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II.2 Propagation d’ondes en milieux poreux

III.1.3 Radar électromagnétique haute-fréquences

✓ 2016 : ProjetRELAX« Couplage expérimental multi-méthodesRadarElectromagnétique

/ LAser / Rayons X autour de la caractérisation physique d’un réservoir

géolo-gique », appel d’offre ISIFoR (Institute for the sustainable engineering of fossil resources,

institut Carnot).

L’objectif, comme énoncé en préambule de cette partie Perspectives, est de recréer en laboratoire

sur des échantillons naturels une approche multi-physique classiquement utilisée en imagerie

géo-physique de proche surface (Snieder et coll.,2007). Dans cette partie, nous traitons de l’approche

en laboratoire de la technique radar GPR (Ground Penetrative Radar) multi-fréquence au sein

d’un échantillon qui devrait nous permettre de mieux contraindre et comprendre la sensibilité et

les caractéristiques (notamment dispersives) des propriétés électromagnétiques très souvent mal

comprises dans les mesures de terrain. Ces mesures électromagnétiques non-intrusives ont des

ap-plications qui dépassent la seule caractérisation statique des réservoirs, mais concernent également

d’autres thématiques telles que les risques naturels, l’hydrologie, la géotechnique, etc. Ces avancées

en laboratoire pourront potentiellement fournir d’importants jeux de données contrôlés,

permet-tant de mieux évaluer les limites des approches de traitement du signal classiques et de tester des

méthodes innovantes, développées par ailleurs, notamment pour la modélisation directe et inverse

des champs d’ondes complets (Ernst et coll.,2007;Lavoué et coll.,2014;Keskinen et coll.,2017;

Pinard,2017), de l’utilisation des amplitudes (tomographie d’atténuation), pour la caractérisation

de couches fines (fractures) (Deparis & Garambois,2008) et pour la prise en compte de l’anisotropie.

Il s’agit ici en particulier de développer à court terme un système radar haute-fréquences (ondes

électromagnétiques EM) adapté à nos échelles (décimétrique à métrique), et dont la sensibilité et

la résolution viendront compléter les mesures acoustiques/sismiques.

Dans cette approche de prospection géophysique par ondes EM, les trois paramètres importants

des milieux traversés sont les suivants :

✓ la conductivité électrique σ ;

✓ la perméabilité magnétique µ,

✓ la permittivité diélectrique ϵ.

Afin d’avoir une idée précise des échelles spatiales et fréquentielles accessibles en laboratoire, nous

calculons sur la Figure III.8 les longueurs d’ondes et les vitesses de phase des ondes

électroma-gnétiques en fonction de la fréquence dans un milieu homogène typique utilisé en laboratoire où

σ = 1.5×10

−3

S/m, µ = µ

0

(où µ

0

est la perméabilité du vide) et ϵ = 14ϵ

0

(où ϵ

0

est la permittivité

diélectrique du vide). Sur la FigureIII.8a) nous superposons également les vitesses d’ondes EM

pré-dites par l’approche milieux poreux développée parPride & Haartsen(1996). Nous observons deux

régimes : un régime dans lequel les ondes EM sont diffusives et un autre à plus haute fréquence,

au delà de la fréquence de transition f

t

= σ/2πϵ, où les ondes sont propagatives. On constate sur

la Figure III.8b) que si l’on veut travailler avec des propagations de plusieurs longueurs d’ondes,

il faut nécessairement se placer autour de quelques GHz en fréquence afin de se ramener à des

longueurs d’ondes inférieures à 10 cm. Les antennes radar que l’on va acquérir dans le cadre du

projet RELAX seront certainement autour d’une fréquence de l’ordre de 2 à 6 GHz (traits tiretés

violet sur la Figure III.8; nous sommes en pourparlers actuellement pour acquérir des antennes

émettrices-réceptrices 3 GHz de la société Georeva/IDS). On en conclut que l’on serait amené en

laboratoire à travailler avec des échantillons dont la taille minimale serait d’environ 20 à 30 cm.

L’objectif est, comme dans les expériences de sismique décrites dans les partieIII.1.1 etIII.1.2, de

travailler avec une antenne radar émettrice et une autre antenne réceptrice et d’échantillonner les

III.1. Mise en place d’un laboratoire expérimental multi-physique

haute-résolution 150/173

100 105 1010 105 106 107 108 109 100 105 1010 10-2 100 102 104

Figure III.8 : Vitesse V

em

et longueur d’onde λ

em

dans un milieu homogène avec σ = 1.5× 10

−3

S/m, µ = µ

0

et ϵ = 14ϵ

0

.

milieux avec des ondes EM en transmission. Dans un premier temps, il s’agira de mettre en place

en laboratoire un protocole expérimental efficace permettant des mesures électromagnétiques sans

interférence extérieure. Il faudra ensuite calibrer précisément le rayonnement des antennes radars

(Pérez-Gracia et coll.,2009) avant de travailler en propagation (Martínez-Sala et coll.,2013). Ces

deux premières étapes réalisées, nous travaillerons ensuite avec le couple d’antennes radar,

émet-teur et récepémet-teur, qui sera déplacé à la périphérie des échantillons. Nous travaillerons avec des

échantillons pluri-décimétrique à métrique, d’abord homogènes puis de plus en plus hétérogènes

/ fracturés. Des mesures de temps de propagations et d’amplitudes des premières arrivées seront

réalisées pour chaque expérience. Enfin, dans un dernier temps, nous pourrons faire varier certains

paramètres contrôlables des expériences comme par exemple le taux de saturation, le type de fluide

saturant ou encore une éventuelle pression uniaxiale exercée sur les échantillons, et caractériser

leurs impacts respectifs sur les mesures. Cette approche GPR en laboratoire se fera en

collabora-tion avec G. Sénechal et D. Rousset membres de l’équipe CRG du LFCR, ces derniers possédant

une grande expertise dans les mesures GPR de terrain.

Nous souhaitons accompagner ces expériences de modélisations numériques directes. L’équipe

Ma-gique 3D (H. Barucq et J. Diaz, LMAP, INRIA) possède une grande expertise dans la modélisation

numérique des phénomènes de propagation d’ondes. Elle a développé Hou10ni, un code d’éléments

finis basé sur la méthode de Galerkine discontinue pour la simulation de propagation d’ondes

acous-tiques et élasacous-tiques, en domaines temporel et harmonique et en dimension deux et trois. Ce code

est déjà utilisé dans le cadre de la thèse de C. Shen pour reproduire des données de sismique

expéri-mentales (voir PartieIII.2). Dans le cadre de ces expériences de propagation EM, le code Hou10ni

devra être adapté à l’électromagnétisme. Toutes les briques de base existent (maillage, solveur

li-néaire, sorties Paraview, création de sismogrammes, définition des sources) et il reste à créer un

noyau de calcul adapté aux équations de l’électromagnétisme (communication personnelle, J. Diaz).

Les expériences en laboratoire vont fournir un nombre important de jeux de données avec de

grandes résolutions spatiale comme temporelle. Les algorithmes de modélisations numériques

di-rectes, traditionnellement utilisés avec des données de terrain, pourront être testés ici également

III.1. Mise en place d’un laboratoire expérimental multi-physique

haute-résolution 151/173

avec des données de laboratoire contrôlées, tant sismiques qu’électromagnétiques. ISTerre (S.

Ga-rambois) a développé par ailleurs un programme de simulation numérique de propagation d’ondes

mécaniques et électromagnétiques (skbp) dans les milieux poreux, largement utilisé pour modéliser

la réponse de milieux stratifiés. Les deux méthodes de simulations numériques (LMAP et ISTerre)

seront confrontées aux données expérimentales.

Toujours dans le cadre du projet RELAX, nous souhaitons également réaliser de l’imagerie

micro-tomographie à rayons-X. L’imagerie à rayons-X des échantillons préalablement étudiés par

propa-gations d’ondes mécaniques (mesures laser) et électromagnétiques (radar) permettra une

caracté-risation de la densité de la structure des échantillons à l’échelle des pores, amenant des avancées

significatives autour de l’anisotropie et de l’atténuation sismique et électromagnétique des ondes.

Ces mesures seront réalisées sur la nouvelle plateformeDMEX-UPPA(Centre d’Imagerie à rayons

X de l’UPPA, responsable : P. Moonen). L’idée est de prélever des échantillons centimétriques ou

millimétriques des régions d’intérêt identifiées via les mesures laser ou radar et de faire de l’imagerie

RX de ces zones ; à l’aide d’un recalage repérant les jeux de données RX dans les jeux de données

acoustiques et électromagnétiques (communication personnelle : P. Sénéchal et P. Moonen), nous

devrions être en mesure d’explorer le lien entre la morphologie à l’échelle des pores et l’atténuation

des ondes.

Ce projet RELAX sera enfin l’occasion de tester en laboratoire avec les antennes radar HF une idée

originale proposée par ISTerre (P. Roux). L’idée est d’appliquer aux ondes électromagnétiques les

principes de l’élastographie impulsionnelle pour les ondes ultrasonores (Gennisson et coll.,2013).

Dans un milieu élastique mou (gel ou corps humain), les ondes de compression P se propagent à une

vitesse 100 fois supérieure aux ondes de cisaillement S. Quand le milieu contient un grand nombre de

petits diffuseurs qui réfléchissent en tout point les ondes P, il est possible de « voir » la propagation

d’ondes S par le déplacement qu’elles provoquent sur le speckle ultrasonore (Catheline,1998). En

géophysique de proche surface, le même principe pourrait peut être appliqué aux ondes sismiques

dont la vitesse de propagation est beaucoup plus lente que la vitesse des ondes électromagnétiques.

Dans un milieu géophysique où une image radar est constituée d’un speckle électromagnétique

du fait de la présence de nombreux petits diffuseurs, une onde sismique pourrait être imagée au

cours de sa propagation dans le volume (et non plus seulement à partir de la surface) par le

champ de déplacement qu’elle engendrera sur le speckle électromagnétique. Tester l’applicabilité

de l’élastographie impulsionnelle à la technique radar de géophysique de terrain est une ouverture

très originale que l’on pourra tester rapidement en laboratoire en collaboration avec ISTerre.