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1. Généralités sur le stage

3.5. Résultats et discussion

3.5.1 Résultats

 Caractéristiques de la population échantillonnée

La figure 3 présente la proportion des animaux échantillonnés en fonction de l’espèce.

Au total 215 ovins soit 58% de l’effectif total composé de 160 femelles et 55 mâles ont été retenus (figure 4). Il s’agit des animaux de race sahélienne et Djallonké élevés sur parcours naturels dans l’extrême Nord-Bénin où règne un climat tropical sec toute l’année et destinés à la consommation humaine à Cotonou. En complément, 153 caprins de race locale ont été prélevés dans 31 ménages dans les communes de Cotonou, Calavi et Allada. Ces animaux sont généralement élevés autour des cases où ils partagent la plupart du temps la proximité des autres animaux domestiques dont les chats, hôtes intermédiaires de T.gondii. Les caprins retenus étaient composés à 70% de femelles (106) et 30% de mâles (47).

42% 58%

Ovins Caprins

0 50 100 150 200

ovins caprins

Male Femelle

Figure 3 : répartition des animaux

échantillonnés en fonction de l’espèce Figure 4 : proportions des animaux échantillonnés en fonction du sexe

 Séroprévalence des infections à T. gondii chez les caprins Tableau I : séroprévalence de la toxoplasmose chez les caprins

variables Modalités Effectif

Pour la présente étude, le niveau d’infection des caprins évoluant en élevage familial dans trois communes du sud-Bénin a été évalué. Il s’agit des communes de Cotonou, Abomey-Calavi et d’Allada. Au total, 153 caprins ont été prélevés dans les élevages familiaux de 31 ménages de ces communes.

Sur les 153 sérums analysés par ELISA, 82 se sont révélés positifs aux anticorps dirigés contre T. gondii, soit une prévalence globale de 53,6% (82/153). La séroprévalence à varier en fonction de l’âge puisque les animaux âgés de plus de 1 an ½ (38/61) avaient 2,6 plus de chance d’être infectés par rapport aux animaux âgés de moins de 6 mois, mais le test de χ2 effectué n’a pas montré une différence significative entre les valeurs observées (p=0.09). De même nous n’avons pas observé une différence significative entre le niveau d’infection en fonction du sexe (p=0.08) bien que la séroprévalence chez les femelles soit plus élevée que chez les mâles. Par contre la séroprévalence a fortement évolué en fonction des communes. En effet nous avons obtenu une séroprévalence très élevée (92,6 %) chez les animaux élevés à Cotonou , contre 44%

à Abomey-Calavi) et 30% à Allada. Les animaux élevés à Cotonou avaient donc 4 fois plus de chance d’être infecté par les oocystes de T.gondii que ceux d’Allada et 2 fois plus que ceux d’Abomey-Calavi avec une différence significative au seuil de 5% (p<0.05). L’ensemble des résultats est synthétisé dans le tableau 1.

OR : Odd-Ratio ; IC : intervalle de confiance ; P : p-value

 Séroprévalence des infections à T. gondii chez les ovins Tableau II : séroprévalence de la toxoplasmose chez les ovins

Variable

Le tableau 2 présente les taux d’infection observés chez les ovins en provenance des zones sahéliennes du Nord-Bénin. Nous avons observé une séroprévalence très faible chez les animaux provenant de cette région. Au total trois résultats positifs (03) ont été enregistrés sur les deux-cent quinze échantillons (3/215) analysés par ELISA soit une séroprévalence de 1,4%

(IC95=0,2-3). Il s’agissait des ovins de race sahélienne Ouda. Par contre tous les ovins de race Djallonké et Bali-Bali échantillonnés étaient tous négatifs. Par ailleurs, nous n’avons pas observé une variation de la prévalence en fonction du genre, de l’âge et de la race des animaux.

3.5.2 Discussion

La toxoplasmose est une infection parasitaire généralement asymptomatique chez les animaux domestiques sauf chez les ovins et caprins où l’infection est responsable des avortements et d’autres problèmes de reproduction. Chez ces espèces animales, l’infection n’a jamais été diagnostiquée au Bénin auparavant bien que les cas d’avortement et de mortinatalité soient fréquemment signalés dans les élevages. Chez les caprins, une forte séroprévalence (53,60%) a été observée tandis que chez les ovins nous avons observé un niveau d’infection très faible (1,4%). A Cotonou, l’infection des chèvres était particulièrement plus élevée (92%) par rapport à Abomey-Calavi (44%) et Allada (30%). Ce résultat met en exergue la grande distribution spatiale des infections à T. gondii au sein d’une même espèce. Ce constat peut être lié aux facteurs environnementaux tels que la pluviométrie et la température. En effet de nombreuses études ont montrées que l’humidité et la chaleur constituaient des facteurs importants pour la sporulation et la survie des oocystes de T. gondii éliminés dans les fèces de

OR : Odd-Ratio ; IC : intervalle de confiance ; P : p-value

chats au sol (Davoust et al., 2014). Au Bénin, la pluviométrie varie fortement en fonction des différentes régions géographiques. Elle est particulièrement élevée dans le littoral et diminue progressivement à l’intérieur du pays du Sud vers le Nord. Par ailleurs, la température ambiante suit également la même courbe évolutive ce qui a pour conséquence un climat tropical humide qui évolue progressivement vers un climat tropical sec au fur et à mesure que l’on évolue du sud vers le Nord du pays. Cette dynamique justifie la forte prévalence observée à Cotonou située dans la zone des pêcheries sur le littoral. Cette zone est plus arrosée et donc plus humide que les deux autres communes situées à l’intérieur des terres où il pleut moins et où il fait plus chaud. Les conditions climatiques sont donc plus favorables à la maturation et à la survie des ookystes de T. gondii au sol dans la région Sud du pays plus humide que dans les autres régions situées au Nord, plus sèches et moins arrosées. Cela justifie également la très faible séropositivité enregistrée chez les ovins en provenance de la zone sahélienne du Nord Bénin moins arrosée et où il fait extrêmement chaud la majeure partie de l’année. Au Bénin, les chèvres sont élevées la plupart du temps en élevage familial. Dans ce système, les animaux partagent le même environnement que l’homme et vivent à proximité des cases où ils se nourrissent des restes et des déchets de cuisine au même titre que les chats qui sont utilisés pour la dératisation. Cette proximité favoriserait également le niveau d’infection observé chez cette espèce animale. Par contre, les ovins sont généralement élevés en troupeau, qui pâturent la plupart du temps dans la savane loin des cases où la contamination de l’environnement par les oocystes de T. gondii est moins forte par rapport à la proximité des cases. Cette situation pourrait également justifier dans une moindre mesure la très faible prévalence obtenue chez les ovins. Pour les chèvres, la prévalence obtenue (52,3%) est plus élevée que celle obtenue au Sénégal chez 52 caprins, 9.6% (Davoust et al., 2014) et chez 323 chèvres en Ethiopie centrale (15,48%). Swai et al. (2013) ont également obtenu des niveaux de prévalence plus faibles (19%) chez 337 caprins en Tanzanie, tandis que Van der Puije et al. (2000) ont observé 29% de prévalence de la toxoplasmose chez la chèvre ghanéenne. Par contre, des niveaux d’infection plus élevés ont été enregistrés chez les chèvres dans certaines régions en Afrique. Ainsi, en Ethiopie, elle était de 74.6% chez 641 chèvres (Guebremedhin et al., 2013) et de 69% chez 312 chèvres au Zimbabwe.

Chez les ovins, la séroprévalence obtenue au cours de la présente étude est très faible comparée à celle obtenue pour les études réalisées dans d’autres régions d’Afrique. En effet, la plupart des études réalisées sur la prévalence de la toxoplasmose chez les ovins ont montré un

niveau d’infection variable entre 4% chez 600 moutons en Afrique du Sud (Samraa et al., 2007) et 71% chez 5806 ovins en Lybie (Al-Mabruk et al., 2013).

Compte tenu de la proximité des chèvres élevées en élevage familial, cette espèce pourrait être utilisée comme sentinelle pour l’évaluation du risque environnemental lié à la présence des oocystes de T. gondii souillant le sol. Les chèvres représentent l’une des principales espèces animales utilisées pour la production de viandes au Bénin et dans le monde.

Compte tenu de la forte prévalence obtenue chez cette espèce au Sud du Bénin, une attention particulière devrait être accordée dans la cuisson des viandes de ces animaux. Par ailleurs les populations à risque comme les femmes enceintes et les personnes vivant avec le VIH/SIDA devraient éviter les modes de préparation qui ne permettent pas une bonne cuisson des viandes tels que les viandes braisées et grillées comme les barbecues dont la consommation est répandue au Bénin. La prévalence élevée de l’infection chez les animaux au Sud du Bénin est un signe d’alarme pour les autorités de santé publique qui devraient accorder plus d’attention à cette zoonose négligée en zone tropicale.

Chez la femme enceinte la séroprévalence est beaucoup plus élevée au Sud du Bénin où des niveaux d’infection variable entre 70% - 49% ont été observés en 1997 et 2014 respectivement. Cette tendance étant en baisse au fil du temps, cela suppose une augmentation de la proportion des femmes enceintes non immunisées contre l’infection et donc exposées au risque de toxoplasmose congénitale (Akpovi et al., 1997 ; Ogouyemi-Hounto et al., 2014). Il est important de leur conseiller d’éviter de manger de la viande mal cuite, du lait ou de l’eau non bouillie, des produits maraîchers non lavés et d’avoir des contacts avec les avortons de ruminants, les matières fécales de chat et la terre souillée. Au Bénin, la population a l’habitude de manger la viande bien cuite, mais des modes de préparation ne favorisant pas la cuisson au cœur des viandes comme les barbecues existent et devraient être évitées. En ce qui concerne la consommation de viande des ovins en provenance du Nord-Bénin, le risque d’infection semble moindre compte tenu de la séroprévalence observée chez cette espèce pour la présente étude.

Ce type d’enquête séro-épidémiologique permet de mieux comprendre la dynamique de la transmission du toxoplasme à l’Homme. La toxoplasmose pouvant représenter un problème de santé publique au Bénin, il serait particulièrement utile d’obtenir des informations sur la diversité génétique de T. gondii et d’isoler des souches de ce parasite affectant l’homme et les animaux.

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