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Nous avons montré que les tumeurs ovariennes co-injectées avec des Hospicells dans les souris immunodéprimées présentent un recrutement de macrophages significativement plus important que les tumeurs issues d’une injection de cellules tumorales seules (241). Les Hospicells sont donc capables d’entraîner la migration des macrophages vers le site tumoral et ainsi de réguler la composition en cellules immunitaires du microenvironnement.

Nous avons également mis en évidence la capacité des Hospicells à induire la polarisation de monocytes/macrophages humains primaires en un phénotype hétérogène partageant des

caractéristiques M1 (IL-1α, IL-1β, IL-6, IL-8, IL-12 p40, IL-12 p70, TNF-α, IFN-α2, IFN-γ, MCP-1, IP-10 et RANTES) et M2 (IL-1RA, IL-4, IL-6, IL-8, IL-10, VEGF, PDGF-AB et BB, TNF-α, TGF-β, MDC, MCP-1, MCP-3, eoxtaxin et Gro) que nous avons caractérisé de « TAM-like » (Figure 22). En effet, si la littérature réalise régulièrement la dichotomie entre les macrophages de type M1, anti- tumoraux, et les macrophages de type M2, pro-tumoraux, une quantité croissante de données montre que les TAMs partageraient en réalité des propriétés de ces deux sous-types cellulaires (234, 262). Les monocytes/macrophages activés par les Hospicells présentent également de nombreuses similitudes avec les macrophages M2d isolés par Duluc et al. à partir d’ascites tumorales ovariennes ou différenciés au contact de milieu conditionné par des cellules tumorales ovariennes (216). Ces cellules sont en effet caractérisées par l’expression d’IL-6, d’IL-10, TGF-β, mais également pas l’expression de la molécule immunosuppressive B7-H4 (223, 224). Il sera nécessaire de déterminer l’éventuelle expression de cette molécule par les monocytes/macrophages activés par les Hospicells afin de comparer leur phénotype à celui des macrophages M2d.

Nous avons montré que les monocytes/macrophages activés par les Hospicells libèrent des cytokines/chimiokines impliquées dans le recrutement de macrophages : MIP-1α, MIP-1β, MCP-1, MCP-3, RANTES, IP-10, IL-10, VEGF et PDGF AB/BB (232, 235-240). De même, les Hospicells sont capables d’activer la synthèse de chimiokines (MCP-1, MCP-2, MCP-3 et RANTES) dans des monocytes leucémiques U937 et d’entraîner leur recrutement in vitro. Devant l’incapacité à montrer la synthèse de chimiokines par les Hospicells, nous émettons l’hypothèse que ces cellules sont capables d’activer la synthèse de telles molécules par les macrophages résidents au niveau du site tumoral, permettant, par effet rebond, le recrutement de nouveaux monocytes/macrophages au sein des tumeurs. De plus, nous avons mis en évidence la sécrétion par les monocytes/macrophages activés par les Hospicells de cytokines (IL-6, IL-8, VEGF, TNF-α et TGF-β) précédemment décrites comme impliquées dans la progression tumorale ovarienne (introduction bibliographique, partie 2.2.2). Des chimiokines telles que MCP-1 sont également impliquées dans la régulation de la progression tumorale. En effet, cette protéine est capable d’entraîner le recrutement de monocytes inflammatoires permettant d’activer les métastases dans le cancer du sein (263).

Cependant, les monocytes/macrophages cultivés en présence de milieu conditionné par les Hospicells sécrètent également les deux isoformes de l’IL-12 : p70 (hétérodimère de sous-unités p40 et p35) et p40 (homodimère de sous-unités p40). L’expression de l’IL-12 p70 est associée aux macrophages de type M1 et à des effets anti-tumoraux, notamment par l’induction de la sécrétion d’IFN-γ par les lymphocytes T cytotoxiques et les cellules NK (213, 264). Cette cytokine présente des activités tumoricides et peut entraîner une inhibition de l’angiogenèse (264, 265). En revanche, l’isoforme IL-12 p40 est un inhibiteur spécifique de l’IL-12 p70 et permet ainsi d’empêcher ses fonctions anti-tumorales (266). Les monocytes/macrophages activés par les Hospicells sécrètent ainsi

de l’IL-12 p70 correspondant aux macrophages anti-tumoraux de type M1 et dont les fonctions, bien qu’anti-tumorales, pourraient être inhibées par la sécrétion d’IL-12 p40.

Afin d’en savoir plus sur le phénotype des monocytes/macrophages activés par les Hospicells, il sera nécessaire de déterminer leur profil d’antigènes de surface. En effet, les macrophages de type M1 sont régulièrement associés à l’expression de CD80 alors que les macrophages de type M2 expriment CD163 et CD206 (récepteur au mannose). Pour ce faire, nous avons initié depuis peu à l’Institut Claudius Regaud une étude visant à déterminer le phénotype des macrophages infiltrants les tumeurs dans 30 prélèvements différents de patientes ayant été traitées pour un adénocarcinome ovarien pendant les dix dernières années. Nous espérons corréler un phénotype de macrophages au grade des tumeurs et à leur pronostic en termes d’évolution ou de chimiorésistance.

Nous nous intéresserons aux effets des interactions entre les Hospicells et les monocytes/macrophages sur la progression tumorale ovarienne. En effet, si les Hospicells activent l’angiogenèse in vitro de façon limitée, il est possible que leur capacité de recrutement et d’activation des macrophages soit à l’origine de l’augmentation de la vascularisation des tumeurs. Les TAMs ont été largement décrits comme impliqués dans l’activation de l’angiogenèse tumorale, notamment par la production de VEGF-A (4, 217, 218, 267). Dans le cancer ovarien, la présence de ces cellules est corrélée avec la densité vasculaire des tumeurs et la production de liquide d’ascite. Nous étudierons donc la capacité de l’association entre les Hospicells et les monocytes/macrophages à activer l’angiogenèse in vitro.

De même, nous pourrons nous intéresser aux effets de ces macrophages ainsi activés et recrutés par les Hospicells sur la chimiorésistance des tumeurs ovariennes. Il a été montré que l’inhibition du recrutement des macrophages à l’aide d’un anticorps bloquant le CSF-1 entraîne une augmentation de la sensibilité des tumeurs mammaires au paclitaxel, corrélée à une augmentation de la survie des lymphocytes T CD8+ (268). De plus, les macrophages exprimant la cathepsine sont capables de protéger les cellules tumorales mammaires de la mort cellulaire induite par le taxol, l’étoposide et la doxorubicine (269). La cathepsine est une protéase surexprimée dans de nombreux cancers, impliquée dans la progression tumorale et dont l’inhibition pourrait constituer une nouvelle perspective thérapeutique (270, 271). Les macrophages recrutés et activés par les Hospicells pourraient ainsi induire des effets pro-tumoraux, notamment une induction de la chimiorésistance, par l’expression de ces protéines. Cependant, aucun travail n’a actuellement étudié le rôle des TAMs dans la chimiorésistance des cellules tumorales ovariennes. Nous étudierons ainsi la capacité des monocytes/macrophages activés par les Hospicells à protéger les cellules tumorales ovariennes de l’apoptose induite par le carboplatine et le taxol, représentant les traitements conventionnels dans le cancer ovarien.

Nous avons donc montré que les Hospicells sont capables d’entraîner le recrutement de monocytes/macrophages et d’activer leur polarisation en un phénotype TAM-like. Bien que le rôle de ces cellules dans la progression tumorale ovarienne ne soit pas encore déterminé, ces macrophages ainsi activés sécrètent de nombreuses cytokines qui pourraient être à l’origine des effets pro-tumoraux des Hospicells observés in vivo.