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CHAPITRE 2. APPORT DE LA THEORIE DE L'AUTODETERMINATION DANS LA

2. Théorie de l'autodétermination et activité physique

2.1 Rôle de la motivation extrinsèque dans l'adoption d'une activité physique

Bien qu'il soit postulé que la régulation intrinsèque soit la plus adéquate pour aider au bien-être psychologique, il est possible que dans un contexte lié à celui de la santé, d'autres régulations soient plus prégnantes dans l'initiation d'un comportement. Par exemple, dans le domaine de l'EP, Rodgers, Hall, Duncan, Pearson et Milne (2010) expliquent qu'il est des comportements qui ne sont pas nécessairement ressentis par tous comme plaisants ce qui en limite la seule régulation intrinsèque. La pratique d'une AP fait partie de ces comportements car, dans un domaine relatif à celui de la santé, il est peu probable que des individus entament une AP uniquement pour le plaisir qu'ils peuvent y trouver.

Rodgers et al. (2010) soulignent également que la meilleure régulation que l'on peut attendre dans le domaine de la santé est la motivation identifiée, qui est toutefois incluse dans la motivation autonome. Rodgers et Loitz (2009) rapportent que des régulations extrinsèques n'amoindrissent pas nécessairement la motivation intrinsèque si elles sont également accompagnées de motifs intrinsèques.

L'intérêt des différentes motivations extrinsèques est corroboré par l'étude de Verloigne et al. (2011) menée auprès d'adolescents en situation d'obésité. Ces derniers ont

réalisé un programme de prise en charge de 10 mois incluant une modification de l'alimentation, l'utilisation de techniques cognitivo-comportementales et de l'EP supervisé. Les adolescents ont rempli en pré et post-intervention, le BREQ-2 et un questionnaire de mesure de l'AP. En début de programme, l'indice relatif d'autonomie et les régulations introjectées, identifiées et intrinsèques étaient positivement corrélés à la pratique d'une AP. L'a-motivation et la régulation externe n'étaient pas corrélées à la mesure de l'AP. La dimension du questionnaire évaluant la pratique sportive était également positivement corrélée aux régulations introjectées, identifiées et intrinsèques. Cependant, contrairement à l'AP, la pratique sportive était négativement corrélée à l'a-motivation. A l'issue de l'intervention, des changements sur les différentes régulations motivationnelles ont été observés avec une augmentation de l'indice relatif d'autonomie et des régulations introjectées, identifiées et intrinsèques. Aucun changement significatif n'a été observé sur l'a-motivation et une tendance a été notée sur la régulation externe. Si l'augmentation de la régulation introjectée peut sembler étonnante car contre-intuitive, elle a toutefois déjà été montrée comme étant associée à l'adhésion à une pratique sportive au cours d'une saison de 10 mois chez des nageurs (Pelletier, Fortier, Vallerand & Brière, 2001).

Cette augmentation de la régulation introjectée a également été observée par Silva et al. (2011) dans le domaine de la surcharge pondérale avec 221 femmes en surpoids ou obèses qui ont reçu une intervention constituée de 30 sessions visant une modification du comportement. Ces sessions étaient décrites comme étant basées sur la TAD avec le développement des régulations autonomes, d'un climat support de la satisfaction des besoins d'autonomie, de compétence par l'utilisation de feedback positifs et non contrôlant (Silva et al., 2008). La durée de l'étude était de trois ans avec des temps de mesure au début de l'étude, à un an (fin de l'intervention), à deux ans (première année de suivi sans intervention) et à trois ans (deuxième année de suivi sans intervention). Les résultats concernant le suivi à deux ans ont montré que le groupe intervention avait des scores plus élevés que le groupe contrôle sur les régulations introjectées et externes. Silva et al. ont décrit ces modifications dans les formes les plus contrôlées de la motivation, comme étant des déclencheurs et des "catalyseurs" du comportement sur le court terme.

Dans une série de six études, Rodgers et al. (2010) ont observé une augmentation de la régulation introjectée au bout de huit semaines lors d'une intervention de 16 semaines chez des sujets débutant une AP. Dans cette même série d'études, Rodgers et al. ont aussi observé une augmentation des régulations identifiées et intrinsèques. Un des résultats notables de cette étude était que même à l'issue d'une intervention basée sur de l'AP, les participants débutant

une AP obtiennent des scores plus faibles que ceux déjà engagés dans de l'AP. Ce résultat peut donc signifier qu'il faille un certain temps avant de pouvoir intégrer un comportement de façon autonome.

En examinant les caractéristiques de sujets actifs (pratiquant environ quatre heures par semaine d'EP), Duncan, Hall, Wilson et Jenny (2010) ont montré que la fréquence de pratique, la durée de chaque session et l'intensité de pratique étaient positivement associés aux régulations intrinsèques, intégrées, identifiées et introjectées.

Les différentes études précédemment citées montrent bien que les régulations extrinsèques jouent un rôle important dans l'initiation d'une AP notamment en contexte clinique où la volonté de s'engager dans une AP se fait le plus souvent par rapport à des problématiques liées à la santé. Concernant la régulation introjectée, comme le précise Silva

et al. (2011), elle est utile quand il s'agit d'initier un comportement mais son aspect contrôlé en fait une régulation ne permettant pas l'adhésion sur le long terme. Concernant la régulation identifiée, bien qu'étant une internalisation extrinsèque du comportement, elle fait partie de la motivation autonome. Cette régulation est souvent associée à des conséquences semblables à la régulation intrinsèque sur l'AP (Rodgers et al., 2010), l'adhésion à un programme d'AP (Wilson, Rodgers, Fraser & Murray, 2004) et le bien-être psychologique (Deci & Ryan, 2008).

Ces évolutions constatées dans les régulations au travers des études présentées sont expliquées par ce que Vallerand et Fortier (1998) nomment la réciproque entre les motivations intrinsèque et extrinsèque. Ces auteurs postulent que l'interaction entre la régulation intrinsèque et certaines régulations extrinsèques aurait un effet additif sur la motivation avec pour conséquence son augmentation. Toutefois, cette réciproque semble principalement s'appliquer à propos des relations entre la régulation identifiée et la régulation intrinsèque. Ce principe de réciprocité a été confirmé par Vlachopoulos et Karageorghis (2005) qui ont montré que l'interaction entre la régulation identifiée et la régulation intrinsèque prédisait positivement le plaisir ressenti au cours d'une AP contrairement aux autres interactions (régulations externe × intrinsèque, régulations introjecté × intrinsèque). Malgré tout, il reste à confirmer ces résultats sur l'adhésion à une AP régulière et sur des populations cliniques.

2.2 Intérêt de l'évaluation de la motivation intrinsèque dans l'adoption et le maintien