Chapitre 5 : Performances du lit granulaire arrosé
II. Évolution temporelle des performances
4- Colmatage longue durée d’un lit granulaire arrosé
4.4. Concentration en particules dans l’eau
La concentration en particules dans le réservoir d’eau a été déterminée lors de l’essai de
colmatage (Figure 5.10). En sortie de colonne, l'eau transite dans le bac où les particules
sédimentent. Ensuite, l'eau est pompée vers le distributeur. Des échantillons d'eau ont été
prélevés en sortie de pompe puis ont été filtrés afin de déterminer la concentration en
particules. La Figure 5.10 montre que certaines particules restent en suspension dans l'eau
en sortie de bac (entre 2 et 3 g.L
-1), probablement les plus fines qui n'ont pas le temps de
sédimenter. Plus généralement, cela souligne le fait que, tout d'abord, le lit granulaire arrosé
est efficace même si l'eau injectée dans le distributeur contient des particules. Cela
démontre également que l'eau joue bien son rôle dans le procédé en ré-entrainant les
particules collectées dans le lit. En outre, même avec cette présence de particules dans l'eau,
la perte de charge dans la colonne reste stable dans le temps : les particules dans l'eau ne
sont donc pas re-collectées par le lit.
Figure 5.10 : Concentration en particules dans l’eau en sortie du bac au cours de l’essai de colmatage
sur 30 heures (collecteurs de 5 mm de diamètre sur 50 cm, débit d’eau de 12 L.min
-1, débit d’air de
20 m
3.h
-1, concentration en particules de 4,5 g.m
-3)
À la fin de l'expérience de colmatage et après avoir remis en suspension les particules
sédimentées dans le bac d'eau, un échantillon d’eau a été prélevé pour déterminer sa
concentration. La concentration en particules obtenue était égale à 23,5 g.L
-1(avec une
incertitude de 0,2 g.L
-1). Il a été mis en évidence précédemment que toutes les particules
générées ne sont pas collectées par le lit. En effet, l’efficacité massique moyenne étant de
89 %, cela signifie que 11 % de la masse totale des particules générées restent dans
l’effluent gazeux en sortie de colonne. A partir de la concentration en particules générées et
du débit d’air nous pouvons en déduire la masse totale de particules générées sur toute la
durée du colmatage. Parallèlement, nous pouvons également calculer la masse totale de
particules ré-entraînées par l’eau à partir de leur concentration dans le bac. Ces calculs
permettent de conclure que 63 % de la masse totale des particules générées sont dans le
réservoir d’eau à la fin du colmatage. Les 26 % restants correspondent aux particules
retenues par le pilote (parois, distributeur...) et celles accumulées dans le lit, qui sont
responsables de l'augmentation de la perte de charge dans les premières heures du
colmatage. Un schéma récapitulatif de cette répartition est présenté sur la Figure 5.11.
Figure 5.11 : Répartition des particules générées lors de l’essai de colmatage sur 30 heures
(collecteurs de 5 mm de diamètre sur 50 cm, débit d’eau de 12 L.min
-1, débit d’air de 20 m
3.h
-1,
concentration en particules de 4,5 g.m
-3)
Enfin, après les 30 h de colmatage le bac a été nettoyé et l’eau a été changée, afin de voir
comment évoluaient la perte de charge et l’efficacité en réinjectant de l’eau propre dans le
circuit. Il a alors été observé que changer l’eau du bac n’impliquait pas forcément une baisse
de perte de charge et de l’efficacité. Cela montre bien que la présence de particules dans
l’eau (tout du moins dans cet ordre de concentrations, soit entre 2 et 3 g.L
-1) ne perturbe
pas l’efficacité du lit.
III. Conclusion partielle
En conclusion, ce chapitre s’est intéressé aux performances temporelles du lit granulaire
arrosé. Dans un premier temps, les études qui ont permis de caractériser le lit granulaire
arrosé en termes d’hydrodynamique et d’efficacité initiale ont été reprises. Il a pu être
montré qu’en représentant l’évolution de l’efficacité initiale en fonction de la perte de
charge pour les différentes configurations testées il apparaît que l’efficacité initiale
augmente dans un premier temps avec la perte de charge, mais qu’elle se stabilise ensuite
pour les pertes de charge élevées. La comparaison des résultats pour les différentes
configurations a donc permis de montrer que pour atteindre une efficacité élevée tout en
maintenant une perte de charge acceptable un bon compromis peut être obtenu avec un
débit d’air de 20 m
3.h
-1, un débit d’eau de 12 L.min
-1et en utilisant des billes de 5 mm de
diamètre sur une hauteur de 50 cm. Cette configuration semble être la plus optimale en
permettant les meilleures performances du lit granulaire arrosé au regard des
configurations testées.
Ces résultats étant valables pour un lit granulaire arrosé à l’état initial, des essais de
colmatage sur plusieurs heures ont été réalisés pour chercher à confirmer cette
observation. Des colmatages sur 6 h dans différentes configurations ont permis de
confirmer le choix de la configuration optimale considérée. Un colmatage a alors été effectué
dans ces conditions sur une durée de 30 h (en discontinu).
Les tests de colmatage ont validé l’approche d’utiliser un lit granulaire arrosé comme
système de dépoussiérage. En effet, ils ont révélé une bonne efficacité de collecte (89 %
massique) qui reste constante au cours du colmatage et supérieure à celle d’un lit granulaire
traditionnel. Cette efficacité est certes inférieure à celle d’un média filtrant, mais il faut se
souvenir qu’en fonction de la pureté de gaz souhaitée elle peut être améliorée en
augmentant l’épaisseur du lit, au détriment néanmoins d’une augmentation de perte de
charge. En outre, parmi la masse de particules générées, 63 % correspondent aux particules
qui sont ré-entrainées par l’eau et 26 % correspondent aux particules accumulées dans le
lit et retenues par le pilote.
Concernant la perte de charge, les essais ont montré qu’en présence d’eau elle se stabilise
pendant le colmatage et reste constante et faible par rapport à celle d’un lit granulaire sec
(qui augmente constamment). Les expériences ont montré une perte de charge stable
pendant plus de 30 h, et ceci en utilisant un aérosol avec une concentration beaucoup plus
élevée que la concentration en particules à la fin de la chaîne de traitement actuelle des
hauts fourneaux. Ces tendances peuvent donc en conséquence être extrapolées sur des
temps plus longs dans des conditions réelles de fonctionnement.
Ainsi la présence de l’eau remplit bien le rôle prévu en limitant l’évolution du colmatage du
lit granulaire en ré-entrainant les particules collectées par le lit, et donc en stabilisant peu à
peu l’évolution de la perte de charge. De plus, même si l’eau est mise en recirculation et que
des particules s’y trouvent piégées, elles ne sont pas re-collectées par le lit. Ces expériences
ayant démontré les performances du lit granulaire arrosé il faut par la suite pouvoir
modéliser la perte de charge et l’efficacité d’un lit granulaire arrosé afin de dimensionner
un pilote à échelle industrielle.
Dans le document
Procédé alternatif pour l’épuration des fumées de hauts fourneaux
(Page 160-165)