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3.4 Perspectives d’évolution : vers les 3Rs pour les animaux d’élevage ?

3.4.1 Rôles de différents acteurs

3.4.1.1 Les vétérinaires

Selon l’OIE, les vétérinaires devraient être les premiers à prôner le bien-être animal. Le rôle des vétérinaires dans l’amélioration de l’évaluation et la prise en charge de la douleur et de la souffrance chez les animaux d’élevage est majeur. En premier lieu, il semble judicieux de préciser que la qualité de leur formation dans ce domaine devrait être supérieure à ce qu’elle est actuellement. Un module concernant la douleur et à la souffrance animales

100 quelque soit l’espèce considérée devrait être renforcé dans le tronc commun dans les Ecoles Nationales Vétérinaires (13).

Les vétérinaires pourraient investir davantage leur rôle de conseiller envers les éleveurs, notamment en ce qui concerne l’aménagement de petits ajustements pratiques, pas forcément très onéreux, qui pourraient améliorer le bien-être des animaux lorsqu’il estime que celui-ci est insuffisant. Nous pouvons par exemple citer l’introduction de cordes dans les parcs des porcs pour diminuer les mutilations entres animaux.

Les vétérinaires étant considérés comme les garants du bien-être animal, ils devraient participer à la formation des éleveurs concernant ce sujet. La douleur étant un facteur limitant du bien-être animal, c’est le rôle des vétérinaires d’expliquer aux éleveurs l’intérêt de mettre en place une analgésie lorsque cela est nécessaire, et donc de ne pas essayer de faire des économies dans ce domaine. De plus, ils peuvent travailler conjointement avec les éleveurs dans la détection les signes de douleur et de souffrance chez les animaux d’élevage, le temps que passent les éleveurs auprès de leurs animaux n’ayant pas d’équivalent dans la formation des vétérinaires. Ainsi, en partageant leurs connaissances respectives, ils pourraient apprendre à être vigilants sur certaines manifestations de l’expérience de la douleur et de la souffrance chez les animaux auxquelles ils ne feraient pas forcément attention de leur propre chef.

Au niveau des actes médicaux réservés aux vétérinaires, ces derniers doivent s’interdire de pratiquer des actes douloureux sans analgésie. Chez les bovins, nous pouvons par exemple citer l’écornage ou la suture vaginale. Il est par ailleurs regrettable que les spécialités à usage vétérinaire autorisées pour les animaux de rente ne comprennent pas de molécules comme la buprénorphine, qui permet une analgésie de palier II sur huit heures et aurait un grand intérêt en médecine des animaux d’élevage. Cette molécule est utilisée chez les carnivores domestiques mais les spécialités qui la contiennent sont très onéreuses.

3.4.1.2 Les éleveurs

La formation des futurs éleveurs est une étape importante pour les sensibiliser à la douleur et à la souffrance chez les animaux de rente. La présence du bien-être animal dans les référentiels et des contenus de formation est donc indispensable. Dans le cadre du projet de loi EGA de 2017, le Sénat a retenu l’amendement stipulant l’intégration de la sensibilisation au bien-être animal dans les programmes de formation aux métiers de l’agriculture. Par ailleurs,

101 la sensibilisation au bien-être animal et aux droits des animaux devrait pouvoir être abordée dans l’enseignement primaire et secondaire où la sensibilisation à l’environnement et à l’écologie est déjà présente. La sensibilisation des éleveurs sur les droits des animaux et le bien-être animal pourrait également se poursuivre après leur formation par la mise en place d’échanges avec leurs vétérinaires.

Nous avons vu qu’en respectant le bien-être de leurs animaux, les éleveurs peuvent en tirer des bénéfices, comme par exemple avoir des animaux en meilleure santé. Cependant, la relation entre le bien-être animal et la santé des animaux n’est pas forcément facile à constater dans la pratique de tous les jours et dépend de nombreux critères. Les éleveurs devraient donc également pouvoir tirer concrètement un bénéfice du respect du bien-être animal avec par exemple l’obtention d’un label bien-être animal qui permettrait de valoriser leurs produits au regard des consommateurs.

Le développement de l’élevage de précision est l’une des solutions proposées pour améliorer à l’avenir le bien-être animal en élevage. Cet élevage est basé sur la mesure continue de paramètres en vue de permettre un suivi technique efficace et d’améliorer le bien- être des animaux en permettant une détection précoce des troubles de santé. Par exemple, l’utilisation de biocapteurs qui mesurent la prise de boisson, la prise alimentaire ou bien la locomotion des animaux permet de détecter plus précocement les pathologies, susceptibles d’entrainer une atteinte de l’état général des animaux. L’utilisation de bases de données permet également une traçabilité constante et ainsi une meilleure gestion des risques. Ainsi, les pratiques thérapeutiques, qui sont des sources de stress non négligeables pour les animaux, peuvent être réduites. Cependant, il s’agit de faire attention que ce type d’outils ne remplace la présence de l’éleveur et l’attention qu’il doit porter à l’observation quotidienne et attentive de ses animaux qui devrait à mon sens faire partie intégrante de son métier .

3.4.1.3 Les politiques

Le rôle des personnalités politiques est prédominant dans l’amélioration de la bientraitance des animaux d’élevage dans les politiques des domaines de la sécurité alimentaire, de la santé publique et de l’agriculture durable. Notamment parce que la mise en place de mesures visant à améliorer le bien-être animal a un coût économique. Nous pouvons par exemple citer l’évolution de l’élevage des veaux avec la mise en place de cages

102 collectives, le développement de cages aménagées pour l’élevage de poules pondeuses, l’interdiction des cages individuelles pour les truies en gestation (129, 158). La voie réglementaire a été choisie par l’Union Européenne pour lutter contre la douleur et la souffrance chez les animaux d’élevage. Elle implique que l’absence de douleur et de souffrance soit considérée comme un bien public et donc encadrée par les pouvoirs publics (167).

3.4.2 Vers les 3R en élevage, émergence de volontés réformatrices / évolutives : quelques