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Rapport à l’ensemble du projet résidentiel

CHAPITRE I : DE LA MIXITÉ SOCIALE À LA COHABITATION INTERETHNIQUE

CHAPITRE 5 : LA COHABITATION, LA PERCEPTION DES RÉSIDENTS

5.1 VIE QUOTIDIENNE ET REPRÉSENTATION DE L’ESPACE

5.1.2 Rapport à l’ensemble du projet résidentiel

Au niveau de la satisfaction résidentielle, les résidents de la cité de l’Acadie ont des sentiments mitigés concernant la qualité des logements. Si les entretiens révèlent que les répondants semblent s’entendre pour dire que les logements ont été construits trop près de l’autoroute, le fait que les bâtiments soient neufs correspond en contrepartie à un élément positif pour la majorité d’entre eux.

Chez les locataires, le sentiment face à la satisfaction du logement semble être mitigé, et ce, en fonction du bâtiment dans lequel ils vivent. En effet, rappelons que l’OBNL d’habitation RHO est propriétaire de deux bâtiments, dont un qui n’a pas été démoli et reconstruit au même titre que les autres bâtiments du site. Or, les locataires qui logent dans cet édifice RHO plus âgé sont aux prises avec certains enjeux et problèmes qui seraient dus à un mauvais entretien du bâtiment: Une femme locataire nous dira que son logement lui convient au niveau de la taille, mais que la qualité au niveau de la structure de construction et de l’insonorisation laisse à désirer, sans oublier les problèmes qui touchent pratiquement à l’insalubrité.

« Le bloc ici a été construit en 1963. On s’entend qu’insonorisation, isolation ça existe plus. La qualité de l’immeuble oublie ça. […] Tu peux le voir aussi, on a des problèmes de mouches dans la structure, c’est plein dans les conduits d’air, tu te lèves le matin et il y a à peu près 25 mouches dans ta fenêtre […] mon voisin d’en haut éternue puis je l’entends » (RHO6, relogée, femme, 65 ans).

Les locataires vivant dans le nouveau bâtiment RHO semblent satisfaits de la qualité des logements.

« Le fait que le bâtiment soit récent, on parle de 2010, ça fait en sorte que la qualité des matériaux est en bonne condition. Les logements ont maintenant des airs conditionnés, des portes patio triples qui coupent le bruit de l’autoroute puis c’est fait avec du béton ces logements-là » (RHO4, relogé, homme, 45 ans).

Dans un même ordre d’idée, chez certains locataires de l’OBNL d’habitation Maison CACI II, il semble y avoir peu d’aspects négatifs concernant la qualité des logements, mais bien une certaine satisfaction et une certaine appréciation du fait que les logements soient neufs. Bien que les ménages logeant chez Maison CACI II semblent satisfaits, certains d’entre eux semblent trouver que les logements sont trop petits et nous indiquent qu’ils n’ont pas leur mot à dire par rapport à cet aspect.

La distribution de logements sociaux étant effectuée en tenant compte tout d’abord de la disponibilité des logements ainsi que certains critères établis par le gouvernement, les locataires de l’OBNL d’habitation CACI semblent considérer que leurs besoins, au niveau de la grandeur de l’habitat, ne sont pas toujours respectés. Une mère congolaise monoparentale nous dira qu’elle n’a rien à redire concernant la qualité de son logement, mais que toutefois ce dernier est trop petit :

De plus, un père de famille de quatre jeunes enfants vivant aujourd’hui dans un logement de quatre chambres à coucher nous relate que d’obtenir un logement adapté aux besoins de sa famille n’a pas été une partie de plaisir. Il nous rappelle que pour avoir accès à un logement social il faut être inscrit sur une liste d’attente et « prendre ce qu’on nous donne ».

« Au terme de l’attribution des appartements. Moi j’ai resté dans un 4 ½ presque 5 ans avec 4 enfants. J’ai fait une demande et j’étais parmi les premiers dans la liste d’attente, il y a 5 ans […] Si je n’avais pas mis la pression que j’y ai mise, je ne l’aurais jamais eu ce logement » (CACI3, homme, 43 ans).

Ensuite, en ce qui concerne les propriétaires, la taille des logements ne semble pas être un problème. En effet, la plupart d’entre eux nous expliquent que la taille des logements découle d’un choix qu’ils ont fait lors de l’achat. Toutefois, il semblerait que les discours soient différents concernant la qualité des logements, et ce, compte tenu de la Phase dans laquelle ils vivent.

En revanche, certains propriétaires d’une unité de condo dans la Phase I qui ont été interrogés affirment qu’ils ont été déçus par la qualité des matériaux. Une des propriétaires en particulier semble éprouver beaucoup d’amertume ainsi qu’une grande déception quant à la qualité de son condominium. Si la taille de son unité ainsi que les aspects techniques tels que l’insonorisation et l’isolation lui convenaient parfaitement à l’achat, la qualité des matériaux a désappointé notre propriétaire et son conjoint :

« Mais bon, j’imagine qu’au prix qu’on a payé il fallait peut-être s’y attendre. Tu sais quand on visite un condo modèle, c’est beau, on ne remarque pas vraiment que les

portes sont cheaps […] Nous notre comptoir a brisé, il a fallu qu’ils le remplacent. Pis je ne suis pas la seule, j’ai plusieurs voisins qui nous ont dit que leur comptoir avait craqué en plein milieu. Des choses comme ça, tu sais la qualité des constructions là! » (Condo3, femme, 28 ans)

Si les propriétaires semblent critiquer les matériaux de la Phase I, les prix considérablement bas des unités de condos s’avèrent être un des éléments qui permet à ces derniers d’accepter la qualité plutôt basique des constructions.

« Sinon ben tu sais on le savait en achetant, c’est le principe. Ils ont mis ce qu’il y avait de plus cheap au monde. Les portes, les portes de garde-robe, mais ça, on nous l’avait dit et ça ne nous dérangeait pas. Mais tu sais ce qu’ils ont fait? Ils ont construit la Phase I de façon assez basic. Dans la Phase II la qualité des matériaux et même le design a augmenté puis finalement la Phase III c’est celle qui est la plus luxueuse » (Condo5, femme, 37 ans)

Tout comme notre répondante, d’autres propriétaires avaient bien compris que la qualité des logements et des matériaux s’améliorait de phase en phase. Un propriétaire de la Phase II nous dira que la qualité des matériaux de la première phase ne lui convenait pas du tout et que la troisième était trop dispendieuse. Il nous indiquera que sur le toit de la dernière phase on retrouve une terrasse et une baignoire à remous, ce à quoi : les autres n’ont pas droit.

Enfin, outre la manière dont les résidents discutent de la qualité de leur logement, les habitants relogés semblent être majoritairement satisfaits des nouvelles conditions dans lesquelles ils vivent à présent. Ils ont une tendance à comparer à ce qu’ils ont vécu par le passé, avant la reconstruction (insalubrité, vermine, intimidation, etc.).

Désignation du projet

Les propriétaires, du projet résidentiel la Cité de l’Acadie font, pour la plupart, référence à l’immeuble dans lequel ils vivent pour désigner leur milieu de vie. Ceux qui font référence à l’ensemble du projet résidentiel en y incluant toutes les phases ainsi que les OBNL d’habitations sont très peu nombreux. À vrai dire, les propriétaires indiqueront plus particulièrement ce qui se

produit au niveau de leur bâtiment uniquement. Très peu d’entre eux font même référence aux autres édifices du site. Certains se limitent même à discuter de leur palier uniquement. En effet, lorsqu’il était question de discuter du projet de la Cité de l’Acadie en général, l’accent était mis sur leur propre immeuble : « dans ma cité il y a toute sorte de monde » nous dira un propriétaire en parlant de la Phase de copropriété dans laquelle il réside.

Chez les locataires, la désignation du projet est quelque peu différente, lorsqu’ils désignent leur milieu de vie, l’échelle est plus large que celle des propriétaires. Bien qu’ils désignent leur immeuble comme étant des logements sociaux, les différentes phases de condominiums font partie de leur discours.

Dans un même ordre d’idée, il a été intéressant de se rendre compte que certains propriétaires n’étaient au courant que depuis récemment que le projet résidentiel abritait des OBNL d’habitation. D’autres, pour leur part désignait les bâtiments de logements sociaux comme étant des habitations à loyer modique (HLM) ou bien comme étant des coopératives d’habitation.

« Je pensais que c’était des condos aussi parce que vu de l’extérieur, ça parait bien. En fait, moi je me disais soit c’est des condos ou des coopératives d’habitations » (Condo1, femme, 41 ans).

Enfin, les relogés expriment leur déception vis-à-vis du site puisque, bien qu’ils soient bien au courant de la mixité des modes de tenure, ces derniers souhaitaient un ensemble de logements sociaux uniquement.

« C’était pas ça du tout le projet […] c’était un projet social, un esprit d’intégration, mais ce n’est pas du tout ça le résultat. C’est ça qui nous tient à cœur, qui nous fait mal […] on a perdu au profit de qui? De Tyron. Notre projet social on l’a perdu, mais on a trois tours de condo » (RHO1, homme relogé, 55 ans +).