5.7 Application du contrôle de vitesse : lambdamètre
5.7.2 Résultats expérimentaux du lambdamètre
⋅
⋅
⋅
×
=
Δ
Δ
λ
λ
. (V-16)
L’équation (V-16) permet un calcul de la valeur de la longueur d’onde « λi » à partir
des valeurs mesurées par l’expérience tout en considérant que la vitesse du miroir mobile vue
par les deux faisceaux est la même.
5.7.2 Résultats expérimentaux du lambdamètre
Le montage a été réalisé et les mesures ont été faites en réalisant un banc de mesure
qui fonctionne en horizontal [Figure 5-24]. Nous utilisons une platine à moteur linéaire à
guidage sur coussin d’air (modèle Aerotech ABL20010) sur laquelle l’actionneur
piézoélectrique portant le miroir mobile de l’interféromètre est installé. Ce type de platine à
coussin d’air assure une excellente rectitude (les caractéristiques de ce banc peuvent être
trouvées dans les références [Haddad2004] [Topcu2004]). Le laser de référence est un laser
hétérodyne Hélium-Néon fabriqué par la compagnie Zygo de 20 MHz de différence de
fréquence entre les deux faisceaux et de longueur d’onde connue (λc=632,991 501 nm). Afin
de vérifier le principe par cette mesure, le laser que nous cherchons à calibrer en longueur
d’onde est une source homodyne de type ML10 GOLD-RENISHAW. Sa longueur d’onde
théorique est 632,990 577 nm. Le mouvement du miroir mobile est réalisé en commandant la
platine à se déplacer à 2 mm/s sur 80 mm de course. L’instabilité de vitesse est améliorée en
appliquant la méthode de contrôle de vitesse utilisée sur la bobine de la balance du watt.
Figure 5-24 :Platine de déplacement avec le miroir mobile monté sur l’actionneur
piézoélectrique
À la sortie du photodétecteur les deux informations utiles sont séparées par filtrage :
l’information Doppler de référence est obtenue par un filtre passe bande centré autour de
20 MHz car elle est issue de l’interféromètre hétérodyne ; l’information à mesurer est obtenue
à la sortie d’un filtre passe bas (fréquence de coupure vers 100 kHz) car elle est issue de
l’interféromètre homodyne. Après amplification et traitement pour obtenir deux signaux
carrés indépendants de l’amplitude des signaux optiques, deux compteurs synchronisés
enregistrent simultanément les deux fréquences Doppler générées par le déplacement. Les
compteurs sont synchronisés par une référence atomique (Stanford SIM940) ce qui garantit
l’exactitude des fréquences mesurées au niveau recherché.
10
1
τ(s)
10-8
σy
(τ
)
Figure 5-25 : Écart type d’Allan de la fréquence Doppler du laser de référence
10
1
τ(s)
10σ(τ) y -7
Les Figure 5-25 et Figure 5-26 montrent l’instabilité de la fréquence Doppler du
faisceau de référence et du faisceau dont la longueur d’onde est inconnue en terme
d’écart-type d’Allan. L’instabilité de vitesse du miroir mobile obtenue entraîne directement la
résolution du lambdamètre.
Nous trouvons une instabilité relative de la fréquence Doppler égale à 8×10
−9pour le
laser de référence et à 6×10
−8pour le laser dont la fréquence est inconnue, ceci sur 30
secondes de temps d’intégration (30 secondes est le temps d’intégration typique des
lambdamètres commerciaux).
Les valeurs absolues sont également obtenues : Δfc=6 320,562 59 Hz pour le laser de
référence et Δfi=6 320,573 33 Hz pour le laser homodyne. La valeur de la longueur d’onde de
référence a été étalonnée au LNE et elle correspond à la fréquence fc = 473,612 117 6×1012
Hz. L’incertitude de la mesure de « λi » est donnée par l’instabilité résiduelle de « Δf
i» qui
est égale à 6×10
−8(l’incertitude de « λc »et de« Δf
c» sont négligeables).
Les deux faisceaux lasers suivent la même trajectoire et traversent un interféromètre
dont le miroir mobile est commun ce qui nous autorise à éliminer en première approximation
le produit « 2.n.v » de l’équation (V-16) et avoir le rapport de longueurs d’onde qui est
inversement proportionnel à la fréquence Doppler :
=
×
=
c i c if
f λ
Δ
Δ
λ 632,990 452 nm (V-17)
A titre de comparaison, la longueur d’onde inconnue a été mesurée par la méthode du
battement optique en utilisant une référence nationale et par un lambdamètre commercial de
type WA1000 de chez Burleigh assurant une résolution de 1 picomètre. Le tableau V-1
représente la longueur d’onde, les incertitudes relatives et la différence entre les valeurs
obtenues mesurées par différentes méthodes ainsi que les spécifications données par le
constructeur.
Type de mesure λ (nm) σy/y ×10-6 δ ×10-6
Lambdamètre développé 632,990 452 0,06 0,20
Battement optique effectué a l’Institue National de
Métrologie (INM) 632,990 581 0,0016 0
Lambdamètre BURLEIGH WA1000 632,991 1,6 0,86
Spécifications données par le constructeur 632,990577 0,05 0,19
Nous examinons brièvement les principales sources d’erreurs contribuant à
l’incertitude totale. Les erreurs statistiques et systématiques en interférométrie sont bien
connues et ont été étudiées par plusieurs auteurs que ce soit pour des raisons optiques
[Castel1985] [Bobroff1993-1] [Bobroff1993-2] ou des erreurs provenant de l’électronique de
mesure de phase [Oldham1993] [Wagner1987]. Dans l’étude ci-dessous, nous n’avons pas
fait de compensation de l’indice de l’air, mais bien sûr si l’on cherche une exactitude plus
poussée il est indispensable d’effectuer les mesures sous vide ou de compenser [Birch1993].
L’une des principales causes d’erreur systématique est le défaut de parallélisme entre
les deux faisceaux dans l’interféromètre. Un désalignement aura comme conséquence une
diminution/augmentation du rapport des deux fréquences Doppler. Comme expliqué
précédemment, une méthode itérative permet d’asservir grâce à un faisceau laser et de
chercher la fréquence Doppler maximale pour l’autre laser et réciproquement. Néanmoins lors
de cette série de mesure, nous ne pouvions asservir que sur le laser de longueur d’onde connu
qui est le seul hétérodyne. La recherche de la fréquence Doppler maximale ne s’est faite que
sur la longueur d’onde inconnue puis ensuite nous utilisons la sortie non utilisée de la Figure
5-23 et nous regardons le parallélisme à une distance de 2 m ; les deux faisceaux sont
superposés avec une erreur résiduelle estimée à 0,5 mm. Ceci induit une incertitude
d’alignement sur la longueur d’onde égale à 3,1×10
−8Une méthode d’auto-collimation basée
sur un balayage de la rétro-réflexion pourrait réduire cette erreur à 10
−8[Schodel2004].
Le tableau V-1 montre que la méthode développée permet d’obtenir des résultats tout
à fait comparables avec des lambdamètres commerciaux. La résolution et l’incertitude sont du
même ordre de grandeur, mais pourraient être améliorées avec un montage dédié. Néanmoins
ce n’était pas l’objet de ma thèse, il n’a donc pas été développé plus avant.
5.8 Conclusion
Nous avons développé une nouvelle méthode de contrôle de vitesse de la bobine de la
balance du watt. Cette méthode permet une instabilité de 2,4×10
−9sur 100 secondes
d’intégration pour un simple miroir pesant quelques grammes. Les premiers résultats obtenus
pour le contrôle de vitesse d’une masse de 1200 g ont montré une stabilité de 4,2×10
−7sur
100secondes de temps d’intégration. Cette méthode a permis de développer un lambdamètre
basé sur la mesure de la fréquence qui est différent des lambdamètres traditionnels. Un
capteur de mesure de position absolue a été développé dans le but de repérer la position de la
bobine relativement à une hauteur fixe par rapport au champ magnétique. Les mesures ont
montré une répétabilité de positionnement de la bobine de 22 nm. Le capteur de position
absolue et la méthode de contrôle de vitesse permettent la synchronisation des mesures de
vitesse et de tension avec la hauteur de la bobine.
Dans le document
Contrôle de la position et de la vitesse d'une masse à l'échelle nanométrique : application à la balance du watt du LNE
(Page 136-141)