2.3.1 Caractéristiques des participants à l’étude de validation
Les participants à l’étude de validation avaient une moyenne d’âge de 48,5 ± 14,4 ans, un
IMC moyen de 25,1 ± 4,8 kg/m² et 53% d’entre eux étaient des femmes. Cet échantillon
comptait 25,8% d’individus avec un niveau d’étude universitaire, 14,9% avec un niveau
secondaire et 59,3% avec un niveau primaire. De plus, 7% des participants étaient au régime
actuellement, 50% l’avaient déjà été dans le passé et 44% n’avaient jamais suivi de régime.
Les deux sous-échantillons divisés aléatoirement et constitués de 316 individus chacun
n’étaient pas significativement différents pour le sexe, l’âge, le niveau d’éducation et l’IMC
(tous P>0,05). Le sous-échantillon de 489 participants ayant répondu deux fois était très
similaire à l’échantillon total de l’étude de validation pour le sexe (52% de femmes), l’âge
(moyenne = 50,0 ± 13,8 ans), l’IMC (moyenne = 25,3 ± 4,8 kg/m²) et le niveau d’éducation
(24,5% avait un niveau d’étude universitaire, 14,3% un niveau secondaire et 61,2% un niveau
primaire).
2.3.2 Acceptabilité du questionnaire
Un total de 24% des participants a trouvé le questionnaire difficile (en considérant les
participants ayant répondu qu’ils étaient d’accord ou tout à fait d’accord avec cette
affirmation) et 12% l’ont trouvé trop long. Enfin, 64% l’ont trouvé clair.
2.3.3 Validité de construit : structure
L’analyse factorielle exploratoire a mis en évidence une structure à trois facteurs (Tableau 8) :
Raisons physiques (Facteur 1, 8 items) explique 59,4% de la variance.
Signaux (Facteur 2, 6 items) explique 25,4% de la variance.
101
Le quatrième facteur « adéquation » n’a pas été retenu dans les analyses. De plus, les items
« La plupart du temps, j’ai envie de manger des aliments nutritifs (riches en
vitamines/minéraux et qui apportent de l’énergie)» et « Je mange surtout des aliments qui
donnent à mon corps de l’énergie et de l’endurance» du facteur « adéquation » (3 items) ont
été supprimés car ils présentaient des coefficients de saturation trop faibles sur les trois
facteurs. L’item « Je mange surtout des aliments qui permettent à mon corps de bien
fonctionner » du facteur « adéquation » et deux items du facteur 3 (« permission ») « Si j’ai
très envie d’un aliment en particulier, je m’autorise à le manger » et « Je m’autorise à manger
les aliments dont j’ai envie sur le moment » ont été supprimés car ils étaient corrélés de
manière notable avec deux facteurs différents. Ainsi, parmi les 23 items de la version
originale, 18 items ont été retenus. Les coefficients de saturation de ces 18 items sur leur
facteur respectif étaient tous supérieurs à 0,50 et ceux sur les autres sous-échelles tous
inférieurs à 0,30.
102
Tableau 8 : Analyse exploratoire et confirmatoire de l'échelle d’alimentation
intuitive (IES-2) française
Echantillon
total n=632
AFE Echantillon 1
n=316
AFC Echantillon 2
n=316
Facteurs et items item-total r
1F1 F2 F3 1
erordre 2
èmeordre
Coefficients standardisés
F1: Raisons physiques 0,74
Je me surprends à manger quand je suis sous le coup de
l’émotion (ex : anxieux(se), déprimé(e), triste), même quand je
n’ai pas vraiment faim 0,77 0,89 -0,09 -0,12 0,75
Je me surprends à manger quand je me sens seul(e), même
quand je n’ai pas vraiment faim 0,74 0,78 0,01 0,03 0,72
Je me sers de la nourriture pour m’aider à apaiser mes émotions
négatives (ex : anxiété, tristesse) 0,82 0,91 -0,12 0,08 0,91
Je me surprends à manger quand je suis stressé(e), même quand
je n’ai pas vraiment faim 0,84 0,93 -0,10 0,02 0,84
Je suis capable de gérer mes émotions négatives (ex : anxiété,
tristesse) sans me tourner vers la nourriture pour me réconforter 0,77 0,79 0,12 0,04 0,83
Quand je m’ennuie, il ne m’arrive pas de manger juste pour
avoir quelque chose à faire 0,56 0,54 0,10 0,00 0,59
Quand je me sens seul(e), je ne me tourne pas vers la nourriture
pour me réconforter 0,68 0,69 0,02 0,02 0,72
Je trouve d’autres façons de gérer le stress et l’anxiété qu’en
mangeant 0,67 0,60 0,22 0,00 0,79
F2: Signaux 0,35
Je fais confiance à mon corps pour qu’il me dise quand manger 0,65 0,03 0,69 -0,05 0,68
Je fais confiance à mon corps pour qu’il me dise quoi manger 0,55 -0,12 0,70 0,00 0,39
Je fais confiance à mon corps pour qu’il me dise quelle quantité
manger 0,69 0,06 0,78 -0,02 0,60
Je me fie à mes signaux de faim pour savoir quand manger 0,61 0,00 0,63 -0,01 0,70
Je me fie à mes signaux de satiété (être rassasié) pour savoir
quand arrêter de manger 0,68 0,04 0,71 0,03 0,86
Je fais confiance à mon corps pour qu’il me dise quand arrêter
de manger 0,73 0,08 0,76 0,07 0,93
F3: Permission 0,53
J’essaie d’éviter certains aliments riches en graisses, en glucides
(sucres et féculents) ou en calories 0,49 -0,17 0,00 0,71 0,31
Je m’en veux d’avoir mangéquelque chose de mauvais pour la
santé 0,44 0,16 0,03 0,53 0,80
J’ai des aliments interdits que je ne m’autorise pas à manger 0,47 0,02 -0,12 0,59 0,52
Je ne suis pas de règles alimentaires ou régimes qui me dictent
quoi, quand et/ou en quelle quantité manger 0,43 0,03 0,12 0,63 0,60
1
Corrélation polychorique entre l’item étudié et la sous-échelle qu’il constitue corrigée pour le
chevauchement (c’est-à-dire que la sous-échelle est modifiée en excluant l’item étudié)
103
L’AFC a confirmé cette structure avec des indices démontrant une bonne adéquation du
modèle aux données : SRMR = 0,07, AGFI=0,95 et PGFI=0,76. La distribution des résidus
était centrée sur 0 et approximativement symétrique sans résidus élevés.
Dans les AFE stratifiées, la structure du questionnaire original (version anglaise) a été
retrouvée dans les sous-groupes suivants : les femmes, le plus jeune groupe d’âge (18-36 ans),
les participants sans surpoids et les personnes ayant un niveau d’éducation universitaire. A
l’inverse, une structure à 4 facteurs ne décrivait pas correctement les données avec les mêmes
problèmes sur les items supprimés précédemment dans les sous-groupes suivants : les
hommes, les groupes d’âge plus avancé (>36 ans), les personnes en surpoids et les personnes
avec un niveau d’éducation primaire ou secondaire.
2.3.4 Validité de construit : test d’hypothèses
Les hommes avaient un score total d’IES-2 plus élevé que les femmes (Tableau 9). Les
personnes qui n’ont jamais suivi de régime avaient un score plus élevé que les personnes qui
avaient déjà suivi un régime ou qui étaient actuellement au régime. Les scores des
sous-échelles suivaient le même schéma à l’exception de l’absence de différence significative entre
hommes et femmes pour la sous-échelle « signaux ».
Tableau 9 : Moyennes des scores d’alimentation intuitive (IES-2) selon le sexe et
la pratique d’un régime pour perdre du poids
N Alimentation
intuitive
Raisons
physiques Signaux Permission
Echantillon total 632 3,36 ± 0,62 3,62 ± 0,95 3,14 ± 0,83 3,16 ± 0,86
Sexe
Homme 297 3,47 ± 0,60 3,84 ± 0,86 3,13 ± 0,86 3,24 ± 0,87
Femme 335 3,26 ± 0,63 3,43 ± 0,98 3,15 ± 0,80 3,10 ± 0,86
P
1<0,0001 <0,0001 0,70 0,03
Régime pour perdre du poids
Jamais 275 3,62 ± 0,53
A3,98 ± 0,79
A3,27 ± 0,84
A3,40 ± 0,84
ARégime passé 313 3,20 ± 0,61
B3,38 ± 0,95
B3,07 ± 0,80
B3,03 ± 0,84
BRégime actuel 44 2,93 ± 0,65
C3,11 ± 1,06
B2,88 ± 0,82
B2,64 ± 0,68
CP
2<0,0001 <0,0001 0,001 <0,0001
Moyennes ± écarts-types. Les moyennes d’une même colonne marquées pour lesquelles la lettre est
différente étaient statistiquement différentes (P<0,05 ; analyses post-hoc avec correction de
Bonferroni).
1