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3. PROCÉDURES MÉTHODOLOGIQUES DE LA RECHERCHE

3.1 Phase qualitative de la recherche

3.1.1 Méthode de collecte des données

La méthode du focus group a été utilisée pour collecter les données dans cette phase de la recherche. La collecte des données de la première phase de la recherche a été faite pendant la session d’automne 2014. Selon Abric (1994), dans le cas des représentations sociales, le choix de la méthode de collecte et d’analyse des données doit être déterminé par la nature même des représentations, lesquelles possèdent un caractère dynamique, réglé par des facteurs psychologiques, relationnels et sociaux. Ainsi, une recherche qui envisage d’étudier ces représentations doit nécessairement, selon ce qu’affirment Apostolidis (2003) et Moliner et al. (2002), être capable de faire état des opinions, croyances et informations que les membres du groupe social partagent à propos d’un objet quelconque. Ceci implique de considérer ce qu’a dit Moscovici (1961) : c’est premièrement à travers le langage que les opinions, croyances et informations relatives à l’objet ciblé par les représentations sociales

pourront être exprimées. Cette expression permettra au chercheur de repérer le contenu représentationnel dans le but d’en faire état. Selon Krueger et Casey (2000), le focus group constitue une méthode appropriée quand le chercheur envisage de faire état des informations générées par un groupe d’individus, et cela, tout en permettant que les individus soient observés dans leur contexte social d’origine. Cette méthode est particulièrement utile pour saisir la signification que les individus donnent à leurs expériences, tout en permettant au chercheur de mieux comprendre les attitudes, les perceptions et les opinions des participants du groupe, et cela, parce que, contrairement à la méthode de l’interview, le focus group permet que les participants du groupe interagissent entre eux, en rendant possible de surcroît que les interactions sociales de la vie réelle puissent être reproduites dans un contexte de recherche.

Jodelet (2003) admet que les représentations sociales traduisent la façon dont chaque groupe social élabore ses rapports avec les objets qui l’entourent et l’affectent. Les représentations sociales sont donc spécifiques à chaque groupe social et elles traduisent la façon par laquelle chaque groupe perçoit et comprend un objet quelconque. Les discours des individus par rapport à l’objet de ses représentations constituent l’un parmi d’autres moyens à travers lesquels il est possible que la subjectivité du groupe soit objectivée, tel que le défendent Berger et Luckmann (2006). Dans ce sens, selon Abric (2003), l’analyse de contenu du discours est l’une des méthodes qui doivent être privilégiées lors de l’analyse de la composition et de la structuration des représentations sociales. C’est pourquoi, dans la présente étude, les discours des participantes et participants des focus groupes ont été considérés comme étant un outil efficace pour dégager la constitution des représentations sociales de l’apprentissage chez les aînés.

Dans le cadre de notre recherche, nous avons réalisé trois focus groupes : deux groupes ont été réalisés au Cégep de Drummondville et un groupe à l’UTA. Malgré que l’âge des participants ne soit pas un critère d’inclusion pour notre étude, il est souhaitable de considérer la perspective intergénérationnelle de cette dernière. Ainsi,

dans le but de tenir compte de cette perspective, nous avons essayé de rejoindre, en réalisant des focus groupe au Cégep et à l’UTA, une plus grande variété d’âges des participants. Cela rejoint ce que disent Kitzinger, Markova et Kalampalikis (2004) pour qui le premier critère pour la formation des focus groupes doit être l’accord entre leur constitution et les objectifs de recherche fixés. De plus, nous avons choisi de former des groupes homogènes vis-à-vis l’âge des participants et cela en considérant ce qu’affirment Krueger et Casey (2000). Selon ces auteurs, il est souhaitable que le focus group permette le contraste d’opinons en même temps qu’il garde une certaine homogénéité58 par rapport aux caractéristiques des personnes qui

participent au groupe. Ces auteurs attirent l’attention sur le fait d’éviter une grande variété par rapport aux caractéristiques des participants du groupe, étant donné que ces différences peuvent constituer une barrière pour la fluidité de la dynamique de groupe. Dans ce sens, si le chercheur envisage de comparer différents points de vue, liés aux variations des caractéristiques des participants des groupes, l’idéal est de former plusieurs groupes (Ibid., 2000).

À l’égard de la taille des groupes, les chercheurs ne font pas consensus. De façon générale, les auteurs défendent la participation de 4 à 12 membres (Kitzinger et

al., 2004; Patton, 2002; Simard, 1989; Touré, 2010). Cependant, Krueger et Casey

(2000) soutiennent que la taille des groupes doit permettre la capacité argumentative des membres du groupe et l’interaction entre les participants. En même temps il doit exister des plages de divergence et la participation des individus à l’intérieur des échanges groupaux doit être la plus équitable possible (Costa, 2006; Harvey, 2003; Vieira et Resende, 2013). Dans la présente étude, huit personnes ont fait partie du premier focus groupe et sept personnes ont constitué le deuxième focus groupe réalisés au Cégep. Finalement, trois personnes ont participé au focus groupe réalisé à l’UTA. En ce qui concerne l’animation des groupes, une étudiante à la maîtrise en gérontologie, membre de l’équipe MADA-QC à l’époque de la collecte des données

58 Dans le cadre de la présente recherche, l’homogénéité des groupes a été assurée par la proximité des

qualitatives, a fait l’animation du premier focus groupe réalisé au Cégep et du focus groupe réalisé à l’UTA. Pour ce qui est du deuxième focus groupe réalisé au Cégep, l’animation a été faite par un étudiant à la maîtrise en service social de l’Université de Sherbrooke. Nous tenons à préciser que les personnes responsables pour animer les focus groupes de la présente étude possédaient de l’expérience dans ce domaine. Nous avons participé à tous les focus groupes en tant qu’observatrice, en prenant des notes et en assistant l’animatrice et l’animateur au besoin. Les focus groupes ont eu lieu dans des locaux du Cégep et de l’UTA.

L’animation des focus groupes a été faite à partir d’un guide d’entretien. La consigne suivante a orienté la construction de ce guide : « Que pensez-vous de l’apprentissage chez les aînés? ». Le guide d’entretien n’a pas été constitué de questions fermées, il était plutôt un aide-mémoire qui a servi à orienter les discussions des focus groupes. Selon Krueger et Casey (2000), au contraire des questions fermées, l’aide-mémoire donne la possibilité que des aspects générés spontanément par le groupe au moment de la discussion soient pris en compte. Pour Moliner et al. (2002), le guide qui oriente les interactions des groupes constitue un ensemble de consignes et de relances que le chercheur peut utiliser dans le but de dégager l’ensemble du contenu des représentations sociales. Par rapport à la formulation des questions qui composent l’aide-mémoire du guide d’entretien, selon Krueger et Casey (2000), il est souhaitable que les chercheurs considèrent l’existence de cinq catégories de questions : 1) celle qui ouvre la discussion du groupe; 2) la question qui introduit le sujet général de la recherche; 3) les questions spécifiques sur les nombreux aspects qui seront abordés dans l’étude; 4) celles qui se prêtent pour faire la transition entre les questions spécifiques et 5) les questions de clôture de la discussion. La question d’ouverture objective rend les participants du groupe à l’aise pour partager leurs opinions au sein du groupe. Cette question doit être simple à répondre et, en même temps, capable de générer des informations qui puissent être utiles pour la recherche. La question d’introduction du sujet de la recherche doit être formulée de façon large pour être approfondie par la suite à travers les questions

spécifiques. Les questions de transition servent à faire un bref aperçu de ce qui a été abordé dans la question précédente et, en même temps, à introduire la question suivante. Les questions de clôture sont introduites à la toute fin des interactions groupales et elles servent à deux objectifs principaux : obtenir des participants une conclusion générale à l’égard du sujet central de la recherche et assurer qu’ils n’aient rien de plus à ajouter à la discussion (Ibid.). Dans le cadre de notre recherche, le guide d’entretien a été organisé d’après les recommandations de Krueger et Casey (2000).

Par rapport au contenu, les questions qui ont composé le guide d’entretien de notre recherche ont été construites en prenant en considération : 1) le cadre d’analyse de notre recherche et 2) la litérature spécifique du domaine de l’éducation, laquelle fait référence aux nombreuses dimensions de l’apprentissage. Dans le but de réussir à dégager une variété plus grande de représentations de l’apprentissage chez les aînés, nous avons introduit des questions qui abordent les représentations de l’apprentissage pendant la jeunesse. En effet, nous avons pensé pouvoir obtenir un portrait plus large des représentations de l’apprentissage chez les aînés, à travers la comparaison des opinions des participantes et participants des focus groupes sur l’apprentissage chez les jeunes. Afin de stimuler les participantes et participants des focus groupes à exprimer d’avantage leurs opinions à l’égard de l’apprentissage chez les aînés, nous avons inclus dans le guide d’entretien une question qui demandait aux participantes et participants de donner leur avis à l’égard d’une photo d’un monsieur âgé, assis dans une salle de classe avec des étudiantes et étudiants plus jeunes. Sur la photo, le monsieur portait des lunettes et il avait devant lui un cahier où il prenait des notes. Nous avons ensuite annoncé aux participantes et participants que le monsieur en question étudiait au programme de baccalauréat en médecine au moment où la photo a été prise et que, au cours de l’année 2014, il avait conclu son programme, à l’âge de 75 ans. La photo a été montrée aux participantes et participants à la fin des interactions des groupes afin de leur permettre de s’exprimer librement sur les représentations de l’apprentissage chez les aînés, avant que ces représentations ne

fussent teintées par la visualisation de la photo. Le guide d’entretien qui a été utilisé dans la présente étude est présenté à l’Annexe B. Les interactions des participants dans les groupes de discussion ont été enregistrées et, ensuite, transcrites et analysées.

3.1.2 Population cible, critères d’inclusion des participantes et participants,