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Datation des Zones Mylonitiques de la Zone Axiale des Pyrénées Orientales

3. La Zone de cisaillement du Boulou-Le Perthus!:

3.2 Résultats et interprétations!:

a) Echantillon PER4 et 5!:

Deux clastes de biotites issues de deux échantillons (PER4 et 5) d’un faciès sub-isotrope du granite dans la zone de cisaillement ont été analysées par dégazage progressif. La première (échantillon PER4) donne un spectre décroissant où les trois première fractions de dégazage fournissent des âges en excès avant de diminuer pour atteindre un plateau à 94,1 ± 0,9 Ma pour 63% de l’39

Ar total (fig. V.23). La fin du dégazage est marquée par une augmentation rapide des rapports 37

Ar/39

Ar. La deuxième (échantillon PER5) donne un spectre de forme assez similaire avec des âges fortement en excès pour les premières fractions mais la diminution des âges jusqu’à un minimum à 103,9 ± 4,6 Ma ne permet pas le calcul d’un âge

plateau (fig. V.24). Comme pour la précédente biotite, la fin du dégazage est marquée par une rapide augmentation des rapports 37

Ar/39

Ar.

Les âges de 94,1 ± 0,9 Ma et 103,9 ± 4,6 Ma obtenus en fin de dégazage sur des monograins de biotites de faciès isotrope du granite de Saint-Laurent prélevé dans la zone de cisaillement du Boulou-Le Perthus sont cohérents avec l’âge de 106,4 ± 1,3 Ma obtenu sur des clastes de biotites extraits d’un faciès gneissique de la même zone de cisaillement (Soliva et al., 1993). Comme dans le cas des granites de Quérigut (ce travail) et de Millas (Monié et al., 1994), les âges obtenus sur des faciès isotropes proches des zones de cisaillement convergent entre 90 et 110 Ma (à rapprocher aussi de l’âge à 104,2 ± 0,8 Ma obtenu sur une biotite de l’échantillon SL8 représentant un faciès dioritique proche de la faille du Roussillon au chapitre IV) alors qu’au coeur des massifs, loin de ces zones de déformation intense, les âges de refroidissement hercynien des plutons granitiques sont préservés (cf. chapitre IV). Ce rajeunissement est donc vraisemblablement lié à la proximité des zones de cisaillement. Mais est-il lié à une déformation d’âge crétacé moyen ou est-il seulement le reflet d’un épisode thermique comme proposé précédemment pour le granite de Quérigut et supposé pour le granite de Millas (cf. paragraphe précedent)!? Les critères en décro-chevauchement dextre déterminés sur la zone de cisaillement du Boulou-Le Perthus paraissent difficilement compatibles avec le contexte géodynamique transtensif sénestre affectant les Pyrénées au Crétacé moyen (Olivet, 1996). L’hypothèse d’un réchauffement de type advectif par des fluides circulant dans une zone de cisaillement pré-existante (tardi-hercynienne) est donc privilégiée pour l’ouverture du système K-Ar des biotites.

b) Echantillon PER1 et 2!:

Deux plaques épaisses ont été préparées pour les échantillons PER1 et PER2. Elles permettent la réalisation de fusions in situ des biotites de petite taille associées aux cisaillements. Neuf fusions ponctuelles ont été réalisées dans l’échantillon PER1. Elles donnent des âges compris entre 39,4 ± 0,3 Ma et 128 ± 6,1 Ma (fig. V.25a). Les âges vieux semblent globalement corrélés avec les rapports 37Ar/39Ar et 38Ar/39Ar les plus forts traduisant le dégazage de phases chloriteuses susceptibles de fixer de l’argon en excès. Douze fusions ponctuelles dans l’échantillon PER2 ont donné des âges compris entre 36,7 ± 2,1 Ma et 43,2 ± 0,7 Ma répartis autour d’un pic à 39 ± 1,5 Ma (fig. V.25b). Les âges les plus vieux semblent liés aux rapports 38

Ar/39

Ar les plus élevés tandis qu’ils n’apparaissent pas corrélés avec les rapports 37

Ar/39

Ar (les faibles différences d’âges de 7 Ma au maximum font qu’il est sans doute difficile de mettre en évidence des corrélations claires).

c) Echantillon PER3!:

Quinze fusions ponctuelles ont été réalisées dans les zones ultramylonitiques à mica blanc phengitique (cf. Annexe IIIE) d’une plaque épaisse de l’échantillon PER3. Les âges se répartissent entre 37,2 ± 0,6 Ma et 40,1 ± 0,5 Ma avec un pic bien défini à 38,6 ± 0,5 Ma (fig. V.26). Les rapports 38

Ar/39

Ar et 37

Ar/39

Ar très faibles, en comparaison de ceux déterminés dans PER1 et PER2, marquent bien la différence minéralogique de cette zone mylonitique.

V. Datation Zones Mylonitiques

-180-Les âges obtenus sur les zones mylonitiques à biotite et sur celles à micas blancs convergent vers 38-40 Ma. Ce résultat constitue les âges les plus jeunes déterminés sur des faciès mylonitiques de la ZA des Pyrénées. Soliva (1992) a proposé des âges par fusions ponctuelles (biotites et feldspaths) de 49,8 ± 1,9 Ma et 47,7 ± 0,1 Ma sur respectivement un échantillon de mylonite et un autre de gneiss dans la zone de cisaillement du Boulou–Le Perthus. On constate donc un écart d’une dizaine de millions d’années, difficilement explicable, entre les résultats de ces deux études. Des problèmes de contamination par de l’argon en excès et/ou hérité pourraient expliquer les âges obtenus sur ces échantillons dont la localisation est incertaine (carottes prélevées dans un local de stockage). Les deux types de faciès analysés au cours de la présente étude (celui à biotite et celui à micas blancs) donnent des résultats cohérents. Toutefois, les analyses réalisées sur le faciès à biotite montrent l’intervention d’une composante héritée plus ou moins forte liée aux plus fortes teneurs en chlore. Les âges de ces biotites semblent donc être le résultat d’un phénomène de recristallisation au cours duquel le chlore a été éjecté du réseau des biotites certainement déjà remises à zéro au Crétacé moyen par analogie avec ce qui a été observé dans les faciès isotropes du granite à proximité de la zone de cisaillement. Ce phénomène a déjà été observé au niveau des biotites de la zone de cisaillement au sud du granite de Quérigut (paragraphe précédent). Les néo-cristallisations de micas blancs phengitiques (comme à Soulcem et à Laparan) sont reliées à l’événement tectonique compressif pyrénéen s.s. qui réactive donc une zone de cisaillement pré-existante.

3.3 Conclusions!:

Comme ce qui a été exposé plus haut pour la faille de Mérens, la faille ductile du Boulou-Le Perthus semble porter l’empreinte deux épisodes alpins bien distincts. Le premier, contemporain de la dérive sénestre de la plaque ibérique et du métamorphisme Nord-Pyrénéen associé (Golberg, 1987), semble correspondre à un événement purement thermique où des circulations fluides généralisées au sein de zones de cisaillement préexistantes (hercyniennes) conduisent à la remise à zéro du système K-Ar des micas. Le second, responsable des recristallisations mylonitiques à micas blancs phengitiques, correspond à l’activation en faille inverse dextre lors des compressions pyrénéennes s.s.. Les âges obtenus pour ce second événement sont les plus jeunes connus dans toute la chaîne des Pyrénées pour un épisode de déformation ductile. La différence d’âge de près de 20 Ma mise en évidence entre les déformations ductiles à micas blancs dans la faille E-W de Mérens et dans la faille NW-SE du Boulou-Le Perthus est en désaccord avec l’hypothèse qui proposait la continuité entre ces deux accidents (Soliva et al., 1991).

La datation des célèbres zones mylonitiques du Cap de Creus (Druguet et al., 1997!; Carrèras, 2001) d’orientation similaire serait très intéressante pour contraindre encore plus précisément les déformations ductiles pyrénéennes dans cette partie de la chaîne. Il se pourrait aussi que cette zone de faille constitue une direction conjuguée à la faille des Cévennes active en décrochement sénestre à l’Eocène contemporainement aux derniers événements compressifs pyrénéens.

4. La Zone de cisaillement de Porté-Puymorens dans le granite de