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ETUDE 3 : FACTEURS D'ABANDON A UN PROGRAMME D'ACTIVITE PHYSIQUE

2.6. Paramètres physiologiques et anthropométriques

Concernant ces paramètres, les abandonnants et persistants n’étaient pas différents au regard de leur IMC (p > ,05), ou de leur point d’oxydation maximal des lipides (p > ,05). Toutefois, les abandonnants avaient une tendance à être plus gluco-dépendant à l’effort que

les persistants [F(1, 37) = 3, 68 ; p = ,06 ; η²p = 0,09] même si cette tendance n’atteignait pas la significativité.

L’intégralité des moyennes et écart-types de chaque variable est indiquée dans le tableau 8

Tableau 8: moyennes et écart-types de chaque variable en fonction du statut de persistant ou d’abandonnant.

Abandonnants (n = 18) Persistants (n= 25) variable Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type

Auto-efficacité Séance 3,83 1,54 3,00 1,32 REE 2,67 1,51 2,88 1,30 Barrières 45,12 23,10 41,59 20,60 Besoins psychologiques Compétence 5,53 0,67 5,54 0,94 Autonomie 5,48 1,20 5,85 1,25 Affiliation 4,77 0,80 4,83 1,05 Régulations motivationnelles A-motivation 3,74 1,54 2,76 1,25 Externe 3,82 1,54 2,94 1,69 Introjectée 4,53 1,75 3,49 1,81 Identifiée 6,44 0,77 6,41 0,58 Intrinsèque 6,16 0,79 5,79 0,92 Plaisir perçu 5,59 0,76 5,67 0,81 Restriction cognitive 3,35 1,09 3,07 0,64 IMC 34,36 5,77 36,24 6,13 LIPOXmax (watts) 29,93 10,94 36,21 15,68 Point de croisement (watts) 32,47 16,67 43,42 17,73

Note. REE = réentrainement ; Barrières = auto-efficacité au regard des barrières de la pratique d’AP.

3.DISCUSSION

Dans la présente étude, notre objectif était d'identifier les différents facteurs (motivationnels, comportementaux, anthropométriques et physiologiques) associés avec l'abandon en début de programme, suite à une prescription d'AP auprès de sujets en situation d'obésité.

Premièrement, il faut noter le fort taux d'abandon à la suite de la première ou de la seconde séance avec 18 sujets sur 43 ne franchissant pas le cap des deux premières séances ce qui représente environ 42% de la population. Ces résultats sont cohérents avec ceux de la majorité des études portant sur la gestion pondérale (Moroshko, Brennan & O'Brien, 2011 ; Teixeira et al., 2004).

Dans un second temps, il est intéressant de noter les résultats de la répartition entre les SOC des sujets ayant franchi le cap entre de la première séance. Dans notre étude, aucun sujet ne se trouvait dans le stade de précontemplation. Une majorité de l'échantillon était dans les stades de post-action. Cette répartition est cohérente avec la description faite du stade de précontemplation qui correspond à une absence d’intention de modifier son comportement. Il est donc envisageable que ces derniers n'aient pas réussi à percevoir l'intérêt qu'ils pourraient tirer du réentraînement. Puis, aucune différence dans la répartition des SOC n'a pu être trouvée entre les sujets ayant continué le réentraînement et ceux ayant arrêté ce qui signifie que dans notre étude, ce paramètre ne rentre pas en compte dans l'abandon d'un programme.

Concernant la satisfaction des besoins psychologiques, aucune différence n'a pu être trouvée entre les groupes ce qui signifie que ce facteur ne semble pas être pris en compte par les sujets. Toutefois, dans l'analyse des régulations motivationnelles, conformément à notre hypothèse et à Huisman et al. (2010), les sujets ayant abandonné étaient ceux qui avaient des moyennes plus élevées sur l'amotivation. Concernant la régulation introjectée, les abandonnants avaient des niveaux plus élevés même si ce résultat était seulement proche de la significativité. Ces différences se rapprochent de celle de Huisman et al. (2010) qui ont montré que les motivations contrôlées étaient associées à l'abandon en cours de programme.

Concernant l'analyse des attentes d'auto-efficacité, en accord avec notre hypothèse, les sujets ayant abandonné étaient ceux qui avaient de plus faibles attentes d'efficacité personnelle concernant la séance de réentraînement qu'ils allaient effectuer. Concernant les attentes d'auto-efficacité par rapport à leur capacité à effectuer le test d'effort plus aisément qui, rappelons-le, est un test sous-maximal, une forte tendance à été observée avec les abandonnants ayant une plus faible attente d’auto-efficacité par rapport aux persistants. Ces résultats sont conformes à nos hypothèses et à ceux retrouvés par Jerome et McAuley (2013).

L'analyse des attentes d'auto-efficacité au regard des barrières de l'AP n'a montré aucune différence significative. Cette mesure porte sur la capacité à faire de l'AP en présence de certains obstacles, tels que le manque de temps, les conditions météorologiques ou des engagements dans d’autres activités, et se rapproche donc du principe de généralisation (à d'autres situations) décrit par Bandura (1977). En effet, un individu peut avoir des attentes d’auto-efficacité relativement haute concernant la pratique d’AP trois fois par semaine mais avoir des attentes d’auto-efficacité concernant la pratique d’AP trois fois par semaine beaucoup plus basses en hiver, ou face à d’autres facteurs. Par conséquent, il est possible, que les individus n'aient pas pu projeter les effets qu'auraient pu avoir le réentrainement sur leur capacité à faire de l'AP face à des situations de la vie quotidienne.

Concernant le plaisir perçu dans la pratique d'une AP, nous n’avons pas pu confirmer notre hypothèse. En effet, aucune différence significative n’a été trouvée entre ceux qui ont persisté et ceux ayant abandonné en début de programme. Cette hypothèse était posée en rapport avec les observations de Dishman (1981, 1982) qui parlait plus précisément des affects en lien avec l'AP. Il est possible que le manque de significativité soit dû au fait que l'outil de plaisir perçu utilisé dans la présente étude n’était pas adapté à la mesure des affects d'autant qu'il n'a pas été développé à cet effet. Si le plaisir perçu est un affect positif, il est possible que des affects d’autres types (négatifs, aversifs) aient pu être activés par le réentraînement mais le présent outil ne permettait pas de les évaluer. Un outil plus spécifique tel que celui utilisé par Lox, Jackson, Tuholski, Wasley et Treasure (2000) aurait été plus approprié. En effet, cet outil mesure des affects tels que la fatigue, la tranquillité, les sensations positives ainsi que les sensations négatives. Puis, dans une autre mesure, le réentrainement au LIPOXmax étant une intensité relativement basse, il est possible que les sujets n'aient pas ressenti d'affects négatifs au cours de la séance ayant pour conséquence une diminution du plaisir perçu.

Concernant la restriction cognitive, contrairement à notre hypothèse, aucune différence n'a été trouvée entre les groupes. La restriction cognitive avait été incluse car associée à des motifs de pratique extrinsèques (Vartanian et al., 2012) donc associée à une plus grande probabilité d’abandon en cours de programme. Toutefois, l'étude de Vartanian et al. (2012) portait sur des étudiantes de poids normal ce qui peut en limiter l'application dans notre population.

Puis, conformément à notre hypothèse et au résultat de Messier et al. (2010), nous avons également trouvé que les abandonnants étaient ceux qui semblaient les plus gluco-dépendants à l'effort. Il est possible que cette glucodépendance ait pu avoir des effets sur les

expériences antérieures des sujets concernant la pratique d'AP. En effet, ces participants ont probablement connu de plus grandes difficultés à la perte de poids ce qui a pu jouer sur leur attente de résultats concernant la pratique d'AP.

Néanmoins, il faut noter certaines limites à notre étude. Premièrement, le peu de sujets inclus a diminué la puissance statistique ce qui a probablement limité certains de nos résultats. Répliquer cette étude avec un échantillon plus important permettrait de confirmer certaines des tendances retrouvées. Une seconde limite est celle des sujets inclus dans l'étude. En effet, il n'y avait pas de critères de sélection basés sur le niveau d'AP toutefois l’analyse des stades de changement à montré que le statut de pratiquant ou d’inactif n’était pas associé au fait de persistance ou d’abandon en cours de programme.

Pour finir, dans une autre mesure, le recrutement des sujets en milieu hospitalier a pu jouer sur les caractéristiques de notre population. En effet, Ogden et al. (2012) a montré que les sujets en situation d'obésité faisant le plus appel aux aides extérieures étaient ceux qui avaient déjà fait le plus de tentatives antérieures de perte de poids qui ont été associées à des reprises pondérales.

La présente étude a donc montré que des variables motivationelles et des physiologiques étaient associées à l'arrêt d'un programme d'AP.

ETUDE 4 : DYNAMIQUE DES VARIABLES