionnel au niveau des équipements et services collectifs, un espace symbolique façonné de représentations sociales et un espace relationnel où l’on s’adonne à des formes de sociabilités et solidarités (Morin et Rochefort, 2003). Or, chez les résidents de la cité de l’Acadie interrogés, le sentiment vis-à-vis du quartier diffère, que ce soit au niveau de son utilisation, de son attachement et même de son périmètre.

D’entrée de jeu, le quartier comme espace fonctionnel est confirmé par la grande majorité des résidents. En effet, bien que quelques résidents soulignent le fait que les services ne soient accessibles que par voiture, ils indiquent pour la grande majorité que le quartier est bien desservi au niveau des commerces et du transport en commun:

« Le quartier on l’a découvert un peu après et on n’est pas déçu, on sait qu’est- ce qu’il y a, on sait à quoi s’attendre. On accès à deux métros, bon c’est Côte- Vertu et Henri-Bourassa c’est intéressant pour nous et si on veut on a l’Acadie sur la ligne bleue […] J’aime Costco qui est juste à côté et on a d’autres épiceries comme Adonis, Loblaws » (Condo3, homme, 35 ans)

Chez une bonne partie des résidents, mais plus particulièrement les relogés, le quartier dans lequel l’îlot résidentiel se trouve, représente un espace symbolique. Les résidents ressentent en effet un sentiment d’attachement à ce dernier. Certains relogés immigrants nous diront que le quartier dans lequel ils vivent est le premier endroit où ils ont vécu – et le seul pour certains. Ils nous expliquent que le quartier a une certaine signification pour eux:

« J’ai immigré et directement j’ai habité ici. Mon premier bail au Canada, au Québec, c’était ici […] c’est un quartier calme qui se ressemble dans mon pays. Je suis resté fidèle, c’est chez moi » (RHO2, homme, 55 ans et +).

Si un sentiment d’appartenance est rattaché au quartier chez plusieurs résidents, pour d’autres il est uniquement un espace fonctionnel, bien qu’ils apprécient toutefois la présence des centres commerciaux, le cinéma, le bord de l’eau ainsi que la piscine publique. Par contre, pour les sorties

entre amis et les loisirs, les résidents ont plutôt tendance à sortir du quartier. En effet, plusieurs affirment fréquenter par exemple le quartier des Spectacles, le mont Royal et «les quartiers où y’a de la vie l’été» (RHO6, 65 ans, femme relogée). Plus de la moitié des résidents affirment fréquenter l’île de Laval puisque de s’y rendre est plutôt rapide et qu’ils y retrouvent plus d’activités à faire :

« La 15 est juste là. C’est pratique pour aller à Laval et il y a plus de choses à faire » (Condo5, femme, 37 ans).

Bref, on remarque bien à l’aune des entretiens que le sentiment face au quartier et son contexte de fréquentation est similaire selon les résidents, mais l’on peut associer cette situation au biais de désirabilité sociale. Les locataires et les propriétaires ne se distinguent pas ici, certains aiment le quartier, ils ont un certain attachement envers ce dernier. Certains ne fréquentent le quartier que pour les achats essentiels et pour l’offre commerciale alors que d’autres le fréquentent pour ses espaces publics où les circonstances de rencontres sont plus intéressantes pour eux. Finalement, le quartier qui, parfois, se résume à Bordeaux-Cartierville, parfois à un plus large périmètre et parfois se limite à la Cité de l’Acadie semble générer un sentiment général de sécurité auprès des résidents.

Motifs d’installation

Pour les propriétaires de condos, les principaux motifs d’installation dans leur logement étaient, d’une part le coût relativement bas des unités d’habitation liées au programme Accès-Condo et d’une autre part la localisation du quartier en tant que tel. En effet, un copropriétaire nous expliquera qu’il a fait l’achat de son condo en une semaine lorsqu’il a su que la ville de Montréal finançait la mise de fonds.

« Je sais que ce n’est pas un quartier de luxe là, mais j’ai acheté vite pour les avantages que la ville offrait. C’était 10 % de mise de fonds. On a décidé et acheté en une semaine on a dit il faut que ça se fasse maintenant » (Condo3, homme, 35 ans).

Alors que d’une autre part, une femme propriétaire nous indiquera qu’elle a l’impression de vivre dans un quartier central sans pour autant être au centre-ville « parce que tu as accès à tout sans pour autant tomber sur un sans-abri en sortant de chez vous le matin comme downtown » (Condo4, femme, 28 ans).

Pour les locataires, le motif d’installation le plus important semble être l’aspect financier. Bien que les locataires apprécient le fait que les logements soient neufs et à prix abordable, certains nous diront que « les logements sociaux on n’a pas le choix de notre logement » (CACI4, femme 44 ans). En effet, plusieurs d’entre eux nous ont rappelé que pour avoir accès à un logement social il faut être sur une liste d’attente et respecter les critères financiers pour qu’un logement soit attribué à un ménage selon ses besoins. Ensuite, plusieurs locataires, majoritairement du centre d’appui aux communautés immigrantes, affirment qu’un de leurs motifs principaux d’installation était le fait qu’ils avaient déjà des connaissances qui vivaient à la Cité de l’Acadie ou bien des connaissances dans le quartier. Enfin, la localisation semble aussi être un élément important pour les locataires qui le définissent de central :

« Nous sommes à 14 kilomètres du centre-ville, à 14 kilomètres de Laval » (RHO1, homme, 55 ans et +).

5.1.2 Rapport à l’ensemble du projet résidentiel