• Aucun résultat trouvé

Mise en réseau des villes par les fonctions internationales et les activités économiques

les économies d’agglomération et de réseau

Les 15 indicateurs de l’étude comparative des villes européennes

3.3.3. Mise en réseau des villes par les fonctions internationales et les activités économiques

Les fonctions internationales s’intègrent dans des économies urbaines qui se sont largement complexifiées durant ces trente dernières années (fig. 3.23). En effet, les activités urbaines ont accumulé des fonctions favorisant la mise en place de réseaux d’échanges et de partenariats sur des portées géographiques grandissantes, révélées ici par l’accueil des fonctions internationales. Les plus grandes villes ont été avantagées dans le processus de diversification et de complexi- fication de leur activité grâce à leur attractivité plus grande et à leur capacité à fournir les infrastructures, les services et les marchés nécessaires au développement et à la diffusion de nouvelles fonctions. Le phénomène de diversification des économies des villes a eu tendance à toucher les grandes villes plus précocement que les plus petites. Londres et Paris sont sans com- mune mesure avec les autres villes d’Europe. Leur poids économique absolu, la diversification et l’étendue de leurs fonctions internationales leur confèrent un statut de métropole mondiale. Les agglomérations à fort rayonnement européen ont toutes, à l’exception d’Amsterdam et de

1 Peu spécialisée 2 Peu spécialisée avec

peu de sièges sociaux 3 Portuaire

Population en 2000 (en milliers d'habitants)

Types d'après une classification ascendante hiérarchique (CAH) sur 13 indicateurs

9 500 3 000 81

Figure 3.22 Les spécialités du rayonnement des villes

0 350 km

©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: UMR ESPACE, 2002 6 Universitaire

5 Touristique 4 Aéroportuaire

7 Fort potentiel de recherche 8 Congrès internationaux 9 Spécialisée dans l’édition scientifique

11 Toutes les fonctions 10 Fonctions économiques et d’échanges

Spécialisation dominante :

Source: UMR ESPACE, 2002

Pôle économique

0 350 km ©MGM-UMR ESPACE 2002

Figure 3.23 Pôles d'activité des villes

à dominante tertiaire à dominante industrielle diversifié à dominante touristique à dominante d'échanges Amsterdam Athènes Barcelone Berlin Bruxelles Dublin Florence Genève Hambourg Helsinki Copenhague Francfort Cologne Lisbonne Londres Lyon Madrid Marseille Milan Oslo Paris Rome Stockholm Toulouse Vienne Munich Zurich 1 2 3 4 5 6 7 Niveau de rayonnement

Francfort, une économie très diversifiée avec des activités administratives, financières, commer- ciales et touristiques, tout en conservant une activité industrielle, souvent de haute technologie. Les petites villes à économie diversifiée n’ont évidemment pas l’éventail d’activités des plus gran- des, mais elles ont réussi à développer différentes compétences. Souvent, elles allient une tradi- tion industrielle, un bon réseau de communication, des activités tertiaires ou touristiques. C’est par exemple le cas d’Aix-la-Chapelle, qui en plus de ses compétences traditionnelles en matière d’industrie textile, relance le thermalisme. Les villes à économie diversifiée ne sont pas réparties de manière homogène entre les pays. Elles sont légèrement plus nombreuses en Allemagne et en Espagne. En Allemagne, on peut par exemple citer Brême, qui en plus de ses activités industriel- les a développé des activités bancaires et financières. En Espagne, Cadix et Santander ont à la fois des industries, un port et des équipements balnéaires. C’est aux Pays-Bas que ces villes sont proportionnellement les moins nombreuses (un tiers des villes seulement sont diversifiées). Les villes à dominante industrielle représentent un tiers des villes européennes et la moitié des villes à faibles niveaux de rayonnement. Elles sont plus nombreuses aux Pays-Bas, en Belgique et en Grande- Bretagne qu’en Espagne où elles sont toutes concentrées sur la côte Atlantique. Les plus grandes villes de ce type, Birmingham et Turin ont peu développé d’activités tertiaires à côté de leurs puis- santes industries et de leurs réseaux de communications performants. C’est aussi le cas des villes au rayonnement plus faible comme Anvers, Essen, Bilbao, Gijon, Nantes, Leeds, Padoue et Utrecht. Les villes à dominante d’échanges ont en moyenne des niveaux de rayonnement limités et des accessibilités aux autres villes plus faibles que les autres villes (Rozenblat, 2004). Cela peut sembler contradictoire avec leur dénomination, mais ce sont principalement des villes portuaires maritimes qui se situent donc à la périphérie du continent. Elles se malgré tout servies de cette ouverture maritime pour développer un commerce général (Göteborg, Tarragone, Salonique et Bari), ou un commerce spécialisé dans les produits agricoles (Haarlem, Valence, Cordoue, Murcie, Palerme et Graz), dans la pêche (Rostock et Kingston) ou dans l’acier (Sheffield). Les villes constituent toutefois dans certains cas une barrière à la connexion terrestre des ports. Cela conduit à la distinction de plus en plus prononcée entre l’organisation spatiale des échanges commerciaux et celle des trnasports (Rozenblat, 2004). Des ports comme Gioia Tauro (Italie) ou Felixtowe (R-U) sont des nouveaux terminaux très actifs sans développement urbain induit. Les villes à dominante tertiaire sont peu nombreuses. Géographiquement, elles se concentrent au cœur de l’espace européen. Ce sont soit des places financières et bancaires comme Amsterdam, Francfort, Bâle et Berne, soit des centres à fonctions politiques et diplomatiques comme Genève et La Haye. Les villes à dominante touristique ne sont situées qu’au Royaume-Uni, en Espagne, en France, en Italie et en Autriche. Elles ont plutôt de faibles rayonnements, mise à part Florence dont la production artisanale et le commerce sont, de fait, très dépendants du tourisme. Ce sont des stations balnéaires (Alicante, Malaga, Nice, Cannes, Saint-Sébastien et les villes britanniques de Brighton, Blackpool, Bournemouth et Southend-on-Sea), hormis Florence et Salzbourg où le tourisme est culturel.

Au total, on constate que les spécialisations des villes ont tendance à être d’autant plus fortes que leur rayonnement est limité dans les fonctions internationales, même si quelques exemples contredisent cette règle. Par ailleurs, les homogénéités nationales sont assez peu marquées et la

division des spécialités d’activités est visible à l’intérieur des pays plus qu’entre les pays. Ceci est également vrai pour les activités industrielles qui jouent encore souvent un rôle notable

dans l’activité économique18 (Rozenblat, Cicille, 2003). À l’échelle du système urbain euro-

péen, l’empreinte persistante des cadres nationaux devrait peu à peu s’estomper dans l’avenir pour laisser place à une organisation continentale.

Le changement d’échelle, de l’envergure nationale à la portée continentale, dans un contex- te de forte transformation des structures productives mondiales est un type d’innovation qui s’est déjà largement diffusé sur le continent européen. Cette diffusion comprend, cette fois, de forts effets nationaux. Une étude sur l’évolution socio-économique des villes françaises de 1968 à 1990 a pu faire apparaître les trajectoires communes des villes, avec des vitesses dif- férentes d’adaptation et d’ajustement (Pumain, Rozenblat, 1996). L’interprétation de l’analyse temporelle multivariée, fondée sur la théorie de diffusion des innovations (Vernon, 1960) et sur celui de division inter-urbaine du travail (Aydalot, 1985 ; Scott, 1988) fait apparaître un cercle d’adaptation des activités urbaines aux nouveaux cycles d’innovation, confortant leur attractivité et leur image (fig.3.24). Même si c’est la permanence qui qualifie encore le mieux le système urbain français (Paulus, 2003), et si les grandes villes maintiennent souvent leur

INNOVATION