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RÉGIONS URBAINES DE FAIBLE SUPERFICIE

les économies d’agglomération et de réseau

RÉGIONS URBAINES DE FAIBLE SUPERFICIE

RÉGIONS URBAINES DE FAIBLE SUPERFICIE

Types issus d'une classification ascendante hiérarchique sur les variables suivantes:

taux d'urbanisation, distance moyenne entre les villes et trois indices d'inégalité de taille entre les villes

@GIP RECLUS, Equipe PARIS, C.Rozenblat, 1997 Source: Eurostat,1996, Euroscope, 1994, Geopolis,1993

Figure 3.13

Systèmes urbains régionaux en Europe en 1990

1 2 3 6 7 4 5

qui s’étaient développés peinent à se maintenir face aux évolutions technologiques et aux performances des entreprises concentrées dans une métropole revitalisée (IHEDAT, 2000). C’est une tendance générale que l’on observe dans toute l’Europe et en particulier en France (Gault, 1989 ;Commerçon, 1999 ; Mirloup, 2002). Elle résulte de l’adaptation progressive, his- torique, d’une système initialement bâti en fonction d’une certaine vitesse de circulation et qui s’est transformé sous l’effet de distance plus rapide (Pumain, 1997). De plus, les barrières aux échanges, constituées par les structures socio-économiques et politiques, s’affaiblissant, les interdépendances se tissent sur des portées de distance plus grandes.

Les économies d’agglomération et de réseau qu’offrent les grandes villes sont redevenues, depuis la fin des années 1980, des facteurs de croissance pour les entreprises. Ainsi, la mondialisation et la « continentalisation » qu’elle induit, notamment en Europe, favorise la partie supérieure de la hiérarchie urbaine. Mais nous avons pu montrer que les autres villes jouent également un rôle dans ce processus, même si ce n’est qu’indirectement (cf. 2.2). Sans regrouper, comme les grandes capitales politiques ou économiques, toutes les fonctions, des spécialisations se dessinent dans l’ensemble des villes européennes, soulignant la complexité multi-échelles du système urbain.

Les spécialisations économiques relèvent, dans l’évolution du système de peuplement, d’héritages et de processus associés à différents cycles temporels des villes et des activités. C’est une donnée fondamentale de l’organisation urbaine, que nous n’avons pas encore abordée. Les domaines de spécialisations productives industrielles, technologiques, scientifiques mais aussi financières et touristiques définissent, dans l’Europe actuelle, des proximités sans doute aussi importantes pour l’avenir des villes que jadis l’étaient les proximités géographiques.

3.3. Les spécialisations urbaines

L’intégration européenne se construit essentiellement à partir des villes, en particulier les plus grandes. Mais on ne peut toutefois résumer cette intégration à quelques villes ou capitales. C’est l’ensemble des systèmes urbains nationaux qui sont engagés dans cette mise en interaction des territoires au niveau supra-national. Les attractivités des villes pour les fonctions internationales ne se limitent pas aux aspects strictement économiques des entreprises multinationales. D’autres fonctions permettent la mise en réseau des villes au niveau continental comme les réseaux de recherche, les réseaux touristiques, les réseaux de salons professionnels, les réseaux de congrès,

etc. (Rozenblat, Cicille, 2003). Ces fonctions révèlent l’attractivité7 des villes qui est constituée

des activités qu’elles produisent, localisées dans chaque ville. Elles engendrent des échanges et des interactions spatiales (collaborations scientifiques, flux touristiques, interdépendances économiques, etc.) qui permettent d’interpréter également ces localisations comme des rayon-

nements8 des villes (3.1). Même si des tendances lourdes d’effets de taille se dégagent de leur dis-

tribution dans le système urbain, des logiques d’organisations spatiales spécifiques peuvent être mises en évidence (3.2) (Pumain, Rozenblat, 2004). Ces logiques diverses permettent la spécia- lisation de nombreuses villes du système dans quelques fonctions de rayonnement. L’adéquation de ces spécialisations avec la base économique et industrielle de chaque ville européenne sera interrogée dans une perspective dynamique, à partir des résultats empiriques observés à l’échelle des villes européennes et françaises (3.3)(Pumain, Rozenblat, 1996 ; Rozenblat, Cicille, 2003). Cette confrontation entre la mise en réseau des villes et leurs développements d’activités débouchera sur de nombreuses questions qui demeurent en suspens et qui permettront de tracer des pistes de recherches qui s’inscriront dans la continuité de ce travail.

3.3.1. Les fonctions internationales des villes

Les fonctions internationales des villes, qui les relient explicitement à d’autres villes, ont commencé très tôt dans l’histoire avec les représentations diplomatiques (d’États ou de reli- gions), sous une forme qui s’est peu à peu institutionnalisée puis généralisée dans les différentes capitales. Les fonctions marchandes les ont accompagné, puis les fonctions boursières, écono- miques, culturelles, etc. Elles se sont largement étendues avec le développement du transport par paquebot et les liens de l’« ancien monde » avec leurs colonies, puis avec l’essor du transport

aérien dans la seconde moitié du XXe siècle.

Le thème d’étude du rayonnement international des villes semble suivre des cycles de modes scientifiques, notamment depuis 15 ans. Après une vague d’études comparatives menées sur les villes européennes à la fin des années 1980 et au début des années 1990 (Brunet, 1989 ; Conti, Spriano, 1990 ; Bonneville et al., 1992 ; Pumain et al., 1996, Cattan et al., 1999), la démarche a été quelque peu laissée de côté, au profit d’études plus ciblées sur quelques villes mondiales (Sassen, 1991 ; Hall, 1995). En effet, les « villes globales » posaient de nouvelles questions théoriques quant au rôle des villes dans la mondialisation de l’économie (Friedmann, 1986).

7. Au sens où nous l’avons défini au chapitre 2, p. 67 8. Idem, p.68

D’autre part, le changement de statut des villes et des régions par rapport au rôle déclinant de l’État provoquait partout des interrogations sur les nouvelles formes de gouvernance (Gaudin, 2002 ; Jouve, Lefèvre, 1999, 2002 ; Scott, 2001). Les décentralisations régionales et l’autonomi- sation de la gestion des villes placent dorénavant les territoires des villes-régions en négociation directe avec les acteurs privés des mises en réseaux mondiales. Par exemple, la dérégulation aérienne de 1993 renforce le rôle des compagnies aériennes, des aéroports, et de leurs accords stratégiques dans l’organisation inter-urbaine du réseau aérien. Ainsi le développement urbain ne peut plus se définir sans prendre en compte les systèmes économiques dans lesquels il s’insère (Storper, 1997).

Aujourd’hui, la compétitivité des territoires, que nous considérons au sens large en y intégrant les coopérations, se situe pleinement dans cette logique de réseau. L’organisation de l’espace est montrée sous sa forme polycentrique afin de souligner ses capacités d’équité et de redistribution des fonctions majeures (European Communities, 2001 ; ORATE, 2003). Alors que les données comparatives à l’échelon urbain demeurent rares, les gestionnaires des villes souhaitent me- surer leur rayonnement dans le système urbain européen. De nombreuses études, sous couvert d’étudier des régions polycentriques, se contentent d’utiliser des données régionales d’Eurostat, qui sont loin de correspondre au « fait urbain » et dont on connaît les limites de comparabi- lité (Azevedo, Cichowslaz, 2002 ; Lecomte, 2002). Néanmoins de nombreuses autres études parviennent à construire une information adaptée aux agglomérations urbaines ou aux régions urbaines fonctionnelles, même si c’est sur un échantillon réduit de villes, et si les découpages et la comparabilité sont parfois discutables dans le détail (Wegener, 1995 ; Jensen-Butler et al., 1997 ; Audit Urbain, 2000, 2004 ; Cheshire, Gornostaeva, 2002 ; Cheshire, Gordon, 1998, 2002 ; Gordon, 2002). Mais aucune étude comparative de l’ampleur de celle de Roger Brunet en 1989, n’avait été entreprise de nouveau. Celle-ci ne se basait pas toujours sur des informations directement comparables, faute de données, mais sur « une double évaluation : une appréciation des rangs à l’intérieur du pays considéré, une appréciation des villes de même rang entre les pays » (Brunet, 1989, pp. 9-10). Nous avions, au début des années 1990, largement exploré les indi- cateurs urbains disponibles en termes de comparabilité de la délimitation des découpages et de correspondance des indicateurs (Pumain et al., 1990, 1991 ; Cattan et al., 1994 (rééd.1999)). C’est à la demande de l’établissement d’aménagement Euroméditerranée de Marseille, puis de la DATAR, que nous avons mis en œuvre une étude sur les villes européennes en 2000

Tableau 3.2