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Rôles sociaux définis selon l’âge chronologique

1. À PROPOS DES RÔLES SOCIAUX

1.1 Rôles sociaux définis selon l’âge chronologique

Au cours de la présente section nous discutons de l’utilisation de l’âge chronologique pour définir des rôles et des attentes sociales86. Les représentations sociales font partie d’un système de valeurs, de normes et de pratiques qui sont

86 Lors de la première phase de la collecte des données de notre thèse, les participantes et participants

des focus groupes ont fait référence aux rôles sociaux définis selon l’âge chronologique en termes d’« attentes». Selon (Galland, 2011), l’action normative sociale, exercée à travers une structure de rôles, modèle les attentes sociales. Selon cet auteur, les attentes sociales représentent la façon par laquelle les rôles sociaux se manifestent (Ibid., 2011). Dans le cadre de notre thèse, lorsque nous nous référons aux « attentes sociales selon l’âge », nous sommes en train de faire référence à ce que les participantes et participants de la présente étude s’attendent des attitudes des individus, selon l’âge chronologique de ces derniers.

spécifiques à chaque société (Garnier, 1999). L’inscription des représentations sociales à l’intérieur de ce système les lie à la théorie Age stratification theory (Riley

et al., 1999). Nos données ont permis de confirmer que l’âge chronologique est utilisé

dans la définition des rôles sociaux. Cette constatation corrobore les résultats de l’étude de Kump et Krašovec (2014), pour qui l’âge chronologique est un aspect utilisé pour placer les individus dans la société. Nos données nous ont permis de dégager que la définition des rôles sociaux selon l’âge semble s’établir en accord avec des normes sociales et que ces rôles changent selon les périodes de la vie. Toujours selon ces données, les individus se rendent compte des rôles sociaux qui leur sont attribués de deux manières : 1) directement, à travers l’acte de se comparer à d’autres individus à l’intérieur du même groupe d’âge et 2) indirectement, à travers les attentes que les autres individus expriment envers eux. Selon Galland (2011), l’accès au savoir et aux positions sociales est ordonné sur l’échelle des âges, cela résultant d’une organisation sociale et d’un système de prescriptions normatives. Toute société est divisée par des frontières d’âge et organise des rôles sociaux en conséquence et cette réalité persiste à travers le passage du temps (Galland, 2011; Riley, 1978; Riley

et al., 1999; Ublenberg, 1988).

Malgré que l’acte de définir les rôles sociaux à travers l’âge chronologique persiste à travers le temps, Galland (2011), Riley et al. (1999) et Ublenberg (1988) défendent que la teneur de ces rôles est soumise aux effets de cohorte87. Étant donné

cette soumission, il est possible d’assumer que les rôles sociaux définis selon l’âge

87 Selon Galland (2011), l’étude des opinions des individus selon l’âge peut relever soit leur

avancement en âge, soit leur appartenance à une cohorte particulière, soit le contexte de la période dans laquelle le chercheur observe le phénomène cible des opinions du groupe. Selon Galland (2011), il n’est pas possible, dans le cadre des recherches qui ont un devis transversal, de séparer rigoureusement, sur le plan statistique, l’effet isolé de l’âge, de l’appartenance à une cohorte et de la période d’observation. Pour séparer ces effets, le devis longitudinal serait plus approprié. Les données de la présente recherche ne peuvent démontrer que l’âge chronologique se retrouve associé aux représentations sociales de l’apprentissage chez les aînés, sans toutefois pouvoir distinguer si les résultats obtenus sont dûs aux effets d’âge, de cohorte ou de période. Selon Schmidt-Hertha (2014), cette situation se démontre fréquemment dans des recherches qui traitent de l’intergénérationnel.

chronologique changent selon la substitution des cohortes à travers le temps88. Riley

(1978) décrit le processus de définition des rôles sociaux selon l’âge chronologique en trois étapes : 1) En réponse aux changements dans des structures sociales, plusieurs individus dans une cohorte d’âge commencent à changer leur façon de penser et leurs comportements en développant en conséquence de nouvelles façons de vivre, 2) Ensuite, tout en utilisant l’âge chronologique comme paramètre, la société définit des normes selon lesquelles les individus vont interagir avec les structures sociales. À chaque norme s’associent des rôles spécifiques, bien qu’il y ait des attentes sociales vis-à-vis ces rôles et 3) Les changements des normes, des rôles et des attentes sociales généreront des transformations dans les structures sociales recommençant le processus. Toutes les cohortes d’âge à travers les générations participent à ce processus (Ibid., 1978).

Au cours du chapitre qui expose la problématique de la présente thèse, nous avons relevé la comparaison intra-groupe et l’évaluation comme étant impliquées dans le processus de formation groupale. Nous avons fait mention de ces aspects à l’intérieur des descriptions des théories de l’identité sociale et de l’autocatégorisation (Tajfel et Turner, 1986; Turner, 1999). Ces théories mentionnent que la comparaison avec d’autres individus à l’intérieur du même groupe peut être utilisée pour que l’individu puisse trouver son appartenance au groupe. Les données de la présente thèse ont révélé que, en plus d’être un moyen à travers lequel l’individu perçoit son appartenance au groupe, la comparaison intra-groupe peut en effet être l’une des façons par lesquelles l’individu se rend compte des rôles qui lui sont attribués par la société. Les données que nous avons recueillies ont permis de soulever la possibilité que ces deux processus ne soient pas indépendants, mais que, en effet, la capacité de se rendre compte des rôles attribués par la société prennent place concomitamment

88 Malgré que le devis méthodologique de la présente thèse ne nous permette pas de discerner la

soumission des rôles sociaux aux effets de cohorte, il nous semble important d’exposer brièvement cet aspect, dans la mesure où il peut aider à la compréhension des raisons par lesquelles l’acte de définir les rôles sociaux à travers l’âge chronologique persiste, malgré le changement de la teneur de ces rôles.

avec le développement de l’appartenance au groupe. Il semble que la comparaison intra-groupe d’âge génère chez l’individu le sentiment d’appartenance au groupe, en même temps que ce sentiment engage l’individu à accomplir certains rôles sociaux définis pour son groupe d’âge. Conséquemment, l’accomplissement de ces rôles finit par confirmer l’appartenance de l’individu à son groupe d’âge. Dans le même sens, les actes de se percevoir et de se définir ne sont possibles qu’à travers l’auto- évaluation (Tajfel et Turner, 1986). Selon Taylor, Wayment et Carrillo (1996), la comparaison intra-groupe générerait chez l’individu la capacité de s’autoévaluer.