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Chapitre 7 : Choix des variables

2) Répartition par PCS

La répartition de la population par PCS est la plus étudiée dans la littérature scientifique s’intéressant au sujet. Pour autant, il est peu fréquent de trouver dans les publications les cartes

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de répartition de chaque PCS. C’est certes assez pauvre d’un point de vue analytique, mais cela permet de contextualiser les variables avant de les analyser de manière plus poussée.

Nous allons commencer cette description des cartes des PCS en restant dans la tradition de l’opposition cadres/ouvriers, car bien que toujours montrée, elle n’en reste pas moins une réalité. Nous verrons ensuite si la localisation des employés diffère de celle des ouvriers, avant de nous intéresser aux professions intermédiaires et aux artisans.

Les cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) ont une répartition qui diffère selon les villes, mais ils ont tout de même une localisation commune : la ville-centre. Dans les quatre villes étudiées, la totalité pour Paris (carte 17) ou une partie pour Lille (carte 6), Lyon (carte 28) et Marseille (carte 39) est occupée par les CPIS. Lorsque les individus n’occupent qu’une partie des quartiers de la ville-centre, ils occupent les quartiers plus cotés. À Lille, ils sont concentrés dans l’hypercentre réhabilité et gentrifié, à Lyon plutôt au nord de la ville, près du parc de la Tête d’Or, et à Marseille dans les quartiers sud proches des plages, du Prado et de la colline Périer. Toutefois, les concentrations de CPIS ne se font pas uniquement dans les quartiers centraux, elles se font également dans les espaces aisés de chaque métropole, qui ne se situent, de fait, pas dans les mêmes espaces. À Paris, c’est la banlieue ouest, avec un gradient décroissant depuis la ville-centre où se concentre cette catégorie de la population. Cette concentration va au-delà du département des Yvelines à l’ouest. Excepté ce cône, à l’ouest de Paris, la répartition est assez concentrique autour de la capitale. La répartition des CPIS à Lille en dehors de la ville-centre se fait par rayons partant de cette dernière, jusqu’aux limites de l’aire urbaine. Dans l’agglomération marseillaise, la situation est particulière, car les principales concentrations de cadres se situent à Aix-en-Provence et dans les environs de la ville, plus qu’à Marseille même. Enfin à Lyon, nous pouvons distinguer des concentrations de CPIS dans le nord-ouest du pôle urbain, dans les Monts du Lyonnais. Outre la localisation, l’intensité de la concentration dans les espaces concentrés est remarquable, en particulier dans l’agglomération parisienne, où il y a des concentrations dans certains IRIS proches de 70 % de CPIS.

La répartition des ouvriers dans les métropoles étudiées est radicalement différente de celle des CPIS. Leur répartition se fait à proximité des industries et dans les quartiers populaires. C’est pour cela que nous pouvons retrouver de fortes concentrations d’ouvriers à Marseille (carte 41) dans les quartiers nord, qui sont très populaires, et autour de l’étang de Berre qui accueille de nombreuses structures industrielles, mais aussi aéroportuaires. À Lille (carte 8), les ouvriers

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sont concentrés à Roubaix et Tourcoing, dans les anciens bastions industriels et ouvriers de la métropole. À Lyon (carte 30), ils sont principalement dans la partie est du pôle urbain ainsi qu’au sud de la ville, également là où se concentrent les industries et les usines. En revanche, on les retrouve également dans les marges de la couronne périurbaine. Cette localisation peut s’expliquer davantage par le prix moins élevé du foncier dans les espaces isolés, plutôt que par la proximité d’usines. C’est également la logique de répartition des ouvriers que nous retrouvons dans la métropole parisienne (carte 19), où cette catégorie sociale est principalement concentrée dans les marges de l’aire urbaine, aux extrémités de la couronne périurbaine. Ils sont également localisés au nord-est de la ville de Paris, dans un axe allant de la capitale vers l’extrémité de l’aire urbaine. Comme pour les CPIS, la concentration des ouvriers est importante, en particulier à Paris, où elle peut monter dans certains IRIS à plus de 70 %. Il est également important de signaler l’hétérogénéité de répartition des ouvriers dans les métropoles étudiées, car l’amplitude des concentrations est très importante. De manière générale, les cadres et les ouvriers ne partagent donc pas les mêmes espaces, puisque les IRIS où la concentration de cadres est très forte, celle des ouvriers est résiduelle, et inversement. Il est maintenant intéressant d’étudier la répartition des employés, pour la comparer avec celle des ouvriers.

De manière assez générale, la répartition des employés ressemble à celle des ouvriers. C’est notamment le cas à Marseille (carte 43), où les employés sont concentrés dans les quartiers nord de Marseille et dans une moindre mesure autour de l’étang de Berre. Toutefois, les employés sont également concentrés dans l’est de la commune de Marseille, ce qui n’était pas le cas des ouvriers. La concentration des employés est extrêmement disparate, puisque l’amplitude de la distribution est de 68.9. À Lyon (32), les zones de fortes concentrations convergent également avec celles des ouvriers, au sud de la ville, à l’est du proche pôle urbain et dans la grande couronne. Toutefois, les employés sont aussi présents dans le sud de la ville-centre. L’hétérogénéité des concentrations d’employés est tout de même moins grande à Lyon qu’à Marseille, car l’amplitude de la distribution est de 48.

Lille a également une répartition assez comparable entre les employés et les ouvriers, dans des proportions assez similaires (carte 10). Toutefois, les employés sont moins présents à Roubaix et Tourcoing et plus dans la commune de Lille. Enfin, à Paris ils ont une répartition assez particulière, car ils y sont dans des concentrations assez importantes dans les IRIS les plus en périphérie de la commune de Paris. Cela s’explique en partie par la proximité du boulevard

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périphérique, qui est source de nuisance. Par ailleurs, il y a une dissymétrie pas très intense, mais étendue entre l’est et l’ouest de la couronne périurbaine, que l’on retrouve moins chez les ouvriers. Les employés sont de manière globale plus concentrés dans l’est de la couronne périurbaine que dans l’ouest. Ils sont aussi présents dans les marges de la couronne périurbaine, mais de manière moins importante que les ouvriers. Nous pouvons donc dire de manière globale que les employés et les ouvriers partagent les mêmes espaces de résidence, mais ne les occupent pas dans les mêmes proportions.

Les deux dernières PCS ont des répartitions assez similaires, et différentes des autres déjà exposées. Les professions intermédiaires sont un groupe très nombreux dans toutes les villes étudiées. De par leur nombre, leur répartition est assez homogène sur l’ensemble de la métropole. Le nombre en valeur absolue des individus a tout de même une importance en valeur relative. Dans les cartes univariées présentées, nous représentons la part de chaque PCS par IRIS, et non pas la part de l’effectif global de la PCS étudiée par IRIS (Annexe 1). Pour autant, il y a quand même une structure à leur localisation. Que ce soit pour Lille (carte 9), Paris (carte 20) Lyon (carte 31) et Marseille (carte 42), les professions intermédiaires sont localisées en majorité dans les espaces périurbains, allant du milieu du pôle urbain au milieu de la couronne périurbaine. Les individus faisant partie de cette classe ne sont ni vraiment proches de la ville-centre, ni vraiment dans les marges de la couronne périurbaine. Cette PCS est également présente dans les cas de Lyon et Marseille dans la ville-centre, globalement répartie de manière homogène dans la ville-centre lyonnaise, et plus localisée dans les quartiers sud de la cité phocéenne.

Les artisans, commerçants et professions libérales ont globalement la même répartition que les professions intermédiaires, mais dans des proportions bien moindres, car leur nombre est assez faible. Les fortes concentrations d’artisans sont autour de 30 %, alors que celle de certaines PCS dépasse les 70 %. La seule différence importante de localisation entre les deux dernières PCS citées se fait à Paris (carte 18), où il y a une concentration relativement importante d’artisans dans l’ouest de la capitale, dans les quartiers bourgeois, alors que les professions intermédiaires n’y sont pas vraiment présentes. La répartition des PCS dans les métropoles étudiées se fait globalement en trois groupes distincts. Les ouvriers et les employés partagent les mêmes espaces, mais dans des proportions différentes, les cadres occupent les centralités et les quartiers aisés, et les artisans et professions intermédiaires font office d’interface entre les

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deux groupes précédemment cités. Cette interprétation est encore assez fragile, car elle ne se base que sur l’interprétation des cartes univariées. Comme pour la variable socioéconomique, les méthodes que nous utiliserons par la suite nous aideront à fonder des interprétations plus robustes. Pour finir la présentation des variables, il nous reste tout de même à commenter les cartes qui concernent les étrangers dans les quatre métropoles.