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Le rôle des attentes d'auto-efficacité et de résultats dans les différentes phases de la

CHAPITRE 2. APPORT DE LA THEORIE DE L'AUTODETERMINATION DANS LA

2. L'auto-efficacité dans la pratique de l'activite physique

2.1 Le rôle des attentes d'auto-efficacité et de résultats dans les différentes phases de la

Pour analyser dans quelle mesure les attentes d'efficacité étaient liées à l'adoption d'une AP, Jerome et McAuley (2013) ont invité 336 sujets, âgés en moyenne de 60 ans, à

participer à un programme de marche de huit semaines. En amont de l'invitation, les sujets ont rempli un questionnaire d'auto-efficacité vis-à-vis des barrières de la pratique d'AP trois fois par semaine (en cas de mauvais temps, de fatigue, d'autres engagements…) et effectué un relevé auto-rapporté de leur pratique d'AP. En fonction de leurs scores d'auto-efficacité, les sujets ont été classés en quintiles. Ces auteurs ont comparé les sujets invités au programme de marche et qui y sont venus (n = 115) à ceux qui n'y sont pas venus (n = 221). Les analyses de régression logistique, avec le groupe ayant les plus faibles attentes d'auto-efficacité en référence, ont montré que les sujets qui ont débuté le programme de marche sont ceux qui étaient dans les trois quintiles supérieurs, donc ceux ayant déjà de plus grandes attentes d'efficacité concernant la pratique d'une AP.

Jerome et McAuley (2013) ont également analysé le rôle de l'auto-efficacité dans le maintien de la participation à un programme. Parmi les 115 sujets venus au programme de marche, ils ont comparé les attentes d'auto-efficacité en début d'étude de ceux ayant effectué l'intégralité du programme (n = 66) avec ceux ayant été invités mais qui ne sont pas venus. Les résultats ont alors montré que les sujets ayant participé à l'intégralité du programme étaient également ceux qui en début d'étude étaient situés dans les trois quintiles supérieurs d'attentes d'auto-efficacité avec des odds-ratio (le groupe de référence étant celui avec les plus faibles attentes d'auto-efficacité) situés entre 4,31, IC95% [1,41-13,21] et 4,43, IC95% [1,40-13,95]. Cette étude a donc contribué à montrer que les attentes d'auto-efficacité vis-à-vis des barrières de l'AP sont déterminantes dans l'adoption d'un programme. En effet, plus les sujets ont des attentes de départ élevées, plus ils ont de chances de s'engager et de persister dans un programme. Ces résultats sont similaires à ceux de l'étude menée par Mitchell et Stuart (1984), dans le cadre de la prise en charge de la surcharge pondérale par l'alimentation, qui ont montré que les sujets ayant abandonné en cours de programme sont ceux ayant un faible niveau initial d'attentes envers leurs capacités à perdre du poids.

Marquez et McAuley (2006) ont analysé dans quelle mesure des facteurs issus de la théorie socio-cognitive de Bandura (1977) pouvaient être associés à la pratique d'EP auprès de 153 sujets issus de communautés espagnoles. Au cours d'un entretien téléphonique d'inclusion, il a été demandé aux participants de l'étude s'ils faisaient de l'AP, de la danse ou du sport au moins quatre fois par semaine avec une durée minimale de 30 minutes par session. Les participants qui répondaient par l'affirmative à cette question étaient classés dans la catégorie des sujets ayant de hauts niveaux de pratique d'AP de loisir. Ceux qui avaient répondu par la négative étaient classés comme ayant de faibles de niveaux de pratique d'AP de loisir. Cette classification effectuée téléphoniquement a par la suite été vérifiée par le biais

d'un accéléromètre ainsi que par un questionnaire d'AP et était concordante avec l'évaluation initiale du niveau d'AP. Logiquement, les sujets situés dans le groupe de haut niveau de pratique d'AP de loisir avaient des valeurs plus élevées sur l'accéléromètre et le questionnaire. Les sujets ont par la suite répondu à des questionnaires évaluant l'auto-efficacité générale par rapport à l'AP (30 minutes ou plus par session, quatre fois par semaine) et vis-à-vis des barrières liées à l'AP. Ils ont également rempli un questionnaire d'évaluation du support social ainsi que sur l'importance perçue de la pratique d'AP (pour la condition physique, la force…). Les résultats ont montré que les sujets du groupe ayant une plus grande pratique d'AP de loisir avaient des attentes d'auto-efficacité générale ainsi que des attentes d'auto-efficacité vis-à-vis des barrières plus élevées que ceux ayant une pratique plus faible. Ces résultats étaient également confirmés en ce qui concerne le support social et l'importance perçue.

Les résultats de Marquez et McAuley (2006) ont été confirmés par Hall et McAuley (2010) auprès de femmes âgées, qui ont montré que celles qui faisaient plus de 10 000 pas par jour avaient des niveaux plus élevés d'attentes à surmonter les barrières de pratique à l'AP. Les autres paramètres qui les différenciaient étaient ceux liés à l'environnement bâti et une présence moindre de limitations fonctionnelles.

Toutefois, dans les études de Marquez et McAuley (2006) et Hall et McAuley (2010), il est difficile de savoir dans quelle mesure ces variables s'influencent car la durée selon laquelle les sujets sont investis dans le comportement n'est pas précisée. De plus, il s'agissait d'études transversales. Nous pouvons néanmoins déduire qu'une plus grande pratique d'AP est associée avec de plus grandes attentes vis-à-vis de l'AP ce qui est cohérant avec la théorie de Bandura (1977) qui postule que plus les attentes seront élevées, plus les individus persisteront dans le comportement.

Dans le cadre de la pratique d'AP, Dutton et al. (2009) ont effectué une étude auprès de 85 sujets ayant un DT2. Les sujets ont rempli un questionnaire d'évaluation de l'AP et un questionnaire d'évaluation des mesures de l'auto-efficacité relative aux barrières de la pratique d'AP et un questionnaire des SOC. Les sujets ont bénéficié de neuf heures d'éducation thérapeutique sur la gestion du diabète, l'alimentation et l'activité physique. Ensuite, les participants ont été séparés en deux groupes. Dans le groupe intervention, les sujets ont reçu des brochures individualisées en fonction de leur SOC respectif. Les sujets du groupe contrôle ont également reçu des brochures d'informations générales mais qui n'étaient pas individualisées en fonction de leur stade. La durée totale de l'intervention était de l'ordre d'un mois. A l'issue de l'intervention, une augmentation de l'AP autodéclarée a été observée avec une augmentation d'environ 130 minutes par semaine du groupe intervention par rapport au

groupe contrôle. Les analyses de médiation ont montré que les attentes d’auto-efficacité étaient médiatrices de la relation entre l'intervention et l'AP à un mois. Cependant, une des limites de l'étude, qui est également soulignée par les auteurs, est de ne pas avoir inclus des sujets inactifs ou sédentaires. En effet, au début de l'étude, l'échantillon total avait une AP de 242 minutes par semaines et quand les sujets étaient répartis en fonction de leur appartenance au groupe intervention ou contrôle, aucune différence initiale concernant le niveau d'AP n'a été trouvée entre les deux groupes. Cette limite est d'importance dans l'interprétation des résultats car il faut rappeler que les recommandations d'AP se situent à 150 minutes d'AP par semaine pour les sujets ayant un DT2 (Colberg et al., 2010) comme pour la population générale (Vuillemin, 2011), ce qui signifie que les sujets inclus dans cette étude avaient déjà de hauts niveaux de pratique d'AP. Ces résultats confirment l'intérêt d'une intervention dans l'augmentation du niveau d'AP mais il demeure difficile de savoir dans quelle mesure ces résultats se répliqueraient chez des sujets inactifs ou sédentaires.

Van Dyck et al. (2011) ont également analysé les médiateurs de l'AP à l'issue d'un programme de modification de comportement auprès de 92 sujets ayant un DT2. L'intervention avait une durée de six mois et un suivi post-intervention à un an était réalisé. Les mesures ont été effectuées au début de l'étude, à la fin du programme (six mois) et un an après. Les sujets ont rempli un questionnaire d'évaluation des différentes régulations motivationnelles (amotivation, externe, introjectée, identifiée et intrinsèque) dans la pratique d'une AP (le Behavioral Régulation Exercise Questionnaire – BREQ-2 ; Markland et Tobin, 2004), des questionnaires évaluant différents aspects de la théorie socio-cognitive de Bandura (1977) que sont la vicariance (famille, amis, médecin généraliste), les normes sociales (famille, amis et médecin généraliste), le support social (famille, amis, partenaire), les attentes d'auto-efficacité générale concernant la pratique d'AP, les attentes d'auto-efficacité vis-à-vis des barrières de l'AP et les attentes de résultats. Les sujets ont également rempli des questionnaires évaluant la balance décisionnelle et les stratégies permettant la prévention de la rechute. L'AP était mesurée par accéléromètre, podomètre et par questionnaire (International Physical activity Questionnaire ; Craig et al., 2003). Les effets de l'intervention sur le nombre de pas par jour se sont avérés être médiés par les normes sociales issues de la famille et par la prévention de la rechute. L'AP totale autodéclarée était uniquement médiée par la prévention de la rechute. L'AP de loisir était médié par la prévention de la rechute et par la vicariance issue de la famille. Les attentes d'auto-efficacité n'étaient pas médiatrices de l'AP à six mois. Après un an, aucune des variables évaluées n'était médiatrice du nombre de pas par jour.

Toutefois, les effets de l'intervention sur l'AP totale autodéclarée étaient médiées par l'auto-efficacité vis-à-vis des barrières de l'AP et par le support social issu de la famille.

Les résultats de Van Dyck et al. (2011) étaient similaires à ceux de l'étude de Luszczynska et Tryburcy (2008) effectuée auprès de 187 sujets. Luszczynska et Tryburcy ont montré que les attentes d'auto-efficacité étaient médiatrices de la relation entre une intervention consistant à augmenter leur sentiment d'efficacité personnelle concernant la pratique d'AP et la pratique effective d'AP à six mois. Ces auteurs ont par la suite examiné dans quelle mesure cet effet de médiation était valable chez des individus ayant un DT2 et/ou ayant d'autres pathologies cardiovasculaires par rapport à ceux qui en étaient exempts. Les résultats ont confirmé l'effet de médiation chez les individus ayant une pathologie chronique mais pas chez les autres, ce qui suggère un effet modérateur de la pathologie.

Les résultats de Van Dyck et al. (2011) montrent que l'expectation d'auto-efficacité n'est pas médiatrice de toutes les natures d'AP. L'expectation d'auto-efficacité n'a pas été médiatrice de la relation entre l'intervention et le nombre de pas par jour à six mois alors qu'elle l'a été pour l'AP autodéclarée à un an. McAuley et Blissmer (2000) expliquent que l'auto-efficacité serait plutôt prédictrice ou médiatrice d'une AP demandant une forme de challenge. Il est donc possible que le maintien de l'AP à un an ait été ressenti comme étant un plus grand challenge et ait demandé plus de ressources pour les sujets ayant un DT2 ce qui peut expliquer que l'auto-efficacité soit médiatrice de l'AP totale à un an.

Une étude de McAuley, Jerome, Marquez, Elavsky et Blissmer (2003) permet de nuancer des observations précédentes en montrant que les fortes attentes d'auto-efficacité ne sont pas toujours associées avec toutes les natures d'AP. McAuley et al. ont réalisé un essai randomisé-contrôlé auprès de 174 participants âgés de 65 ans en moyenne. Les sujets ont été répartis en deux groupes suivant des interventions différentes d'une durée de six mois. La première intervention était basée sur un programme de marche à difficulté croissante. Les individus commençaient le programme à des intensités situées aux alentours de 50 à 55% de leur VO2 pic pour finir à des intensités de marche aux alentours de 65% de leur de VO2 pic. Le second groupe bénéficiait d'une intervention de type renforcements musculaires incluant des étirements ainsi que assouplissements. Les sujets ont rempli deux questionnaires d'évaluation des attentes d'auto-efficacité : relatives aux barrières de la pratique d'AP et relatives concernant une augmentation de la pratique d'AP. Cette seconde mesure des attentes d'auto-efficacité va de "je suis capable de continuer à faire de l'AP à une intensité modérée trois fois par semaine, pendant 40 minutes ou plus, sans abandonner au cours de la semaine prochaine" à "je suis capable de continuer à faire de l'AP à une intensité modérée trois fois par

semaine, pendant 40 minutes ou plus, sans abandonner au cours des huit prochaines semaines". Ils ont également rempli des questionnaires d'évaluation du support social et des affects ressentis au cours de l'AP. Les données étaient recueillies deux semaines après le début de l'étude, puis à deux, quatre et six mois. Concernant les attentes d'auto-efficacité vis-à-vis des barrières, les analyses de courbes de croissance latentes ont montré une augmentation des valeurs entre le premier temps de mesure et deux mois suivie d'une chute jusqu'à l'arrêt du programme à six mois avec des valeurs inférieures à celles de départ. Toutefois, l'analyse de courbe de croissance à latente n'était pas significative. Concernant l'autre mesure d'auto-efficacité, les analyses ont montré une diminution continue jusqu'à la fin de l'étude. Les auteurs justifient ces diminutions par deux arguments. Le premier est celui de la supervision. En effet, les activités effectuées dans le programme ont été supervisées et il est possible que la diminution des niveaux d'auto-efficacité soit le reflet de l'arrêt du programme, les sujets devant ensuite pérenniser la pratique d'une AP par leurs propres moyens. Il est donc envisageable que les sujets aient besoin de "rééquilibrer" leurs attentes concernant ce nouveau défi. Le second argument proposé par les auteurs est celui des niveaux initiaux d'auto-efficacité. Bien que McAuley et al. pensaient avoir contrôlé cet effet en évaluant l'auto-efficacité deux semaines après le début de l'intervention, ils soulignent qu'il demeure possible que les valeurs issues de la mesure à deux semaines soient le reflet d'une surestimation des attentes d'auto-efficacité en début de programme.