• Aucun résultat trouvé

La recherche dans les bases de données s’est effectuée du 15 au 31 juin 2014. La Figure 1 illustre le processus de sélection des articles et les résultats obtenus à chaque étape. Au total, 1638 études ont été recensées lors de la 1ère phase. Parmi celles-ci, 1584

ont été exclues sur la base de leur titre et de leur résumé. Lors de la 2e phase, 54 articles ont

été récupérés et lus par deux lectrices indépendantes (J.T. & A.G-R.). Une recherche dans les références des articles sélectionnés et des recensions existantes a permis d’identifier six études supplémentaires. Les détails sur le devis expérimental, l’échantillon, l’intervention et les mesures utilisées pour chacune des études ont été compilés par les deux lectrices, de manière indépendante, dans une grille de vérification des critères d’inclusion/exclusion de la présente recension décrits dans la section méthode.

Lors de la troisième étape, soit lors de la rencontre consensuelle des deux lectrices, 38 études ont été exclues : 14 en raison de leur devis de recherche, neuf en raison des caractéristiques des participants, 11 en raison des caractéristiques de l’intervention, et cinq études en raison des mesures d’efficacité utilisées. Au total, 21 études randomisées contrôlées comparant l’efficacité d’un supplément en acides gras oméga-3, en vitamines B (B6, B9 et B12), et/ou en vitamines antioxydantes (Vit C et Vit E), à un placebo, répondaient aux critères d’inclusion de la présente recension. Parmi celles-ci, huit études ont été réalisées auprès de participants atteints de la MA, quatre chez des participants avec un diagnostic de TCL et dix auprès de participants sans diagnostic de trouble cognitif.

Suite à la 3e phase d’extraction des résultats, 11 études se retrouvent dans la classe

A, huit études dans la classe B et deux études dans la classe C. La classe A regroupe des études d’excellente qualité et la classe B des études de bonne qualité. Le risque de biais méthodologique (biais de sélection, biais de performance, biais de détection, biais d’attrition, biais de déclaration, autres biais) de ces études est minime. Les deux études de classe C ont été exclues (voir Figure 1 et section Méthode). Par conséquent, les résultats de 19 études sont présentés dans la prochaine section. Il est à noter qu’aucune étude portant sur la Vit C seule n’a été retenue. Un résumé des principales caractéristiques de chacune des études est disponible dans les Tableaux 1 à 4. Les mesures d’efficacité utilisées sont

présentées dans le Tableau 5. Les résultats obtenus sur ces différentes mesures sont compilés dans les Tableaux 6 à 9. Puis, les informations concernant la sécurité et la tolérabilité des suppléments utilisés sont disponibles dans les Tableaux 10 à 13.

Efficacité de la supplémentation en oméga-3

Le Tableau 6 présente les résultats des essais cliniques qui mesurent l’efficacité de la supplémentation en acides gras oméga-3 (ADH-AEP) sur le fonctionnement cognitif. Au total, les résultats de neuf études randomisées contre placebo (4 études de classe A et 5 études de classe B) sont analysés. La durée d’exposition au supplément varie de 6 mois à 24 mois. Pour la majorité des études (n = 7), le supplément utilisé contient à la fois de l’ADH et de l’AEP. Deux études ont utilisé un supplément qui contient seulement de l’ADH. Une étude (Shinto et al., 2014) vérifie également l’efficacité de l’ADH et de l’AEP, combiné à un antioxydant (acide alpha-lipoïque); les résultats relatifs à ce traitement expérimental sont discutés dans la section destinée aux suppléments combinés (voir Tableau 9). Une inter-variabilité est notée au niveau du dosage utilisé, allant de 160 milligrammes (mg) à 2000 mg par jour pour l’ADH, et de 120 mg à 1670 mg par jour pour l’AEP. Le dosage d’ADH tend à être plus élevé lorsqu’il est utilisé seul. Le placebo choisi dans les différentes études contient une huile végétale (n = 8) ou une huile de poisson (n = 1), toutefois, seulement deux études précisent la quantité d’acide linoléique (oméga-6) présente dans ces huiles. Une autre étude mentionne également la présence de Vit E (2,7 mg/jour), à la fois dans la composition du supplément et du placebo. Étant donné que ce dosage de Vit E est très faible, cette étude n’a pas fait l’objet d’une analyse dans la section des suppléments combinés.

Individus sans trouble cognitif. Trois études testent l’efficacité d’un supplément d’oméga-3 sur la cognition d’individus sans trouble cognitif (Dangour et al., 2010 ; van De Rest et al., 2008a; 2008b; Yurko-Mauro et al., 2010 ). Parmi celles-ci, une étude s’intéresse à l’effet isolé de l’ADH (900 mg/jour) en comparaison à un placebo (Yurko-Mauro et al., 2010). Après 24 semaines de traitement, il n’est possible d’observer qu’un effet faible (d = 0,21; 0,12) de la prise d’ADH sur des fonctions cognitives spécifiques, malgré le fait que les participants recevant le supplément enregistrent certains résultats significatifs (p<0,05).

En effet, les participants qui reçoivent le supplément enregistrent une diminution

significative du nombre d’erreurs au sous-test Paired Associates Learning (PAL) du

Cambridge Neuropsychological Test Automated Battery(CANTAB) et une augmentation

significative du nombre de bonnes réponses au sous-test Verbal Recognition Memory (VRM), lorsque comparés au groupe placebo. Toutefois, la supplémentation en ADH n’a aucun effet sur le score aux sous-tests de mémoire de travail et de mémoire épisodique visuelle puisqu’aucun changement significatif entre les groupes n’est retrouvé après 24 semaines. D’autre part, le score des participants du groupe placebo, au sous-test Stockings

of Cambridge (SOC) qui mesure les capacités d’organisation et de planification, est plus

élevé que celui des participants qui reçoivent la supplémentation, mais pourrait être dû au hasard plutôt qu’à un réel effet négatif du traitement (d = -0,06; IC 95% [-0,246 ; 0,111]). L’absence de résultat significatif sur le score moyen au MMSE, au terme de l’essai clinique, pourrait s’expliquer par un effet plafond dès le niveau de base, considérant le fonctionnement cognitif déjà élevé des participants (score moyen au MMSE = 28-29/30). Un suivi à plus long terme serait nécessaire afin de vérifier les effets préventifs possibles du traitement sur le déclin cognitif associé à un vieillissement normal ou pathologique, considérant que le processus neurodégénératif de la MA s’installe de façon insidieuse.

Les effets de la supplémentation combinée en ADH et en AEP sur la mémoire sont plus mitigés que ceux enregistrés lorsque le supplément d’ADH est administré seul. Les résultats obtenus par Dangour et son équipe (2010) ne montrent aucune amélioration significative du fonctionnement mnésique, en modalité verbale ou visuelle, suite à la prise quotidienne de 500 mg d’ADH et de 200 mg d’AEP, pendant 24 mois. Un effet négatif, mais de faible importance (d = -0,35 ; -0,31), est associé à la prise d’une plus petite dose d’oméga-3 (van De Rest et al., 2008a). En effet, van De Rest et son équipe (2008a) ont comparé l’efficacité d’une faible dose moyenne (176 ± 4 mg d’ADH combinée à 226 ± 3 mg d’AEP/jour) et d’une forte dose moyenne (847 ± 23 mg d’ADH combinée à 1093 ± 17 mg d’AEP/jour) d’oméga-3, à un placebo. Dans la première partie de l’intervention (après 13 semaines), la somme des scores aux mesures des fonctions mnésiques diffère significativement entre les participants du groupe placebo et les participants qui reçoivent la faible dose. La performance moins élevée de ces derniers tend toutefois à s’améliorer dans la deuxième partie de l’étude puisqu’aucune différence significative entre les groupes n’est

enregistrée au terme de l’essai clinique (après 26 semaines) (van De Rest et al., 2008a). Un effet d’interaction entre la dose d’oméga-3 et le genre masculin est noté aux mesures attentionnelles, et suggère une efficacité faible à modérée de la supplémentation. À 26 semaines, une amélioration significative du score du niveau de base s’observe chez les hommes qui reçoivent la faible dose comparativement à ceux qui reçoivent le placebo (d = 0,36). L’effet bénéfique de la supplémentation en oméga-3 sur le fonctionnement attentionnel est aussi retrouvé chez les participants porteurs de l’ApoEε4 et ce, tant dans le groupe à faible dose (d = 0,47) qu’à dose élevée (d = 0,49) (van De Rest et al., 2008a). Aucun effet de la supplémentation sur les mesures des fonctions exécutives et de la vitesse de traitement de l’information n’est retrouvé dans les deux études sur la supplémentation combinée d’ADH et d’AEP (Dangour et al., 2010; van De Rest et al., 2008a).

Après 24 et 26 semaines, la prise quotidienne de suppléments d’ADH, ou d’ADH et d’AEP combinés, n’a pas d’impact sur l’humeur, l’anxiété et la capacité fonctionnelle des individus sans trouble cognitif (van de Rest et al., 2008b; Yurko-Mauro et al., 2010). Un effet bénéfique moyen (d = 0,6) est toutefois retrouvé à la sous-échelle Colère du Profile of

Mood States short form (s-POMS), chez un groupe de participants ayant reçu une dose

moyenne plus faible (176 ± 4 mg ADH avec 226 ± 3 mg AEP/jour), comparativement au groupe recevant une dose moyenne plus élevée (1093 ± 17 mg AEP avec 847 ± 23 mg ADH/jour) et au groupe placebo, après 21 semaines de traitement (van De Rest et al., 2008b). Considérant que les traitements pharmacologiques actuels pour les symptômes dépressifs et/ou anxieux prennent plusieurs semaines, voire des mois, avant d’être pleinement efficaces (Stahl, 2015), une supplémentation en oméga-3 à plus long terme serait nécessaire afin d’en évaluer l’impact réel sur les symptômes psychologiques et comportementaux. L’étude avec le suivi le plus long (Dangour et al., 2010), c’est-à-dire 24 mois, n’utilisait pas de mesures des symptômes psychologiques et comportementaux ; par conséquent, les auteurs n’ont pu rapporter de résultats à ce sujet.

Individus avec un TCL. Trois études ont été réalisées auprès de participants avec un diagnostic de TCL (Lee et al., 2014 ; Mahmoudi et al., 2014 ; Sinn et al., 2012). La supplémentation en ADH et en AEP combinés semble être bénéfique pour des fonctions cognitives spécifiques. L’équipe de Sinn (2012) a enregistré un effet important du

traitement (d = 0,73) suite à une amélioration significative des scores aux mesures de fluidité verbale chez les participants qui recevaient le supplément (1550 mg d’ADH et 400 mg d’AEP/jour) comparativement à ceux qui recevaient le placebo, après six mois de traitement. Lee et son équipe (2013) ont aussi retrouvé un effet important (d = 0,78 à 1,2) de la supplémentation quotidienne combinée (1300 mg d’ADH et 150 mg d’AEP), mais au niveau des fonctions mnésiques. Le score total enregistré au terme de l’essai clinique (12 mois) s’est amélioré chez les participants qui prenaient le supplément, alors qu’il s’est détérioré chez les participants qui prenaient le placebo, sur les mesures de mémoire épisodique verbale (rappel différé) et d’attention/mémoire de travail. Aussi, la performance des participants qui recevaient la supplémentation s’est améliorée davantage que celle du groupe placebo à la mesure de mémoire épisodique visuelle (rappel-immédiat). Il est à noter que ces deux études (Lee et al., 2013 ; Sinn et al., 2012) ont aussi évalué l’efficacité de la supplémentation en oméga-3 sur d’autres fonctions cognitives, telles que les habiletés visuo-spatiales, la vitesse de traitement de l’information et les fonctions exécutives, mais n’ont retrouvé aucun effet significatif.

Les deux groupes de chercheurs (Lee et al., 2013; Sinn et al., 2012) ont utilisé la

Geriatric Depression Scale (GDS) afin d’évaluer la présence et l’intensité des symptômes

dépressifs des participants, et l’efficacité de la supplémentation sur l’humeur des participants. Alors que le score moyen à la GDS ne s’est pas amélioré après 12 mois de supplémentation combinée d’ADH et d’AEP dans l’étude dirigée par Lee (2013), une amélioration significative est notée par Sinn et son équipe (2012) après seulement six mois. La différence dans le score moyen des participants qui recevaient l’un des deux suppléments d’oméga-3 à l’étude, et celui des participants qui recevaient le placebo, suggère un effet important du traitement (Groupe 1 : d = 0,92 ; Groupe 2 : 0,78). Il est possible d’envisager certaines hypothèses pour expliquer ces résultats contradictoires entre les deux études. D’une part, il se pourrait que les dosages plus élevés d’ADH et d’AEP dans l’essai clinique dirigé par Sinn (2012) soient responsables de l’amélioration de l’humeur des participants. D’autre part, il se pourrait que, contrairement aux participants de l’essai clinique mené par Sinn (2012), les participants de l’essai clinique mené par Lee (2013) n’aient pas été suffisamment déprimés au niveau de base pour enregistrer une amélioration significative de l’humeur sur la GDS à la fin de l’étude.

Mahmoudi et son équipe (2014) ont mesuré l’efficacité d’une dose plus faible d’ADH (180 mg/jour) et d’AEP (120 mg/jour) sur le fonctionnement cognitif global des participants avec un diagnostic de TCL. La prise quotidienne de ce supplément, sur une période de six mois, n’a pas d’effet sur le fonctionnement cognitif global, tel que le suggère l’absence de différence entre les groupes sur le score total au MMSE et à l’Abbreviated

Mental Test (AMT) à la fin de l’étude. Des doses plus élevées d’ADH et d’AEP,

administrées sur une plus longue période (12 mois), n’ont guère plus d’effet bénéfique sur le score total au MMSE, tel que le suggèrent les résultats rapportés par Lee et ses collègues (2013).

Individus avec la MA. Trois études ont évalué l’efficacité d’un supplément d’oméga-3 chez des participants avec un diagnostic de MA aux stades léger à modéré (Freund-Levi et al., 2006; 2008; Quinn et al., 2010; Shinto et al., 2014). Une seule de ces études (Shinto et al,. 2014) rapporte un effet bénéfique de la supplémentation sur la capacité fonctionnelle telle que mesurée par l’Échelle d’activités instrumentales de la vie quotidienne (IADL). Plus précisément, un déclin moins rapide de la performance est retrouvé chez les participants assignés à la supplémentation (675 mg d’ADH et 975 mg d’AEP/jour), lorsque leurs scores sont comparés aux scores des participants de la condition placebo, après 12 mois de traitement. En effet, le score des participants qui recevaient le supplément a diminué de seulement 0,7 point, alors que celui des participants qui recevaient le placebo a diminué de 4,2 points, ce qui représente un effet très important du traitement (d = 3,7). Freund-Levi et son équipe (2008) se sont intéressés à l’effet d’une dose quotidienne plus faible soit, 430 mg d’ADH et 150 mg d’AEP, et n’ont identifié, pour leur part, aucune amélioration des activités fonctionnelles de leurs participants, telles que mesurées par la Disability Assessments for Dementia scale (DAD). Quinn et ses collègues (2010) n’ont retrouvé aucun effet d’une dose très élevée d’ADH (2000 mg/jour), non combinée à l’AEP, sur le niveau de fonctionnement et d’indépendance des participants pour la réalisation des activités de la vie quotidienne mesuré par l’Alzheimer’s Disease

Cooperative Studies-Activities of Daily Living Inventory (ADCS-ADL), au cours des 18

mois de traitement. Ces constatations suggèrent d’une part, que la supplémentation en oméga-3 combinée (ADH-AEP) procure davantage d’améliorations fonctionnelles chez les personnes atteintes de la MA que la supplémentation en ADH seule, et qu’un ratio plus

élevé d’AEP que d’ADH en améliorerait l’efficacité. Il est également possible que l’Neur, comparée aux autres instruments utilisés dans ces études, soit une mesure de capacité fonctionnelle plus sensible aux changements qui peuvent survenir au cours d’un essai clinique.

La prise quotidienne d’une supplémentation d’oméga-3, sur une période de 12 mois ou de 18 mois, n’a pas d’impact sur le score global au Neuropsychiatric Inventory (NPI), une mesure des symptômes psychologiques et comportementaux (Freund-Levi et al., 2008; Quinn et al., 2010). L’équipe de Freund-Levi (2008) identifie toutefois des changements significatifs à certaines sous-échelles du NPI. À la sous-échelle qui mesure la présence d’hallucinations, les participants qui reçoivent le supplément enregistrent une diminution des symptômes après six mois de traitement, alors que les participants qui reçoivent le placebo enregistrent une augmentation des symptômes. Lorsque ces derniers reçoivent à leur tour le supplément pour la deuxième partie de l’essai clinique, aucune différence significative du score total à cette sous-échelle n’est retrouvée entre le 6e et le 12e mois de

traitement. D’autre part, le score à la sous-échelle qui mesure la présence d’irritabilité augmente dans la première partie de l’essai clinique (0 à 6 mois) chez les participants qui reçoivent la supplémentation, alors qu’il diminue chez ceux qui prennent le placebo. Freund-Levi et ses collègues (2008) se sont également intéressés à l’effet d’interaction

entre la supplémentation en oméga-3 et la présence de l’ApoEε4. Une amélioration

significative du score à la sous-échelle qui mesure les symptômes d’agitation est notée chez les participants porteurs de l’ApoEε4 qui prennent la supplémentation tout au long de l’essai clinique (12 mois), comparativement aux participants du groupe placebo. Chez les non-porteurs de l’ApoEε4, une détérioration significative du score à la Montgomery and

Asberg Depression Rating Scale (MADRS), une mesure des symptômes dépressifs,

s’observe chez les participants qui prennent la supplémentation en comparaison à ceux qui prennent le placebo, au cours des six premiers mois de l’essai clinique.

L’ApoEε4 semble également moduler l’efficacité de la supplémentation en ADH sur le fonctionnement cognitif global puisque Quinn et son équipe (2010) notent un effet significatif de la supplémentation seulement chez les non porteurs de l’ApoEε4. Au terme des 18 mois de l’essai clinique, les scores du ADAS-Cog et du MMSE ont diminué moins

rapidement chez les non porteurs de l’ApoEε4 qui reçoivent le supplément comparativement à ceux qui reçoivent le placebo, et suggère un effet moyen du traitement (d = 0,42). D’autre part, un meilleur fonctionnement cognitif au niveau de base (MMSE > 27/30 et Clinical Dementia Rating scale (CDR) = 0,5 à 1,0) est identifié comme un facteur déterminant de l’efficacité de la supplémentation combinée en ADH et AEP chez les aînés avec MA (Freund-Levi et al., 2006). Chez ce sous-groupe de participants (scores au MMSE et à la CDR élevés au niveau de base), ceux qui reçoivent le placebo enregistrent un déclin significatif de leur score sur les items de rappel et d’attention du MMSE au cours des six premiers mois de l’étude. Le score total de ces participants à ces items du MMSE (rappel/attention) cesse de décliner une fois que le traitement expérimental (430 mg d’ADH + 150 mg d’AEP/jour) leur est administré. Aucune différence significative du fonctionnement cognitif global n’est alors observée entre les groupes au cours des six derniers mois de l’essai clinique, où ils reçoivent tous la supplémentation en oméga-3 (Freund-Levi et al., 2006).

Une altération cognitive globale plus marquée au niveau de base telle que mesurée par le score total au MMSE pourrait aussi expliquer l’inefficacité de la supplémentation suggérée par l’équipe de Quinn (2010) et par l’équipe de Shinto (2014). En effet, le score initial moyen des participants de ces deux essais cliniques était plus faible (respectivement, 20,9/30 et 20,7/30) que celui des participants de l’étude de Freund-Levi et ses collègues (2006) (23,2/30). Il est intéressant de constater que les résultats positifs en ce qui concerne la supplémentation en oméga-3 chez des participants atteints de MA sont retrouvés chez les participants ayant présenté un meilleur fonctionnement cognitif au niveau de base, tel que mesuré par des scores plus élevés au MMSE.

Sécurité de la supplémentation en oméga-3

Le Tableau 10 rapporte les résultats concernant la sécurité comparée des différents suppléments d’oméga-3. L’adhésion au traitement est vérifiée par le taux sanguin d’acides gras oméga-3 et/ou le décompte des comprimés à des temps variables. Le pourcentage d’adhésion au traitement varie de 80 à 99%. Les effets secondaires et adverses rapportés par les participants ne diffèrent pas significativement entre ceux qui reçoivent le

supplément et ceux qui reçoivent le placebo. Les troubles gastro-intestinaux et la difficulté à avaler le comprimé sont les plaintes les plus fréquentes. Les suppléments d’oméga-3 sont bien tolérés, peu importe le type (ADH ou AEP, seul ou en combinaison) ou la dose administrée. Les taux d’abandons et de décès rapportés dans les différents essais cliniques ne diffèrent pas significativement entre le groupe traité et le groupe placebo.

Efficacité de la supplémentation en vitamines B

Le Tableau 7 présente les résultats des essais cliniques qui mesurent l’efficacité de la supplémentation en vitamines B. Sept études randomisées contre placebo (2 études de classe A et 5 études de classe B) s’intéressent à l’effet d’une supplémentation en vitamines B sur le fonctionnement cognitif des individus avec ou sans trouble cognitif. La durée d’exposition au supplément s’étend de 24 semaines à 36 mois. La majorité des études (5) incluent la vitamine B6, B9 et B12 simultanément (Aisen et al., 2008; Ford et al., 2010; de Jager et al., 2012; McMahon et al., 2006). Une étude s’intéresse à la fois à l’effet combiné de la vitamine B9 et B12, et à l’effet isolé de la vitamine B12 (Eussen et al., 2006). Deux études investiguent l’efficacité de la supplémentation en vitamine B9, seule (Connelly et al., 2008; Durga et al., 2007). Le dosage utilisé est sensiblement le même entre les études pour ce qui est de la vitamine B9, variant de 0,4 mg à 5 mg. Il en est de même pour le dosage de la vitamine B12, variant de 0,4 mg à 1 mg. Le dosage pour le supplément de vitamine B6 varie de 10 mg à 25 mg. Peu de détails sont fournis par les chercheurs sur la composition du placebo.

Individus sans trouble cognitif. Quatre études évaluent l’effet d’une supplémentation en vitamines B sur le fonctionnement cognitif d’individus sans trouble

Documents relatifs