Chapitre 6 : Modélisation du lit granulaire arrosé et pré-dimensionnement industriel
II. Modélisation de l’efficacité
Dans la continuité de la modélisation de la perte de charge et à la suite des deux approches,
une équation permettant de déterminer l’efficacité initiale d’un lit granulaire arrosé a été
recherchée. Pour valider les modèles les mesures expérimentales d’efficacités initiales du
lit seul (sans prise en compte de la contribution de la colonne) ont été utilisées. Concernant
les modèles correspondant aux différents mécanismes de collecte, les mêmes modèles que
dans le Chapitre 4 ont été utilisés. Ils sont rappelés dans le Tableau 6.2.
Tableau 6.2 : Rappel des modèles d’efficacité des différents mécanismes de collecte
Mécanisme de
collecte Modèle
Impaction
inertielle 𝜀 𝑆𝑡 Éq. 2.23
Diffusion
Brownienne 𝜂
𝑑=4,36 𝑃𝑒
−2/3𝜀 Éq. 2.26
Sédimentation 𝜂
𝑠= 0,0375 𝐺
𝑟0,5+ 0,21 𝐺
𝑟0,78Éq. 2.33
Interception 𝜂
𝑟= 1,5𝐴
𝑠𝑅
2Éq. 2.34
1- Modèle basé sur la porosité modifiée
1.1 Modèle d’efficacité
En reprenant l’hypothèse établie au début de ce chapitre, à savoir que l’eau ruisselant à
travers le lit forme une couche supplémentaire autour des collecteurs (modifiant la porosité
du lit), l’efficacité initiale fractionnelle peut s’écrire de la manière suivante :
𝐸 = 1 − 𝑒
−1,5 1−𝜀𝑚𝜀𝑚 𝑍
𝑑𝑔𝑚𝜂𝑡
Éq. 6.8
Avec ε
mla porosité du lit granulaire arrosé calculée à partir des Éq. 6.3 et Éq. 6.6 et d
gmle
diamètre des collecteurs mouillés calculé à partir de l’Éq. 6.2.
A noter que la somme des efficacités correspondantes aux différents mécanismes de collecte
(η
t) a également été calculée en remplaçant la porosité du lit et le diamètre des collecteurs
par ceux du lit granulaire arrosé. En outre, de même que pour la perte de charge, l’approche
ou seule la porosité variait en présence d’eau a également été étudiée. Les résultats sont
aussi très similaires et n’améliorent pas la précision du modèle, c’est pourquoi seul le cas
présent où le diamètre des collecteurs et la porosité varient a été développé ici.
1.2 Validation du modèle
Les efficacités fractionnelles initiales mesurées expérimentalement et celles calculées à
partir de l’Éq. 6.8 ont été comparées dans la Figure 6.7. Les diagrammes de parités sont
disponibles en Annexe D.
De manière générale le modèle décrit l’évolution de l’efficacité fractionnelle en fonction du
diamètre aérodynamique des particules. Cependant, il manque de précision et ne permet
pas d’estimer les valeurs expérimentales. L’augmentation de l’efficacité due à la diminution
de la taille des collecteurs n’est pas bien maitrisée. Ainsi, l’écart entre les valeurs
expérimentales et théoriques est croissant avec l’augmentation de la taille des collecteurs,
à la différence que les valeurs expérimentales sont surestimées lorsque le lit est composé
de billes de 2 mm de diamètre et sous-estimées dans le cas où les billes ont un diamètre de
5 ou 10 mm. Cet écart est également croissant avec le débit de liquide, et dépasse largement
les 20 % pour l’ensemble des points mesurés avec des billes de 10 mm. Il faut également
noter que pour chaque taille de collecteurs, les courbes théoriques correspondant aux trois
débits de liquide différents sont très proches les unes des autres en comparaison avec les
courbes expérimentales : la contribution liée à la présence de liquide n’est donc pas
suffisamment prise en compte. Cette remarque était prévisible car ceci était déjà le cas pour
le modèle de perte de charge lorsque la même approche était utilisée. Enfin, un point
important est que le minimum d’efficacité (ainsi que le diamètre de particule
correspondant) est aussi mal estimé. Dans ce cas, et ce d’autant plus s’il est surestimé cela
peut poser problème lorsque l’on cherche à dimensionner un pilote car les performances
réelles seront moindres que celles espérées.
Figure 6.7 : Comparaison des efficacités expérimentales et théoriques pour l’ensemble des
configurations testées (modèle basé sur la modification de la porosité et du diamètre des collecteurs)
2- Modèle introduisant un coefficient dépendant du débit
de liquide
2.1 Modèle d’efficacité
De même que pour la perte de charge, une seconde approche de modélisation est proposée
pour l’efficacité. Dans ce cas, n’ayant pas de corrélation permettant de calculer l’efficacité
de collecte particulaire d’une colonne à garnissage, le modèle s’est basé sur celui de
l’efficacité d’un lit sec sans varier la porosité et en ajoutant un coefficient multiplicatif (γ)
pour prendre en compte les modifications apportées par l’ajout de liquide. L’efficacité s’écrit
de la manière suivante :
𝐸 = 1 − 𝑒
−1,5 1−𝜀 𝜀 𝑍 𝑑𝑔 𝛾 𝜂𝑡Éq. 6.9
2.2 Validation du modèle
En conservant la méthode précédente le modèle a d’abord été ajusté aux données
expérimentales pour l’ensemble des configurations testées, ce qui a permis de trouver une
corrélation pour le paramètre γ telle que (avec d
gen m et L en kg.m
-2.s
-1) :
𝛾 = 8,6 𝐿
0,78𝑑
𝑔0,67+ 1 Éq. 6.10
La comparaison entre les valeurs d’efficacités expérimentales et les valeurs théoriques
calculées à partir de l’Éq. 6.9 est représentée sur la Figure 6.8.
Dans ce cas, le modèle décrit correctement l’évolution de l’efficacité fractionnelle en
fonction du diamètre aérodynamique des particules. En prenant en compte les incertitudes
des mesures expérimentales l’écart entre les valeurs théoriques et expérimentales est
inférieur à 20 % pour lesexpériences réalisées avec un lit granulaire constitué de billes de
5 mm. Il est entre 0 et 10 % pour les billes de 2 et 10 mm, à l’exception de quelques points.
Les diagrammes de parité sont disponibles en Annexe D. Ce modèle est donc plus précis que
le précédent, et pourrait être affiné en réalisant des mesures d’efficacité supplémentaires,
notamment pour des hauteurs de lits et des débits d’air différents. Il sous-estime toujours
un peu les valeurs d’efficacités expérimentales mais représente beaucoup mieux la valeur
d’efficacité minimale. De plus, il faut garder à l’esprit que l’efficacité réelle sera plus élevée
car le reste du pilote apporte aussi une contribution qui n’est pas prise en compte dans le
modèle. Cela ne pose donc pas de problème dans le cas d’un dimensionnement d’une unité
industrielle.
En conclusion, ce modèle est retenu plutôt que le précédent pour estimer la valeur de
l’efficacité initiale d’un lit granulaire arrosé. Ce choix concorde avec celui fait pour le modèle
de perte de charge. Ce modèle pourrait être optimisé mais permet ici en première
approximation d’avoir une assez bonne idée de l’efficacité, en sachant que l’efficacité réelle
sera supérieure à celle prédite.
Figure 6.8 : Comparaison des efficacités expérimentales et théoriques pour l’ensemble des
configurations testées (modèle introduisant un coefficient dépendant du débit de liquide)
III. Pré-dimensionnement d’un pilote
Dans le document
Procédé alternatif pour l’épuration des fumées de hauts fourneaux
(Page 179-184)