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Pour être inclus dans la recherche, les participants doivent répondre aux critères d’inclusion et d’exclusion suivants. Les patients sélectionnés sont des hommes ou des femmes âgés entre 40 et 60 ans qui consultent pour un examen polysomnographique, pour cause de suspiscion de SAS, au laboratoire du sommeil de Belle-Idée. Ils doivent être francophones ou parler bien français, et avoir leur capacité de discernement conservée. Concernant les critères d’exclusion, aucun participant ne doit présenter de troubles sensoriels sévères ou de pathologie médicale aiguë dans le mois précédent les tests de locomotion et la batterie neuropsychologique. En outre, les patients inclus ne doivent pas souffrir de douleurs aiguës au moment de l’évaluation. Ils ne présentent pas non plus d’affection orthopédique majeure touchant le tronc, le bassin ou les membres inférieurs pouvant altérer la marche. Enfin, aucun antécédent d’accident vasculaire cérébral ou de chute ne doit être constitué.

13 patients ont été évalués une première fois, mais l’un d’entre eux a dû être éliminé des analyses ; son IAH étant inférieur à 5, il ne remplit pas les critères pour la constitution d’un diagnostic de SAS. L’échantillon de cette étude est ainsi composé de 12 patients droitiers avec un SAS, dont deux femmes. Leurs caractéristiques cliniques lors de la première évaluation sont présentées dans le Tableau 1. 10 patients apnéiques sur 12 ont un indice de masse corporelle plus élevé que 25, signalant un surpoids, voire une obésité (National Institutes of Health, 1998, cités par Gunstad & al., 2007). De plus, les patients estiment que leurs symptômes ont débuté, en moyenne, il y a un peu moins de six ans et cinq d’entre eux rapportent au moins un traitement concomitant. En outre, tout patient consultant pour une

polysomnographie au laboratoire du sommeil doit remplir différents questionnaires, notamment l’échelle de Somnolence d’Epworth (Johns, 1991), l’échelle de Sévérité de Fatigue (Krupp, LaRocca, Muir-Nash & Steinberg, 1989) ainsi que le Beck Depression Inventory (Beck, Ward, Mendelson, Mock & Erbaugh, 1961). Ces questionnaires indiquent que seul un patient apnéique a un haut degré de somnolence, c’est-à-dire un score plus élevé que 16. De plus, cinq patients ont un score élevé de fatigue. Concernant les symptômes dépressifs, 10 patients ont un score inférieur à 15, c’est-à-dire qu’ils présentent une dépression légère. Seul un patient présente une symptomatologie dépressive modérée. Enfin, les données polysomnographiques signalent la présence d’un SAS sèvère chez l’ensemble des patients ; tous rapportent, en effet, un IAH supérieur à 30.

Il est important de noter que seulement sept patients ont effectué la seconde évaluation, suite aux six semaines d’appareillage PPC. En effet, les patients 1, 10, 11, 12 et 13 n’ont pas été revus une deuxième fois, pour des raisons personnelles ou techniques.

Tableau 1

Caractéristiques cliniques des patients lors de la première évaluation (n = 12)

M SD

Âge (années) 51.50 6.92

BMI 30.28 6.45

Début des symptômes (années) 5.58 6.43

Traitements concomitants 1.00 1.60

Échelle de Somnolence d’Epwortha 9.73 5.71

Échelle de Sévérité de Fatiguea 3.81 1.68

Beck Depression Inventorya 7.55 6.56

IAH 71.34 30.55

a Manque les données du patient 12 (n = 11) Note. BMI = indice de masse corporelle

2. 2. Design de l’étude

Cette recherche est une étude d’observation prospective de type avant et après appareillage. Lors de l’évaluation initiale, les patients rencontrent le médecin pour une consultation standard effectuée pour tout patient réalisant une polysomnographie. L’examen neurologique permet la vérification des critères d’inclusion et d’exclusion susmentionnés, ainsi que la présence de traitements concomitants. Après avoir pris connaissance du formulaire d’information et signé le formulaire de consentement, les patients effectuent des tests de marche, puis une batterie neuropsychologique. Le lendemain, suite à la polysomnographie, ils sont mis sous traitement PPC.

Après deux semaines d’utilisation de l’appareillage PPC, une visite intermédiaire avec le médecin a lieu dans le but de vérifier la présence d’événements indésirables et la compliance au traitement.

Six semaines après l’évaluation initiale, l’ensemble du protocole est repris dans les mêmes conditions. Les patients réalisent à nouveau les tests de marche et la batterie neuropsychologique.

2. 3. Tests de marche

Ces tests permettent l’analyse de la marche en double tâche et sont effectués avant et après la mise en place de l’appareillage PPC. Ils doivent se réaliser dans un lieu calme et omis de toute distraction. Ils durent environ 30 minutes et se déroulent en deux parties.

La première partie comprend les tâches de locomotion à proprement parler qui vont servir à l’enregistrement des paramètres temporels de la marche. Les patients effectuent quatre conditions : une condition de marche simple (Ms) et trois conditions de marche en double tâche qui vont permettre d’analyser l’effet d’une tâche cognitive ajoutée sur les paramètres temporels de la locomotion. Chacune des quatre conditions est réalisée deux fois, à vitesse normale et sur une distance de marche de 10 mètres. Dans les conditions de double tâche, les patients doivent simultanément à la marche, soit compter de un en un à partir de

« 1 » (Fc), soit compter à l’envers depuis « 50 » (Bc), soit réaliser une tâche de fluence verbale (Fv) dans laquelle il faut nommer le plus possible de noms d’animaux. La vitesse moyenne est calculée pour chaque condition ; elle correspond aux 10 mètres de marche divisés par le temps en secondes pour effectuer cette distance (vitesse = 10/temps). On retient

également le nombre d’items (chiffres ou noms d’animaux) dénommés par les patients ainsi que le nombre d’erreurs pour les trois conditions de marche en double tâche.

Dans cette première partie, les paramètres temporels de la locomotion sont enregistrés via le système SMTEC FootSwitch. Ce dernier est un appareil qui mesure avec une grande précision les temps d’appuis au sol lors de l'analyse de la régularité de la marche. Il est composé de semelles que les patients insèrent dans leurs chaussures habituelles. Chaque semelle est munie de deux capteurs de pression, l’un à l’avant du pied et l’autre à l’arrière. Le système enregistre sur un ordinateur les données des paramètres temporels de la locomotion, ce qui permet de voir en temps réel le déroulement de la marche des patients (pour un exemple de signal de la marche, voir Annexe 1). Grâce à ce système, les moyennes (secondes) et coefficients de variation (%) de la durée du temps de pas (step time) sont mesurés pour chaque condition de marche. Comme l’intérêt de cette étude porte sur la marche lancée, les premier et dernier pas sont exclus des analyses.

La deuxième partie des tests de marche s’effectue sans enregistrement des paramètres temporels. Elle débute par le « Timed up & go ». Les patients sont assis sur une chaise et à trois mètres en face d’eux, se trouve un objet au sol. La tâche est de se lever du siège, marcher jusqu’à l’objet, le contourner, puis revenir s’asseoir. On demande ensuite aux patients de s’imaginer faire ce même parcours et signaler à l’expérimentateur lorsqu’il est fini. Le

« Timed up & go » fait partie du protocole des tests de marche utilisé par les responsables de l’étude : cependant, dans cette recherche, ces données ne seront pas analysées.

Par la suite, les mêmes tâches réalisées en marchant (comptage à l’endroit, comptage à l’envers et fluence verbale) sont proposées aux patients assis, avec le même temps que lors de leur réalisation en condition de marche. Autrement dit, pour ces tâches « assises », on prend la moyenne du temps des deux essais de chaque condition de marche en double tâche, et c’est cette moyenne qui détermine le temps durant lequel les patients doivent faire la tâche

« assise ». À nouveau, dans cette deuxième partie, chaque tâche est réalisée deux fois, et on retient le nombre d’erreurs et d’items dénommés par les patients.

2. 4. Batterie neuropsychologique

Tout comme les tests de locomotion, la batterie neuropsychologique est réalisée avant et après la mise sous traitement PPC des patients apnéiques. Elle est composée de huit

épreuves papier-crayon évaluant le fonctionnement exécutif et attentionnel des patients, et dure entre une heure, et une heure et 15 minutes. L’ordre des épreuves est le même pour tous les patients et correspond à celui qui est présenté ci-dessous.

La batterie commence par la copie de la « Figure complexe de Rey » (Rey, 1941, cité par Caffarra, Vezzadini, Dieci, Zonato & Venneri, 2002). Cette tâche permet de mettre en lumière les stratégies d’organisation et de planification des patients. On retient le temps d’exécution, en secondes, de la copie ainsi que le score de précision, sachant que le nombre de points maximal est de 36.

Ensuite, vient le subtest « Mémoire des chiffres » de la WAIS-III (Wechsler, 1997).

Les patients doivent, en premier lieu, répéter des chiffres dans leur ordre de présentation (ordre direct), ceci permettant d’évaluer la mémoire à court terme verbale. Dans un deuxième temps, pour mesurer la mémoire de travail, les patients répètent la série de chiffres, mais dans l’ordre inverse. Le nombre de chiffres à rapporter augmente au fur et à mesure des essais. On calcule un empan de chiffres, aussi bien pour le rappel en ordre direct qu’inverse, qui correspond au nombre de chiffres que les patients ont correctement restitué.

Le Purdue Pegboard (Lafayette Instrument Company, 1985) permet d’estimer la vitesse et la précision avec lesquelles les patients travaillent avec leurs deux mains. La tâche est d’enfiler le plus possible de tiges en métal dans des trous, durant 30 secondes et selon trois conditions : avec la main dominante, avec la main non dominante et avec les deux mains en même temps. Chacune de ces conditions est réalisée deux fois. Seul le meilleur score, c’est-à-dire le plus grand nombre de tiges enfilées dans les trous, pour les conditions effectuées avec la main dominante des patients et avec leurs deux mains est retenu.

L’épreuve de fluence verbale mesure la flexibilité spontanée des patients (Van der Linden & al., 2000). Dans cette étude, une tâche de fluence verbale catégorie « animaux » est déjà effectuée lors des tests de locomotion. De ce fait, dans la batterie neuropsychologique, les patients doivent dénommer le plus de mots appartenant à la catégorie des vêtements et des aliments et ce, pendant une minute. Une condition d’alternance entre les deux catégories sémantiques susmentionnées est ajoutée ; les patients doivent dénommer tour à tour un mot désignant un vêtement et un mot désignant un aliment. Les variables considérées pour cette épreuve sont la perte totale du nombre de mots dénommés par les patients lors de la condition

d’alternance [alternance/((aliment+vêtement)/2)], ainsi que la perte du nombre de mots dénommés durant les 15 premières secondes, lors de cette même condition.

Le test de barrage de signes (Hauert & Blanc, 2003) est une tâche attentionnelle dans laquelle on présente aux patients un tableau composé de flèches indiquant huit orientations différentes, arrangées dans un ordre aléatoire. Dans les deux premières conditions, les patients doivent barrer une flèche-cible à chaque fois qu’ils la voient dans le tableau ; ceci correspond à une mesure de l’attention sélective (Annexe 2). Dans les conditions trois et quatre qui évaluent l’attention partagée, il y a quatre flèches-cibles à barrer. Enfin, le test se termine par une condition d’attention divisée. Cette fois-ci, les patients doivent barrer une flèche-cible dans le tableau et en même temps, répéter à l’envers les paires de chiffres que l’expérimentateur leur dit. Les scores retenus sont le temps de réalisation en secondes ainsi que le nombre d’erreurs, pour chaque condition. De plus, le pourcentage de perte totale lors de la condition d’attention divisée est calculé (Annexe 3). Ce score compare les conditions simples, c’est-à-dire les conditions d’attention sélective et l’inversion de paires de chiffres seule, à la condition d’attention divisée, et correspond à une mesure du rendement des patients.

Autrement dit, ce pourcentage de perte représente le rapport entre le temps de réalisation des tâches et leur exactitude. S’il est positif, le rendement des patients s’est péjoré lors de la condition d’attention divisée.

Les parties A et B du Trail Making Test (Individual Test Battery, 1944, cité par Tombaugh, 2004) sont réalisées par chaque patient. La partie A est une mesure des capacités visuo-perceptives et la partie B, plus intéressante pour cette étude, évalue la flexibilité mentale (Van der Linden & al., 2000). Dans cette dernière condition, les patients doivent relier de manière alternée des chiffres et des lettres dans l’ordre croissant. Les variables d’intérêt pour cette épreuve sont le temps d’exécution, en secondes, de la partie B et la perte de temps due à la condition d’alternance [alternance/((chiffres+lettres)/2)].

Les patients effectuent aussi les trois conditions du test de Stroop Mot-Couleur (Stroop, 1935, cité par Van der Linden & al., 2000). Dans la condition de dénomination, les patients nomment la couleur de rectangles et dans la condition de lecture, ils lisent des mots désignant des couleurs. Dans la condition d’interférence, les patients doivent dénommer la couleur de l’encre avec lesquels sont écrits des mots désignant des couleurs ; cette condition est une mesure de l’inhibition d’une réponse dominante qu’est la lecture. Les variables retenues pour

ce test sont le temps de réalisation, en secondes, de la condition d’interférence ainsi que l’indice d’interférence qui mesure la perte de temps due à l’interférence (temps interférence/temps dénomination).

Enfin, la batterie neuropsychologique s’achève par le subtest « Code » de la WAIS-IIII (Wechsler, 1997). Les chiffres 1 à 9 sont associés à un symbole. La tâche des patients est de dessiner le plus possible de symboles correspondant aux chiffres et ce, pendant deux minutes.

On calcule le nombre total de symboles correctement complétés. Cette épreuve évalue la vitesse de traitement.

2. 5. Analyses statistiques

L’étude de la marche en double tâche est effectuée à partir des données des 12 patients apnéiques qui ont été vus lors de la première évaluation. L’analyse des effets de l’appareillage PPC sur la cognition et la locomotion dans le SAS se fait, quant à elle, uniquement sur la base des sept patients apnéiques (ID = 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9) qui ont réalisé les deux évaluations, avant et après le traitement.

Concernant l’analyse des effets de l’appareillage PPC sur la locomotion et la cognition, un indice de différence delta [∆ = ((post PPC - pré PPC)/pré PPC)*100] est calculé pour chaque variable et chaque patient. Ce dernier permet de voir si, après les six semaines de traitement, les patients péjorent ou améliorent leurs scores, ou restent stables. En outre, les performances des patients apnéiques à la batterie neuropsychologique sont comparées à des normes.

Les analyses inférentielles sont réalisées à partir du logiciel SPSS 16.0. Comme la taille de l’échantillon de cette étude est petite et que la majorité des variables d’intérêt ne suit pas une distribution normale, toutes les analyses, aussi bien pour l’exploration de la marche en double tâche que pour l’étude des effets de l’appareillage PPC, se font sur la base de tests statistiques non paramétriques pour échantillons appariés (Wilcoxon).Un résultat est considéré significatif lorsque sa p-valeur est inférieure ou égale à 0.05 (p <0.05).

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