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III. CONCLUSION GÉNÉRALE

3.1 Résultats principaux de l’article empirique

L’objectif principal était de déterminer la contribution de divers types de cognitions post-traumatiques (soi, monde et auto-accusation) et stratégies d’adaptation employées (approche et évitement) permettant de prédire deux dimensions de l’ajustement psychologique (sévérité des symptômes du TSPT et perception de la qualité de vie) à l’aide d’un devis transversal. Comme objectif second, cet article voulait approfondir l’investigation du rôle des cognitions associées à l’auto-accusation (absence de justification, transgressions morales et responsabilité) sur l’ajustement psychologique (sévérité des symptômes post-traumatiques et perception de la qualité de vie), au moyen de l’intégration d’une conceptualisation multidimensionnelle des cognitions post- traumatiques associées à la culpabilité. Pour répondre à ces questions, 87 ACC présentant une symptomatologie post-traumatique ont été recrutés par le biais de la clinique TSO du CHU de Québec. Les associations entre les variables d’intérêt et les deux dimensions de l’ajustement psychologiques furent évaluées au temps 1 et vérifiées au temps 2, ces derniers étant séparés par un intervalle de trois mois.

Tout d’abord, des relations transversales entre les cognitions post-traumatiques dysfonctionnelles et deux mesures de l’ajustement psychologique ont été observées. Des analyses de corrélations bivariées ont révélé que les cognitions négatives excessives reliées au soi et au monde étaient fortement et significativement associées à la sévérité post-traumatique (positive) et à la perception de la qualité de vie (négative) pour cet échantillon. Les résultats furent répliqués aux deux temps de mesure. Par la suite, les cognitions post-traumatiques permettant de prédire l’ajustement psychologique ont été évaluées à l’aide de quatre modèles de régression multiple descendante. En appui à la première hypothèse avancée, les cognitions associées au schéma personnel (soi) ont obtenu la contribution unique la plus importante à travers les analyses, et ce pour la sévérité des symptômes du TSPT et la perception de la qualité de vie. Ces résultats furent répliqués au temps 2, suggérant que les cognitions relatives au soi s’avèrent davantage reliées à l’ajustement psychologique que d’autres cognitions post-traumatiques dans cet échantillon. Ces résultats sont cohérents avec d’autres écrits scientifiques ayant démontré, auprès d’échantillons civils (Beck & al., 2004; Blain & al., 2013; Carek & al.,, 2010; Daie-gabai & al., 2011; Engelbrecht & Jobson, 2014; Karl & al., 2009; Kolts & al., 2004) et militaires (Campbell & Morrison, 2007 ; David & al., 2016 ; Porter & al., 2013 ; Raab & al., 2015), que les cognitions post-traumatiques associées au soi détiennent la contribution la plus influente dans la prédiction de la sévérité post-traumatique.

Dans une moindre mesure, les cognitions associées au schéma relationnel (monde) ont aussi apporté une contribution unique significative à l’explication de la sévérité post-traumatique, mais non à la perception de la qualité de vie. Ces résultats furent répliqués trois mois plus tard. Ces résultats concordent avec d’autres études antérieures réalisées auprès d’anciens combattants américains ayant démontré que, plus les individus endossent des cognitions négatives associées au monde, plus ils présentent des symptômes post-traumatiques sévères (Davis & al., 2016 ; Porter & al., 2013 ; Raab & al., 2015). Contrairement à ce qui était attendu, la contribution des cognitions associées au monde n’a pas ajouté à l’explication de la variance du score pour la perception de la qualité de vie. Nos résultats suggèrent que, bien que les cognitions associées au monde contribuent à la sévérité des symptômes du TSPT chez cet échantillon, elles ne

Les résultats de ce mémoire doctoral permettent également d’appuyer partiellement la seconde hypothèse. Spécifiquement, la contribution des stratégies d’adaptation (approche et évitement) n’a pas permis de prédire l’ajustement psychologique lorsque mise en compétition avec les cognitions post-traumatiques, à l’exception des stratégies de réévaluation positive / résolution de problème sur la qualité de vie. Ces résultats suggèrent que, chez les ACC, l’impact des moyens utilisés pour s’adapter à la suite d’un évènement traumatique soit généralement moindre que celui des cognitions post-traumatiques lorsque ces deux éléments concourent. Des corrélations bivariées entre les stratégies d’évitement, incluant la consommation excessive d’alcool, et l’ajustement psychologique (sévérité des symptômes du TSPT et perception de la qualité de vie) ont tout de même révélé des associations fortes (positive et négative, respectivement), et ce, aux deux temps de mesure. Ces résultats abondent dans le même sens que ceux d’écrits scientifiques réalisés auprès de populations militaires (Bladour & al., 2012; Boden & al., 2012a; Boden & al., 2012b; Krause & al., 2008; Pineles & al., 2011), ceux-ci ayant démontré que l’emploi de stratégies centrées sur l’évitement des expériences désagréables est associé à une sévérité accrue de symptômes du TSPT. Concernant les stratégies d’engagement, seules les stratégies de réévaluation positive/résolution de problème ont démontré des corrélations significatives avec la sévérité des symptômes du TSPT (négative) et la perception de la qualité de vie (positive), ce qui fut vérifié à trois mois. Ces résultats apparaissent cohérents avec certains écrits scientifiques ayant démontré, auprès de populations militaires, que l’utilisation privilégiée de stratégies centrées sur les expériences désagréables (approche) corrèle avec une sévérité moindre de symptômes du TSPT (Bladour & al., 2012; Boden & al., 2012).

La contribution non significative de l’auto-accusation à la prédiction de l’ajustement psychologique (sévérité des symptômes du TSPT et perception de la qualité de vie) fut également démontrée auprès de cet échantillon au moyen de modèles de régression multiple. Ces résultats furent vérifiés à trois mois. Ces données concordent avec celles d’études réalisées auprès d’échantillons civils (Beck & al., 2004; Kolts & al., 2004; Moser & al., 2007) et de soldats américains (Davis & al., 2016; Porter & al., 2013),

al., 1999). Bien qu'il soit concevable que le fait de se blâmer pour les causes de l'évènement traumatique puisse contribuer au développement de symptômes post- traumatiques, il est possible de croire que la sous-échelle des cognitions reliées à l’auto- accusation ne mesure pas adéquatement ce construit, du moins dans sa forme actuelle. À cet égard, il a été démontré que cette sous-échelle révèle des résultats contradictoires, en particulier en ce qui concerne plusieurs aspects qui couvrent la structure (seulement cinq items) et le contenu (Startup & al., 2007). Beck et ses collègues (2004) ont également proposé une explication pour la pauvre performance de cette sous-échelle auprès de leur échantillon de victimes d’accidents de véhicules motorisés ainsi que dans la littérature sur le TPST. Ils ont illustré que l’échantillon dans l’étude de validation du PTCI était fortement composé de victimes d’agression sexuelle et que celles-ci avaient obtenu des scores significativement supérieurs sur l’ensemble des sous-échelles de l’instrument. Cela dit, Beck & al. (2004) avancent que la composition de l’échantillon (nature de l’événement traumatique) exercerait un impact sur les scores à la sous-échelle de l’auto- accusation (PTCI), certains individus (p. ex., victimes d’agression sexuelle) étant plus susceptibles de se blâmer pour les causes de l’évènement que d’autres (Koss & al., 2002). Afin d’approfondir l’investigation du rôle des cognitions associées à l’auto- accusation, une évaluation multidimensionnelle des cognitions reliées à la culpabilité post-traumatique a été employée (TRGI : Kubany, 1996). Par l’entremise de corrélations bivariées, nos résultats suggèrent l’existence d’une forte interrelation entre les cognitions associées à la culpabilité (biais rétrospectif/responsabilité et les transgressions morales et personnelles) et les symptômes du TSPT (positive), bien qu’aucune relation significative ne fut observée avec la perception de la qualité de vie. Ces résultats furent répliqués à trois mois. Cependant, seules les cognitions concernant l’impression d’avoir violé ses valeurs morales et personnelles durant l’évènement traumatique ont contribué significativement à la prédiction de la sévérité des symptômes du TSPT au temps 1. Ces résultats n’ont pas été répliqués au temps 2. Ces résultats apparaissent cohérents avec ceux d’études menées auprès de vétérans de guerre américains (Beckham, Feldman, & Kirby,1998; Owens, Chardt, & Cox, 2008) dans lesquelles la perception d’avoir transgressé des valeurs morales et personnelles durant l’événement traumatique était

reliée à la sévérité des symptômes du TSPT, alors que les autres dimensions cognitives du TRGI ne l’étaient pas.

Il convient de mentionner que bien que la contribution des croyances relatives aux transgressions morales à la prédiction de la perception de la qualité de vie fut significative, celle-ci fut inversée. Ces résultats furent vérifiés au temps 2. Il semble donc, du moins dans cet échantillon de vétérans de guerre canadiens, que plus une personne endosse la croyance d’avoir transgressé des valeurs morales et personnelles durant l’évènement, plus elle évaluera positivement sa perception de sa qualité de vie. Ajoutons que cette contribution fut supérieure à celle des cognitions relatives à la dangerosité du monde (non significative). Nos interprétations de ces résultats, en termes du rôle protecteur de l’auto-accusation, sont élaborées plus bas.

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