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Chapitre 2 (I) : Récolte du matériel végétal

3 Résultats et discussion

Mh : Masse humide du matériel végétal au cours du séchage. Ms : Masse du matériel végétal après séchage à 100 ± 4 °C.

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3.1 Identification

L'identification botanique est l‘étape cruciale dans toute investigation scientifique sur les plantes médicinales. Elle a un intérêt majeur dans les différents domaines scientifiques. Toute investigation phytochimique, toxicologique, pharmaceutique et / ou cosmétologique d'une plante, nécessite une identification préalable de l'espèce végétale étudiée (Rivière et al., 2005).

A partir des fragments représentatifs récoltés et les descriptions botaniques faites sur le terrain, le nom scientifique de J. thurifera, J. phoenicea, J. oxycedrus, et T. articulata a été confirmé par l‘institut scientifique de Rabat et les n° de code des spécimens déposés dans l‘herbier de cet institut sont regroupés dans le (Tableau 11).

Tableau 11 : Spécimens déposés dans l’herbier de l’institut scientifique Code des Spécimens

J. thurifera 79594

J. phoenicea 79592

J. oxycedrus 79588

T. articulata 79589

3.2 Etude de la cinétique de séchage

Le séchage est une étape importante pour assurer un bon stockage et une meilleure conservation de la drogue. Il permet de réduire l‘activité de l‘eau du matériel végétal à une

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valeur garantissant sa stabilité biochimique et microbiologique, d'augmenter sa durée de vie, de diminuer son poids afin de faciliter son transport et de diversifier son utilisation thérapeutique (Aghfir et al., 2007; Ankila, 2007; Guedon et al., 2007). Le séchage naturel reste la technique efficace, la moins couteuse, la plus respectueuse de l'environnement et n'engendre ni déchets, ni rejets polluants.

Au cours du séchage et selon les conditions opératoires appliquées, la qualité nutritionnelle et organoleptique de la drogue végétale peuvent être altérées. En effet, les températures élevées et l‘exposition à une longue durée de séchage accélèrent les réactions de brunissement, modifient l‘équilibre état cristallin-état amorphe des sucres et intensifient les pertes liées à la composition chimique de la drogue (Benjilali & Zrira, 2005; Krokida et al., 1998).

Plusieurs travaux relatifs au séchage des plantes aromatiques et médicinales ont rapporté que des modifications considérables peuvent altérer la qualité nutritionnelle et organoleptique de la drogue (Benjilali & Zrira, 2005; Krokida et al., 1998; López et al., 2010). Ces études ont prouvé l‘effet négatif de la haute température sur la qualité du produit fini. Kwok et al. (2004), en étudiant les effets des différentes techniques de séchage sur la qualité des baies de Saskatoon (Amelanchier alnifolia Nutt.) ont montré que l‘utilisation de l‘air chaud pour le séchage affecte la teneur en composés phénoliques et la capacité antioxydante de la drogue en comparaison avec le séchage par lyophilisation et par microondes sous vide

De nombreux constituants biochimiques des plantes, contenus dans les huiles essentielles, sont relativement sensibles à la chaleur. La durée du séchage et la présence d‘un courant d‘air particulièrement sec pourraient conduire à une diminution trop importante voire éventuellement une disparition des composés volatiles (arômes, huiles essentielles…) (Bourkhiss et al., 2009; Dabire et al., 2011; Iguedjtal et al., 2007; Kristiawan et al., 2011; Noumi et al., 2011; Téllez-Pérez et al., 2012). Des températures de séchages supérieures à 40°C peuvent détruire les composants médicinaux et entraîner la perte de tout intérêt thérapeutique. Dans le cas des droguescolorées (cônes rouges…), une forte décollation peut souvent intervenir (Rocha Mier, 1993).

Pour cette raison, nous préconisons un séchage naturel àdes températuresvariant entre 24 et 26° C pendant 12 à 15 jours, avec un taux d‘humidité de l‘air inférieureà60%.

Le suivi de l‘évolution de la masse humide de J. thurifera, J. phoenicea, J. oxycedrus et T. articulata au cours de la période de séchage a montré que la teneur en eau diminue

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progressivement jusqu‘à devenir pratiquement constante (Figure 9, Figure 10). Ainsi, elle passe de 38.08-46.35% à 17.10-22.97% pour les feuilles et de 29.75-36.31% à 19.40-24.60% pour les échantillons de bois. Toutes les courbes (Figure 9, Figure 10) présentent la même allure, à deux phases distinctes. La phase I se caractérise par une diminution importante de la teneur en eau et ce, du premier jusqu'au quatrième jour de séchage pour les feuilles et du premier jusqu'au troisième jour pour les échantillons de bois. La phase II présente une évaporation moins importante du quatrième au quatorzième jour avant d‘atteindre la valeur finale de la teneur en eau des feuilles et du troisième au douzième jour pour les échantillons de bois avant d‘atteindre une allure constante tout en gardant la couleur et l‘odeur de départ pour chaque drogue. Ceci est en accord avec la théorie de (Voilley & Moyne, 1990). En effet, au cours de la phase de ralentissement (phase II), quel que soit les conditions de séchage, l‘évaporation se trouve de plus en plus ralentie jusqu‘à devenir nulle à la fin du séchage. La variation de la teneur en eau des feuilles et du bois de J. thurifera, J. phoenicea, J. oxycedrus et T. articulata est similaire à ce qui a été montré pour plusieurs espèces aromatiques, notamment les feuilles de T. articulata (Bourkhiss et al., 2009).

J o u r s d e s é c h a g e T e n e u r e n e a u ( % ) J 1 J 2 J 3 J 4 J 5 J 6 J 8 J 1 0 J 1 2 J 1 4 1 0 2 0 3 0 4 0 5 0 J T J P J O T A

Figure 9 : Évolution de la teneur en eau des feuilles de J. thurifera, J. phoenicea, J. oxycedrus, et T. articulata au cours du séchage

PARTIE I Chapitre 2(I) : Récolte du matériel végétal 58 J o u r s d e s é c h a g e T e n e u r e n e a u ( % ) J 1 J 2 J 3 J 4 J 6 J 8 J 1 0 J 1 2 1 0 2 0 3 0 4 0 J T J P J O T A

La décroissance de la vitesse de séchage en fonction du temps, s‘explique par le fait qu‘au début du séchage, la diffusion de l‘eau se trouvant à la surface du matériel végétal vers le milieu extérieur ne demande pas beaucoup d‘énergie, par contre l‘évaporation de l‘eau des parties intérieures de la drogue végétale nécessite plus de temps (Lahsasni et al., 2004). En outre, le séchage est souvent accompagné par la déformation du matériel végétal, ce qui entraîne une réduction de la surface d'échange entre la plante et le milieu externe ; par conséquent, la disponibilité de l‘eau à s‘évaporer se trouve réduite.

A la fin de l‘opération de séchage, aucune réaction de dégradation notable n‘a été remarquée (couleurs, odeur…) et toutes les drogues gardent les mêmes caractères organoleptiques que le matériel végétal de départ. En outre, aucun développement de moisissures n‘a été visible à l‘œil nu. Par conséquent, les propriétés médicinales du bois et des feuilles de J. thurifera, J. phoenicea, J. oxycedrus, et T. articulata ne semblent pas être impacté par l‘opération de séchage.