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CHAPITRE II L’ÉTAT DE SANTÉ ET LES PERTES DE L’ENFANCE DES

2.4. Les résultats

2.4.1. Les caractéristiques sociodémographiques de !'échantillon

Parmi les participants, plus de femmes (61 %) que d’hommes (39 %) ont entrepris une démarche d’alphabétisation au sein des groupes populaires d’alphabétisation. La majorité des répondants est âgée entre 25 et 64 ans (82 % ; M = 44 , ET - 13,95 ) et compte neuf années ou moins de scolarité (78 %). Leurs parents ont également un faible niveau de scolarité puisque 43 % des mères et 38

%

des pères n’ont qu’une éducation de niveau primaire. Le français est la langue usuelle pour la majorité des personnes rencontrées (83

%)

et la langue maternelle de 77

%

d’entre eux. De ce dernier groupe, 8

%

sont de nouveaux francophones4.

Près du tiers (31 %) des gens ont un revenu inférieur à 6 000 $, 49

%

rapportent un revenu oscillant entre 6 000 $ et 11 999 $ et 20 % déclarent un revenu de 12 000 $ et plus. L’indice de suffisance du revenu élaboré par Santé Québec permet également d’établir que la majorité se trouve dans la catégorie « très pauvre / pauvre » (83

%)

et que très peu de répondants sont classés dans la catégorie de revenu « moyen inférieur et plus » (17

%).

2.4.2. La comparaison de l’état de santé

En ce qui concerne la perception générale de la santé (tableau 1), la proportion des sujets analphabètes ayant une perception moyenne ou mauvaise de leur santé est trois fois plus élevée que chez les personnes plus favorisées de la population générale (30,6 % contre 9,1 %) (RC ajusté = 4,4) et près de 1,5 fois plus grande que chez les 4 Les nouveaux francophones sont des gens dont la langue maternelle n’est pas le français, mais qui, aujourd’hui, parlent surtout le français à la maison.

Québécois faiblement scolarisés et pauvres (30,6 % contre 22,7 %)

(RCajusté

= 1,6) (tableau 2).

De même, les sujets de l’étude présentent une plus forte prévalence de détresse psychologique sévère (RCajusté = 4,0) que l’ensemble des Québécois favorisés (56,7

%

contre 25,6

%)

et que le groupe plus défavorisé (56,7

%

contre 32,5

%)

(RCajusté = 2,7). Une différence semblable est aussi observée sur le plan des idéations suicidaires sérieuses au cours de la vie et au cours des 12 derniers mois. Pendant toute la durée de leur vie, les participants rapportent avoir eu une idée suicidaire sérieuse trois fois plus fréquemment que le groupe des Québécois favorisés (25,7

%

contre 8,1 %) (RCajusté = 4,5) et 2,6 fois plus souvent que le groupe des Québécois plus défavorisés (25,7 % contre 9,8 %) (RCajusté = 3,4). Ces différences persistent également lorsque l’on se limite à la période de 12 mois. Les personnes en processus d’alphabétisation de l’étude rapportent avoir eu plus souvent une idée suicidaire (11,7% contre 3,8%) que le groupe des favorisés (RCajusté = 4) et que celui des plus défavorisés (11,7

%

contre 5,4

%)

(RCajusté

= 2,5).

En ce qui a trait aux parasuicides, 18,4

%

des participants disent avoir fait au moins un parasuicide au cours de leur vie; cette proportion est beaucoup moindre pour le groupe des Québécois favorisés (3,4 %)

(RCajusté

7 ־) ainsi que pour le groupe des plus défavorisés (18,4 % contre 6,5 %) (RCajusté = 3,4). Ces différences deviennent encore plus manifestes lorsque l’on examine les réponses à cette même question pour l’année en cours. Les participants disent avoir attenté à leurs jours dans une proportion de 4,5

%

contre 0,5 % dans le groupe des favorisés (RCajusté = 10,7) et contre 1

%

dans le groupe des plus défavorisés (RCajusté = 4,3).

2.4.3. Les stresseurs dans 1 ’enfance

Concernant l’exposition des participants aux quatre stresseurs retenus (perte de la mère, perte du père, séparation des parents et placement dans une famille d’accueil),

l’examen de chaque événement pris individuellement montre que 6,2 % des participants déclarent avoir vécu le décès de leur mère avant l’âge de 12 ans et 12,5

%,

soit le double, disent avoir perdu leur père au cours de cette même période. De plus, 20,8 % des sujets de l’étude sont issus d’une famille où les parents ont divorcé et 14,7 % disent avoir été placés dans une famille d’accueil. Comparés au groupe des favorisés de !’échantillon de Santé Québec, les résultats obtenus révèlent qu’avant l’âge de 12 ans les personnes en processus d’alphabétisation interrogées ont

2

perdu leur père deux fois plus souvent (12,5

%

contre 6,0 %; v = 24,92 , p < 0,000001), sont issues près de trois fois plus souvent d’une famille où les parents ont divorcé (20,8 % contre 7,1 %; = 93,17, p < 0,000001) et ont été placées dans

2

une famille d’accueil cinq fois plus fréquemment (14,7 % contre 2,5 %; v = 195,07,

p

< 0,000001). Ces différences se maintiennent, dans une moindre mesure, quand les mêmes résultats sont comparés à ceux du groupe des défavorisés de Santé Québec. En effet, les participants ont vécu le divorce de leurs parents 1,5 fois plus souvent (20,8

%

2

contre 13,7 %; v = 11,94 , p < 0,001) et ont été placés en famille d’accueil deux fois plus fréquemment (14,7 % contre 7,5 %; = 20,30, p < 0,00001).

Si, comparativement aux groupes des favorisés et des défavorisés, la fréquence d’exposition des participants à chacun des quatre stresseurs au cours de leur enfance est significativement plus élevée, cette différence se retrouve également lorsque l’on examine le nombre des stresseurs auxquels ils ont été exposés. Pour l’ensemble de !’échantillon des personnes en processus d’alphabétisation, le nombre moyen des événements traumatisants survenus avant l’âge de 12 ans est inférieur à un

(X=

0,54; IC95 %= 0,45 - 0,62), avec 63

%

des gens qui disent n’en avoir vécu aucun. En ne retenant que les participants qui disent avoir vécu au moins un événement grave au cours de l’enfance, la moyenne augmente à 1,2 (IC95 %= 1,21 - 1,24). Les résultats de l’ensemble de !’échantillon étudié, comparés à ceux des groupes de !’échantillon de

Santé Québec, révèlent que les personnes en processus d’alphabétisation interrogées ont vécu près de trois fois plus ce type de stresseurs

(X =

0,54 contre

X

=0,19 : t (363,6) = 8,26; p < 0,0001) que le groupe des favorisés et 1,5 fois plus que le groupe des défavorisés

(X =

0,36 : t (427,2) = 4,11; p < 0,0001). Enfin, pour les participants (tableau 3), il semble que la perte de la mère soit associée à une moins bonne perception de la santé

(RC

ajusté = 3,3, p < 0,01) et à plus de détresse psychologique sévère

(RC ajusté

= 2,9, p < 0,05). Le placement en famille d’accueil est aussi associé à une moins bonne perception de la santé

(RC ajusté

= 2,1, p < 0,01).

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