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Régulation transcriptionnelle de l'IL-27

Le profil d'expression de l'IL-27 par les DCs en réponse aux différents ligands des TLRs est similaire à celui de l'IL-12, ainsi les ligands de TLR3 et TLR4 sont des puissants inducteurs de la production de cette cytokine.

L'ensemble des données concernant la régulation de l'expression des gènes codant pour EBI3 et la p28 suggèrent une coopération entre les voies de signalisation TRIF dépendante et MyD88 dépendante (Fig 34). Cette dernière semble avoir un rôle limité dans la production de p28 dans nos conditions expérimentales alors qu'une autre étude montre un rôle prépondérant de cette voie de signalisation lors de la stimulation de macrophages par le LPS 437. Ces observations indiquent que l'importance relative de ces deux voies de signalisation peut dépendre du type cellulaire envisagé. Le rôle de la voie MyD88 dépendante réside principalement dans l'activation rapide de NFκB. Ce sont effectivement des complexes formés par l'association de différents membres de la famille NFκB en collaboration avec PU.1, un autre facteur activé par cette voie de signalisation, qui contrôlent l'expression d'EBI3 438. Des membres de la famille NFκB participent également à la régulation de l'expression de la sous-unité p28 437. En accord avec les résultats obtenus par une autre équipe, nous avons observé une activation précoce du facteur IRF1 par l'intermédiaire de MyD88 143. IRF1, présent à l'état basal, participe alors à l'induction initiale de l'expression de la p28 mais uniquement en réponse au LPS étant donné que le polyI:C n'est pas capable d'activer cette voie de signalisation.

En ce qui concerne la voie TRIF dépendante, sa contribution à la régulation de l'expression d'EBI3 est indépendante d'IRF3 et semble donc être restreinte à l'activation de NFκB. Nous avons par contre identifié un rôle critique et complexe de cette voie TRIF/IRF3 dépendante dans la régulation de l'expression de l'IL-27p28 en réponse à l'engagement de TLR3 et TLR4. Dans le modèle que nous proposons, basé sur nos résultats expérimentaux, l'activation de la voie TRIF dépendante permet l'activation d'IRF3 qui est directement recruté au niveau de la région promotrice de la p28. D'autre part, IRF3 induit l'expression d'IFNβ qui agit de manière auto- et paracrine sur les cellules. Dans le cadre de la réponse au LPS, la translocation rapide d'IRF1 permet une coopération entre ce facteur et IRF3 pour l'induction initiale de l'expression de la p28. Nos expériences ainsi que celles de deux autres équipes indiquent que la liaison des IFNs de type I à leur récepteur permet ensuite une augmentation de l'expression d'IRF1 et une activation prolongée de ce facteur qui est importante pour le maintien de l'expression de p28 439,440. Lorsque la voie MyD88 n'est pas activée, comme dans le cas d'une stimulation par le polyI:C, il faut attendre la mise en place de la boucle d'amplification des IFNs pour permettre une activation efficace d'IRF1. D'autre part, la voie de signalisation induite par l'IFNβ mène à la formation du complexe ISGF3 qui vient renforcer le signal fournit par IRF3 et IRF1 de manière à maintenir l'expression de la p28. Ce complexe semble même jouer un rôle prépondérant suite à l'engagement de TLR3. ISGF3 agit par une liaison directe au promoteur de la p28 et de manière indépendante de sa capacité à induire l'expression d'IRF7. Contrairement aux autres IRFs activés par la

voie TRIF/IFNβ, la participation mineure d'IRF7 à l'induction de l'activité transcriptionnelle du gène de la p28 n'a put être mise en évidence que dans des conditions particulière, à savoir en l'absence d'IRF3 et uniquement lors de la réponse au polyI:C. De plus, nos expériences réalisées sur des DCs suggèrent qu'IRF7 intervient principalement pour la production optimale d'IFNβ. En effet, nous avons observé que la production initiale d'IFNβ en réponse à l'engagement de TLR4 est strictement dépendante d'IRF3 alors qu'une coopération entre IRF3 et IRF7 est indispensable pour une production optimale lorsque la cellule est activée par l'engagement de TLR3. Bien que TLR3 et TLR4 mènent tous les deux à l'activation de la voie TRIF dépendante, une différence subsiste entre ces TLRs au niveau de la production d'IFNβ. Toujours en relation avec l'éventuelle implication d'IRF7 dans la régulation de l'expression de p28, la surexpression de ce facteur en transfection transitoire est capable d'activer l'activité transcriptionnelle du promoteur de la p28 grâce à une liaison directe au site ISRE, identifiée par des expériences de retard sur gel. Ces données indiquent qu'IRF7 a sans doute le potentiel pour induire l'expression de la p28 mais que dans notre système il n'est pas indispensable étant donné le rôle prépondérant des autres membres de la famille des IRFs. Dans d'autres cellules telles que les DCs plasmacytoïdes, IRF7 est activé par la voie MyD88 dépendante et joue un rôle central dans la production de cytokines par ces cellules. Les pDCs murines sont par ailleurs capables de produire de l'IL-12 en réponse au CpG ou encore suite à une infection par

Toxoplasma gondii 473,474. Il serait par conséquent intéressant d'investiguer la production

d'IL-27 et le rôle d'IRF7 dans les DCs plasmacytoïdes.

L'étude du rôle des IRFs dans la régulation de l'expression de la p28 a permis de mettre en évidence plusieurs éléments expliquant la différence de profil d'activation du gène de la p28 en réponse au LPS et au polyI:C. L'activation des DCs par le LPS induit la production de taux élevés d'ARNm de manière rapide mais transitoire. En comparaison, la production d'ARNm suite à l'activation par le polyI:C est moins intense, plus lente mais durable. La capacité du LPS à induire une réponse rapide et intense repose probablement sur son aptitude à induire une translocation précoce d'IRF1 qui peut alors coopérer avec IRF3. La boucle autocrine des IFNs de type I n'intervient que dans un second temps pour amplifier et prolonger quelque peu cette réponse suggérant un processus de régulation en deux étapes. Le polyI:C, par contre, dépend presque totalement de la production optimale d'IFNβ, qui requière l'association d'IRF3 et IRF7, pour induire efficacement l'expression de la p28. Bien que les DCs provenant de souris TRIF-/- soient fortement déficientes pour la production d'IL-27 en réponse au polyI:C, on ne peut pas exclure l'implication de voies de signalisation activées par des récepteurs non TLR en réponse à ce ligand. En effet, les ARNdb et le polyI:C en particulier sont également reconnus par le récepteur cytosolique MDA5 475. L'activation d'IPS-1 en aval de ce récepteur mène

également à la production d'IFNβ. La collaboration entre les voies TRIF et IPS-1 dépendantes pourrait être responsable de l'expression persistante de p28 induite par le polyI:C.

A côté des IFNs de type I, l'IFNγ, produit notamment par les cellules NK, les cellules T γδ et les lymphocytes T CD8+, participe à la régulation de l'activité du gène de la p28 grâce à l’activation de facteur IRF1 214.