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Pour rappel, un des objectifs de cette étude est d’évaluer les effets de la marche en double tâche chez les patients apnéiques. La variabilité de la locomotion est sensée augmenter et la performance aux tâche cognitives ajoutées est supposée se péjorer, dans les conditions de double tâche. Cette recherche vise aussi à observer si les patients améliorent leurs performances aux tests de locomotion ainsi qu’à la batterie neuropsychologique après les six semaines d’utilisation de l’appareillage PPC. Ainsi, la variabilité de la locomotion devrait diminuer et les performances neuropsychologiques des patients devraient augmenter, suite au traitement.

3. 1. Analyse de la marche en double tâche 3. 1. 1. Résultats descriptifs

Les moyennes et écarts-types des variables d’intérêt mesurées lors des tests de marche sont présentés dans le Tableau 2 (Annexe 4). Il s’agit des moyennes et coefficients de variation du temps de pas (step time) ainsi que de la vitesse, du nombre d’erreurs et d’items dénommés par les patients apnéiques, pour les conditions de marche et les conditions assises.

3. 1. 2. Résultats inférentiels

Concernant les paramètres temporels de la locomotion des patients apnéiques, les moyennes et coefficients de variation du temps de pas ainsi que la vitesse moyenne sont comparés au travers des différentes conditions de marche en double tâche ; la significativité de toutes ces comparaisons est présentée dans le Tableau 3 (Annexe 5).

Ces analyses montrent une différence significative pour pratiquement toutes les comparaisons effectuées en ce qui concerne les moyennes du temps de pas. Cette variable est significativement plus élevée dans la condition de marche avec fluence verbale par rapport aux trois autres conditions (p = .003 avec la marche simple, p = .005 avec la double tâche marche-comptage à l’endroit et p = .028 avec la double tâche marche-comptage à l’envers).

De même, la moyenne du temps de pas est significativement plus élevée dans la condition de marche avec comptage à l’envers par rapport aux conditions de marche simple (p = .005) et de marche en double tâche avec comptage à l’endroit (p = .004). Seule la différence entre la moyenne du temps de pas de la marche simple et celle de la condition de double tâche marche-comptage à l’endroit est tendancielle (p = .091).

En outre, les résultats indiquent que la vitesse moyenne est significativement plus petite dans la double tâche marche-fluence verbale par rapport aux trois autres conditions (p = .007 avec la marche simple, p = .005 avec la double tâche marche-comptage à l’endroit et p = .016 avec la double tâche marche-comptage à l’envers).

Par contre, aucune différence significative n’est obtenue pour les mêmes comparaisons au niveau du coefficient de variation du temps de pas.

De plus, les mêmes comparaisons ont été effectuées pour le nombre d’erreurs et d’items dénommés entre les différentes conditions de marche et assises ; la significativité de ces analyses se trouve dans le Tableau 4 (Annexe 6). Les patients apnéiques commettent significativement plus d’erreurs dans la condition de double tâche marche-comptage à l’envers que dans celle marche-comptage à l’endroit (p = .014). Pour ce qui est du nombre d’items dénommés lors des conditions de marche, les patients nomment significativement moins d’animaux qu’ils ne comptent à l’endroit (p = .003) ou à l’envers (p = .007). On observe aussi une différence significative entre le nombre de chiffres dénommés pour les conditions de marche avec comptage à l’endroit et comptage à l’envers (p = .002) ; ce nombre étant plus petit lors de la condition de double tâche marche-comptage à l’envers.

Lorsque les trois tâches cognitives sont réalisées en position assise, on n’observe pas de différence significative entre elles au niveau du nombre d’erreurs. Par contre, comme lors des conditions de marche, les patients nomment significativement moins de chiffres lors du comptage à l’envers par rapport au comptage à l’endroit (p = .003). Le nombre d’items dénommés lors de la tâche de fluence verbale est aussi significativement plus petit que le nombre de chiffres dénommés lors des tâches de comptage à l’endroit (p = .003) et de comptage à l’envers (p = .026).

Enfin, le nombre d’erreurs et le nombre d’items de chaque condition de marche ont été comparés à leur correspondant lors des conditions assises ; aucune différence significative n’est signalée.

3. 2. Analyse pré-post appareillage PPC 3. 2. 1. Résultats descriptifs

3. 2. 1. 1. Tests de marche

Les moyennes et écarts-types ainsi que les indices deltas calculés sur l’ensemble des sept patients pour les variables des tests de marche sont présentés dans le Tableau 5 (Annexe

7). En outre, le nombre de patients qui péjorent ou améliorent leurs performances suite au traitement PPC pour les mêmes variables se trouve dans le Tableau 6 (Annexe 8). Les moyennes et coefficients de variation du temps de pas (step time) pour la condition de marche simple reposent sur les données de six patients et non sept ; ceci est dû à une erreur d’utilisation du système SMTEC FootSwitch.

Pour les paramètres temporels de la locomotion, les indices deltas calculés au niveau du groupe pour la durée moyenne du temps de pas (step time) indiquent une diminution de cette variable à la deuxième évaluation, dans la condition de marche simple et les doubles tâches marche-comptage à l’envers et marche-fluence verbale, mais pas dans la condition où la marche est réalisée simultanément au comptage à l’endroit. Plus précisément, quatre patients sur six dans la condition de marche simple et trois patients sur sept dans les trois conditions de marche en double tâche diminuent la durée du temps de pas suite au traitement PPC.

Pour les coefficients de variation de la durée du temps de pas, les indices deltas calculés sur l’ensemble du groupe indiquent une diminution de la variabilité pour la condition de marche simple et les conditions de double tâche marche-comptage à l’endroit et marche-comptage à l’envers. En effet, trois patients voient leur coefficient de variation diminuer dans les conditions de marche simple et de marche avec comptage à l’endroit, et cinq dans la condition de marche avec comptage à l’envers. Seul l’indice delta pour la condition de double tâche marche-fluence verbale signale une augmentation de la variabilité lors de la deuxième évaluation ; ceci concerne quatre patients sur sept.

La vitesse de marche semble diminuer suite aux six semaines d’appareillage et ce, pour toutes les conditions. Plus précisément, elle est plus basse pour six patients apnéiques dans la condition de marche simple, et pour quatre dans les trois conditions de double tâche.

Concernant le nombre d’erreurs commises, il n’y a pas de différence entre les deux évaluations lorsque la tâche de comptage à l’endroit est réalisée simultanément à la marche ; ce nombre restant égal à zéro après le traitement PPC. Par contre, le nombre d’erreurs est diminué pour les conditions de marche avec comptage à l’envers et fluence verbale. Deux patients font, en effet, moins d’erreurs à la deuxième évaluation pour la double tâche avec comptage à l’envers ; il en va de même pour un patient lors de la double tâche avec fluence verbale. Les autres n’ont fait aucune erreur et ce, aussi bien avant qu’après la mise en place de

l’appareillage PPC. Seul un patient commet une erreur supplémentaire à la deuxième évaluation dans la condition de double tâche marche-comptage à l’envers.

Le nombre d’items dénommés par les patients augmente, suite aux six semaines de traitement, pour la condition de double tâche marche-comptage à l’envers ; deux patients rapportent plus de chiffres suite à l’appareillage PPC et trois en dénomment un nombre égal à celui de la première évaluation. Il en va de même pour la double tâche marche-fluence verbale ; six patients dénomment plus de noms d’animaux lors de la deuxième évaluation. Par contre, le nombre de chiffres dénommés par les patients semble diminuer pour la condition de marche avec comptage à l’endroit ; trois patients rapportent en effet moins de chiffres suite au traitement PPC.

Les indices deltas calculés pour le nombre d’erreurs commises lors des trois tâches cognitives réalisées en position assise indiquent que cette variable reste égale à zéro, après l’appareillage PPC, pour la tâche de comptage à l’endroit. Pour la tâche de fluence verbale, ce nombre diminue car aucun patient ne commet d’erreurs suite au traitement. Par contre, il augmente dans la tâche de comptage à l’envers ; deux patients font plus d’erreurs lors de la deuxième évaluation. Enfin, le nombre d’items dénommés par les patients en condition assise augmente pour les trois tâches et pour la majorité des patients suite aux six semaines de traitement.

3. 2. 1. 2. Batterie neuropsychologique

Comme pour les tests de locomotion, des indices deltas, moyennes et écarts-types ont été calculés pour chaque variable de la batterie neuropsychologique (Tableau 7, Annexe 9).

Les nombres de patients qui améliorent ou péjorent leurs performances pour les mêmes variables se trouvent dans le Tableau 8 (Annexe 10). En outre, les scores des patients apnéiques ont été comparés à des normes pour chaque épreuve et à chacune des évaluations.

Le temps de réalisation de la copie de la « Figure Complexe de Rey » diminue, suite au traitement PPC, chez six patients sur sept. Qui plus est, l’indice delta au niveau du groupe indique une augmentation du score de précision entre les deux évaluations ; seul un patient péjore ce score. Cette amélioration se retrouve dans la comparaison avec les normes. Avant la mise en place de l’appareillage PPC, quatre patients sur sept ont un score de précision inférieur à la limite, cette dernière étant égale à 28.87 (Caffarra & al., 2002). Après les six semaines de traitement, ils ne sont plus que trois.

Concernant le subtest « Mémoire des chiffres » de la WAIS-III, l’indice delta calculé sur l’ensemble du groupe pour l’empan en ordre direct est égal à zéro ; il ne signale ni amélioration ni péjoration des scores. Pour ce qui est de l’empan en ordre inverse, l’indice delta indique une augmentation de cette variable. Au niveau individuel, seul un patient péjore son score à la deuxième évaluation. Pour la comparaison avec les normes (Wechsler, 1997), les scores d’empan en ordre direct et inverse sont additionnés pour obtenir une note standard dont la moyenne est de 10 et l’écart-type de trois. Ainsi, un patient présente un score inférieur à deux écarts-types en-dessous de la moyenne avant le traitement PPC. Par contre, tous les patients ont un score dans la moyenne lors de la seconde évaluation.

Pour le Purdue Pegboard, seul un patient présente un score inférieur à deux écarts-types en-dessous de la moyenne dans la condition avec la main droite, avant le traitement PPC (Lafayette Instrument Company, 1985). Il en va de même lors de la seconde évaluation.

L’indice delta moyen pour cette condition étant égal à zéro, il ne signale ni amélioration, ni péjoration des scores.

Concernant la condition dans laquelle les deux mains doivent travailler en même temps, deux patients présentent un score inférieur à deux écarts-types en-dessous de la moyenne lors de la première évaluation et trois lors de la seconde. Pourtant, l’indice delta au niveau du groupe indique une amélioration ; cinq patients obtiennent, en effet, un meilleur score suite au traitement PPC.

Les scores des patients apnéiques à l’épreuve de fluence verbale n’ont pas été comparés à des normes. Pour rappel, les catégories sémantiques pour cette tâche sont les vêtements et les aliments. Cependant, aucune norme n’est établie pour ces catégories.

L’indice delta calculé sur l’ensemble du groupe montre une péjoration, à la seconde évaluation, de la perte totale du nombre de mots dénommés par les patients lors de la condition d’alternance ; ceci concerne cinq patients sur sept. On observe la même chose pour la perte du nombre de mots dénommés lors de la condition d’alternance pendant les 15 premières secondes ; quatre patients ont ce score qui augmente à la deuxième évaluation.

Pour la tâche de barrage de signes, tous les patients ont un temps d’exécution dans les normes et ce, pour chaque condition, avant et après l’appareillage PPC (Hauert & Blanc, 2003). L’indice delta au niveau du groupe signale une diminution du pourcentage de perte totale. Autrement dit, le rendement lors de la tâche d’attention divisée s’améliore lors de la

deuxième évaluation et concerne cinq patients. Pour ce qui est du temps d’exécution des conditions d’attention sélective et partagée, les indices deltas comprenant l’ensemble des sept patients indiquent également une diminution. Tous les patients améliorent leur temps d’exécution pour les deux conditions d’attention sélective et six patients sur sept pour les conditions d’attention partagée. Par contre, l’indice delta pour la condition d’attention divisée montre une péjoration du temps d’exécution après le traitement PPC ; cinq patients sur sept mettent plus de temps à réaliser cette condition. Concernant les erreurs, les indices deltas indiquent une augmentation de leur nombre lors de la deuxième évaluation pour les conditions d’attention sélective et partagée ; ceci concerne quatre patients et ce, pour chacune de ces deux conditions. Par contre, l’indice delta calculé pour le nombre d’erreurs de la condition d’attention divisée est égal à 0 ; trois patients voient leur nombre d’erreurs diminuer à la deuxième évaluation et trois augmenter.

En ce qui concerne le Trail Making Test, deux patients ont un score égal au percentile 10 dans la partie A lors de la première évaluation ; il en va de même pour un patient lors de la seconde évaluation (Tombaugh, 2004). Pour la partie B de cette épreuve, tous les patients ont un score dans les normes avant et après l’appareillage PPC. Cependant, un patient n’a pas réalisé cette épreuve ne réussissant pas à relier les lettres dans l’ordre alphabétique à la partie A. L’indice delta moyen pour le temps d’exécution de la partie B indique une amélioration des performances et ce, pour cinq patients sur six. Par contre, la perte de temps due à la condition d’alternance se péjore ; en effet, quatre patients sur six voient cette variable augmenter suite au traitement PPC.

Avant la mise en place de l’appareillage PPC, quatre patients sur sept ont un temps d’exécution pour les conditions de dénomination et d’interférence du Stroop Mot-Couleur supérieur à deux écarts-types au-dessus de la moyenne ; il en va de même pour trois patients dans la condition de lecture (selon les normes de Sevino & Hauert, communication personnelle). Après les six semaines de traitement, cinq patients sont dans ce cas pour la condition de lecture, trois pour la condition de dénomination et quatre pour la condition d’interférence. Cependant, tous les patients ont leur indice d’interférence dans les normes et ce, aussi bien avant qu’après l’appareillage PPC. L’indice delta calculé pour cette variable indique une péjoration lors de la seconde évaluation ; quatre patients sur sept ont leur indice d’interférence qui augmente suite au traitement PPC, alors que le temps d’exécution de la condition d’interférence diminue.

Enfin, seul un patient présente un score inférieur à deux écarts-types en-dessous de la moyenne, avant l’appareillage PPC, pour le subtest « Code » de la WAIS-III (Wechsler, 1997). Suite au traitement, tous les patients ont un score dans les normes. L’indice delta au niveau du groupe signale une augmentation du nombre de symboles dessinés ; aucun patient ne voit son score se péjorer lors de la seconde évaluation.

3. 2. 2. Résultats inférentiels

Une différence significative est observée pour le IAH des patients apnéiques entre les deux évaluations (p = .018). En effet, suite aux six semaines de traitement PPC, le nombre d’apnées et d’hypopnées par heure de sommeil a fortement diminué, passant d’une moyenne de 71.67 à 8.17.

3. 2. 2. 1. Tests de marche

Chaque variable à la première évaluation est comparée à la même variable lors de la seconde évaluation. Les résultats ne montrent aucune différence significative pour les moyennes et coefficients de variation du temps de pas dans les diverses conditions de marche en double tâche (Tableau 9, Annexe 11). Seule une différence significative de la vitesse moyenne dans la condition de marche simple est observée entre les deux évaluations (p

= .043) ; cette variable diminue, en moyenne, suite à l’appareillage PPC. Concernant le nombre d’erreurs et d’items, aucune différence significative est observée et ce, aussi bien pour les conditions de marche que les conditions assises (Tableau 10, Annexe 12).

3. 2. 2. 2. Batterie neurospychologique

Une différence significative est démontrée pour la précision de la copie de la « Figure Complexe de Rey » entre les deux évaluations (p = .046) (Tableau 11, Annexe 13). Les patients apnéiques augmentent leur score suite au traitement PPC. Par contre, aucune amélioration significative des performances n’est démontrée suite aux six semaines d’appareillage pour le subtest « Mémoire des chiffres » de la WAIS-III, le Purdue Pegboard et l’épreuve de fluence verbale. Concernant l’épreuve de barrage de signes, on obtient une différence significative entre les deux évaluations pour le temps d’exécution des conditions d’attention sélective (p = .018) et d’attention partagée (p = .028) (Tableau 12, Annexe 14) ; les patients effectuant, en moyenne, les tâches plus rapidement après l’appareillage PPC.

Cette différence pour le temps d’exécution dans la condition d’attention divisée reste tendancielle (p = .063). Le temps de réalisation de la partie B du Trail Making Test diminue

aussi, en moyenne, de manière significative lors de la deuxième évaluation (p = .028). Par contre, la perte due à la condition d’alternance, ainsi que les scores pour l’épreuve du Stroop Mot-Couleur ne présentent pas de différence significative après les six semaines d’appareillage PPC. Enfin, le score pour le subtest « Code » de la WAIS-III augmente de manière significative suite au traitement (p = .042).

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