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La réhabilitation est une préparation à la phase de relâcher. Elle consiste à conditionner ou reconditionner les animaux à la vie sauvage, et passe par l’observation des critères permettant de juger si l’animal est apte à être libéré ou non (Le Barzic, 2013 ; Doussain, 2018).

a. Les critères

Une fois que le jeune a terminé sa phrase de croissance et de développement, qu’il est complétement sevré (généralement autour de neuf semaines (Vavasseur, 2020)), et lorsque jeune ou adulte sont guéris de leurs blessures ou maladies, il est temps de se demander si l’animal peut être relâché. Les critères retenus sont les suivants (Le Barzic, 2013 ; Doussain, 2018) :

- une santé correcte, ne nécessitant plus de soin. Il conviendra d’évaluer si l’animal n’est pas porteur sain d’agents pathogènes ;

- une capacité à se déplacer normalement, un développement musculaire permettant la recherche de nourriture et la défense de ressources en autonomie ;

- une capacité à reconnaitre, manipuler, consommer et digérer les aliments de son régime alimentaire naturel. L’écureuil roux doit être capable de décortiquer une noisette entière seul ;

- tous ses sens doivent être fonctionnels ;

- un poids vif suffisant pour son âge, son sexe et l’époque de l’année ; - une fourrure suffisamment développée ;

- une queue intacte ;

- une pleine capacité à interagir avec ses congénères et à se défendre ;

- une capacité à se reproduire sans transmettre d’anomalie congénitale : un individu qui ne se reproduit pas au sein d’une population peut perturber les interactions sociales des autres animaux et utiliser les ressources qui ne seront alors plus disponibles pour les autres. De plus, une femelle présentant une fracture du bassin ne pourra pas survivre à une dystocie dans la nature, elle ne pourra donc pas être relâchée.

La familiarité avec l’homme n’est pas un critère rédhibitoire pour les écureuils car des individus familiers ont pu être relâchés sans par la suite pouvoir être approchés. On veillera seulement à limiter au maximum les contacts pendant la phase de détention des écureuils (Le Barzic, 2013 ; Doussain, 2018).

b. L’évaluation des critères

Observation des comportements

L’évaluation de ces critères se fait par l’observation des comportements des animaux en comparaison avec les comportements naturels de l’espèce, qui doivent être familiers aux observateurs. L’emploi d’une caméra évite que les comportements ne soient modifiés par la présence humaine, on utilise par défaut d’un système de lucarne qu’on peut soulever par exemple tout en se dissimulant (Doussain, 2018).

- comportements sociaux : on observa les interactions avec les congénères s’il y en a ou avec les soigneurs ;

- comportements alimentaires : on observera les comportements autour de la nourriture ; il sera important de juger si l’animal sait ouvrir les graines seul. Si ce n’est pas le cas, comme en milieu naturel, l’apprentissage de ces techniques passe par la présence d’un adulte ; on pourra placer un écureuil plus expérimenté dans l’habitat sous bonne surveillance car les écureuils roux ne sont pas des animaux sociaux.

Quantification alimentaire et condition physique

La quantité de nourriture présentée et retirée sera pesée afin d’apprécier la prise alimentaire. On notera également la prise de poids. Cela va permettre de savoir si l’alimentation est bien consommée et métabolisée. On rappelle que l’écureuil doit avoir atteint un poids qui corresponde à son âge, son sexe, et la période de l’année (Doussain, 2018).

La condition physique sera également évaluée par la musculature qui doit être assez développée pour permettre les déplacements en milieu naturel et la recherche active de nourriture.

Après un temps plus ou moins long de confinement en captivité, les animaux sont souvent amyotrophiés ; il faudra bien vérifier qu’ils présentent un développement musculaire correct avant d’être relâchés. Cela passe par l’observation attentive et la stimulation par des équipements adéquats des déplacements dans les cages de réhabilitation et une palpation de la musculature au cours de l’examen clinique (Doussain, 2018).

Santé

Comme on l’a déjà évoqué, l’animal ne doit plus présenter de signes cliniques. Ensuite il faut s’assurer qu’il est totalement guéri. On va donc procéder à un examen clinique complet afin de s’en assurer. On va également évaluer ses sens en testant la vision, l’ouïe, l’odorat. Un examen oculaire approfondi permet d’éliminer toute anomalie à ce niveau. Dans certains cas on pourra refaire des examens complémentaires de suivi (Doussain, 2018).

Les analyses sanguines ciblées pourront aussi nous indiquer si l’animal est séropositif pour une maladie. Il faudra faire la distinction entre les individus immunisés et les porteurs asymptomatiques et se poser la question de savoir s’il peut tout de même être relâché ou s’il présente un danger pour les populations sauvages (Doussain, 2018). On a l’exemple de l’adénovirus, qui a sans doute été introduit dans certaines populations à partir d’écureuils relâchés dans le cadre de programme de renforcement des populations d’écureuils roux (D. J. Everest et al., 2012b).

Cette évaluation est parfois difficile à faire en pratique. Les centres de soins manquent en effet de moyens et de compétences vétérinaires pour pouvoir faire ses explorations. Bien souvent, les critères de santé s’arrêtent à l’évaluation de l’état général et aux signes cliniques (Vavasseur, 2020).

c. La préparation de l’animal

L’habitat

On rappelle que les conditions de détention des animaux en captivité sont réglementées. Les équipements dédiés à la phase réhabilitation sont constitués par des volières extérieures (Figure 28). L’enrichissement doit permettre à l’écureuil de grimper et d’exprimer au maximum ses comportements naturels. Il doit être sécurisé pour éviter les évasions intempestives, les attaques de prédateurs et les blessures. Des barreaux fins ou du grillage sont conseillés pour qu’il ne puisse pas ronger les parois. Le volume des volières doit être adapté. Celles présentées ci-dessous ont une surface de 20 m², et peuvent être divisées en deux parties selon les besoins. Il faut également prévoir au moins un abri par écureuil, de préférence placé en hauteur. Il est également possible d’aménager une zone pour permettre l’enfouissement de la nourriture (Doussain, 2018).

Figure 28 : Volière extérieure utilisée pour les animaux en cours de réhabilitation

©Béatrice Vavasseur

Les visites de centre de soins sont interdites au public en France. Dans une étude effectuée dans un parc zoologique, on remarque que lorsque les écureuils roux associent l’homme à la nourriture, cela permet d’augmenter la fréquence des rencontres entre les écureuils et les visiteurs du parc. Cet apprentissage n’est absolument pas recherché dans le cadre d’une réhabilitation, tout au contraire. On remarque également que lorsqu’il y a beaucoup de déplacements et de bruits dans le parc, les rencontres entre écureuils et visiteurs sont plus rares (Woolway et Goodenough, 2017).

Dans un autre parc, l’étude des déplacements des écureuils a montré qu’ils évitaient la présence humaine, et aucun signe de stress n’a été enregistré par l’analyse des fèces (taux de glucocorticoïdes) (Haigh et al., 2017). En captivité, les écureuils ne peuvent pas s’éloigner de la source de leur stress, c’est aux humains d’essayer de leur procurer un environnement le moins stressant possible. On comprend donc aisément que les visites soient interdites en centre de soins.

Il faudra également veiller à rendre l’environnement le plus calme possible et à réduire au maximum les allers et venues.

Alimentation

A cette étape, il faudra le plus possible tendre vers une alimentation qui soit la plus proche possible de ce que l’écureuil trouve dans la nature. L’eau devra être proposée dans un bol et non plus dans un biberon. Il est conseillé de varier les aliments, puisque les ressources naturelles ne sont pas toutes les mêmes tout au long de l’année. On pourra laisser des noisettes, des pommes de pin, des fruits et des légumes à disposition, comme nous l’avons déjà évoqué dans la partie alimentation (Doussain, 2018).

D. Le relâcher