Chapitre 3 : Conception du pilote expérimental
I. Prédimensionnement du pilote expérimental
3- Résultats et choix des paramètres
Les calculs de perte de charge et d’efficacité ont donc été réalisés pour les paramètres
variant sur l’ensemble des plages fixées. La Figure 3.1 montre un exemple de résultats
concernant l’influence des diamètres des collecteurs et de la hauteur du lit pour une vitesse
de 0,15 m.s
-1et différents diamètres de particules (les conditions étant une perte de charge
inférieure à 50 mbar et une efficacité supérieure à 0,7). Il suffit de se référer au code couleur
pour savoir si pour une valeur particulière des paramètres les conditions de perte de charge
et d’efficacité indiquées sont validées. Ainsi, pour des collecteurs de 5 mm de diamètre (en
abscisse) et une hauteur de lit de 1 m (en ordonnée), la condition de perte de charge est
validée (zone bleue) mais celle d’efficacité ne l’est ici que pour des particules ayant un
diamètre de 5 et 8 µm (zone verte).
Dans cet exemple, la condition de perte de charge est toujours validée, excepté pour un lit
de 2 m de haut et des collecteurs de 1 mm de diamètre. Cela illustre bien que la perte de
charge augmente avec la hauteur du lit. Cela est également vrai pour l’efficacité : on peut
remarquer que pour des grains de 2 mm de diamètre et des particules de 1 µm la condition
d’efficacité est validée pour une hauteur de lit de 1,5 m mais que ce n’est plus le cas pour un
lit de 0,5 m. Inversement, pour des particules de 1 µm de diamètre et un lit de 1 m de haut
l’efficacité va être au-dessus de 0,7 pour des collecteurs de 2 mm de diamètre mais va passer
en dessous de 0,7 pour des collecteurs de 4 mm de diamètre : l’efficacité va donc diminuer
lorsque le diamètre des collecteurs augmente. Enfin, il est aussi possible d’observer la
présence d’un minimum d’efficacité (MPPS). En effet, pour un lit de 1 m de haut et des
collecteurs de 3 mm de diamètre la condition d’efficacité est validée pour des particules de
0,1 ; 5 et 8 µm mais pas pour les particules de 0,3 et 1 µm.
Figure 3.1 : Influences respectives du diamètre des collecteurs et de la hauteur de lit pour une vitesse
de 0,15 m.s
-1et différents diamètres de particules (conditions limites : ΔP < 50 mbar et η > 0,7).
Un autre résultat est donné sur la Figure 3.2 pour une vitesse de 0,50 m.s
-1et différents
diamètres de particules (conditions limites : ΔP < 50 mbar et η > 0,7). Dans cet exemple
apparaissent des zones où aucune des conditions requises n’est validée : par exemple pour
des particules de 0,3 µm, un lit de 1,5 m et des collecteurs de 2 mm de diamètre la perte de
charge est au-dessus de 50 mbar et l’efficacité en dessous de 0,7.
De la même manière qu’avec la figure précédente on peut noter d’une part que l’efficacité et
la perte de charge augmentent avec la hauteur du lit et d’autre part la présence de la MPPS.
Diminuer le diamètre des collecteurs permet d’augmenter l’efficacité, mais aussi la perte de
charge. Ceci peut être observé pour des particules de 1 µm et un lit de 1 m : la condition de
perte de charge est validée pour des collecteurs de 3 mm mais pas pour des collecteurs de
1 mm.
L’exemple présent montre aussi que la perte de charge augmente avec la vitesse du gaz : en
effet, pour une hauteur de lit supérieure à 1 m et des collecteurs inférieurs à 2 mm de
diamètre, la perte de charge est bien inférieure à 50 mbar pour une vitesse de 0,15 m.s
-1Figure 3.2 : Influences respectives du diamètre des collecteurs et de la hauteur de lit pour une vitesse
de 0,50 m.s
-1et différents diamètres de particules (conditions limites : ΔP < 50 mbar et η > 0,7).
Concernant l’influence de la vitesse du gaz sur l’efficacité, la Figure 3.3 montre l’évolution
de l’efficacité globale en fonction de la vitesse du gaz pour les différentes tailles de particules
étudiées par le programme Matlab® d’une part (a) et d’autre part en fonction de la taille
des particules pour différentes valeurs de vitesse du gaz d’autre part (b). Cet exemple a été
réalisé pour le cas où le lit est composé de 50 cm de collecteurs de 2 mm de diamètre.
Globalement l’efficacité ne varie pas de façon linéaire avec la vitesse du gaz (Figure 3.3 a) :
pour des faibles vitesses elle diminue et passe par un minimum avant d’augmenter lorsque
la vitesse augmente. La Figure 3.3 b) permet de voir que dans le cas présenté la condition
d’efficacité est validée quelle que soit la vitesse du gaz pour des particules supérieures à
0,7 µm. C’est donc surtout les petites particules qui vont influer sur le choix de la vitesse.
Dans notre cas, n’ayant pas de distribution granulométrique des poussières de hauts
fourneaux en sortie de la filière d’épuration il n’est pas possible de savoir quelle proportion
représente ces tailles de particules. La Figure 3.3 a) permet de préciser que pour les
particules de 0,1 µm l’efficacité passe en dessous de la limite acceptée à partir d’une vitesse
de 0,15 m.s
-1(à partir de 0,05 m.s
-1pour des particules de 0,3 µm). Ceci démontre qu’en plus
de générer une forte perte de charge, utiliser des vitesses élevées risque d’engendrer une
efficacité trop faible pour des petites particules. A noter que dans le cas de cette étude les
particules sont de taille micrométrique. Dans un autre contexte, par exemple pour filtrer
des particules nanométriques le choix de la vitesse et ainsi le dimensionnement global du
lit granulaire se fera donc différemment.
Figure 3.3 : Influences du diamètre de particules (a) et de la vitesse du gaz (b) sur l’efficacité de
collecte d’un lit granulaire sec de 50 cm de hauteur rempli de collecteurs de 2 mm de diamètre
En conclusion de ces observations, le choix s’est porté sur une hauteur de lit maximale de
1 m pour réaliser les expériences sur le pilote en laboratoire. En effet, au-dessus de cette
hauteur la perte de charge peut dépasser la limite autorisée (d’autant plus qu’en présence
d’eau elle est supposée être plus élevée qu’en lit sec) et la hauteur du plafond du laboratoire
impose une contrainte supplémentaire. Concernant les collecteurs, une faible taille risque
d’entrainer une forte perte de charge tandis que des collecteurs trop grands risqueraient de
ne pas permettre d’atteindre une haute efficacité. ArcelorMittal insistant sur l’importance
d’une faible perte de charge, une taille des collecteurs avec un diamètre de 2 mm au
minimum ont été choisis. Pour tester l’influence de ce paramètre sur les performances d’un
lit granulaire arrosé, deux autres tailles ont été choisies, d’une part un diamètre de 10 mm
pour évaluer plus particulièrement les valeurs de l’efficacité et une taille intermédiaire, à
savoir un diamètre de 5 mm. Enfin concernant la vitesse du gaz, les observations
précédentes ont permis de montrer qu’utiliser une forte vitesse entrainait l’apparition
d’une faible efficacité pour les petites particules et d’une forte perte de charge. Par exemple
pour une vitesse de 0,50 m.s
-1la perte de charge est parfois supérieure à 50 mbar sans
prendre en compte la présence de l’eau (qui induira une augmentation de cette perte de
charge). Inversement, utiliser une faible vitesse impliquera soit d’avoir un faible débit de
gaz soit une grande surface de filtration. Dans le premier cas cela peut poser des problèmes
de rentabilité dans un cadre industriel, car les débits à traiter sont souvent importants et
cela nécessiterait de multiplier le nombre de colonnes de filtration. Dans le second cas, cela
pourrait générer des problèmes lors de la mise en place du procédé (la surface au sol
disponible étant limitée), ainsi que des difficultés de fonctionnement pour obtenir un
mouillage homogène. Il en résulte par conséquent, un compromis sur la plage de la vitesse
du gaz fixée entre 0,1 et 0,25 m.s
-1.
Il reste maintenant à choisir la plage de variation des valeurs étudiées du débit de liquide
circulant dans le lit granulaire arrosé.
Dans le document
Procédé alternatif pour l’épuration des fumées de hauts fourneaux
(Page 100-104)