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Les résultats de la littérature relatifs aux différences entre les hommes et les femmes sont discordants.

Pour Holmberg et al (1988)[137], hommes et femmes ne diffèrent pas significativement. Cependant, Higgins et al (1991)[120] dans une étude ont comparé les aspects aérodynamiques et temporels de 21 hommes (âge moyen = 24 ans) et 21 femmes (âge moyen = 23 ans). Tous les sujets doivent produire le mot "hamper" à intensité constante. L'analyse de la PIO sur le segment [p] montre que les hommes utilisent un niveau de PIO plus élevé que les femmes. Les résultats obtenus en moyenne sont de 5.9 cm H2O de pression chez les hommes et de 4.7 cm H2O de

pression chez les femmes. Les auteurs attestent que la présence d'une pression plus élevée chez les hommes est confirmée par d'autres études. Ainsi, Stathopoulos et al (1985)[297], Andreassen et al[5], Netsell et al (1994)[215] ont tous rapporté une PIO plus élevée chez les hommes que chez les femmes.

Cette élévation de pression chez les hommes pourrait être expliquée par la plus grande élasticité de leurs poumons qui permettrait un flux d’air et une pression plus importants chez l'homme.

Tableau 45 : Valeurs de PSGE (cm H2O) en fonction des consonnes P ,B ,T ,D.

Auteurs Années Tâches PSG (cmH2O)

Hommes Femmes Subtelney et al[300] 1966 P 6.43 (1.07)* 7.52 (2.17)* B 4.34 (1.42)* 6.05 (1.82)* T 6.18 (1.29)* 7.44 (1.92)* D 4.52 (1.60)* 6.67 (1.91)* Bernthal et al[20] 1978 P 6 (1)* B 3.3 (1.4)*

Légende : * :déviation standard entre parenthèses.

Tableau 46 : Valeurs de PSG (cm H2O) en fonction de l’intensité.

Auteurs Années SPL* PSG (cm H2O) Stathopoulos et al[297] 1985 66 6 70 8.5 75 10.7 Mc Allister et al[193] 1998 59.6 3.6 78.3 5.9 81.6 12.5

Légende : SPL* : "Sound Pressure Level" ou niveau de pression sonore.

4.3.3.5. La pression sous-glottique estimée en fonction de l'entraînement.

Des études ont pu mettre en évidence que la PSGE varie de façon très précise pendant le chant. Rubin et al (1967)[262] ont montré que les chanteurs augmentent leur PSGE non seulement pour accroître leur intensité vocale mais aussi la fréquence fondamentale.

Plusieurs auteurs (Van den Berg et al (1957)[332], Isshiki (1959)[145], Ladefoged (1963)[173], Ohman et al (1968)[219], Lieberman et al (1969) [182], Hixon et al (1971)[129], Baer (1979)[13], Rothenberg et al (1986)[259], Baken (1987)[15]) rapportent que la pression est plus faible dans les fréquences hautes du registre modal, intermédiaire

dans les fréquences basses du registre modal, et plus forte chez les falsettistes. Pour Titze (1989)[321], l’effet de la pression sur une fréquence fondamentale basse est plus importante, les cordes vocales étant plus relâchées ; avec l'augmentation de la PSGE, elles peuvent se tendre. A haute fréquence, la pression est toujours élevée. Par contre, Isshiki[145] observe que lors d'un passage de registre, du mode modal au mode falsetto, la pression transglottique peut entraîner une diminution de la fréquence, notamment dans le cas du passage aux hautes fréquences. Atkinson (1978)[10] note que la pression est le facteur physiologique principal dans le contrôle du fondamental, plus précisément pour des valeurs inférieures à 100 Hz. Pour des valeurs de fondamental supérieures à 120 Hz, les muscles crico-thyroïdiens jouent un rôle primordial. Le modèle mathématique de Farley a montré que l’effet de la pression sous-glottique sur le fondamental varie en fonction de l’action des muscles crico- thyroïdien et thyro-aryténoïdien.

Selon Titze (1992)[323], la raison pour laquelle la PSGE peut être associée à la fréquence est que la tension des cordes vocales nécessite une pression plus élevée que leur relâchement. La pression pulmonaire doit donc être très précise dans le chant parce que la PSGE peut modifier non seulement l'intensité mais aussi la fréquence fondamentale. Dès lors, si le chanteur ne fournit pas une pression adéquate, la justesse du chant peut être altérée, d’où la nécessité pour le chanteur d’un entraînement rigoureux, chaque changement de fréquence étant accompagné d'un changement de pression précis (Sundberg et al (1993)[309]).

Sundberg et al (1993)[310] analysent les productions chantées à hauteurs tonales et intensités différentes de 10 chanteurs d’opéra. Ils observent qu’en moyenne, ils doublent la pression lorsqu'ils augmentent leur fréquence d’une octave. Cette pression doublée entraîne une augmentation du niveau de pression sonore de 8 à 9 dB pour une phonation normale, moins si le mode de phonation est stressé.

Cleveland et al (1997)[39] déterminent les pressions sous-glottique de 6 chanteurs de variété. Il compare les valeurs de pression sous-glottique et les valeurs de pression sonore des chanteurs de variétés à celles des chanteurs classiques. Les mesures sont obtenues sur [p] durant la parole et le chant. Il observe des pressions sous-glottiques variant de 5 cm H2O à 55 cm H2O. Un changement dans la pression

sous-glottique est associé à un changement de puissance. Même si une variation inter-sujets est importante, la pression sous-glottique durant une phonation forte est à peu près de deux fois celle obtenue lors d’une phonation douce. Les courbes de la pression sous-glottique estimée varient systématiquement avec la hauteur tonale. Les chanteurs de "country" augmentent la PSGE en fonction de l'intensité et de la hauteur tonale tout comme les chanteurs d'opéra. Durant la parole et le chant, les chanteurs de variétés semblent employer une PSGE similaire à niveau de pression sonore équivalente mais,. leur PSGE est plus élevée que celle des chanteurs d’opéra ; par contre, leur niveau de pression sonore n’est pas aussi élevé que celle des chanteurs d’opéra pour une même PSGE. Cleveland l'explique par le fait que les chanteurs de "country" chantent avec un degré d’adduction plus important que les chanteurs d’opéra. Les chanteurs classiques de part leur formation apprennent à gérer leur voix, ce qui les conduit à chanter sans dommage pour le mécanisme vocal. L'utilisation de la PSGE dans le chant apparaît foncièrement différente de son utilisation en voix parlée. En effet, Ohala (1990)[218] a montré qu'à une intensité déterminée, la PSGE apparaît constante en voix parlée. De plus, l'intensité et la fréquence apparaissent interdépendantes. Ceci montre bien que les exigences imposées à l'appareil respiratoire sont très différentes en voix parlée ou chantée.