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Rachilde et Colette : une cordiale animosité ?

Ce n'est ni au hasard ni même à son intuition que Rachilde doit d'avoir découvert le véritable auteur des Claudine, mais seulement aux excellentes relations qu'elle entretenait avec Willy. C'est notamment à elle que Willy s'adressera pour assurer la publicité nécessaire au lancement de Claudine à l'école (1900). Celui-ci paraît être un habitué de ses mardis auxquels il ne manquera pas d'être accompagné de Colette, et c'est au cours d'une de ces réunions que les deux femmes se lièrent d'amitié. Il semble que ce soit leur origine provinciale qui les ait rapprochées, de même le fait que leur père respectif ait été militaire de carrière. De treize ans son aînée, Rachilde eut tôt fait de prendre sous sa protection cette jeune femme ; la "patronne" ira même jusqu'à la défendre contre la réputation de bourgeoise que lui fit Francis Jammes dans sa préface des Sept dialogues de bêtes. Dans le compte rendu qu'elle donna de ce même recueil, Rachilde écrira : « Il faut l'avouer une bonne fois [...], nous ne tenons pas à être d'honnêtes gens à la façon provinciale450 ». Et l'on pourra interpréter ce « nous » comme un collectif, car il se trouve que Rachilde eut également à subir pareil quolibet de la part de Verlaine. De son côté, Colette acceptera cette amitié, flattée de voir cette romancière au faîte de sa gloire s'intéresser à elle : « Dites, est-ce que je pourrais venir vous voir dimanche, ou lundi, parce que mardi nous partons pour Versailles... [...] Voilà que j'ai la veine de vous plaire un peu, laissez-moi le temps

446 Germaine Grey, op. cit.

447 Lucie Delarue-Mardrus, « Colette et les bêtes », Le Capitole, 24 décembre 1924.

448 Anna de Noailles, « Éloges », Le Capitole, 24 décembre 1924.

449 Elsa Triolet, « La Voix de nos maîtres ou les Forces intérieures du roman », Confluences, juillet 1943.

450 Rachilde, compte rendu Sept dialogues de bêtes, « Les Romans », Mercure de France, I-VII-1905. p. 104. Colette la remerciera de cette critique : « Merci, chère Rachilde, pour mes bêtes et pour moi […]. Vous me

convainquez, bête intelligente que vous fûtes toujours, que le monde irait beaucoup mieux, s'il ne portait que des gens comme vous, et comme moi ». Voir le manuscrit 10.165 du fonds J. Doucet.

de vous aimer de plus près et de vous voir souvent la saison prochaine »451. Une réelle complicité semble donc rapprocher les deux femmes, car Rachilde, au moment de rendre compte de Claudine à l'école, dut écrire ou demander à Colette la permission de la citer. Demande à laquelle la jeune femme répondit par un « Fichtre non, il ne faut pas me nommer dans Claudine! Raisons de famille, convenances, relations, patati, patata -Willy tout seul ! À Willy toute cette gloire!452 ». Rachilde respectera donc la volonté de son amie, s'autorisant, malgré tout, certaines allusions suffisamment explicites pour ceux qui connaissaient les procédés d'écriture de Willy : « Que par un tour de force de son seul esprit [...] Willy le boulevardier, le potinier, le brillant auteur et le plus délicat des virtuoses ait créé ce personnage de Claudine ou qu'il ait réellement cueilli ces pages des mains aimées d'une femme...453 ». Il faut dire que le principal intéressé lui- même ne cachait pas la part active qu'avait prise Colette dans ce roman, aimant à répéter quand on le félicitait : « Mais vous savez que cette enfant m'a été précieuse ?454 ». Sans doute la « patronne » du Mercure aurait-elle voulu mentionner le nom du véritable auteur, par goût du scandale peut-être -Claudine à l'école écrit par une femme étant autrement plus savoureux que par le boulevardier Willy- ou tout simplement parce qu'elle jugeait Colette digne d'être connue et reconnue du grand public comme une audacieuse femme de lettres. D'ailleurs Rachilde l'encourage à écrire, comme le révèlent ses comptes rendus enthousiastes et surtout ces remerciements que Colette lui adressa dans le courant de l'année 1904 : « Je suis très flattée, je vous jure, d'être traitée en homme-de-lettres et de m'entendre dire par vous « j'aime ça et ça, et j'aime moins autre chose »455 ». Quelques lignes qui nous renseignent assez bien sur leur relation à cette époque et sur l'origine de cette émulation que chercherait toute son existence durant à retrouver Colette auprès de ses autres consœurs de lettres. Est-ce également à Rachilde que Colette doit son opinion sur la littérature féminine ? Sans doute puisqu'elle tira une grande fierté à être traitée en « homme de lettres », ce qui confirmerait le fait qu'elle chercha sa carrière durant à s'abstraire de sa féminité pour continuer à mériter cette qualification, elle semble d'ailleurs y tenir beaucoup comme le confirment ces félicitations qu'elle envoya à Rachilde au sujet de sa nouvelle Le Cheval qui rêve : « Il n'y a encore que vous qui soyez digne des bêtes. Et personne n'écrit aussi « mâle » que vous456 ». Mais leur opinion sur la littérature féminine n'est pas le seul point sur lequel elles s'accordent ; les animaux, comme thématique romanesque, comme y fait référence ce billet, paraît également les rapprocher. Si l'image de Colette comme écrivain animalier est passée à la postérité, celle de Rachilde en revanche fut ignorée. Rachilde a pourtant cultivé tout au long de ses œuvres une veine animalière, qu'il s'agisse de nouvelles dont

451 Colette, Lettres à ses Pairs, p. 45, lettre à Rachilde, datée approximativement 1900.

452 Lettre à Rachilde, datée du 29 mars 1900, citée par Geneviève Dormann, Amoureuse Colette, p. 43-44.

453 Rachilde, Claudine à l'école, « Les Romans », Mercure de France, V-1900, p. 474.

454 Colette, Mes apprentissages, T.2, p. 1231.

455 Colette, Lettres à ses pairs, lettre à Rachilde, datée 1901-1904 (?), p.47.

la plus célèbre est La Panthère457, ou de romans comme L'Animale (1893), Le Meneur de

Louves (1905), Notre Dame-des-rats (1931), de rares poèmes qu'elle donna, comme dans Survie

où l'on peut lire « Le Grand flambé », quatrains sur le papillon du même nom. Même si cette veine n'est que secondaire dans son œuvre, les animaux n'ayant jamais le premier rôle, il n'est pas exclu que celle-ci ait encouragé Colette à exploiter cette thématique. Une hypothèse que confirmerait cette dédicace « À Rachilde » du premier des Dialogues de bêtes, « Sentimentalités », que Colette fit lors de sa parution en 1904 au Mercure de France. Et il n'est pas non plus exclu que Rachilde n'ait pas aidé à l'insertion dans les pages du Mercure de France les premiers textes de son amie.

Si cette place de confidente qu'occupe Rachilde au sein du couple Gauthier-Villars, lui permet de connaître la vérité quant à la naissance de Claudine à l'école, celle-ci va s'avérer des plus délicates à mesure que les relations vont se dégrader entre les Gauthier-Villars. Leur rupture imminente va sans doute pousser Rachilde à choisir son camp, du moins dans les premiers temps à essayer de temporiser les tensions entre les deux époux. En 1907, Willy vend à Vallette les droits de Claudine en ménage, sans que Colette soit au courant de cette cession. À la même époque, celle-ci fait paraître La Retraite sentimentale au Mercure de France, et signe avec cette même maison d'édition un contrat pour la publication des six premiers textes des Vrilles de la

vigne. Ne doit-on pas voir là une volonté d'équité de la part des Vallette qui, à aucun moment, ne

voulaient prendre parti ou favoriser l'un des deux époux sur le plan littéraire et financier ? Rien ne permet néanmoins de l'affirmer. Même si son divorce en 1907 et ses débuts sur les planches éloignent Colette de la sphère littéraire parisienne, elle ne continue pas moins de correspondre avec Rachilde et de se confier : « Hélas, Rachilde, vous me connaissez, vous savez que je suis capable de jouer la pantomime à poil, mais non de franchir certaines portes, de flatter certaines gens ou de me faire présenter à eux, de forcer certaines admirations, certaines sympathies...458 ». Et Rachilde de rendre compte avec le même enthousiasme des romans de son amie, comme en 1913 L'Entrave, titre dont elle rend compte en une page et demie. Bien plus qu'un avis sur ce roman, les lignes qu'elle lui consacre sont un vibrant plaidoyer en faveur de leur auteur et de sa nouvelle existence de « saltimbanque », sa liaison avec Missy, que juge scandaleuse la morale de l'époque.

« Je crois qu'on est toujours digne quand on mène sa vie avec intensité, sans hypocrisie ni concession. La société a inventé des entraves et des lois que l'humanité n'a pas à sanctionner par son obéissance ou sa peur du bâton. Nous devons d'abord obéir à nos lois intérieures qui sont nos instincts et qui viennent de bien plus loin que nous459 ».

Journaliste et mariée à Henry de Jouvenel, Colette n'en oublie pas pour autant Rachilde, comme tendrait à le prouver cette carte postale qu'elle lui écrira en 1917, lors d'un séjour en Italie, et au

457 Rachilde, « La Panthère », Le Mercure de France, 15-VI-1907, p. 668-683.

458 Lettre du 2 janvier 1909 citée par Geneviève Dormann, Amoureuse Colette, p. 128.

dos de laquelle elle se plaindra de n'avoir pu envoyer « L'Hermaphrodite endormi ». Rachilde suivra sans doute de très près la carrière de Colette, sa nouvelle existence de baronne de Jouvenel, son entrée au Matin. C'est à la suite des textes que Colette donnera à ce journal que Rachilde lui prédira en 1918 : « Colette, vous serez demain le plus grand des journalistes qui savent écrire460 ».

Pourtant, lorsque Colette quitte la scène, elle ne se rapproche pas pour autant de Rachilde. Il semble que ce soit après la Première Guerre mondiale que les relations entre ces deux femmes se soient dégradées. Pour preuve, ces lignes consignées dans les Cahiers bleus de Liane de Pougy qui rendent compte d'une entrevue de la demi-mondaine et de Rachilde : « Nous avons [...] la même opinion sur Colette Willy, son insincérité, ses simagrées, son talent cependant et son infernale méchanceté461 ». Comment expliquer ce changement ? Rien au cours de cette période ne paraît expliquer pareille opinion ; rien, si ce n'est le mariage de Colette avec Henry de Jouvenel. Par ce mariage Colette devenait baronne, et accédait à une classe supérieure à la sienne. Une ascension dans la hiérarchie sociale qui n'était pas du goût de Rachilde, comme elle l'avait déjà montré lors du mariage de la courtisane Liane de Pougy avec le prince de Ghika. Avant qu'elle ne devînt princesse, celle-ci était accueillie à bras ouverts lors des mardis de la "patronne" du Mercure de France. Rachilde, qui cultivait le paradoxe et déclarait à qui voulait l'entendre aimer mieux les putains que les bourgeoises, exprima alors sa déception dans les termes suivants : « Il me plaisait de la recevoir quand elle était courtisane, mais depuis qu'elle est princesse, je ne veux plus la voir462 ». La principale incriminée fit amende honorable en confessant un soir : « Rachilde, permettez-moi de vous présenter le petit mari que Dieu m'a donné, et que je ne mérite pas463 », ce qui lui permit de revenir tous les mardis au Mercure de France. Amende honorable que ne fit jamais Colette.

Une autre hypothèse pourrait justifier ce revirement de sentiments : la jalousie. Jalouse du titre nobiliaire de sa consœur de lettres certes, mais sans doute également de ses succès littéraires. C'est en 1920, à la fin septembre que Colette est nommée Chevalier de la Légion d'honneur, son nom devait circuler depuis un certain temps déjà dans les milieux littéraires. Sans doute fut-elle outrée que Colette, de treize ans plus jeune qu'elle, reçut avant elle pareille distinction. D'où ces propos échangés avec Liane de Pougy. Et c'est en ce sens que vont les paroles que rapporte Léautaud dans son Journal Littéraire :

« Elle (Rachilde) est indignée de la décoration de Colette Willy. Elle me dit : « Certes, elle a eu beaucoup de talent. Elle n'en a plus aucun. Le petit Rostand en a plus qu'elle... Elle est jolie, leur Légion d'honneur, avec toutes les putains à qui on la donne. C'est simple, on décore ceux qui amuse le public »464 ».

460 Lucie Delarue-Mardrus, « Colette et les bêtes », Le Capitole, 25-XII-1924, p. 132.

461 Liane de Pougy, Mes cahiers bleus, 22 février 1920, Paris, èd. Plon, 1977. p. 101.

462 André David, « le Mercure de France, entre les deux guerres », La Revue des Deux Mondes, août 1971, p. 294.

463 C. Dauphiné, op. cit., p. 199.

Ce même Léautaud qui, en 1914, s'était vu adresser par Rachilde une lettre de protestation, à la suite d'une de ses chroniques de théâtre465 où, tout en éreintant les femmes de lettres, il mettait sur un pied d'égalité le talent de Rachilde et de Colette : « Je ne lui (P. Léautaud) donne pas le droit de me mettre sur le même rang que Madame Colette Willy, ma modestie et le respect dû à mon âge ne le permettent pas [...]. Tout en admirant comme il sied, le talent...466 ». Preuve que cette jalousie n'était pas nouvelle et que depuis tout ce temps, Rachilde ne lui témoignait de ce fait qu'une hypocrite amitié. Une attitude étrange pour celle qui, réputée pour son franc parler, n'hésitait pas dans sa rubrique littéraire à dire ce qu'elle pensait de ses amies romancières. Pourquoi alors conserver l'amitié de Colette ? Rester dans l'entourage de Colette était une façon de bénéficier de sa gloire naissante, celle de Rachilde étant, rappelons-le, sur son déclin.

En 1924, Rachilde est décorée de la Légion d'honneur, après l'avoir refusée une première fois sous prétexte « qu'on ne la donne qu'à des putains467 ». Une référence explicite à la décoration de Colette bien évidemment. Autre manifestation de son animosité, toujours rapportée par Léautaud, cette conclusion à une longue diatribe de la « patronne » du Mercure contre les femmes de lettres qui la détestent :

« Vous ne pouvez pas savoir ce que c'est, Colette ! Je ne connais pas de plus immonde fripouille que Colette ! Nous, le Mercure, nous l'avons sauvée ! Heureusement je m'en fiche. Quand on a 52 volumes sur la tête ! Mes livres se vendent à 20.000. Vous comprenez comme je m'en fiche !468 ».

Cette véhémence à l'encontre de sa consœur n'est pas innocente, elle est très certainement due à la présence de Colette dans les murs du Mercure qui est à cette époque venue établir le contrat avec Vallette pour la publication des Douze dialogues de bêtes. Si cette inimitié était restée au stade de la rumeur, la parution en 1930 du recueil Portraits d'hommes de Rachilde allait la confirmer. Dans la galerie de portraits qu'elle a rassemblée, un chapitre est consacré à Willy, "l'à peu près grand homme" comme le définit le titre. Elle y rend compte des débuts de leur amitié, des conseils que Willy lui prodigua et surtout fait une peinture qui est l'antithèse du portrait que brossera six ans plus tard Colette dans Mes apprentissages. Pour Rachilde, Willy est d'abord « le type du spirituel viveur, le plus naïf et le plus doux des hommes. Il y a les coupables qui préméditent et les innocents qui éditent les œuvres dangereuses des autres469 ». Il ne peut y avoir d'allusion plus claire à la publication de Claudine à l'école, car à cette époque l'identité de son véritable auteur ne laisse plus aucun doute. Autre pointe destinée à sa consœur : « Quand j'ai contemplé, jadis, notre Willy national entre deux jeunes et très jolies femmes qui se ressemblaient un peu par le même amour du factice, c'est-à-dire des planches, du même tremplin de la monomanie de l'exhibition...470 ». Nous sommes loin des encouragements à suivre ses

465 Paul Léautaud, « Le char d'Apollon », Le Théâtre de Maurice Boissard T.1, mars 1914, p. 392.

466 C. Dauphiné, op. cit., p. 189.

467 Paul Léautaud, Journal Littéraire, T.1, 27 octobre 1924, p. 1534.

468 Ibid., T.2, du 3 juin 1930, p. 574.

469 Rachilde, Portraits d'hommes, p. 45.

instincts que prodiguait avant la guerre Rachilde... En guise de conclusion, elle aura soin de souligner le talent bien particulier de son ami. Le négrier qu'il était, est en fait pour Rachilde ce mentor à qui Colette doit en quelque sorte son talent car « Willy, c'est Paris affinant la plante de province, l'émondant et la forçant en serre pour qu'elle donne des fleurs doubles. S'il ne crée pas, il recrée, ce qui est encore plus malin471 ». Colette paraît être devenue une idée fixe pour Rachilde. En 1932, elle s'en prend encore à elle, expliquant à Léautaud et à Dumur, un autre collaborateur de la revue, les conseils qu'elle a donnés à une jeune romancière : « Vous voulez réussir. Pas de meilleur moyen. Faites la putain. Voyez Colette. Il n'y a plus que cela qui réussit472 ».

Cette putain, comme elle se plaît à l'appeler, lui fait pourtant parvenir en 1933, un exemplaire de luxe dédicacé de La Chatte, son dernier roman :

« À Rachilde

Cette histoire de son pays -tout ce qui est chat lui appartient.

Son amie, Colette473 ».

Dédicace qui inspira cette réflexion à Léautaud : « Qui sait ? Toute son amie qu'elle se dit, Colette traite peut-être Rachilde en conversation comme Rachilde la traite474 ». Il semble bien que l'hypocrisie qui entourait leur relation ne fasse plus illusion pour personne. Comment expliquer que Colette après avoir pris connaissance du portrait de Willy et des attaques qu'il contenait, n'ait pas préféré ignorer définitivement Rachilde, plutôt que de lui envoyer son dernier roman ? On ne peut alléguer, pour expliquer son geste, une sincère amitié, car la réponse qu'elle fit à Duhamel indique manifestement une volonté de se tenir à distance de la maison du Mercure

de France. Duhamel est chargé en 1935, après la mort de Vallette, de contacter des écrivains

susceptibles de collaborer au numéro qui lui rend hommage.

« Colette, [...] a répondu à Duhamel que somme toute elle connaissait peu Vallette, qu'elle ne l'avait guère vu, et très peu, qu'autrefois, qu'elle avait été très intimidée de se trouver en face de lui, qu'elle s'était tout de suite sentie à l'aise devant sa « rassurante épaisseur » et qui finalement [...] n'a rien envoyé475 ».

Colette paraît oublier qu'en 1930 elle signait un contrat avec ce même Vallette pour la parution de

Douze dialogues de bêtes au Mercure de France. Et, dans une de ses dernières lettres envoyées à

Rachilde n'avouera-t-elle pas qu'elle « n'aime pas beaucoup La Retraite sentimentale : mais ce titre m'est cher, il est d'Alfred Vallette476 ». Si elle voulut sciemment oublier Vallette, elle n'ignorera pas Rachilde dans ses souvenirs rassemblés en 1942 sous le titre De ma fenêtre. Ce sera l'occasion pour elle de dresser un portrait fort ambigu de sa consœur de lettres :

471 Ibid., p. 59.

472 Paul Léautaud, Journal Littéraire, T.2, 16 août 1932, p. 1051.

473 C. Dauphiné, Rachilde, p. 176.

474 Paul Léautaud, Journal Littéraire, T.2, 23 juin 1933, p. 1299.

475 Ibid., 14 novembre 1935, p. 1557.

476 Le manuscrit 10.161 n'est pas daté, cependant la référence explicite au roman Duvet d'Ange permet de situer sa lettre dans le courant 1940. Colette écrit en effet : « Je lis votre « duvet », qui s'envole à la fin, (et que ferait-il

« La romancière prit pour le caractère des rats une estime telle qu'il supplanta chez elle les autres animaux familiers. [...] Ses cinq ou six rats quittaient, réintégraient librement une cage dont la porte restait souvent ouverte, [...]. « Les rats sont à mon gré, disait Mme Rachilde ; ils ont l'attachement solide et le caractère fier ». De fait,

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