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MATÉRIELS ET MÉTHODES

4.2 Résultats inattendus

Ce projet de recherche portait une attention particulière sur le génotype 577RR de par son avantage à générer une force importante chez les individus sains et sur le génotype 577XX de par ces caractéristiques à déployer une force musculaire moindre (Ma et al., 2013). Outre la confirmation que le profil génotypique 577XX influait sur la conservation et l’évolution de la force musculaire chez les hommes atteints de DM1, des résultats ont été réalisés concernant les génotypes 577RX et 577RR. Certaines recherches réalisent leurs statistiques en combinant le génotype 577RX avec le génotype 577RR (Ma et al., 2013). Selon les données de l’étude actuelle, ces deux profils présentent des différences majeures. En effet, les analyses ont révélé que les hommes de génotype 577RX déploient une plus grande force musculaire que ceux de génotype 577RR. Ainsi, la génération de force musculaire diffère entre ces deux génotypes pour les hommes (2 tests au temps 1 et 4 tests au temps 2) ainsi que pour les femmes (2 tests au temps 1). Cependant, aucune différence

significative concernant la conservation de la force musculaire n’a pu être établie entre le génotype 577RX et 577RR. Ce constat est possiblement observé en raison du signal des motoneurones qui ne serait pas assez important chez les personnes atteintes de DM1 engendrant une augmentation de la difficulté à discerner une différence de perte de force musculaire entre le génotype possédant un allèle muté et celui n’ayant aucun allèle muté. De plus, selon les données de notre étude, afficher le génotype 577RR ne conférerait aucun avantage sur la conservation de force musculaire comparativement au génotype 577XX. Pour la conservation de la force musculaire, il serait donc plus favorable de posséder une mutation allélique que de ne pas en avoir. Le nombre d’ancrages des lignes Z pourrait être à l’origine de ce résultat. Le fait d’avoir davantage d’ancrages au niveau musculaire (577RR) entraînant un volume plus élevé en alpha-actinine 3, occasionnerait un désavantage pour les personnes atteintes de DM1. Ces dernières voient leurs ancrages affectés par la maladie qui elle, engendrera moins d’impacts néfastes sur les fonctions musculaires si les ancrages sur les lignes Z sont au départ marginalement moins nombreuses. Afficher une position intermédiaire, soit 577RX, serait donc plus avantageux pour les hommes atteints de DM1 en termes de maintien de la force musculaire.

Par ailleurs, d’autres études ont révélé certains avantages à afficher le génotype 577RX notamment pour le coût énergétique au niveau de la mécanique lors de la course. En effet, les coureurs présentant le génotype hybride nécessitent un coût énergétique moindre comparativement aux athlètes de génotypes 577XX et 577RR (Pasqua et al., 2016). Également, les individus avec ce profil intermédiaire présentent une meilleure mobilité articulaire que ceux avec le génotype n’affichant aucune mutation allélique (Kikuchi et al., 2017). Bien qu’à l’opposé de la littérature scientifique, les données présentées dans ce mémoire concernant les hommes indiquent un avantage notable à afficher le génotype 577RX et ce, autant pour la production de la force musculaire que pour l’amoindrissement de la perte de force au fil des 9 années. Il est possible que ce constat ait été réalisé dû à la présence de la DM1 chez les participants. Si tel est le cas, afficher le profil génotypique 577RX engendrerait des avantages chez les personnes qui présentent spécifiquement la pathologie de la DM1.

4.3 Nombre de répétitions CTG

Le nombre de répétitions CTG est, entre autres, à l’origine de la sévérité de la DM1. De ce fait, observer son interaction avec les trois différents génotypes est incontournable. Indépendamment de ces trois génotypes, nos travaux (tableaux 13 à 16) ont confirmé ce qui a été démontré dans la littérature scientifique, soit une association entre un nombre de répétitions CTG élevé et une faiblesse musculaire, autant chez les femmes que chez les hommes (Tsilfidis et al., 1992).

Selon les génotypes, la valeur de p indique que le nombre de répétitions CTG ne semble pas avoir le même impact sur la production de la force musculaire maximale. Chez les femmes atteintes de DM1, le nombre de répétitions CTG influe sur la production de force musculaire au sein d’un même génotype (tableaux 18, 19, 21 et 22). Une femme affichant le génotype 577RX ou 577RR verra sa force musculaire plus importante si celle- ci se retrouve dans le groupe d’individus ne présentant que peu de répétitions CTG. Au contraire, présenter le génotype 577XX n’aura pas d’impact sur la production de la force musculaire (tableaux 17 et 20). Il est possible que le nombre d’ancrages au niveau des fibres musculaires qui a été réduit par la mutation créée par le génotype 577XX diminue l’importance du nombre de répétitions CTG. De ce fait, l’amoindrissement de la production de la force musculaire chez ce génotype n’est pas causé par un nombre de répétitions élevées de CTG.

Chez les hommes, le même phénomène est présent chez les personnes affichant le génotype 577XX. Selon la valeur de p, il semble que le génotype 577XX soit moins affecté par le nombre de répétitions CTG (tableaux 23 et 26). Néanmoins, les hommes présentant les génotypes 577RX ainsi que 577RR voient leur production de force musculaire influencée négativement par un nombre élevé de répétitions CTG (tableaux 25 et 27). Ce constat peut être dû pour la même raison qui a été émise pour les femmes, soit un nombre d’ancrages moins important chez le génotype 577XX.

Par ailleurs, le nombre de répétitions CTG ne semble pas avoir le même impact chez les différents génotypes concernant la détérioration de la force musculaire maximale. Chez

les femmes atteintes de DM1, le nombre de répétitions CTG n’influe pas sur le pourcentage de perte de force musculaire au sein d’un même génotype (tableaux 29, 30 et 31). Autrement dit, au fil du temps, en se basant sur la valeur de p concernant le pourcentage de perte de la force musculaire, une femme atteinte de DM1 ne verra pas ses conditions physiques davantage altérées selon le nombre de répétitions CTG. Selon ces données, l’évolution de la perte de force musculaire d’une femme atteinte de DM1 avec 80 répétitions CTG serait similaire à celle d’une patiente présentant 200 répétitions CTG. Néanmoins, leurs conditions initiales n’étant pas les mêmes, ces deux personnes au même âge ne présenteront pas la même force musculaire. Ce phénomène pourrait être possiblement expliqué par le fait que la mutation se localise sur une partie du gène DMPK qui ne code pas pour la protéine kinase sérine/thréonine. Le nombre de mutations aurait un effet aigu sur les conditions musculaires, mais, dépassé un certain seuil, la progression se ferait au même rythme, malgré une sévérité accrue.

Paradoxalement, chez les hommes atteints de DM1, le génotype fait varier l’impact qu’a le nombre de mutations sur la perte de la force musculaire. En se basant sur le pourcentage de perte de force musculaire, un individu masculin n’affichant aucun allèle muté ou affichant les deux allèles mutés ne verra pratiquement pas, au fil des années, ses fonctions musculaires influencées par le nombre de répétitions CTG (tableaux 32 et 34). Toutefois, le génotype 577RX, lui, semble être plus sensible et démontre une différence de pourcentage de perte de force musculaire selon l’expansion instable des nucléotides (tableau 33). Un homme qui présente un seul allèle muté verra donc ses conditions musculaires altérées en fonction du nombre de répétitions CTG. Ce constat peut possiblement être expliqué par une présence modérée en alpha-actinine 3 qui régule des mécanismes encore inconnus, qui eux, sont liés à une amplification des symptômes liés au nombre de répétitions CTG.

4.4 Mesures anthropométriques

Bien qu’aucune hypothèse spécifique n’ait été émise concernant les mesures anthropométriques, ces dernières ont été sujet d’évaluation afin d’observer si l’alpha-

actinine 3 jouait un rôle sur la composition corporelle. Cette recherche ayant été réalisée sur une période de 9 ans, la collecte de données des mesures anthropométriques a été effectuée à la première et à la neuvième année. Cette procédure permit de vérifier si les écarts des mesures anthropométriques devenaient plus importants au fil du temps.

En ce qui concerne l’âge des participants selon les génotypes, il s’avère qu’aucune différence significative n’a été observée entre les moyennes. De ce fait, la différence à générer de la force musculaire révélée comme étant significative selon les génotypes chez les hommes et les femmes ne peut être expliquée par une différence d’âge.

Par ailleurs, la taille et poids des patients n’ont pas révélé de différences significatives contrairement à l’IMC. Effectivement, l’IMC est affectée par la présence ou non d’alpha-actinine 3. Au temps 1, les femmes affichant le génotype 577XX démontrent une tendance (p=0,064) à présenter un IMC plus faible que leurs homologues de génotype 577RR. Ceci est plus explicite (p=0,048) pour les hommes au temps 1. Ces derniers affichant le génotype 577XX indiquent un IMC inférieur par rapport à ceux de génotype 577RR. Selon Walsh (2008), il est normal de constater un IMC plus faible chez les femmes possédant les deux mutations alléliques dans le polymorphisme R577X. Ces dernières afficheraient un IMC inférieur en raison d’une faible quantité de masse grasse et de masse musculaire provoquée par l’absence d’alpha-actinine 3 réduisant, entres autres, la formation des fibres à contraction rapide (Vincent et al., 2007). Bien que cette altération devrait être également observée chez les hommes, Walsh (2008) n’a pas été en mesure de le démontrer. Néanmoins, dans une investigation menée par Hanson (2010), les hommes affichant le génotype 577XX démontraient effectivement un IMC inférieur que leurs confrères possédant au moins un allèle non muté (Hanson., 2010), phénomène également observé dans la présente étude.

De prime abord, souffrir de DM1 engendre une importante diminution de la masse musculaire (Pruna et al., 2011). Comme l’a démontré Vincent (2007), l’absence de la protéine alpha-actinine 3 engendre un faible IMC qui se justifie par une diminution de la masse maigre. Comme le démontre le présent mémoire, l’absence d’alpha-actinine 3

semble affecter négativement l’IMC chez les individus atteints de DM1, qui par définition, souffre déjà d’une faible masse musculaire. Ce constat renforce le fait qu’il serait judicieux de connaître le profil génotypique des personnes atteintes de DM1 afin de mieux suivre l’évolution de leur masse musculaire déjà problématique.

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