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Résolution numérique de MDL3 : Coûts fixes et opérationnels plus importants en offshore

3.5. Problème de conception de chaîne logistique sous une taxe carbone domestique et une taxe

3.5.5. Résolution numérique de MDL3 : Coûts fixes et opérationnels plus importants en offshore

Finalement lorsque la taxe carbone domestique dépasse et la taxe carbone de frontière dépasse , il s‘avère que l‘entreprise n‘aura plus intérêt à investir dans ce

projet.

3.5.5. Résolution numérique de MDL3 : Coûts fixes et opérationnels plus importants en offshore (

Pour cette partie, on adopte le même exemple numérique détaillé dans 3.1 qui permet de vérifier que . Puis, pour le premier cas, afin de vérifier que la technologie verte disponible n‘est pas très chère par rapport à l‘ordinaire et ainsi

, on fixe . Pour le deuxième cas, afin de vérifier que la technologie verte disponible est assez chère par rapport à l‘ordinaire, et ainsi

, on fixe . On résout le modèle MDL3, pour ces deux exemples numériques, et on illustre nos résultats dans le tableau 3.12 ci-dessous.

Tableau 3.12. Décisions optimales de CCL sous une taxe carbone domestique et une taxe carbone de frontière pour

Cas Variation de la taxe carbone de frontière en fonction de la taxe

carbone domestique

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Cas Variation de la taxe carbone de frontière en fonction de la taxe

carbone domestique

D‘une façon générale, on note que dans les deux cas, la taxe carbone de frontière élargit la zone du plan où la stratégie « d2 » est optimale. Ainsi pour favoriser la production locale verte, le gouvernement peut varier la taxe carbone de frontière proportionnellement à la taxe carbone domestique à partir de la valeur de taxe carbone domestique qui en absence de taxe de frontière poussait les entreprises à se délocaliser.

Considérons une taxe carbone domestique, . Il s‘avère que pour le premier cas, pour lequel l‘entreprise dispose de technologie verte pas très chère par rapport à l‘ordinaire ( , la décision optimale est l‘investissement en technologie verte en domestique même en absence de taxe carbone de frontière. Cependant, pour le deuxième cas, où l‘entreprise dispose de technologie verte qui est chère par rapport à l‘ordinaire ( , l‘entreprise choisit la délocalisation en offshore avec une technologie ordinaire sous une telle taxe carbone domestique et en absence de taxe carbone de frontière. On note ainsi que les secteurs qui disposent de technologies vertes très chères par rapport aux ordinaires sont plus disposées au risque des fuites de carbone. Il est aussi à noter que la valeur de la taxe carbone domestique considérée est inférieure à dans le deuxième cas, sachant que . Par conséquent, pour faire face à ce problème de délocalisation sous cette taxe carbone domestique imposée , le gouvernement doit imposer une taxe carbone de frontière, supérieure ou égale à , pour pousser l‘entreprise à la stratégie « d1 », et ainsi à réduire ses émissions de 14% pour une baisse de profit de 0,04% par rapport aux émissions et au profit engendrés par la stratégie « o1 » Pour les entreprises de ce secteur ( ), il faut imposer une taxe carbone domestique supérieure à avec une taxe carbone de frontière au moins égale à

. A titre d‘exemple, en imposant une taxe carbone domestique , il faut imposer une taxe carbone de frontière d‘au moins pour inciter les entreprises de ce secteur à l‘investissement local vert.

Pour les entreprises du premier cas ( , en imposant une taxe carbone domestique de valeur supérieure ou égale à , et en absence de taxe carbone de frontière, l‘entreprise décide de s‘installer en offshore avec une technologie ordinaire. Par contre, en imposant une taxe carbone de frontière de , la décision optimale pour l‘entreprise devient « d2 » au lieu de « o1 », permettant ainsi à l‘entreprise de réduire ses

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émissions de carbone de 72% pour une baisse de profit de 0,003%. En effet, avec une taxe carbone domestique , il suffit d‘imposer une taxe carbone de frontière supérieure à , pour que le gouvernement puisse faire face à la délocalisation des entreprises et au problème de fuite de carbone en rentabilisant la stratégie « d2 » sur « o1 ».

Sous cette taxe carbone domestique de , la décision optimale pour une entreprise qui dispose de technologies vertes très chères par rapport à l‘ordinaire ( , est également l‘investissement en technologie ordinaire en offshore « o1 » en absence de taxe carbone de frontière. Toutefois, pour inciter cette entreprise à l‘investissement local vert, en dépit du surcoût de la technologie ordinaire, le gouvernement doit imposer une taxe carbone de frontière supérieure ou égale à .

Il est à noter que pour les entreprises de ce secteur qui disposent de technologies vertes chères ( , l‘investissement vert en offshore ne peut pas être envisageable. En effet, pour une taxe carbone supérieure à , l‘entreprise ne peut plus dégager un profit positif en offshore avec la technologie verte. Dans ce cas, l‘entreprise continue à utiliser la technologie ordinaire en offshore pourvu qu‘elle soit plus rentable que les stratégies d‘investissement local sous les taxes carbone imposées, et qu‘elle permet à l‘entreprise de générer un profit positif. Pour ce cas, on note la taxe carbone de frontière au-delà de laquelle l‘entreprise ne dégage pas un profit positif avec la stratégie « o1 ».

Cependant, pour les entreprises disposant de technologie verte pas très chère par rapport à l‘ordinaire, le risque de favoriser l‘investissement vert en offshore sous certaines valeurs de taxe carbone peut être considéré à partir de valeurs de taxe carbone domestique supérieures à

. A titre d‘exemple, en imposant une taxe carbone domestique , avec une taxe carbone de frontière supérieure à , et inférieure à , la stratégie optimale est « o2 ». Pour le deuxième cas, afin de favoriser l‘investissement local vert sous une taxe carbone domestique de , il faut imposer une taxe carbone de frontière supérieure à .

D‘une façon générale, on souligne que dans ces deux cas, la taxe carbone de frontière s‘avère bien une solution de recours pour faire face aux problèmes de fuites de carbone dus à la non homogénéité entre les taxes carbone dans le monde.

Dans les travaux de Drake (2012), l‘auteur a utilisé l‘hypothèse que les taxes carbone domestique et de frontière sont égales dans une alternative d‘homogénéiser les taxes carbone afin d‘étudier le problème de fuite de carbone. Néanmoins, dans nos travaux, nous venons de montrer que la taxe carbone de frontière ne doit pas être égale à la taxe carbone domestique pour être efficace pour faire face au problème de fuite de carbone. En effet, nous venons de démontrer analytiquement que la taxe carbone de frontière nécessaire pour booster la production locale verte peut être inférieure à la taxe domestique imposée. Nous avons illustré à travers les exemples que dans certains cas, il suffit d‘une très faible valeur de taxe carbone de frontière pour balancer les coûts de production des entreprises domestiques et offshore et favoriser l‘investissement local vert.

Toutefois, il est à signaler qu‘une telle mesure de taxe carbone de frontière peut prendre du temps pour être appliquée et envisagée, vu qu‘elle vient en contradiction avec les conventions de l‘OMS à propos du libre-échange des marchandises et qu‘elle nécessite une infrastructure administrative développée pour assurer la traçabilité et le Reporting des émissions de carbone

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des produits fabriqués en offshore. Néanmoins, sous les menaces environnementales grandissantes engendrées par les émissions de carbone, les prochaines COP pourront peut-être favoriser un terrain d‘entente entre ces conventions et les mesures de taxation de carbone nécessaires pour garantir l‘efficacité de cet outil.

Conclusion

A travers ce chapitre, nous avons mis en évidence un aspect crucial de la législation de la taxe carbone, à savoir la non homogénéité de cette législation entre les pays et son impact sur les décisions stratégiques des entreprises et leurs performances. En modélisant et résolvant un problème de localisation et de choix de technologie dans le contexte de taxe carbone non homogène, nous avons mis l‘accent sur la problématique de fuite de carbone et ses circonstances. Nous pensons que nos résultats peuvent servir aux entreprises afin de les assister dans leurs prises de décisions stratégiques optimales, comme ils peuvent fournir aux gouvernements des pistes d‘amélioration des législations de carbone existantes en mettant l‘accent sur leurs apports et limites. Cette piste de recherche reste prometteuse vu l‘enjeux qui se cache derrière le problème de fuite de carbone et son impact sur l‘efficacité de l‘outil législatif environnemental. Dans le chapitre suivant, nous abordons une nouvelle problématique de CCL sous la législation de taxe carbone, tout en mettant en relief un autre aspect fondamental de cette législation à savoir sa progressivité et son caractère dynamique qui a été négligé dans la littérature existante.

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4. Chapitre IV : Analyse de l’impact

d’une taxe carbone progressive sur

la décision d’investissement

stratégique des chaînes logistiques et

leurs performances

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Introduction

Le principe de la législation de taxe carbone est d‘imposer des coûts supplémentaires sur les émissions de carbone des entreprises, dans l‘objectif de les inciter à l‘investissement vert qui leur permet de réduire leurs émissions et ainsi les coûts d‘émission imposés par cette taxe. Dans cette optique, afin de garantir l‘acceptation d‘un tel outil par les industriels et dans le but de leur fournir les bonnes conditions pour une transition fluide vers des technologies vertes moins émettrices de carbone, les gouvernements optent généralement pour des stratégies de taxation de carbone progressives. Ils lancent ainsi la législation de taxe carbone avec des prix plus au moins bas, et communiquent leurs plans d‘incrémentation du prix de carbone au cours des années afin d‘atteindre des prix de carbone cibles au bout d‘un horizon bien défini (Chelly et al., 2018b).

De telles législations progressives auront un impact sur les décisions stratégiques d‘investissement technologique de la CL. En effet, il peut s‘avérer intéressant pour l‘entreprise d‘investir en technologie verte dès la première année d‘imposition de la taxe carbone afin de profiter de la performance environnementale de cette technologie et réduire au mieux ses coûts d‘émission. Comme il peut s‘avérer plus rentable de retarder cette décision d‘investissement à l‘année où l‘augmentation du prix de carbone devient importante au point de favoriser l‘investissement vert. L‘entreprise peut aussi décider de ne pas investir en technologie verte, et même d‘arrêter son business, si la valeur de la taxe carbone cible à atteindre sur l‘horizon de planification se trouve très élevée. Dans ce contexte, il est crucial pour les entreprises d‘étudier leurs décisions d‘investissement en prenant en considération cet aspect progressif de la taxe carbone afin de déterminer le moment opportun d‘investissement en green.

Il est à souligner, qu‘à travers l‘étude de la littérature, nous avons bien mis en évidence que cet aspect dynamique de la taxe carbone a été négligé dans les travaux existants. A travers ce chapitre, nous contribuons à la littérature en développant un modèle multi-périodes de choix de technologie sous une législation de taxe carbone progressive. Dans un premier lieu, en adoptant un modèle de taxe carbone similaire au modèle de taxe carbone Canadien, nous résolvons analytiquement et numériquement le modèle proposé afin d‘analyser l‘impact de cette taxe carbone progressive sur les décisions stratégiques et les performances des entreprises. Nous développons ainsi un algorithme de résolution qui permet à l‘entreprise de choisir la décision d‘investissement optimale sous une taxe carbone progressive linéaire donnée. Puis, nous proposons d‘étudier d‘autres formes de taxes carbone, constante et progressive, notamment une taxe carbone convexe et concave. Enfin, nous utilisons une approche d‘analyse multicritère pour évaluer et comparer les performances de ces différentes formes progressives de taxation de carbone.

Dans ce chapitre, l‘objectif est d‘étudier les avantages et les limites de la taxation progressive de carbone à inciter les entreprises à l‘investissement vert et à réduire ainsi la pollution de la CL. Une telle étude peut servir aussi bien les entreprises que les gouvernements. Nos résultats peuvent assister les entreprises à prendre les décisions optimales de choix d‘investissement étant soumises à une législation de taxe carbone progressive, comme ils peuvent être utiles aux gouvernements en mettant l‘accent sur les performances des systèmes législatifs existants, et donc les nouvelles directives à mettre en place pour inciter les entreprises à minimiser leurs impacts indésirables sur l‘environnement.

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