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1.1. Introduction

Les populations d’arbres forestiers distribuées le long de gradient environnementaux subissent

des pressions de sélection différentielle. Ces dernières peuvent modifier la variabilité

génétique des caractères adaptatifs, en augmentant la différenciation entre niveaux et en

diminuant la variance génétique intra-niveau. Ces pressions de sélections peuvent induire

l’adaptation locale des populations.

quantité de variance génétique présente au sein d’une population. L’intensité de la

différenciation génétique entre populations peut être estimée à l’aide du paramètre Q

ST

.

Il existe une forte variation environnementale le long des gradients altitudinaux, notamment

de température, suggérant d’éventuelles pressions de sélections différentielles avec l’altitude.

Toutefois, bien que les caractéristiques des gradients altitudinaux en fassent des outils

appropriés pour l’étude de l’adaptation locale chez les arbres forestiers, peu d’études les

utilisent. Ce petit nombre est certainement une conséquence du très faible nombre de

dispositifs expérimentaux de type « common garden » disponibles pour les populations

distribuées le long de gradients altitudinaux. Ces dispositifs sont longs à mettre en place et

coûteux, donc valider des approches in situ permettant d’estimer différents paramètres

génétiques comme l’héritabilité ou le Q

ST

directement sur des populations naturelles présente

un intérêt majeur.

L’objectif de cette étude est de rechercher la trace d’éventuelles pressions de sélections

différentielles le long d’un gradient altitudinal de mélèze situé dans les Alpes françaises à

l’aide des paramètres génétiques estimés in situ.

1.2. Matériels et méthodes

Les caractères quantitatifs étudiés sont la hauteur, la circonférence, le pourcentage d’aubier

ainsi que plusieurs variables de cernes annuels obtenues à l’aide d’une approche

microdensitométrique (matériels et méthodes de la thèse, partie 2.2.2). Pour chacun de ces

caractères, l’héritabilité a été calculée à l’aide d’une approche in situ développée par Ritland

(1996a) basée sur des marqueurs microsatellites neutres (matériels et méthodes de la thèse,

partie 4.1.1). Quatre groupes d’arbres situés sur des placettes situées respectivement à 1350

m, 1700 m, 2000 m et 2300 m ont été étudiés. Cinq estimateurs de l’apparentement génétique

entre individus ont été testés à l’aide d’une procédure de simulation de Monte-Carlo afin de

définir l’estimateur le plus précis de l’héritabilité (matériels et méthodes de la thèse, partie

4.1.2). L’approche microdensitométrique permet d’estimer rétrospectivement l’évolution de

l’héritabilité des variables de cernes sur toutes les années de la période 1967-2007. La

différenciation génétique (Q

ST

) inter-altitudes a été estimée à l’aide de P

ST

à partir de données

phénotypiques seules (matériels et méthodes de la thèse, partie 4.2). Les P

ST

ont été calculés

inter-placettes due à des effets génétiques additifs (g). Les P

ST

ont été calculés pour la

croissance en hauteur, la circonférence, le pourcentage d’aubier ainsi que pour les valeurs

moyennes de cinq variables de cernes annuels sur la période 1967-2007. Pour les variables de

cernes, les valeurs de P

ST

ont aussi été estimées année par année. L’ensemble des valeurs de

P

ST

calculées ont été comparées à la valeur du F

ST

inter-altitude.

1.3. Résultats

La procédure de simulation de Monte-Carlo met en évidence sur cette population de mélèze

une précision d’estimation de l’apparentement plus précise pour l’estimateur développé par

Lynch et Ritland (1999). Cet estimateur est donc celui qui a été utilisé pour le calcul de

l’héritabilité dans notre étude. La très grande majorité des valeurs d’héritabilité estimées dans

cet article ne sont pas significativement différentes de zéro.

Des valeurs de P

ST

supérieures à la valeur du F

ST

sont observées pour les caractères de

hauteur, circonférence, pourcentage d’aubier et densité du bois initial moyenne sur la période

1967-2007 pour des valeurs d’héritabilités fixées moyennes et pour une proportion de la

variance phénotypique inter-placettes due à des effets génétiques additifs (g) fixée inférieure à

0,3. Une valeur de P

ST

supérieure à la valeur du F

ST

est observée pour la densité du bois final

moyenne sur la période 1967-2007 pour une valeur moyenne d’héritabilité fixée si la variance

phénotypique inter-altitudes due à des effets génétiques additifs est fixée à (g = 1). Pour des

valeurs d’héritabilité moyennes, le P

ST

n’est jamais supérieur au F

ST

pour les caractères de

largeur de cerne, surface de cerne et largeur du bois final moyen sur la période 1967-2007.

Concernant les P

ST

estimés année par année, une forte amplitude de variation interannuelle est

observée pour les caractères de largeur de cerne, de surface de cerne, de largeur du bois final

et la densité du bois final ; à l’opposé, le caractère de densité du bois initial présente des

valeurs de P

ST

interannuelles variant plus faiblement.

1.4. Discussion

Deux hypothèses peuvent expliquer que la très grande majorité des valeurs d’héritabilités

estimées dans cet article ne sont pas significativement différentes de zéro. Premièrement, les

valeurs d’héritabilité estimées sont bien les bonnes valeurs et dans ce cas, elles sont très

faibles pour tous les caractères. Cependant, cette explication n’est pas très probable car les

variables de densité du bois possèdent généralement des héritabilités au moins moyennes chez

les arbres forestiers. Deuxièmement, les conditions expérimentales ne sont pas assez

puissantes pour mettre en évidence des valeurs significatives d’héritabilités. La moyenne et la

variance d’apparentement apparaissent comme suffisamment élevées pour permettre la mise

en évidence d’éventuelles héritabilités différentes de zéro. En contrepartie, les covariances

entre similarité phénotypique et proximité génétique aux quatre niveaux altitudinaux sont très

faibles et expliquent pourquoi les estimations d’héritabilité sont non significativement

différentes de zéro. Ces très faibles covariances pourraient être le résultat d’une forte

hétérogénéité micro-environnementale au sein des placettes altitudinales. Les résultats de cet

article suggèrent que l’estimation de l’héritabilité in situ pour les populations d’arbres

forestiers pourrait s’avérer impossible au sein d’environnements présentant des fortes

variations micro-environnementales.

Les P

ST

supérieurs au F

ST

observés pour les caractères de hauteur, circonférence, pourcentage

d’aubier et densité du bois initial moyenne sur la période 1967-2007 indiquent que la

différenciation observée pour les caractères phénotypiques peut être le résultat de pressions de

sélections passées. L’hypothèse de l’existence d’une adaptation locale peut être

raisonnablement avancée pour ces quatre caractères. Au contraire, au vu des faibles valeurs de

P

ST

observées, l’effet d’une sélection divergente n’apparait pas comme une hypothèse réaliste

pour les caractères de largeur de cerne, surface de cerne, largeur du bois initial et densité du

bois final ; il n’existerait pas de phénomènes d’adaptation locale le long du gradient pour ces

caractères.

2. Article 3: Assessing variation differentiation over a wide altitudinal gradient of

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