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Chapitre 3 Deuxième article

4.4 Le rôle des cellules NK dans la prévention de la GvHD

On a démontré dans notre modèle que les cellules NK induites par les IVIG sont de phénotype activé, fonctionnelles (Figure 3.9.2, p.103) et essentielles à l’effet bénéfique des IVIG pour la prévention de la GvHD (Figure 3.9.4, p.105 et Figure 3.9.5, p.106). Celle-ci ne dure que durant les trois premières semaines post-injection, soit la période de survie des cellules NK du greffon (45-47), ce qui renforce définitivement l’hypothèse selon laquelle les cellules NK sont indispensables à la protection contre la GvHD. De plus, on se rappellera qu’une forte proportion de cellules NK au sein du greffon est corrélée à une moindre incidence de GvHD (88), ce que corroborent également les résultats obtenus dans notre modèle (Chapitre 3, p.79). Afin de confirmer que ces cellules NK sont bel et bien les cellules effectrices de la prévention de la GvHD, on a fait un essai de transfert adoptif de 4x106 cellules NK

humaines autologues activées ex vivo (278) chez des souris du modèle de GvHD, à partir de jour 0 et ensuite à intervalle de trois jours. Si les cellules NK activées sont seules responsables de l’effet protecteur contre le développement de la GvHD, on aurait dû observer une réduction de la mortalité chez ces souris. Malheureusement, cet essai s’est avéré non-concluant, les souris recevant les cellules NK activées décédant de GvHD au même rythme que les souris du groupe contrôle. Ainsi, on peut émettre deux hypothèses : soit les conditions expérimentales du transfert adoptif des cellules NK activées n’étaient pas optimales pour la prévention de la GvHD dans le modèle utilisé, ou encore les

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IVIG ont un réel rôle dans la prévention de la GvHD et doivent absolument être présentes de pair avec les cellules NK afin de transmettre leur effet protecteur.

Afin de mieux discerner l’implication des cellules NK induites par les IVIG dans la prévention de la GvHD, on s’est inspiré d’une étude par Olson et al, qui ont décrit un effet régulateur des cellules NK, permettant l’inhibition de la prolifération et de l’activation des lymphocytes T (89). Cependant, les résultats obtenus de l’analyse hebdomadaire des populations lymphocytaires du sang périphérique (Figure 2.9.4, p.73), ainsi que les résultats d’incorporation du BrdU et de l’expression de l’Annexin V (Figure 3.9.7, p.108) ne démontrent pas d’effet régulateur des cellules NK sur le contrôle de la prolifération des lymphocytes T dans notre modèle murin xénogénique de GvHD. On a donc éliminé la possibilité que les IVIG puissent induire l’expansion et l’activation d’une population NK régulatrice. On s’est alors rabattu sur l’hypothèse selon laquelle les cellules NK activées peuvent lyser les DC couvertes d’IVIG, et ainsi réduire la présentation aux lymphocytes T (113, 273-275), tel qu’expliqué à la section précédente. Étant donné le très faible nombre d’APC dans notre modèle, on a opté pour le dénombrement des APC murines et humaines, plutôt que de procéder par des tests de dégranulation, de cytotoxicité ou d’apoptose. La comparaison du nombre d‘APC murines et humaines entre les souris du groupe contrôle et celles recevant les IVIG hebdomadairement n’a relevé aucune différence. De plus, la comparaison de ces populations cellulaires entre des souris injectées avec des huPBMCs totaux et des huPBMCs déplétées de cellules NK, toutes traitées avec les IVIG, a donné des résultats similaires (Chapitre 3, p.79). Ainsi, à la lumière de ces résultats, on a déterminé que les cellules NK induites par les IVIG ne semblaient pas lyser les APC murines ou humaines, ce qui aurait pu, incidemment, réduire la GvHD. Bien que les APC ne semblent pas être lysées par les cellules NK induites par les IVIG, il mérite toutefois de souligner la nature ponctuelle de ces résultats. En effet, les souris du groupe contrôle sont à l’article de la mort au jour +14 post-injection. Il n’est donc pas farfelu de penser que la comparaison de populations cellulaires entre les souris traitées aux IVIG et les souris du groupe contrôle dont la mort est imminente pourrait camoufler un effet réel des cellules NK sur l’apoptose des APC chez les souris traitées aux IVIG. Toutefois, la récolte des organes à un moment plus précoce (jour +7 post-injection) n’a pas permis d’obtenir de meilleurs résultats, les APC et les cellules NK étant trop peu nombreuses pour effectuer les expériences (Figure 3.9.1, p.102 et résultats non publiés). De plus, puisqu’on dénombre les APC humaines en tant qu’une seule population HLA-DR+, sans faire de

distinction entre les DC, les macrophages et les lymphocytes B, il est possible qu’un effet sur une sous- population particulière soit camouflé par l’augmentation de l’expression de HLA-DR suite à l’activation des APC (279). Les APC murines se résument aux DC et macrophages, les souris NSG

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n’ayant pas de lymphocytes B. Aucune de ces deux populations ne semblent toutefois être lysées par les cellules NK induites par les IVIG (résultats non publiés). Ainsi, on croit que si les cellules NK peuvent lyser les APC, à la lumière des résultats obtenus, il serait plus probable qu’elles agissent sur les APC d’origine humaine.

Rien n’exclut toutefois la possibilité que les APC murines et humaines soient modifiées par les IVIG sans nécessairement être lysées, ce qui pourrait affecter leur capacité à fournir les signaux cellulaires nécessaires à l’activation des lymphocytes T, tel que discuté précédemment.