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La famille des protéines tyrosine kinases Src (SFK) comprend différents membres dont Lyn, Fyn, Blk, Yes, Fgr, Lck, Hck, Src et Yrk. Les sept premières sont exprimées dans les cellules B avec Lyn, comme représentante majoritaire [35], et Blk spécifique des cellules B [97].

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Développement. Une série d’études effectuées chez la souris, dont les gènes codant pour les

SFKs ont été mutés, a révélé le rôle crucial de ces kinases dans le développement des cellules B. La première étude réalisée sur des souris déficientes en Lyn (Lyn -/-) n’a pas montré de troubles majeurs du développement mais un défaut de cellules B matures ainsi qu'une augmentation du nombre de cellules B-1 [98]. Ces résultats s'expliquent par la compensation fonctionnelle de Lyn par les autres SFKs exprimées dans les cellules B murines. Des souris triples déficientes en Lyn, Fyn et Blk (SFKs majoritairement exprimées dans les cellules B) présentent un blocage plus précoce de leur développement B, à la transition entre les stades pro-B et pré-B [97].

Structure. Les SFKs présentent une même structure primaire. Elles contiennent un domaine

SH4 N-terminal qui permet leur ancrage aux membranes suite à l’addition de groupements lipidiques (acylation, palmitoylation, myristoylation), une région unique caractéristique de chaque SFK qui contrôlerait leur liaison à différentes protéines membranaires, un domaine SH3 (Src Homology 3) affin pour les motifs riches en prolines, un domaine SH2 permettant la reconnaissance de protéines via un résidu tyrosine phosphorylé, un domaine kinase et une région C-terminale. En dehors de cette succession de domaines, les SFKs présentent également des modifications par phosphorylation sur deux résidus tyrosines essentiels : l'un est situé dans la boucle d'activation du domaine kinase (communément appelé Y416 en référence à Src, Y397 dans Lyn) et l'autre dans la région C-terminale (Y527Src, Y508Lyn) [98-101].

Figure 17. Structure générale des kinases SFKs en conformations inactive et active (Ingley et al., 2008) [99]. A gauche, la configuration inactive montre que le domaine SH2 interagit avec la tyrosine C-terminale phosphorylée (pY508) et le domaine SH3 interagit avec les prolines de l'interdomaine SH2 - kinase. A droite, la phosphorylation de la tyrosine C-terminale (pY397) rompt les interactions intramoléculaires et libère le site de liaison aux substrats et aux molécules de régulation.

52 Comme les protéines Syk et Zap70, les SFKs présentent plusieurs niveaux d'activation. Elles adoptent une conformation fermée, les maintenant dans un état auto-inhibé, qui est permis grâce à plusieurs interactions intramoléculaires. En effet, le motif SH3 se lie au motif riche en prolines de l'interdomaine situé entre les domaines SH2 et kinase. De plus, le domaine SH2 interagit avec le résidu tyrosine de la queue C-terminale qui est phosphorylé à l'état inactif (Figure 17). Les SFKs sont activées par la déphosphorylation de cette tyrosine C-terminale. Elles sont alors trans-phosphorylées par d'autres SFKs sur la tyrosine située dans la boucle d'activation [99].

Fonctions. La principale fonction des SFKs consiste en leur activité tyrosine kinase qui peut

être régulée par leurs autres domaines. L’absence des résidus Glycine 2 ou Cystéine 3, qui empêche leur ancrage à la membrane, entraine un blocage de la fonction kinase des SFKs dans de nombreuses voies de signalisation [101]. L'activité kinase de Lyn est également inhibée par déphosphorylation de sa tyrosine 397 contenue dans la boucle d'activation [102].

La majorité des voies de signalisation initiées par une stimulation antigénique passe par une activation de Syk qui est dépendante de Lyn. Reste une partie du signal associée à Lyn qui, indépendamment de Syk, induirait l’état d’anergie [98]. Plusieurs études s’accordent à écrire que les SFKs phosphorylent au moins la première tyrosine du motif ITAM (Y182 sur Igα) et qu’elles initient ainsi la réponse induite par un antigène [35, 71]. Les SFKs s’associent alors à des co-récepteurs positifs, comme le CD19, qui permettent l’amplification et le maintien du signal, soit en recrutant plus de SFKs, soit en les séquestrant sous une forme activée par des co-récepteurs négatifs tels que le CD22 [35, 98]. Les SFKs, et préférentiellement Lyn, phosphorylent alors Syk [103] puis Btk permettant la phosphorylation de PLCγ2 et une augmentation de la réponse calcique [98]. Les souris, exprimant une forme de Lyn constitutivement active, présentent une hyperactivation des protéines de la signalisation telles que Syk. Ce rôle positif est confirmé par des travaux effectués dans les cellules B DT40 déficientes en Lyn. Ces cellules présentent une activation retardée et diminuée de la réponse au BCR qui découlerait de l'activation d'autres SFKs qui compenseraient l'absence de Lyn [35].

Contrairement au rôle activateur de Lyn décrit précédemment, les cellules B de souris Lyn -/-présentent une hyperprolifération associée à une hyperactivation des MAPKs et de Akt ainsi qu’une augmentation du flux calcique en réponse à une stimulation antigénique [102]. Cette hyper-réponse est expliquée par un rôle de Lyn dans la phosphorylation du motif ITIM (Immunoreceptor Tyrosine-based Inhibition Motif) du CD22. Ce motif inhibiteur, une fois phosphorylé par Lyn,

53 permet le recrutement de la phosphatase Shp1 qui déphosphoryle à son tour le CD19 [98]. De plus, Lyn est impliquée dans l'interaction constitutive entre Shp1 et CD5 qui régule négativement le BCR et induit l'apoptose dans les cellules B1 [104, 105].

Le double rôle de Lyn dans la phosphorylation des co-récepteurs CD19 et CD22, respectivement des régulateurs positif et négatif de la signalisation du BCR, révèle sa complexité à moduler le signal transmis par le BCR [98], faisant des SFKs des modulateurs essentiels de la signalisation dans les cellules immunitaires.