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Rappel des règles d’application du downdrift et du downstep en mooré

Le downdrift ou downstep automatique

Le downdrift ou downstep automatique est l’abaissement d’un ton haut lorsque celui-ci est précédé d’un ton bas. Ainsi dans une configuration tonale comme celle-ci : /H B H/, le deuxième ton haut est réalisé au plan phonétique, légèrement plus bas que le premier. De ce fait, le ton haut en début d’énoncé est réalisé plus haut que tous les autres tons dans le downdrift.

100 Selon Peterson (1971), le downdrift en mooré, ne déclenche pas seulement un abaissement du ton haut, il entraine aussi un abaissement du ton bas précédé d’un ton haut. Il explique ainsi que dans une séquence de tons haut et bas intercalés, il y a un abaissement de tous les tons à partir du deuxième ton de l’énoncé.

Le downstep

Le downstep désigne l’abaissement au niveau phonétique d’un ton haut lorsque celui-ci est précédé d’un autre ton haut. L’abaissement du ton est déclenché par un ton bas flottant qui serait entre les deux tons hauts (HBH→ H! H) (Goldsmith J. , 1976), (Clements & Ford, 1979), (Pulleyblank, 1986).

Le ton bas flottant n’est pas visible au niveau phonétique, mais sa présence dans la structure profonde s’explique le plus souvent par la disparition de l’unité porteuse de ce ton selon Anyanwu (2008).

Il y a principalement deux situations qui peuvent faire émerger un ton bas flottant dans un énoncé, en mooré. La première c’est l’élision de la voyelle finale des mots. Selon Kenstowicz, Nikiema et Ourso (1988), la voyelle finale d’un suffixe est systématiquement élidée sauf quand il y a une frontière majeure (pause ou frontière d’une proposition) qui le suit immédiatement. Quand il y a élision de la voyelle, le ton porté par cette voyelle ne disparaît pas, il subsiste en tant que ton flottant (ton sans unité porteuse). Lorsque ce ton flottant est un ton bas, celui-ci va provoquer un effet d’abaissement du ton haut qui le suit.

La propagation tonale constitue la deuxième situation qui peut faire émerger un ton bas flottant en mooré. Kenstowicz, Nikiema et Ourso (1988) expliquent qu’il y a en mooré une règle de propagation des tons hauts qui se produit entre les mots et cette propagation se fait toujours vers le ton suivant. Selon cette règle, dans une construction où on aurait deux mots juxtaposés avec une configuration tonale /H + BH/ le ton haut du premier mot se propagera sur le deuxième mot délogeant ainsi le ton bas initial. Ce ton bas va maintenant subsister en tant que ton flottant et déclencher le downstep sur le ton haut qui suit le ton propagé. On a donc le schéma tonal suivant : HH !H].

Exemple : « Zã » (tenir) ; Ko :rgo (un sac)−→ « Zã ko :rgo » (tenir un sac) H B H H H !H

101 Tableau 8 : Synthèse des règles d’application du downdrift et du downstep en mooré

Downdrift ou downstep automatique Downstep

Définition : Abaissement du ton haut quand celui-ci est

précédé d’un ton bas

Définition : Abaissement du ton haut déclenché par un ton

bas flottant.

Le ton bas flottant n’est pas visible au niveau phonétique.

Exemple : « Na :ba » (chef) + « Tubre » (oreille)

B H B H −→ « Na :ba-tubre » (l’oreille du chef ) B !H B !H

Exemple : « Neda » (une personne) + « Saga » (balai)

H B H B −→ « Ned-saga » (le balai d’une personne)

H !H B

Schéma

BH+BH → B !H B !H

Schéma

HB+H B/élision Ton B flottant → H !H B

Le corpus

Le corpus de cette étude est constitué de 9 mots composés et de 28 phrases. 6 phrases ont été ajoutées au corpus et ont servi de distracteurs. Les tons des phrases qui ont servi de distracteurs n’ont pas été contrôlés. L’ensemble du corpus est composé de trois sous-corpus. a) Le premier sous-corpus a été construit pour analyser la réalisation des deux types de ton dans le downdrift. Il est composé de 4 mots composés et 10 phrases dans lesquels tons hauts et tons bas sont intercalés. Ainsi les 4 mots composés de ce corpus sont une combinaison de deux noms ; du point de vue grammatical il s’agit d’un groupe nominal comportant un complément de nom (génitif). La seconde partie du corpus est formée de phrases simples du type SVC (Sujet Verbe Complément). Pour avoir des énoncés relativement plus longs, j'ai utilisé des compléments de nom avec certains constituants (le sujet ou le complément). La taille des phrases varie entre 4 et 9 syllabes.

Exemple du corpus (voir corpus annexe 4)

« A da rʋkko » (4 syllabes) B !H B !H

102 « Wagda n zuk m jak bεŋ jolgo » (9 sylllabes)

B !H B !H B B !H B !H

(Des voleurs ont volé le sac de haricot de mon voisin)

Le plus important dans la construction du corpus, c'était d'avoir des énoncés qui une fois produits présenteraient un downdrift au niveau phonétique. C’est pour cela que, j'ai fait en sorte d'avoir des séquences de tons dans lesquelles tons hauts et bas sont alternés. Un ton haut ou un ton bas peut apparaître en début d’énoncé, ce qui importe c'est d'avoir l'alternance des deux tons par la suite. Dans cette étude, je fais l’hypothèse que tous les tons hauts précédés d’un ton bas sont automatiquement abaissés. Comme dans les exemples du corpus ci-dessus.

b) Le deuxième sous-corpus comprend 5 mots composés et 10 phrases constituées de tons hauts et qui présentent au moins un downstep. Il a été construit pour analyser la réalisation du ton haut dans le downstep. Les conditions d’application du downstep ont donc été reconstituées. Les mots composés dans ce corpus sont formés de groupes nominaux (principalement de noms + adjectifs). En mooré, ce type d’association permet d’avoir facilement une élision de voyelle, susceptible de faire émerger un ton flottant dans l’énoncé. Comme le downstep est déclenché par un ton bas flottant, ce type de construction permet de créer les conditions de son application.

Quant aux phrases, il s’agit également de phrases simples du type SVC (Sujet Verbe Complément). Les sujets et les compléments des phrases sont très souvent construits sur le modèle des mots composés du corpus. Là aussi je cherchais à constituer les conditions d'application du downstep. Il était important d'avoir des énoncés avec uniquement des tons hauts dans la structure de surface. Dans les différents énoncés, il y a au moins une élision de voyelle ou une propagation tonale qui fait apparaître un ton bas flottant. La taille des phrases varie entre 5 et 9 syllabes.

Exemple du corpus (voir corpus annexe 4)

« sa :kudre » H!H!H

(Un vieux balai)

Mot composé/ élision de la deuxième syllabe de « sa:ga » et émergence ton bas flottant qui entraine un downstep

103 « Tõnd rawa wa jũn-sʋkka » (Phrase de 7 syllabes avec downstep)

H !H H H H !H H

(Notre homme est arrivé en pleine nuit)

c) Enfin, le troisième sous-corpus est constitué de 8 énoncés qui ne présentent pas de downstep. Ces énoncés présentent une succession de tons hauts mais qui n’est pas susceptible de faire émerger un ton bas flottant qui provoque l'application du downstep. Pour cela, j'ai le plus souvent employé des mots de la classe fermée du lexique (pronoms, mots grammaticaux...) dans ces énoncés afin de mieux contrôler l'occurrence des tons.

J’ai également construit des énoncés qui commencent par un ton bas et se poursuivent avec une séquence de tons hauts. Je cherche à voir comment se réalise les tons hauts dans ce type de séquence. Les tons hauts se réalisent-ils sur la même hauteur comme le prédit Peterson (1971)?

Exemple du corpus (voir corpus annexe 4)

« Ges ba :ga » (Regarde le chien) H H H

« A ka ko je » (Il n’a pas cultivé) B H H H

Tableau 9 : Récapitulatif de la composition du corpus

Sous-corpus 1 Sous-corpus 2 Sous-corpus 3

Réalisation des tons dans le downdrift

Réalisation des tons hauts dans le downstep

Réalisation des tons hauts sans downstep 4 mots composés 10 phrases 4 mots composés 10 phrases 8 énoncés (6 phrases et 2 groupes verbaux)

Avec alternance de tons hauts et bas

Avec uniquement des tons hauts

Avec succession de tons hauts sans downstep